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Sixième réponse: Paul Gosselin (27/01/2010)





Table des matières


monsieur Thys,


Cette fois je tiens parole, après les commentaires qui suivent, je ne répliquerai plus (pas obligé de me croire). Évidemment, vous êtes libres de répliquer si vous voulez. On s'est passablement éloigné de nos discussions initiales sur la question des origines et ça risque de devenir interminable.

Faut passer à autre chose.


> Bonjour Monsieur GOSSELIN,
>
> Je vais tenter de répondre à tous vos arguments.
> Oui, je suis "d'accord avec la perspective des
> Jésuites sur l’éducation! (Apparemment Ignace de Loyola aurait dit :
> " Donnez-moi un enfant jusqu'à sept ans, je vous donne le reste. ".
> Mais pas tout à fait d'accord, surtout de nos jours et en Occident, où de
> plus en plus de croyants se sont affranchis, comme moi, des influences
> religieuses qu'ils ont subies, et ont pris des "positions en rupture
> radicale avec cette éducation religieuse".
> J'y reviendrai car vous y revenez aussi plus loin.
>
> Ce n'est que très partiellement à partir de mon expérience religieuse,
> d'ailleurs
> assez courte, que j'ai pris conscience de l'importance de l'éducation
> religieuse.
>
> Voici d'ailleurs la question que je viens de poser, pour la forme !, à Mgr
> André LEONARD, via un mail à l'archevêché de Malines-Bruxelles :
>
> " Les quatre frères LEONARD, tous prêtres !
>
> Preuve flagrante de la toute puissance d'une éducation religieuse !.
>
> Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE (UCL), a montré qu'en
> l'absence d'éducation religieuse, la foi n'apparaît PAS spontanément, et que la
> religiosité à l'âge adulte en dépend. Or chez un enfant de 2 ou 3 ans, les
> amygdales (du cerveau émotionnel) sont déjà capables de stocker des
> souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des
> comportements religieux des parents, .).

Mais dites donc, chez vous, quel neurone est la source de telles affirmations?

>
> Ces " traces " neuronales, renforcées par la " plasticité synaptique ", sont
> indélébiles .
>
> L'IRM fonctionnelle confirme que le cortex préfrontal et donc aussi bien l'esprit
> critique que le libre arbitre ultérieurs s'en trouvent anesthésiés à des
> degrés divers, indépendamment de l'intelligence et de l'intellect, du moins
> dès qu'il est question de religion.
>
> L'archevêque LEONARD en est-il conscient ?
>
> A quand un enseignement pluraliste, objectif et non prosélyte, qui
> permettrait de choisir de croire OU de ne pas croire ? Cela compenserait
> l'influence familiale, certes légitime et constitutionnelle, mais unilatérale,
> communautariste et donc peu ouverte à la différence enrichissante de l'autre.
>
> M. THYS Waterloo "

S'il est question du fameux cours d'Éthique et culture religieuse au Québec, vu le contexte légal que le gouvernement du Québec s'est donné, parler d'un truc "non prosélyte" me semble de la pure hypocrisie dans ce cas. Même les parents du système privé n'y échappent pas! Non, dans le cas d'ECR, il faut parler d'un prosélytisme TRES agressif imposé et financé par l'appareil de l'État. Depuis l'Inquisition, on a pas vu de telles choses en Occident.

Trop souvent c'est l'audace hypocrite de gens qui ne veulent pas se donner le trouble d'avoir des enfants à eux, mais qui se donnent le droit de dicter aux autres comme élever leurs enfants.

>
>
> Etant protestant, je pensais, dans ma candeur juvénile de l'époque, être du
> bon côté de la barrière dogmatique. J'ai réalisé ensuite que les
> protestants, malgré la libre interprétation de la bible, n'en restent pas
> incités à un dialogue avec " Dieu ", ce qui implique une certaine
> soumission.

Évidemment il n'est jamais question de soumission aux supérieurs hiérarchiques chez les francs-maçons...

>
> Dès 24 ans, l'idée que l'on puisse être jugé par " Dieu " plutôt que par sa
> conscience m'a semblé inacceptable.

Ah, sur ces questions les anglophones ont la mauvaise habitude de jouer cartes sur table. Par exemple, Aldous Huxley le romancier (et fils du bouledogue de Darwin), a fait l'aveu suivant:

Aldous Huxley
Ends and means : an enquiry into the nature of ideals and into the methods employed for their realization.
London : Chatto and Windus 1965 335 p.

>
> L'homme n'est que très peu " libre de ses gestes et attitudes ", en tout cas
> beaucoup moins qu'il ne le pense (il y a de nombreux déterminismes :
> génétiques, liés au sexe, hormonaux, éducatifs, religieux, politiques,
> culturels, nos lectures, .)

Puisque tout est déterminé, tantôt si le neurone A a été la cause de votre affirmation sur le "cerveau émotionnel", celle-ci a dû être dicté par le neurone B.

>
> Vous aurez lu ce qu'en pensait Henri LABORIT (Je suis effrayé par tous les
> automatismes qu'ils est possible de créer à son insu dans le système nerveux
> d'un enfants, . ")

Et sans aucun doute alors les affirmations de Laborit ont dû être dictés (inévitablement) par le neurone C.

Au début du 20e siècle, diverses formes de déterminisme idéologique étaient à la mode. Les marxistes, bien sûr, étaient d'avis que la classe sociale détermine les croyances et opinions. Et chez les adeptes de la psychanalyse, on était d'avis que les expériences érotiques infantiles déterminaient tout. C'est une question qui a attiré l'attention du littéraire britannique CS Lewis. Il fut professeur de littérature anglaise de la Renaissance et du Moyen âge à l'université de Cambridge et il est décédé le 22 nov. 1963, jour même de l'assassinat du président John F. Kennedy. Pour ce qui est du déterminisme idéologique, Lewis expose le cul-de-sac logique qu'implique de telles affirmations, car tous les adeptes du déterminisme idéologique excluent inévitablement leurs propres convictions de ce déterminisme...

La citation est longue, mais utile. Pour comprendre la suite, notez que lorsque Lewis dit "thoughts are tainted", il discute de la détermination de la pensée et des opinions (le déterminisme idéologique).

Tout ça est tiré de l'article intitulé “Bulverism” (1941), publié dans le recueil "God in the Dock". Pour s'amuser, Lewis imagine un inventeur du concept du déterminisme idéologique et met en lumière les avantages de ce système de croyances. Toujours dans le même essai, Lewis note:


>
> Mais l'homme reste évidemment capable, dans une mesure très variable il est
> vrai, de réagir à l'environnement dans lequel il baigne, par" épigenèse ".
>
> Je pense donc que, surtout, " la perspective d'un individu est déterminée
> par son éducation familiale ". En témoignent même les francs-maçons "
> réguliers ", c'est-à-dire théistes ou déistes, surtout anglo-saxons, tous
> chrétiens. Ils imposent hélas de " croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme
> " et observent aussi un respect total de la Tradition. Ils ne reconnaissent
> même pas comme maçons ceux des " obédiences libérales ".
>
> Les francs-maçons a-dogmatiques, au contraire (dont je suis, mais je m'exprime
> évidemment toujours à titre personnel), estiment au contraire que chacun
> doit se forger ses " vérités ", personnelles, partielles et provisoires, au
> contact de celles des autres.
>
> Mon parcours initiatique de 40 ans a d'ailleurs été une perpétuelle remise
> en question de mes points de vue (je n'ai jamais eu de certitudes), mais
> pour que je puisse changer radicalement d'avis, il aurait fallu que
> surviennent de réels éléments nouveaux, que je continue pourtant à
> rechercher, notamment via ce genre de dialogue.

Vous affirmez: "je n'ai jamais eu de certitudes". En êtes-vous certain?

>
> " Le déterminisme de l'éducation du milieu familial " est évidemment
> applicable à TOUS les comportements, et donc pas seulement à ceux que j'estime
> " défavorables ".
>
> Je suis loin d' " avoir vidé mon sac " et encore moins de vouloir gagner ou
> perdre la discussion. Au début de chaque échange de vues, je précise chaque
> fois que le but n'est pas de chercher à se convaincre mutuellement, ou d'
> avoir raison, mais de mieux connaître et comprendre nos positions
> respectives. Mais il va de soi que vient un moment où, malgré certains
> points communs, les pierres d'achoppement sont évidentes et suffisamment
> éclairées, et où l'on se répète. Nous en approchons, me semble-t-il.
>
> Il n'est pas question d' " aboutir en toute logique à l'exclusion du
> contrôle parental sur les enfants ", mais seulement d'essayer de faire
> prendre conscience aux parents de leur responsabilité morale. Mais comme ils
> ont le droit constitutionnel d'imposer affectivement leur religion à leurs
> enfants, il importe, selon moi, que l'école compense cette influence
> unilatérale puisqu'elle favorise le communautarisme identitaire.

Encore le langage hypocrite. Vous parlez de "faire prendre conscience aux parents de leur responsabilité morale" et (en appuyant ECR) vous anéantissez justement le pouvoir des parents leur responsabilité morale.

Votre langage équivaut à de la poudre magique lancée aux yeux de la population pour éviter qu'elle prenne conscience de sa situation.

>
> Soit dit en passant, on pourrait reprocher aux parents incroyants d'influence
> aussi leurs enfants. Certes, mais pas de manière affective, puisque l'athéisme
> de ces derniers est naturel en l'absence d'influences religieuses et
> d'inquiétudes
> métaphysiques illusoires (péchés, culpabilité, jugement dernier,
> au-delà, .). Les parents incroyants n'imposent pas la soumission, mais
> développent au contraire l'autonomie, l'esprit critique à tous égards, le
> doute systématique, l'ouverture à l'autre, etc .

Il est étonnant que, tout à coup, chez les "parents incroyants" comme vous le dites, les " mygdales du cerveau émotionnel " cessent de fonctionner et qu'il n'y a plus de déterminisme. Ah, il est grand le mystère de la foi...

Mais si on jette un regard moins naïf sur ces "parents incroyants", on constate qu'ils inculquent également des inquiétudes métaphysiques illusoires ainsi que de la culpabilité touchant des péchés environnementaux ou relationnels (tels que le racisme, sexisme) où des manques de tolérance touchant la sexualité. Les tabous et inquiétudes métaphysiques changent de visage, mais ne partent pas. Le "politiquement correct" a ses œuvres missionnaires; tels ces médecins qui ouvrent dans des cliniques d'avortement de quartiers défavorisés ou des profs d’université qui exercent l'anthropologie appliquée dans le Tiers-Monde. Le "politiquement correct" a même ses martyrs, soit les sidatiques mourrant pour la cause de la "liberté sexuelle" ou encore les femmes dans l'armée souffrant pour la cause de l'égalité des sexes. Pour les masses, on a remplacé le confessionnal par le rite communal de la participation à un talk-show où l’on expose aux yeux de tous, les expériences, les émotions les plus vives et les péchés les plus vils. Et pour les mieux nantis, il y a le rituel plus discret de la confession privée avec son psy (absolution garantie). Et comme on le voit dans cet article sur le site du BBC, les environnementalistes ne hésitent pas à exploiter le langage apocalyptique de la religion pour avancer leur plan du salut (sauver la planète). L'article souligne le fait que certains veulent faire rien de moins que des convertis:

Using religious language to fight global warming.

C'est une illusion religieuse trop confortable que croire avoir "dépassé le stade de la religion".

>
> Le système éducatif idéal serait, à mes yeux, celui où les parents et les
> enseignants coopéreraient dans l'intérêt de l'enfant, au lieu de se renvoyer
> la balle, comme actuellement.
>
> Tout endoctrinement, qu'il soit politique, religieux ou laïque, est
> condamnable. Ce dernier a parfois eu lieu jadis, lorsque le dogmatisme et le
> cléricalisme étaient tout puissants, ce qui a même donné lieu par réaction à
> de rares conversions, mais de nos jours il est devenu rarissime.

Ouais, évidement...

>
> " La perspective d'un individu " n'est " fixée entre 0 et 15 ans ", et même
> à vie que chez les musulmans et certains juifs. A un degré moindre chez les
> catholiques et les protestants, sauf s'ils sont fondamentalistes
> (lefebvristes ou évangéliques, par exemple).
>
> Dans tous mes textes, j'écris que l'éducation religieuse laisse des traces
> neuronales indélébiles dans le cerveau émotionnel, MAIS que " le cortex
> préfrontal et donc aussi l'esprit critique et le libre arbitre ultérieurs s'en
> trouvent anesthésiés A DES DEGRES DIVERS, indépendamment de l'intelligence
> et de l'intellect, du moins dès qu'il est question de religion ". Je ne mets
> donc pas tous les croyants dans le même sac.

Et dans le cas de l'anesthésie réalisée par le cours d'ECR, il ne faut surtout pas... Il ne faut pas que le patient se réveille pendant l'opération...

>
>
> Il n'est pas " hypocrite " de ma part de " parler de liberté de choix " tout
> en contestant par ailleurs la liberté individuelle. Du fait des
> déterminismes, je l'ai dit, la part de liberté individuelle est limitée. C'est
> pourquoi je parle toujours de " pouvoir choisir AUSSI LIBREMENT QUE POSSIBLE
> et aussi tard que possible de croire ou de ne pas croire ".
>
> Le problème vient de ce qu'actuellement, les dés sont pipés dès le départ
> lorsqu'il y a eu une éducation religieuse, et c'est pourquoi on ne peut que
> tenter d'en atténuer l'influence. C'est hélas impensable suite à une
> éducation coranique, puisque, du moins à ma connaissance, même les
> intellectuels musulmans les plus progressistes et modernistes ne deviennent
> jamais athées ou agnostiques. D'autant moins que dans cette religion,
> l'apostasie est punie de mort. Peut-être y en aura-t-il un jour très lointain,
> après avoir pris conscience qu'Allah n'existe que dans le coran, dans la
> charia et qu'on en a abusivement imprégné leur cerveau.
>
> Vous écrivez
>> " Et toute cette logique vous conduit en "bonne compagnie",
>> avec les Nazis (je n'apprécie pas la majuscule !) par exemple et leur
>> jeunesse hitlérienne ou encore avec les communistes sous Staline qui
>> agissaient de même. Eux-aussi (je conteste le AUSSI ! : c'est insultant pour
>> la laïcité philosophique) bafouaient les droits des parents et exploitaient
>> l’État et les écoles afin d’endoctriner les enfants. Sous Staline, les
>> enfants étaient surveillés à l’école et si on détectaient qu’ils avaient
>> absorbés à la maison des croyances religieuses " rétrogrades
>> ", on pouvaient leur faire des menaces pour les faire abjurer, sinon les
>> enlever de manière permanente à leurs parents pour les confier à des
>> orphélinats gérés par l’État si bienveillantS Sous l’empire Ottoman, l’État
>> agissait de même. Au Moyen ge les Ottomans avaient l’habitude d’enlever des
>> enfants de familles Orthodoxes pour en faire les Janissaires , les
>> super-soldats musulmans. Sauf qu'il faut nuancer, car votre stratégie semble
>> plus astucieuse que celle des Ottomans, car tandis qu’elle laisse aux
>> parents la tâche de torcher les fesses de leurs enfants, ramasser le vomi,
>> payer les comptes et préparer leurs repas, par ailleurs elle leur ôte le
>> droit de transmettre leurs convictions. C'est le meilleur des mondes! "
>
>
> ===> Pourquoi persistez-vous à mettre dans le même sac le prétendu
> athéisme " idéologico-politique des nazis et des soviétiques, et la laïcité
> philosophique ? Ce n'est vraiment pas un argument ! Il va de soi que
> celle-ci ne cherche pas à empêcher la croyance religieuse, et encore moins à
> l'extirper de force comme l'ont fait les soviétiques. La laïcité
> philosophique n'a aucune " stratégie ", mais elle doit se défendre contre le
> prosélytisme religieux.

L'Allemagne a été depuis longtemps une démocratie très avancée aussi bien sur le plan culturel, technologique que scientifique. Elle a produit nombre de savants, dont Einstein. Comment une démocratie si évoluée a-t-elle pu être séduite par individu tel que Adolf Hitler? Pourquoi l'instruction, la science et la démocratie ont-elles failli dans ce cas, et comment être sûr que cela ne se reproduira plus dans une autre démocratie.

>
> Qu'elle soit politique ou philosophique, la laïcité ne cherche pas à " ôter
> le droit des parents de transmettre leurs convictions ". Elle souhaite
> seulement les inciter à ne pas influencer leurs enfants au point de nuire à
> leur futur libre arbitre, et donc s'ouvrir eux-mêmes à l'existence d'autres

Ça revient au même, mais exprimé de manière plus savante...

> conceptions philosophiques existant dans le pays. Ils ont certes le droit de
> le refuser, mais pas de contester celui de l'Etat de vouloir favoriser, sans
> prosélytisme aucun, cette ouverture d'esprit, dans l'intérêt d'un meilleur
> vivre ensemble.
>
>
> Les francs-maçons conçoivent l'élitisme, non pas comme provenant d'un
> quelconque sentiment de supériorité, mais de leur souci de n'accepter par
> cooptation parmi eux que des hommes et des femmes dont ils ont pu apprécier
> les qualités morales et humaines, et qui souhaitent édifier, dans la
> tolérance et la fraternité et par la méthode symbolique, leur " vérité "
> personnelle à partir de celle des autres, travailler à leur perfectionnement
> individuel et contribuer, à leur mesure, au progrès de l'humanité. Il s'agit
> donc d'un élitisme plus moral qu'intellectuel ou autre.
>
> La " hiérarchie " n'est qu'administrative, pour permettre le bon déroulement
> des Travaux, et sans aucune " soumission ", la liberté de pensée et
> d'expression y étant totale.

Sur cette question, je succombe encore à la tentation du doute. Je manque de foi, sans doute...

>
> Mais il s'agit de sociétés humaines où l'on constate parfois une certaine
> " rubanite ", et où persistent des Obédiences encore majoritairement
> dogmatiques, parce qu'anglo-saxonnes, où " l'illumination vient d'en haut ".
>
> Certes, notre époque se caractérise notamment par une mondialisation
> économique et un individualisme forcenés, mais la " pensée unique ", due à
> une absence croissante d'esprit critique, n'est pas, à mon sens, du côté des
> "élites ", mais des populations, de plus en plus aliénées aux mêmes medias.
>
>
> C'est à cause du " pari de PASCAL qu'il y a des athées qui, au terme de leur
> vie, deviennent " croyants ", ou encore, parce qu'à l'article de la mort,
> des traces d'influences religieuses précoces, enfouies dans leur inconscient
> limbique, remontent à la surface. N'a-t-on pas vu un vieil Irlandais délirer
> en gaélique, langue qu'il avait oubliée depuis 80 ans ?

À moins que l'approche de la mort dissipe certaines illusions et clarifie la pensée ?? N'est-ce pas une hypothèse qu'un franc-maçon adogmatique peut considérer sur le plan logique?

>
> Désolé, mais, bien que défendant l'athéisme, Anthony FLEW a pu être
> influencé religieusement, son père étant ministre méthodiste. Il estime
> entre autre, que l'impossibilité de fournir une théorie naturaliste à l'origine
> de l'ADN de la première espèce capable de se reproduire constitue un
> argument susceptible de lui faire croire en Dieu. Mais, aussi éminent
> philosophe soit-il, je pense qu'il n'a pas pris conscience de l'influence
> que des centaines de millions d'années a eue sur l'évolution, et encore
> moins des observations psychoneurophysiologiques relatives à l'origine et à
> la persistance de la foi.

Et là, ça doit le neurone D qui a dicté votre commentaire, à moins que ce soit le neurone C.1 ? Vaut mieux ne pas trop pousser trop loin ici mon analyse psychoneurophysiologique. J'ai un peu de pudeur tout de même.

>
> Il est d'ailleurs sensible à l'argument téléologique, fondé sur l'ordre
> apparent de la nature, alors que celui-ci est aussi le résultat d'une
> infinité d'adaptations.
>
> Cet argument est finaliste est normal de la part d'un déiste, mais
> anthropomorphique.
>
> Quand il dit que sa " découverte du divin fut un pèlerinage de raison et non
> de foi ", donne-t-il des détails ? Bref, au premier abord, son argumentation
> me paraît assez subjective.

Bon, je ne vous demande pas de me faire une confiance aveugle sur les motifs du parcours de Flew. Ce ne serait pas raisonnable de ma part. Pour pousser plus loin, faudra lire son livre où il décrit en détail les étapes de sa vie. Vous pourrez alors voir et juger vous-même de tout ça. Le livre est divisé en deux parties. La première examine le développement de sa pensée athée (et ses publications sur le sujet). La deuxième décrit son cheminement vers le concept de Dieu. Faut bien s'entendre, dans le cas de Flew, il ne s'agit pas (pour le moment?) du concept chrétien, musulman ou judaïque de Dieu.

>
> Vous dites : " Le christianisme nous affirme que nous sommes faits à l’image
> de Dieu et que le sacrifice de son Fils à la croix a brisé les chaînes de tous
> nos déterminismes et de nos assujettissements ".
>
> ===> C'est une affirmation évidemment sincère mais gratuite, fondée sur le
> préjugé de l'existence de " Dieu ", et donc impossible à prendre en
> considération par un athée, de même que tous les textes dits " sacrés ".
>
> A propos de l'allusion à Paul de Tarse, je vous suggère de lire en pièce
> jointe ce qu'en dit le Dictionnaire rationaliste, que je ne considère pas
> pour autant comme " parole d'évangile ".
>

Bon, en terminant, je peux vous proposer une approche très rationnelle et logique du christianisme, tout autre que celle des curés ou télé-évangélistes.CS Lewis, que l'on a rencontré ci-dessus, dans son livre "Etre ou ne pas être?" commence par la question de la moralité et progresse vers le concept de dieu pour arriver à des questions plus pointues, dont les prétentions de la personne de Christ. Notez qu'en français, il y a une traduction alternative du même livre sous le titre "Voilà pourquoi je suis chrétien". C'est un bonhomme fort intéressant et copain du romancier renommé JRR Tolkien. Possible qu'une telle présentation du christianisme plairait à votre tournure d'esprit rationnelle.

Et pour ce qui est de quitter les francs-maçons, c'est chose possible (avec l'aide de Dieu). Par exemple, le cas de Luc Delière, qui a quitté la loge du Grand Orient.

« Je suis sorti de la Franc-Maçonnerie! », le témoignage de Luc Delière BlogDei 2007

VARAK, Florent (2005) Franc-maçonnerie et foi chrétienne. La Revue réformée no 232 mars

Et ce site américain: Order of Former Freemasons




portez vous bien

Paul Gosselin
Québec, Canada
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D'où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique, et qui, accablé de procès et de querelles était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant ? Ne vous en étonnez point: il est tout occupé à voir par où passera ce sanglier que les chiens poursuivent avec tant d'ardeur depuis six heures. Il n'en faut pas davantage. L'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faire entrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps-là; et l'homme, quelque heureux qu'il soit, s'il n'est diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l'ennui de se répandre, sera bientôt chagrin et malheureux. Sans divertissement, il n'y a point de joie; avec le divertissement, n'y a point de tristesse. Et c'est aussi ce qui forme le bonheur des personnes de grande condition, qu'ils ont un nombre de personnes qui les divertissent, et qu'ils ont le pouvoir de se maintenir en cet état.
(Pascal: Pensées art. 2, frag. 139 [1960: 113])
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Addenda (sept. 2015)

SI la franc-maçonnerie dans le monde francophone est officiellement athée et matérialiste, ailleurs elle est plus souvent officiellement déiste (comme chez les anglophones) mais parfois on rencontre des variantes (comme chez les disciples du franc-maçon Rudolph Steiner) un intérêt « tout azimuts » pour le «spirituel», la réincarnation et l’occultisme. Mais les francs-maçons sont souvent obsédés par le secret et il en résulte que seuls les francs-maçons de très haut niveau savent vraiment ce qu’est la franc-maçonnerie (et les autres se font des illusions...). Ce qui n'est pas sans rapeller ce que CS Lewis fait dire d'un de ses personnages dans son roman The Hideous Strength.

"Isn't it a little naïve," said Feverstone, "to suppose that being in on a thing involves any distinct knowledge of its official programme?"

A. E Wilder-Smith, un brillant biochimiste britannique et le fils d’un franc-maçon initié au 32e dégrée, dans ses mémoires relate les choses suivantes touchant les croyances véritables des franc-maçons (pp. 92-94) :

« ... informed Freemasons believed in a god whose name is known. This name is derived from three religions. Two are purely pagan and not Christian. One name of this deity is Jewish. The interviewer asked him to name the triple-name of the Freemason's god. The minister hesitated, but the radio interviewer was not satisfied until the Methodist minister explicitly named the name of this Freemason god: "Jaobulon," a composition of Jehovah (Yahweh), Bul or Baal, and On or Osiris. In the Freemason's books, this name is only named in encoded form, always J.B.O. Freemasonry is therefore an acute form of syncretism: a fusion of many religions, among them, pagan religions.

This was the first time in my life I had heard the Freemason's god mentioned by name—and publicly over the radio—rightly named and pronounced. Freemasons themselves may not pronounce the secret name of their god alone. Each individual may only pronounce a syllable of the "inexpressible" name. So, they must be in a group of three Freemasons standing in a circle holding hands with each other worshiping together, softly saying the name syllable by syllable in sequence, each Freemason pronouncing only one syllable. The first Freemason says "Jao." Then comes the second, who is holding the hand of the first and the third Freemasons and he says "Bul." Then comes the third, who worships as he holds the hands of the others. He says "On." No one may pronounce the whole name of their god in its entirety. Whoever does that is considered worthy of death.

My father and Uncle Frank were both high up in the Freemasons' hierarchy. Father was in the 32nd grade, "the Royal Arch." So both of them were fully initiated. But most Freemasons do not know all that. Only in the very highest degrees—if one advances so far—do they learn the name of their god. If they get that far, they are already older experienced Freemasons who have taken oaths their whole lives long never to disclose the inexpressible name, even though, for years, they did not know what kind of a name or a secret they were keeping! For genuine Freemasons, there was a connection between "Yahweh" of the Old Testament and the two great pagan deities "Baal" (bul) and "Osiris" (on). The whole Old Testament stricltly forbids this kind of syncretism. According to the Bible, it is outright idolatry.

The oaths that the Freemasons must take from the level of "entered apprentice" on are really hair-raising, and absolutely unchristian. If a man wants to be initiated into the lodge, he must inquire discreetly whether one would admit him. He would then be discreetly examined. Uneducated people off the street are not admitted, rather only people who have a status in life. Once a man is admitted to the lodge, nothing very bad will happen in his life, because Freemasons promise to always favor other lodge-brothers whether it concerns business or professional affairs. If, for example, a Freemason is a judge, and the accused before him is also a Freemason, the latter can give the sign of the Freemasons. He thereby identifies himself as a Freemason. The judge must then help the accused brother out of his difficulty. The judge cannot abandon him. He need only to say, hidden in the middle of the conversation so that an outsider does not notice it, "Is there then no help for the son of a widow?" (Hiram, the King of Tyre, was the son of a widow and played an important role in the ritual of the lodge). When a Freemason hears this call for help, he may not rest until he has helped his brother in need.

I was born the eldest son of my father and my mother, in the year that my father was "Master of Chairs" in the lodge. For this reason I was, in the freemason's terminology, a "Louis." I would have had, as a Freemason, special rights and responsibilities. If my father had died, or had not been in the position to bear the costs of my education, the Freemasons would have funded my education. Even though I was often, in a round about way, invited to join the lodge when I was active in Middlesex Hospital as a Countess of Lisburne Memorial Fellow in cancer research, I always firmly rejected this step because I was a Christian. »

Wilder-Smith, Arthur Ernest ; Wilder-Smith, Beate
Fulfilled Journey: The Wilder-Smith Memoirs.
The Word for Today Publishers Costa Mesa CA 1998/ 544 p.