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Samizdat

Troisième contact: Michel Thys (15/12/09)



Table des matières

Bonjour Paul,

Je ne vois évidemment aucun inconvénient à nous tutoyer.

Tu écris :

===> Tu estimes donc que l"évolutionnisme, parce qu'on peut y voir une connotation ou une implication religieuse ou philosophique, comme dans le cas du créationnisme, ne peut pas être enseigné lors d'un cours de sciences, mais de philosophie ou de religion.

Mais dans cette logique, l'astronomie, la paléontologie,..., et même la chimie, par exemple, ne peuvent plus faire partie d'un enseignement scientifique, puisque Lavoisier a dit, avec raison et dans tous les domaines : "Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme" ... !

Une telle conception me paraît dépendante d'un présupposé religieux incompatible avec une démarche scientifique, et d'une préséance de la religion par rapport à la science. Je ne puis d'ailleurs pas accepter l'argument jésuitique selon lequel la science s'occupe du comment et la religion du pourquoi, ce qui les rendrait conciliables, puisque relevant de niveaux, de sphères, de registres différents.

===> Certes, les sciences exactes s'appuient sur l'observation de faits reproductibles et vérifiables, ou réfutables, par l'expérimentation. Les sciences humaines ne seraient dès lors pas des sciences ?

Argument un peu facile, tu en conviendras, puisqu'il est évidemment impossible de reproduire les conditions d'observation des origines de la vie et de son évolution, vu les bouleversements climatiques et géologiques survenus depuis des millions d'années. Il est même étonnant qu'on ait retrouvé autant de fossiles ... ! Peu importe d'ailleurs à mes yeux le nombre de données observables, et la question de savoir s'il s'agit de « micros ou de macro évolutions »: ce qui est flagrant, c'est que les espèces évoluent lorsque leur milieu change, ou alors elles disparaissent, et même que de nouvelles espèces apparaissent. Les tentatives pathétiques des scientifiques croyants pour conforter la thèse créationniste resteront non seulement injustifiables scientifiquement, puisqu'elles tendent à prouver une hypothèse, mais évidemment vaines.

===> Il faudrait d'abord s'entendre sur ce qu'est un "déterminisme idéologique". Je ne suis pas du tout convaincu que la "croyance à la création", ou la croyance en un dieu, résultent d'un déterminisme idéologique, dans le sens où il y aurait une évolution des idées. Par contre, il y a selon moi une évolution des mécanismes de défense contre la peur de l'inconnu, les dangers ou les phénomènes inexpliqués. L'animal humain étant le seul capable d' imaginer un dieu, père protecteur substitutif, du fait de son néocortex préfrontal devenu plus développé .Il s'agit là d'une évolution anatomique et fonctionnelle, indépendante de toute "idéologie". Le "discours évolutionniste" n'implique aucun déterminisme idéologique : il est dans la logique des découvertes scientifiques, déjà prévisibles avant Darwin, indépendamment donc de tout "plan idéologique", philosophique ou religieux. Tu ne peux pas mettre sur le même plan des idéologies politiques telles que la nazisme, le stalinisme, le communisme, le maoïsme, ..., et des conceptions philosophiques telles que l'humanisme, qu'il soit chrétien ou laïque, ou l'existentialisme.

A propos de l'origine de la violence, qui les distingue, voici mon interprétation :

Le bien et le mal n'existent pas dans la nature. Ce sont, selon moi, des constructions de l'esprit. Le « bien », à mes yeux d'athée, c'est ce qui est favorable à l'épanouissement de l'individu et de l'espèce, et inversement pour le « mal ».Ce qui par contre est un fait, c'est que, comme tous les autres mammifères, l'être humain, en présence d'un danger ou d'une menace, est d'abord régi par son cerveau "reptilien" qui l'incite à la fuite, ou à l'agression (ou à l'inhibition s'il "fait le mort"). Nous possédons toujours ce cerveau primitif, même s'il est compensé par le cerveau émotionnel et par le cerveau rationnel, heureusement en interaction constante, mais en équilibre instable …

Si l'on excepte l'influence de certaines tumeurs cérébrales et celle de carences éducatives non récupérées, voire de violences parentales, et si l'on se place dans une approche génétique et neurophysiologique, l'animal humain, placé dans un certain contexte éducatif, culturel, affectif, hormonal, ..., a fortiori s'il a été endoctriné, reste virtuellement capable de haine et de violence. Ce qui ne contredit nullement l'influence de facteurs régissant l'équilibre social.

La violence actuelle est de moins en moins contenue par les interdictions religieuses d'antan ("Tu ne tueras point !"). L'histoire confirme abondamment la piètre aptitude des religions à développer une conscience morale autonome. Elle témoigne par contre de sa remarquable aptitude à inciter, dès l'enfance, à la soumission et à l'obéissance à un texte « sacré » puis à ceux qui exploitent la soumission religieuse.

Je ne partage pas l'opinion fréquente selon laquelle la violence du nazisme et du stalinisme, notamment, serait due à l' « athéisme » de ces idéologies. Au contraire, il me semble que l'absence totale de respect de la dignité humaine d'un Hitler et d'un Staline, d'un Mussolini, d'un Pétain, …, de même que la soumission et la violence de ceux qu'ils ont endoctrinés, sont explicables par leur commune éducation religieuse initiale, qui a constitué un terreau favorable à la volonté de puissance des premiers et à la soumission des seconds. Les religions, malgré le message d'amour du christianisme, et à cause de leur prétention à détenir chacune LA Vérité et LE Vrai dieu, m'apparaissent comme à l'origine de toutes les intolérances et de la plupart des violences. Hier comme aujourd'hui.

L'actuel déclin de la religiosité, du moins chez nous, n'a hélas pas été compensé par une éducation laïque "humanisante". Je pense en effet que la conscience morale, le sens des valeurs; le respect de l'autre et de sa différence enrichissante, loin d'apparaître spontanément, ne s'acquièrent que par une éducation familiale puis scolaire, fondées sur l'autonomie, la responsabilité individuelle, l'apprentissage des limites et du respect des autres et de soi-même, sur l'exemple des parents et des éducateurs, non pas intellectuellement, mais par des expériences affectives, vécues ou suggérées par empathie, parfois a contrario, etc ...

Mais cette morale laïque est malheureusement rétive à tout prosélytisme, ce dont profitent évidemment les responsables religieux de l'éducation ...

Lorsque j'écris :

« J'ai même tendance à estimer que le cerveau humain, parce que capable du meilleur comme du pire, n'est pas un progrès, ni donc le « summum » de l'évolution. Je pense plutôt que « pour » compenser la faiblesse corporelle humaine, l'évolution l'a rendu capable d'imaginer des dieux protecteurs, puis hélas Un seul Vrai « Dieu », excluant tous les autres, et dès lors à l'origine de toutes les intolérances, etc … », tu me réponds :

=> Subjectivement, oui, puisque le « Jardin d'Eden » n'a évidemment aucune réalité …


Et lorsque j'écris :

« Je n'ai pas « foi en l'évolution ». Pour le dire simplement, je pense (et non je « crois ») que la matière vivante tend spontanément, comme par « dilution », par « expansion », à rechercher un milieu ambiant aussi favorable que possible pour se développer, se diviser, se reproduire, se diffuser et donc survivre aux dépens des autres espèces (sauf l'animal humain qui est le seul à s'attaquer à ses semblables !) », tu réponds :.

===> Je pense au contraire que ce processus est flagrant, dans toutes les espèces, tant animales que végétales.

Mais j'ai « foi », en l'Homme, ou plutôt confiance dans ses virtualités, dans sa capacité de progresser à tous points de vue, du moins s'il est placé dans des conditions éducatives et environnementales favorables à son émancipation et à son épanouissement.

===> et aussi des francs-maçons adogmatiques, dont je suis.

Or, je constate que bon nombre de scientifiques croyants, surtout anglo-saxons, ne sont pas conscients, contrairement à Louis PASTEUR, de la nécessité de laisser leur croyance au vestiaire avant d'entrer dans leur laboratoire S&Mac255; Il est vrai qu'ils ignorent les observations par IRM fonctionnelle des psychoneurophysiologistes à propos de l'origine et de la persistance neuronale de la sensibilité religieuse et les traces laissées par les expériences religieuses, éducatives et culturelles, dans les différentes parties du cerveau (droit, gauche, émotionnel, rationnel) en interconnexion constante, et donc leur influence inconsciente sur leur intelligence et leur intellect S&Mac255;

===> Certes, il est difficile pour un scientifique croyant de s'affranchir se sa croyance religieuse. Mais je pense que lorsque l'origine et la persistance des influences religieuses sur les neurones et l'esprit critique auront été diffusées dans la communauté scientifique, cela deviendra plus facile. En outre, dans les siècles passés, les plus « éclairés », comme Einstein, par exemple, rejetaient le cléricalisme, mais étaient soit théistes, soit déistes. Sans doute n'avaient-ils pas découvert les philosophes grecs athées …

===> A cette époque, oui.



Porte-toi bien également,

Michel THYS


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