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Samizdat

Qu'a fait l'Eglise
du don merveilleux de l'art ?




Andrew Sievright1

La foule était sidérée, l'applaudissement était du tonnerre. Des larmes d'émerveillement et de passion coulaient sur les joues et les cœurs furent profondément touchés. Certains riaient, d'autres criaient leur joie. Les réactions variaient d'un individu à un autre, mais tous furent touchés par cette étincelle intangible et étonnante qui met feu à l'esprit humain et leur donne un sens de connexion au Créateur de la vie et à l'un l'autre.

Au cours de l'ovation debout qui suivit la présentation de la Passion de Saint Matthieu, les seuls paroles prononcées par Johann Sebastien Bach furent "Pour la gloire de Dieu." Qu'il agisse de cette manière n'était pas étrange car Bach ne cachait jamais sa dévotion pour Dieu car même dans ses compositions profanes, au pied de ses feuilles de musique, il ajoutait toujours: "Dans le nom de Jésus."

Les gens vivant au cours de la Renaissance et, par la suite durant la Réforme et la période Baroque eurent la chance d'expérimenter personnellement les développements révolutionnaires dans l'expression artistique. Ces personnes purent assister au Messie de Handel, l'Ayre en G de Bach, ou lire, à sa parution, le Paradis Perdu de Milton. D'autres se tinrent ébahis lors du dévoilement de La descente de la croix par Rembrandt. Il s'agit tous d'accomplissements artistiques extraordinaires, réalisés par des artistes qui travaillaient pour la gloire de Dieu.
L'art à son plus haut calibre a une qualité qui nous amène doucement vers un niveau de perception supérieur. Combien nous aimons ce genre d'expression artistique ! Il rencontre un besoin très profond chez l'être humain, mais comment se fait-il que ce genre d'art soit si rare ?

Je crois que la réponse à cette question c'est qu'il y a un prix à payer de la part de l'artiste et de la part de l'Église avant qu'il puisse émerger. Dans un monde au besoin criant de Dieu, j'espère qu'il s'agit d'un prix qu'on acceptera de payer.
Un des résultats de la Renaissance des années 1960 est que le monde occidental s'est préoccupé et intéressé plus que jamais à l'expression artistique, que ce soit en termes de musique, de littérature, de la peinture, de l'illustration, de la sculpture, du théâtre, de la danse, du vidéo et du cinéma. Maintenant, dans les années 90, dans une seule journée, la communauté artistique commande l'attention de deux milliards de personnes, ce qui est plusieurs fois le chiffre de ceux qui entendront l'Évangile sur une période de semaines voir même des mois. Les arts sont le moyen de communication le plus puissant afin de rejoindre la majorité des personnes habitant la Terre.

La première grande Renaissance de 1400 à 1600 prit naissance surtout dans un petit groupe d'artistes chrétiens comme l'écrivain Dante, le sculpteur Giotto et le peintre Cimabue. Ils eurent suffisamment de courage afin de couper avec les traditions et forger de nouvelles approches artistiques. Ils furent critiqués initialement, mais en peu de temps un grand nombre d'artistes séculiers les suivirent. Mais l'innovation chez les artistes chrétiens ne s'arrêta pas là.
La période de la Réforme qui suivit fut dirigé par des chrétiens tels Bach, Handel, Rembrandt, Milton, Vermeer et bien d'autres. Les chrétiens dirigeaient et le monde séculier suivait. Au cours de la Renaissance, des patrons (souvent des chrétiens) prenaient des artistes dans leurs maisons afin de les aider au niveau financier et sur le plan professionnel. Les chrétiens acceptaient d'investir dans ces artistes qui démontraient de grands talents afin que leurs dons puissent être nourris et développés. Ils s'avaient, qu'avec le temps, ces dons pourraient toucher les masses avec la gloire de Dieu. L'Église, en général, comprenait l'importance primordiale de l'art inspiré et fit les sacrifices nécessaires afin de nourrir et promouvoir ses artistes. Ce support de l'Église permettait la maturation des artistes et d'atteindre les plus haut niveau artistiques.

La prochaine Renaissance.
La deuxième Renaissance se produisit près de trois cent ans plus tard. Bien que de courte durée, la Renaissance de la fin des années soixante a été si puissante qu'il a eu un impact durable dans le monde. Elle a changé, à tout jamais, les manières de s'habiller, penser et communiquer. Cette fois, par contre, l'Église2 n'était pas dans un rôle innovateur, un rôle de leadership car elle avait perdu son estime pour la capacité des arts d'atteindre les gens et qu'on avait négligé de prendre soin et de former nos artistes. Bien que de nombreux développements dans l'art des années 60 furent positifs, au lieu d'un message pur qui aurait illuminé toute la terre, nos sociétés mangent encore les fruits amers des "preachers" de la Renaissance des années 60 qui de manière naïve relâchèrent sur le monde une vague puissante de mensonge, de mysticisme oriental, de drogues et d'immoralité. Malgré tout le christianisme en a retiré quelques grandes bénédictions.

L'Église a été touché par les derniers soubresauts de la Renaissance des années 60 et notre musique, notre littérature et notre art furent changés de manière radicale. Maintenant, plutôt qu'uniquement de la musique gospel du sud des États-Unis, on exprime la vision évangélique au moyen des tous les styles de musique que l'on puisse imaginer. Et avec l'expansion de nos horizons artistiques, de notre vision et de notre capacité de communiquer, nos ouvrages en arts visuels et en littérature ont changés beaucoup aussi.

Les années 60.
J'apprécie bien la Renaissance des années soixante. Les paramètres de l'expression artistique ont prit énormément d'expansion et tous en sortent enrichis. Bien que l'Église (n'étant plus dans une position d'influence dans les milieux artistiques) a été incapable d'endiguer la vague d'immoralité qui a suivi. Elle fut malgré tout capable de se lever et ramasser les miettes au cours de la fameuse "Révolution pour Jésus". Des jeunes gens partout en Amérique furent déçus lorsqu'ils ne furent incapables de retrouver la "peace & love" véritable. Ils réalisèrent que l'amour sans égoïsme et la paix intérieur qui semblaient absents de la vie de leurs parents ne se trouvaient seul à l'intérieure d'une relation avec le Créateur de toutes choses. Ils trouvèrent leur réponse en Jésus Christ et se retrouvèrent en tête d'affiche des nouvelles tandis que des millions entrèrent dans le Royaume et eurent une influence considérable sur la vie de l'Église dans la suite du temps.

Bien que cela soit glorieux, songez jusqu'à quel point un grand nombre d'autres auraient connu le Seigneur si le message de la Renaissance avait été, dès le départ, remplit de lumière spirituelle plutôt que de ténèbres.

Il est essentiel que nous apprenons rapidement de nos erreurs passées, car je crois que nous sommes à l'aube d'une nouvelle Renaissance qui transformera la culture et les valeurs et qui sera même plus important que celle des années soixante ! Plusieurs indicateurs sociaux et culturels ainsi que mon intuition spirituel me le confirment, non seulement à moi, mais à bien d'autres leaders chrétiens aussi.

Étant donné le potentiel énorme des arts, et particulièrement si on considère le pouvoir de communication d'un chef d'œuvre, je me préoccupe de certaines questions aux conséquences très nombreuses pour l'Église. C'est-à-dire comment, à notre époque, l'Église doit-elle concevoir son intendance et sa responsabilitié au niveau des arts ? Est-ce que nous veillons sur et cultivons les arts de la manière que le Seigneur le veut ? Comment se préparer et prendre une position de leadership dans la nouvelle Renaissance des arts à venir ?

La formation dans le Temple.
À l'époque de l'ancien testament, les dirigeants d'Israël comprenait bien le pouvoir spirituel de la musique et de la louange. Ainsi ils pourvoyaient aux besoins de leurs musiciens en les donnant un endroit pour vivre au site du Temple. En vivant et en faisant leur apprentissage avec les autres ministres musicaux, ils se surpassaient, recevaient instruction et encouragement devant des maîtres comme Asaph et Héman afin de mûrir à la fois au niveau technique et spirituel. Les dirigeants spirituels de l'époque mirèrent en fonction des structures permettant aux Lévites d'atteindre le plein potentiel de leurs dons et de leur service à Dieu. Si on ne considère que Jérusalem, on retrouvait 4,000 musiciens et 288 chanteurs qui vivaient et recevaient leur formation au Temple (voir 1Chroniques 23: 5; 25: 7-8). Si on compare avec la population de l'Église mondialement cela voudrait dire 694,000 musiciens chrétiens acceptés, supportés et formés par l'Église pour le but de déclarer la gloire de Dieu.
Il n'y a pas de données qui permettent de croire que ce système a cessé en Israël tant qu'il s'y trouvait un roi qui aimait l'Éternel.

L'intendance et la formation de nos artistes.
De quelque manière, l'Église a perdu de vue sa responsabilité biblique que nous venons de voir ci-dessus. Il est tragique que des millions d'individus qui auraient pu être attirés par la justice de Dieu au moyen d'une abondance d'art3 de haut niveau ne l'ont été. Il incombe à l'Église de porter secours à ses artistes une fois qu'il est apparent que leur œuvres à un potentiel de toucher les gens. L'artiste a besoin d'être encouragé, formé et pourvu d'un support tangible. Évidemment l'Église n'est pas appelée à prendre une responsabilité financière totale, mais on pourrait les aider à recevoir le même type formation technique et spirituelle auquelle on donne déjà de manière routinière aux personnes destinés à devenir évangélistes ou enseignants bibliques. Ce support ne devrait pas être limité seulement aux musiciens mais à tous ceux qui ont un talent réel dans un domaine artistique.

En ce moment nous avons, de manière naïve, laissés nos artistes à eux-mêmes, sans structures spirituels qui puissent les former et favoriser leur perfectionnement au niveau technique. Des structures qui leur donneraient aussi une formation au niveau de leur activités de ministère, c'est-à-dire lorsqu'ils mettent leur talent artistique au service de l'Église.

Comment se fait-il que l'Église ne forme pas des chrétiens qui seront des leaders reconnus dans le monde des arts ? Qui n'est pas fatigué d'entendre des artistes qui ressentaient qu'il n'y avait aucune place pour leurs dons dans l'Église et qui sont allés chercher support et encouragement ailleurs et qui, en cours de route on fait un naufrage spirituel ?

Où sont les héros chrétiens dans le domaine artistique4 ? Des personnes respectées pour leur créativité et leur innovation non seulement par l'Église mais par nos sociétés en général ? Pourquoi voyons nous surtout des idoles séculiers qui remplissent ce vide ? Pourquoi avons nous abdiquer un rôle si crucial ? Peut être c'est que Satan connaît aussi le pouvoir de l'art et sa capacité à transmettre des vérités spirituelles afin que les gens puissent être touchés profondément. Il se peut que Satan a travaillé très fort afin de maintenir l'Église dans l'ignorance de sa responsabilité de nourrir et former ses artistes.

Pendant des centaines d'années avant la Réforme, Satan avait réussi à tenir sous clé la doctrine centrale de la Nouvelle Naissance. Il était nécessaire que Martin Luther paraisse sur la scène et qu'il prenne des mesures radicales et controversées avant que ce principe spirituel vital fut reconquit pour le peuple de Dieu. Il a subit aussi des persécutions tout aussi radicales. Je crois que cela nécessitera des actions tout aussi radicales, de la part de l'Église, afin de reconquérir cette responsabilité envers les artistes chrétiens afin qu'ils puissent refléter l'image de Dieu dans l'excellence, la puissance et une beauté que tous peuvent voir.

Aujourd'hui il y a une guerre qui fait rage pour le cœur d'une génération audio-visuelle. Pourquoi seul un pourcent des films (qui atteignent des milliards) sont fait par des cinéastes chrétiens ? Où est l'Église ? Quelqu'un a dit récemment "Si tu veut savoir où vont les États-Unis, ne regardez pas ceux qui nous dirigent, regardez ceux qui moulent notre esprit, par le contrôle de la culture contemporaine. C'est sur ce champ de bataille culturelle où l'on lutte et que le combat pour l'âme des États-Unis a lieu." La même chose pourrait être dit des quatre cinquièmes de la planète.

L'importance des outres neuves.
Puisque l'Église n'a pas maintenu son leadership dans les arts, elle a perdu sa capacité et sa crédibilité de pourvoir et de former ses artistes. Des entreprises chrétiennes privées ont prit naissance et permettent aux artistes chrétiens de voir distribuer leurs réalisations au publique. Bien que certains des propriétaires de ces compagnies chrétiennes ne sont pas des chrétiens, un bon nombre sont de véritables disciples de Jésus. Mais souvent ils gèrent ces entreprises comme leur confrères séculiers.

Je crois qu'il y a un problème lorsque ce sont des entreprises commerciales qui veillent sur des dons artistiques ainsi que sur les artistes eux-mêmes. Il est nécessaire qu'il y ait un lien plus profond entre les pratiques commerciales normales, les responsabilités de soins pastorales et rendre des comptes devant une autorité.

Je crois que la majorité des éditeurs chrétiens prennent pour acquis que leurs artistes sont bien sous la surveillance de leur propre pasteur. De l'autre coté, bien des pasteurs se sentent peu qualifiés pour influencer un artiste qui est souvent isolé ou à l'extérieur en touchant d'autres avec son art. Ils croient que ça doit aller sinon Dieu ne bénirait leur ministère.

Malheureusement, les artistes se sentent perdants des deux cotés. Rares sont les églises qui comprennent leurs artistes, qui leur donnent des soins pastorales adéquates ou qui les supportent à l'extérieur. Ces artistes savent aussi que leur visée première dans leurs rapports avec leurs maisons d'édition ou de distribution est de construire leur carrière professionnelle et que celle-ci ne durera que tant que les profits continuent d'entrer.

Ce n'est pas que le Seigneur n'a pas utilisé les maisons d'éditions chrétiennes. Il l'a certainement fait, mais il est peut être temps d'explorer de nouvelles approches. Bien que les maisons d'éditions chrétiennes peuvent avoir des valeurs autres que celles du monde, leurs entreprises (outres) ont comme but premier de faire de l'argent - non pas des disciples (Matt. 28: 19). Je ne dit pas que faire des profits est mal ou que de faire des disciples est sans importance pour ces entreprises, mais la tendance omniprésente de ce système où domine les vedettes et les profits laisse peu de place pour l'attitude d'Asaph et d'Héman, c'est-à-dire former des artistes puissamment oints et doués d'une grande maîtrise technique de leur art. Cette structure commerciale valorise surtout les artistes dont le talent se "vend" bien, et les questions d'onction et de la valeur de leur ministère sont mis de coté.

Malheureusement avoir de l'art qui se "vend" bien veut aussi dire que cet art ressemble aux tendances populaires dans le monde séculier. Dans la revue Newsweek on examinait la tendance des maisons chrétiennes d'imiter les styles séculiers à la mode et on notait: "Les responsables de marketing des entreprises chrétiennes ont toujours profité de la situation en imitant la culture populaire." Lorsque notre objectif est de devenir "aussi bon que le monde" c'est tout ce que l'on peut espérer atteindre. Mais lorsqu'on repousse les paramètre établis, Dieu peut inspirer ce qui est innovateur.

Par exemple, lorsqu'une forme de musique pop ou rock devient "hot" au niveau séculier, quelques mois plus tard vous entendrez les mêmes choses à la radio chrétienne. Dans le domaine des arts graphiques, lorsqu'un genre devient à la mode, très souvent on le verra copié dans les milieux chrétiens au niveau du graphisme et de l'illustration. Lorsque les éditeurs séculiers font des millions avec une variété étonnante de livres "self-help" où chacun peut régler soi-même ses problèmes, les éditeurs de livres chrétiens font de même.

Je ne suis pas contre les genres nouveaux dans le domaine de la musique, du graphisme ou de la publication que je viens de mentionner, et je crois que les artistes séculiers ont des talents donnés par Dieu tout comme les artistes chrétiens et sont également capables d'être inspirés par Dieu. Mais je suis soucieux du fait que ce soit continuellement des artistes d'un monde déchu qui soient les innovateurs, plutôt que nous !

La nécessité de prendre des risques.
Une autre raison que les chrétiens ont peu d'influence dans les arts c'est que nous prenons rarement des risques ! Nous avons besoin d'explorer de nouveaux horizons d'expression artistique chrétienne bien au-delà des perceptions du monde.

Ne serait-il pas merveilleux si des pdg d'entreprises d'édition chrétiennes réuniraient tous leurs meilleurs artistes et leur dirait. "Vous savez que le monde est très friant du genre xxx en ce moment. Je vous lance un défie afin que vous cherchiez la face du Seigneur afin de découvrir quelque chose de neuf, de créatif et oint par Dieu. Jésus veut que nous soyons une lumière qui brille sur une colline et c'est impossible d'être vu si on n'a rien de distinctif. Recherchons quelque chose de frais et d'innovateur de la part de Dieu !"

Frank Gaebelein, note dans son livre The Christian, The Arts, and Truth - Regaining the vision of Greatness: "La crainte du nouveau peut paralyser l'activité chrétienne dans les arts. Le talent, aujourd'hui comme par le passé, doit se lancer dans de nouvelles directions. Avoir l'esprit ouvert, les yeux et les oreilles ouverts dans les arts doivent faire parti de notre attitude artistique."

Je connais d'excellent peintres et illustrateurs chrétiens qui sont profondément frustrés par leur compagnie de distribution où on les confine au domaine de "l'art commercial", c'est-à-dire ce qui est utilisé sur les T-shirts, posters et couvertures de livres. Il se peut qu'il y ai un "Rembrandt" en herbes dans le décor, mais il se peut aussi qu'on ne le saura jamais !

Après avoir écrit Ce Monde de Ténèbres. (This Present Darkness), Frank Peretti s'est présenté devant quatorze maisons d'éditions chrétiennes en tentant de le faire publier. Tous l'ont refusé. Ils lui ont dit que c'était trop extrémiste, trop différent de la norme. On lui a dit: "On n'a pas de marché pour ce genre de livre. On sera incapable de rentabiliser une telle affaire." Une petite maison d'édition prit la décision de tenter sa chance et cela devint le "best-seller" chrétien de la décennie et a été vendu en 4 millions d'exemplaires ! Un expert du marché des publications chrétiennes remarqua: "plus que tout autre livre (mis à part la Bible), le livre de Peretti a rendu l'Église consciente de la réalité de la guerre spirituelle." Il suffit de penser qu'on a presque raté les bénéfices de ce livre uniquement parce qu'on le considérait difficilement rentabilisé.

Dans son livre: Addicted to Mediocrity. Franky Schaeffer discute des maisons d'édition chrétiennes: "Les maisons d'édition chrétiennes produisent un volume effarant de publications mais qu'on peut difficilement appeler des livres, car trop souvent ce sont les même thèmes remâchés sans cesse d'un livre à un autre. On pourrait résumer la situation en disant que le monde chrétien moderne est caractérisé par un trait fondamental - son esclavage à et sa dépendance envers la médiocrité."

La responsabilité des promoteurs.
Il y a une responsabilité spirituelle qui vient avec l'activité de promouvoir un artiste chrétien dans son ministère. Des lignes directives fondées dans la Parole doivent entrer dans l'équation et non seulement des questions liées au talent, la popularité et les revenus que peut générer un individu. Des facteurs comme la maturité spirituelle, la capacité de fonctionner devant un grand public, la capacité de recevoir instruction, la stabilité de son mariage et de sa vie familiale et le caractère de l'individu doivent tous être évalués. Une relation ouverte entre le promoteur et l'artiste doit aller au delà des questions d'affaires. Et alors, si l'artiste vit un moment difficile, on peut lui approcher, prier avec lui et, au besoin, même l'encourager de prendre un temps d'arrêt.

Pour la majorité des artistes, particulièrement dans le cas des musiciens et des écrivains, le système et les politiques de prix leur laisse des revenus très modestes à moins qu'ils soient dans la catégorie des meilleurs vendeurs. Habituellement ils doivent payer la firme qui manufacture leur produit, pour ensuite le racheter et le vendre lorsqu'ils font du ministère. Mais pour bon nombre d'entre eux, leur prix de rachat le leur laisse peu de profit. En conséquence, bien des artistes doivent passer une très grande part de leur temps "sur la route" afin de supporter leurs familles et maintenir les ventes afin que leur distributeur ne leur laisse pas tomber. Étant partis pour de très longues périodes sans devoir rendre des comptes à personne soit en termes spirituels ou personnel cela a souvent un effet néfaste sur leur vie familiale et spirituelle

Nous ne parlons pas, ici, de vendeurs d'automobiles d'occasion. Nous parlons de ministres artistiques. Si on accepte de les laisser fonctionner avec une vie spirituelle superficielle puisqu'ils "ont des contrats à respecter" ils finiront, comme on l'a souvent vu, par faire naufrage. Mais souvent les artistes cachent leurs problèmes car ils ne peuvent pas, en termes financiers, se permettre de prendre un temps d'arrêt. Évidemment, chaque artiste est responsable de ses actions, mais le système actuel n'aide en rien les choses.

Il ne faut pas s'étonner alors d'un musicien qui a gagné de multiples prix d'excellence écrire ce mot à sa compagnie de distribution: "Je suis en colère. Je suis en colère contre ce système qui produit des désastres, qui nourrit l'idolâtrie et qui pourvoit un environnement où le péché est conçu. Un système qui viole les principes bibliques afin de chercher le succès commercial. Un système qui détruit des familles."

Où est il écrit dans la Bible que les compagnies qui font la promotion d'artistes chrétiens doivent employer les mêmes structures, attitudes, politiques de prix, de contrats, méthodes de distribution et de marketing que ceux utilisés par le monde ? Malheureusement, travailler pour une firme "chrétienne" ne garantie aucunement que les engagements pris seront respectés. Je connais de nombreux exemples de contrats résiliés et de promesses non-respectées et les familles des artistes en subissent les conséquences. Ceci n'est pas un problème chez tous les firmes chrétiens, mais ce n'est pas exceptionnel non plus. Ces bris de contrats sont rarement contestés car l'artiste hésite généralement de poursuivre en justice une firme chrétienne afin qu'elle soit obligée de rendre des comptes.

Les éditeurs: rendre des comptes
Devoir rendre des comptes est quelque chose de parfaitement biblique, mais malgré tout un grand nombre de compagnies chrétiennes n'ont aucun lien avec une autorité spirituelle reconnue. Bien souvent leur conseil de direction est constitué de parents, amis et d'administrateurs. Si un leader chrétien apparaît sur ce genre de conseil c'est généralement une responsabilité purement formelle car on s'intéresse peu à leur avis ou à leur implication. J'aimerais voir des firmes chrétiennes dans le domaine des arts ouvrir les portes de leurs conseils à des leaders chrétiens qui ont à cœur les arts. Ceci permettrait des conseils plus avisés et de la prière dirigée vers le développement de systèmes ayant comme but la formation et le support pastoral des artistes de ces compagnies afin qu'ils puissent devenir des ministres oints qui touchent les gens pour Dieu.

La conséquence tragique.
La conséquence tragique de la négligence de l'Église dans le domaine des arts est que la protection et la grande onction de Dieu ne repose pas sur bon nombre de Ses artistes. Et nous en subissons les conséquences.

Que pouvez-vous faire ?
Pourquoi vous parler de tout ceci ? Je vous en parle, mes chers frères et chères soeurs, et il est essentiel que vous me comprenez, car vous faites partie de la solution. Je ne souhaite pas la chute des maisons de distribution chrétiennes. Je demande simplement que l'Église prenne sa place. Ensemble nous pouvons changer ces choses. Nous pouvons mettre sur place un système qui assure l'intendance des arts et qui saura grandement encourager les artistes (les ministres médiatiques de Dieu au 20e siècle) qu'Il veut soulever.
Si vous avez le désire de voir une nouvelle époque où des artistes chrétiens chez qui l'onction abonde iront de par le monde et dans l'Église démontrant la beauté créative que Dieu leur a données, alors je vous met, vous et votre église) au défi de chercher des moyens afin de nourrir les arts dans l'Église.

Une nouvelle renaissance.
Le dictionnaire anglais Webster défini un déplacement de paradigme5 comme "un changement de position ou de direction d'un modèle." Il s'agit d'une expression qui reflète une approche qui a été complètement renouvelé. Dans les années 1600 l'Église subit un "déplacement de paradigme" très important qui fut le début de la Réforme.
Aujourd'hui l'Église à nouveau, a besoin d'un autre "déplacement de paradigme" important au niveau de ses attitudes, ses valeurs et ses approches vis-à-vis les arts. Elle a besoin d'une "Nouvelle Réforme" qui ferait renaître son désire d'encourager et de former ses artistes. Partagez mon rêve un instant. Imaginez des structures d'églises où des artistes pourraient recevoir formation et grandir ! Et c'est possible de l'atteindre si on en fait une priorité.
Rappelez vous Bach. Son impact à été si fort qu'on divise parfois l'histoire de la musique en deux catégories; avant et après Bach. Rappelez vous Rembrandt, Handel et Milton qui créent de l'art qui a été embrassé par le monde entier et qui ont tourné le cœur de leur culture vers Dieu.

T. S. Eliot, un lauréat du prix Nobel en littérature, a été inspiré par les pensées qui suivent sur le rôle de leadership du chrétien dans les arts. Il écrivit: "Ce qui est imposé à tout chrétien est le devoir de maintenir devant sa conscience certains standards et repères critiques au-delà de ceux appliqués par le monde."

Je suis convaincu qu'une nouvelle Renaissance va poindre dans les années à venir, dans un avenir immédiat et qu'à l'avant-garde de cette Renaissance on retrouvera des artistes chrétiens pleinement supportés par l'Église, formés et acceptés par un nouveau système d'intendance artistique. Un peu comme le sein maternel donne naissance à des enfants, ce système donnerait naissance à des artistes.

Laissez votre imagination courir et rêvez avec moi… Il y a des sons et des images frappants que personne n'a jamais vu. Il y a des approches fraîches de présenter notre Dieu merveilleux, des approches qui toucheront les cœurs et les esprits comme jamais auparavant. Ces nouveaux moyens d'expression artistiques seront si puissamment oints que des foules pourront saisir la réalité du Christ ressusciter et chercheront son Royaume.

En fait, l'onction créative sera si puissante que dans chaque domaine des arts, le monde séculier des arts demanderont aux artistes chrétiens, "Comment t'a fait ça ?" Il sera un moment étonnant où la culture sera changé et Dieu, par le moyen des arts, donnera des réponses pour les difficultés qui frappent le monde.

Ceci n'est pas un rêve. Ceci est une réalité qui bat puissamment dans le cœur de Dieu à cet instant même ! Il veut déverser Sa créativité dans un débordement sans précédent qui sera d'abord reçu, ensuite nourrit par Sa famille, l'Église.
Ouvrons nos cœurs, jouons notre rôle afin de voir naître la Renaissance de l'art oint de Dieu !

Quelques trucs pratiques afin de promouvoir les arts dans votre église !



Notes
1- Cet article a paru d'abord dans la revue Last Days magazine sous le titre What is the Church doing with the Powerful Gift of Art ? (pp. 6-17, vol. 18 no. 1 1995) Traduit de l'américain par Paul Gosselin.
2- Sans doute l'auteur pense d'abord aux Églises évangéliques ici. NdT.
3- Afin de clarifier les termes utilisés ici voici quelques définitions: art réfère à la musique, la littérature, la peinture, l'illustration, la sculpture, le théâtre, la danse, l'écriture, le chant, le vidéo, le cinéma, etc. artiste réfère à tout chrétien qui est actif dans un de ces domaines. Maison d'édition chrétienne (ou distributeur) réfère à toute compagnie qui professe d'être chrétien et qui établi des contrats avec des artistes chrétiens qui réaliseront des choses pour la compagnie, ou qui manufacturent, produisent ou distribuent les produits mentionnés ci-dessus.
4- Et pour le monde francophone (qui aime tant le langage et l'écrit) on doit aussi se demander où sont nos C. S. Lewis francophones évangélique ? Où sont nos romanciers évangéliques francophones, nos peintres ? NdT.
5- En anglais "paradigm-shift". NdT.