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Samizdat

Un physicien reconnaît le rôle positif de la religion dans la science.




David F. Coppedge (2018 - édition originale)[1]

Mur des Lamentations - Jérusalem


Comment la science peut-elle rejeter la religion, alors que beaucoup des pères fondateurs de la science étaient des hommes avec une foi biblique forte?

Dans un titre inhabituel pour The Conversation, site qui sert souvent de podium aux athées, Tom McLeish dit: "La religion n'est pas l'ennemie de la science: elle inspire les scientifiques depuis des siècles." Ses phrases d'ouverture résument l'angle qu'il prend:

Prêtez attention à tout débat dans les médias et vous verrez que la science et la religion sont, et ont toujours été, en désaccord. La science concerne les faits fondés sur des preuves, la religion concerne la croyance fondée sur la foi.

Mais répéter des déclarations à l'infini dans les médias ne les rend pas vraies. Les enchevêtrements actuels de la tradition religieuse et le développement de la science sont beaucoup plus intéressants que le conflit superficiel commun aujourd'hui - et beaucoup plus importants. Et repenser la façon dont nous voyons la relation entre la science et la religion pourrait aider à donner à la pensée scientifique le soutien public plus large dont elle a besoin.

McLeish, professeur de philosophie naturelle dans le département de physique à l'Université de York, est spécialisé dans la physique des matériaux mous, rhéologique et biologique, dit son profil d'auteur. Il travaille en tant que théoricien, mais reste en contact étroit avec les expérimentateurs. Et il est informé sur l'histoire de la science, une expertise qui fait souvent défaut dans les grandes communautés scientifiques d'aujourd'hui. Beaucoup supposent, par exemple, que les scientifiques médiévaux ont suivi aveuglément Aristote, mais McLeish sait que l'histoire est plus nuancée que l'image des géants scientifiques du 17e siècle rejetant finalement les vieux mythes des ténèbres et voyant la lumière pour la première fois.

Lorsque Aristote fut réintroduit en Europe au 12e siècle, son travail scientifique a eu une grande influence sur les savants médiévaux, qui étaient invariablement des penseurs au sein d'une église, d'une synagogue ou d'une mosquée. Un exemple clé est le théologien d'Oxford du 13e siècle et plus tard évêque de Lincoln, Robert Grosseteste[2], qui était aussi un scientifique des débuts pionnier. Il a présenté une vision de la façon dont nous pourrions obtenir de nouvelles connaissances de l'univers, l'apparition des premières notions d'expérience, et même une théorie du "big bang" du cosmos et un concept d'univers multiples.

Roger BaconÉvidemment, les perspectives de Grosseteste ne sont pas tout à fait comparables à celles des cosmologistes séculiers modernes. Plus important encore, il voyait l'investigation de la nature comme un acte religieux qui glorifie Dieu. Comme Roger Bacon, son élève, Grosseteste dénonce la magie, la superstition et l'irrationalité. Pour ces érudits, la nature reflétait la rationalité, l'ordre et la beauté de leur Créateur. Leurs opinions ont influencé beaucoup de philosophes naturels ultérieurs.

Pourtant, sous le travail de Grosseteste se trouve une philosophie de la nature beaucoup plus profonde et en développement. Dans un commentaire sur les Analytiques postérieurs d'Aristote, il décrit une propension humaine unique qu'il appelle (en latin) sollertia. Il entend par là une sorte de capacité intense et perceptive à regarder au-delà de la surface du monde matériel pour examiner sa structure interne.

Ceci est remarquablement similaire à notre approche de la science aujourd'hui. Isaac Newton a décrit sa science comme "voir plus loin que les autres". Pour Grosseteste, notre sollertia vient à son tour du fait d'être créée à l'image de Dieu. C'est une tâche théologiquement motivée qui contribue à l'accomplissement de l'être humain.

McLeish poursuit avec d'autres scientifiques croyants en la Bible que nous décrivons dans nos biographies sur ce site.

Ceux-ci et d'autres "voyaient leur tâche comme un travail avec les dons de sens et d'esprit de Dieu pour retrouver une connaissance perdue de la nature." McLeish ramène cet esprit au Livre biblique de Job, en particulier les chapitres 38 à 41, dans lesquels Dieu interroge Job sur une liste de questions scientifiques dont il sait que Job ne peut y répondre. Appelant le Livre de Job un "pilier de base pour la philosophie moderne" à égalité avec Platon. McLeish voit des parallèles avec le genre de questions que les scientifiques abordent aujourd'hui:

C'est parce que Job traite de front le problème d'un monde apparemment chaotique et agité, étranger à la condition humaine et impassible face à la souffrance. Et ceci, affirme [Susan] Neiman, est le point de départ de la philosophie.

Ceci pourrait aussi être le point de départ de la science, car Job contient aussi à son point pivot le poème de la nature le plus profond de tous les écrits anciens. Ses questions, en forme de vers, sont également frappantes pour les scientifiques de tous âges, qui savent que poser les bonnes questions créatives - plutôt que d'avoir toujours la bonne réponse - est ce qui enclenche le progrès.

En tout, le livre contient jusqu'à 160 questions dans des domaines que nous connaissons maintenant comme la météorologie, l'astronomie, la géologie et la zoologie. Le contenu de ce texte intemporel a clairement orienté l'histoire de la science pendant des siècles.

McLeish espère que les "communautés de foi" embrasseront cette histoire. Il pense que cela les aidera à "soutenir énormément la science," mais il ne s'attend pas à une action réciproque de la part des scientifiques. "En embrassant et en soutenant la science, les communautés religieuses peuvent, à leur tour, apporter des perspectives importantes sur la façon dont nous l'utilisons dans notre futur global."

C'est un changement [d'attitude] bienvenu par rapport au dénigrement l'habituel du créationnisme par les athées sur The Conversation, mais j'aurait souhaité que McLeish ait affirmé le besoin des scientifiques de se repentir et de reconnaître leur dette envers la Bible. Au lieu de cela, ces types d'articles considèrent toujours le mouvement dans une direction: les "communautés de foi" doivent embrasser la science - ou, plus cyniquement, le Peuple de Foi (quel que soit le sens qu'on puisse donner à ce terme) ​​doit se joindre au Peuple de "Froth"[3]. Lawrence Principe de Johns Hopkins commet cette erreur déséquilibrée dans son cours d'enseignement sur la science et la religion par ailleurs intéressant. Une grande partie de la fracture vient aujourd'hui de scientifiques arrogants qui regardent de haut avec fierté avec leurs petits nez Yoda prétentieux ceux qui doutent de leur idole, le roi Charles [Darwin] (voir 26 janvier 2018). D'après mon expérience, c'est un problème bien plus important que celui des "gens de foi" qui refusent d'embrasser la science.

J'ajouterais aussi Salomon à Job en tant que promoteur de la science. Salomon a entrepris des projets massifs pour étudier les oiseaux, les plantes et d'autres phénomènes (1 Rois 4:29-34). Bien que, en tant que vieillard, il considérait la recherche, le plaisir et l'écriture de livres comme "poursuite du vent", son zèle à investiguer la nature, appliquant sa sagesse donnée par Dieu, lui apporta du plaisir et de la satisfaction pendant de nombreuses années. Sa conclusion, "Crains Dieu, et observe Ses commandements. C'est là ce que doit faire tout homme" (Ecclésiaste 12), ne nie pas la valeur de la science, car il a aussi dit, "Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse." D'autres auteurs de la Bible ont préconisé l'étude des œuvres de Dieu comme une manière de craindre Dieu et de garder ses commandements. Le Psaume 111 par exemple, inclut la recherche comme élément de culte:


Autres ressources

Gosselin, Paul (1987) La Cosmologie judéo-chrétienne et l'origine de la science. Samizdat

Jaki, Stanley L. (1967) The Role of Faith in Physics. in Zygon vol. 2 no. 2 pp. 187-202

Jaki, Stanley L. (1974) Science and Creation. Academic, New York 367 p.

Hooykaas, Reijer (1972) Religion and the Rise of Modern Science. Scottish Academic Press Edinburgh 162 p.

Popkin, Richard H. (1968) Scepticism, Theology and the Scientific Revolution in the Seventeenth Century pp. 1-28 [in Criticism and the Growth of Knowledge. Lakatos et Musgrave (éds.) Cambridge U. Press London 1970 282 p.]

Stark, Rodney (2003) For The Glory of God: How Monotheism Led to Reformations, Science, Witch-Hunts, and the End of Slavery. Princeton: Princeton University Press


Notes

[1] - Traduction française: Fabrice Bect.

[2] - Si un tel nom, peut faire penser à un gros organe mâle, mais dans le français ancien (que les anglais ont hérité) le «eƒ» devient parfois «ê» en français monderne, donc «Grossetête»...

[3] - "Froth" = écume. Donc People of the Froth = individus chez qui l'idée d'un Dieu souverain fait écumer...