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Samizdat

Les finalités de l'éducation publique,
gratuite et universelle[1]





Rodrigue Allard

Cet essai présente les trois principales finalités de l'Éducation au cours de son histoire ; à savoir A) Le commercialisme et l'élitisme (et même l'anti-intellectualisme) dans l'éducation Païenne, B) l'éducation universelle chrétienne et C) la position moderne telle que représentée par la position gouvernementale actuelle.

Origines ou les finalités premières de l'école publiques
Avant l'arrivée des premières philosophies et du Christianisme, l'ensemble des sociétés sont dominées par les rituels et les croyances, transmis sans être remis en question, de générations en générations.


A) CAPITALISME ET ÉLITISME CHEZ LES PAÏENS

Puis la Philosophie grecque fit son apparition, et avec lui un début d'enseignement. Mais de manière générale, pendant les mille ans de la Philosophie païenne, cet enseignement est fractionné en une multitude de matières et de précepteurs sans lien, à l'image de leur religion aux multiples dieux, qui est dépourvue d'une vision systématique et globale.

Certains philosophes païens recherchent une vision plus globale du monde pour eux-même et leurs étudiants, mais ils ne se concertent toujours pas entre eux pour créer une école et encore moins un programme ou un système d'éducation : Ainsi par exemple, l' “ Académie ” de Platon et le “ Lycée ” d'Aristote, etc., se concurrencent et ne sont que des classes individuelles, semblables à celles de nos écoles primaires.

Surtout, pendant toute cette période, l'enseignement est toujours réservée à une petite élite de les maîtres d'esclaves masculins qui peuvent payer ;  les universités d'aujourd'hui n'ont donc rien inventé dans l'art de faire commerce avec le savoir. (L'anti-intellectualisme païen sera exposé dans la partie B)


B) EDUCATION UNIVERSELLE CHRÉTIENNE
Le Christianisme fait son apparition : Jésus, Incarnation du Créateur, y est le Logos, la Parole logique fait chair (Évangile de Jean, chap.1, verset 1), on l'appelle aussi “ Maître ”, c'est l'Enseignant suprême. Jésus donne l'ordre de faire de toutes les Nations Ses disciples, c'est à dire Ses élèves, et Il donne au Monde une vision universelle, systématique et globale.

L'Église chrétienne commence par donner à ceux qui peuvent se payer l'éducation païenne existante, les bases théologiques, métaphysiques, logiques et morales dont ils ont besoin pour faire le tri entre ce qui est compatible avec la Pensée Évangélique dans cette éducation païenne, et ce qui ne l'est pas, par exemple : la déification de certaines personnes ou de la création, le mépris de certaines personnes, la débauche, la polygamie, l'adultère, la Magie, les “ sciences occultes ”, la violence, la vengeance, le fatalisme et l'attachement vis-à-vis l'argent.

Par la suite, quand l'Église finit par avoir les moyens de le faire, elle se met en branle d'offrir aussi une formation académique à ceux qui n'y ont pas accès, surtout dans les régions les plus primitives et dans les pires moments de chaos, alors que l'Empire romain s'écroule, au 5e siècle; selon l'historien Thomas Cahill, l'Église chrétienne a sauvé la civilisation de la disparition, en Europe.

C'est dans ce contexte que l'Église invente l'École, la motivation centrale est de manifester l'Amour sans parti pris, de Jésus envers tous, surtout les plus déshérités. Cet amour se manifeste premièrement en s'efforçant d'apporter aux gens le Salut Éternel, c'est à dire le fait de passer avec Jésus, les milliards de milliards (etc., bref l'Éternité) d'années à venir, dans un Bonheur sans limites, et d'éviter l'exacte contrepartie de ce Salut, c'est à dire l'Enfer. Mais ce but premier, le Salut, ne supplante pas les autres buts, il s'articule avec ces derniers de manière inséparable.

Quels sont ces autres buts ? Premièrement, extirper chez les gens l'obscurantisme et la Superstition ; en effet, Jésus étant plus Puissant que tous les mauvais sorts et Malédictions, la Superstition n'a plus sa raison d'être. De même, ces Superstitions, telles l'Astrologie sont incompatibles avec la Foi chrétienne, puisqu'elles consistent à faire appel à des êtres et des forces surnaturelles qui font concurrence à Jésus et qui sont éventuellement maléfiques. Finalement, Dieu, dans la Bible, donne l'ordre formel à l'Humanité de prendre le contrôle de la Création; en effet, il y est aussi écrit qu'Il nous a créés (hommes et femmes) à Son image ; c'est donc dans les pays d'Europe, surtout dans les pays Protestants, plus portés à rejeter l'héritage païen, que naîtra la Science moderne (j'ai même déjà lu l'ouvrage d'un éminent historien spécialiste du Moyen Âge, qui affirmait que la révolution industrielle avait commencé dès cette époque; l'ouvrage s'appelle d'ailleurs “ La révolution industrielle du Moyen Âge ”)

Deuxièmement, il s'agit d'extirper les comportements et attitudes destructeurs pour les autres et eux-mêmes, mentionnés plus haut (violence, vengeance, déification de certaines personnes ou de la nature, mépris, etc.) dans lesquels il faut inclure l'ivrognerie et la consommation de drogues, qui sont toutes deux liées au paganisme. En effet, dans l'ensemble des religions polythéistes (Hindouisme, l'ensemble des religions primitives ou de l'Antiquité), on “ connaît ” les dieux par le biais de l'ivresse qu'apporte l'alcool, la drogue, la promiscuité sexuelle, les maladies mentales (ces dernières étant des possessions par les dieux selon le paganisme), ou en faisant le vide en dedans de soi (brahmanisme, bouddhisme): Ce sont des religions anti-intellectuelles.

Troisièmement, il s'agit de construire le Monde nouveau, la société nouvelle, le Royaume de Jésus, ce qui se fait premièrement en formant un homme nouveau (et une femme nouvelle : pour la première fois dans l'histoire, on considère que l'éducation est aussi faite pour la masse des femmes et non juste pour les hommes) par le biais de l'Éducation, puisque Jésus interdit d'utiliser la violence pour accomplir cela.

Comme je l'ai dit plus haut, ces quatre buts sont présentés séparément dans ce présent travail, mais cette séparation n'y est qu'une convention littéraire, dans la réalité, il n'y a qu'un seul et unique but global.

Dans les trois premiers siècles, le Pouvoir païen de l'Empire romain s'est efforcé de détruire le Christianisme, mais n'y est pas parvenu, le Christianisme a continué à se répandre ; ce Pouvoir en place a donc changé de tactique : les Empereurs ont fait semblant de se convertir au Christianisme et ont instauré une Église Officielle contrôlée par eux ; de cette manière, le Paganisme s'est perpétué sous une étiquette pseudo chrétienne et les Chrétiens socialistes, féministes et pacifistes, fidèles à l'Évangile, ont la plupart du temps été persécutés par le Pouvoir en place, et cela pendant presque un millénaire et demi. Cette situation, couplée au manque de livres, a grandement ralenti l'éducation des masses pendant des siècles. La conquête de l'Europe par des rois Barbares illettrés et sanguinaires, concourra aussi à retarder l'éducation des masses.

L'invention de l'imprimerie va aider à relancer cet objectif, de même que la naissance du Protestantisme qui remet de l'avant la nécessité d'éduquer tous les gens du Peuple, qui sont considérées comme étant TOUS et TOUTES des prêtres de Dieu, des “ Papes ” : Ces gens doivent donc tous entrer en contact direct avec Dieu par le Livre, La Bible.

Par contre le mouvement Humaniste de la Renaissance (16e siècle) va s'opposer à cela en s'efforçant de faire retourner la société Occidentale à la manière d'agir et de Penser des Païens Grecs et Romains ; à cause de cela on s'acharnera à s'opposer au progrès des sciences et on réservera l'Éducation à une petite Élite de Princes et de Rois : ainsi Galilée est forcé de se rétracter parce que les philosophes gréco-romains Païens avaient tranché “ une fois pour toutes ” que le Soleil “ tournait autour de la Terre ” et non l'inverse.

Au 17 et 18e siècles, un nouveau mouvement de retour au Christianisme de l'Évangile va entraîner dans le Nord de l'Allemagne, la scolarisation et l'alphabétisation de la très grande majorité de la population, y compris les femmes. L'Église Évangélique Morave, une Église féministe, socialiste et pacifiste fondée au 15e siècle par Jean Hus, est à l'origine de ce mouvement au sein de la société allemande ; deux prédicateurs de cette Église, Comenius et Ratichius, ont donné naissance à la pédagogie moderne, au 17e siècle : Ils rompent avec les châtiments corporels du Moyen Âge et élaborent les moyens pour que l'apprentissage devienne un plaisir pour les élèves.


C) ÉDUCATION UNIVERSELLE MODERNE : LE MATÉRIALISME, AGNOSTIQUE ATHÉE, REPREND LE PROJET CHRÉTIEN À SON COMPTE.
Tout ce que je viens de rapporter sur la formation globale, aussi bien technique, qu'éthique et philosophique, qu'a instauré le christianisme, il y a 2000 ans ; tout cela donc montre que le Ministère québécois n'invente rien du tout en donnant comme finalité à l'école d'instruire, qualifier et socialiser. De même, en donnant à l'École, la mission de s'assurer que plus aucun élève ne sera exclus de la société québécoise, en parlant d'un créer un citoyen démocratique et éthique global, ou en mettant de l'avant des méthodes adaptées à chaque étudiant. La différence en est qu'il est, de manière évidente, nullement question de faire tout cela par Foi envers Jésus ; la vision du monde intrinsèque est que le monde matériel est la seule référence acceptable dans l'élaboration du système d'éducation du Québec

Pourtant, rien ne justifie logiquement un matérialiste de vouloir éduquer également tout le monde ; en effet, si nous ne sommes que des amas de produits chimiques destinés à disparaître, un tel objectif n'a aucune pertinence : “ Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! ”

Si donc des agnostiques et des athées en sont venus à récupérer la cause des Chrétiens susmentionnés, c'est à cause de l'immense influence que ces derniers ont eue sur la société occidentale; le philosophe matérialiste Nietzsche exprime cela en disant que les incroyants qui défendent la démocratie, sont encore sous l'emprise du “ poison chrétien ”; on peut aussi appeler cela : “ Chercher à obtenir des pommes, tout en rejetant le Pommier ” Ainsi, Darwin, autorité suprême du matérialisme, défend le principe de la domination et même de l'élimination du plus faible par le plus fort, même dans la société humaine, dans sa théorie de l'Évolution.

À l'époque de Darwin, ce sont encore des Chrétiens, presque exclusivement qui s'opposeront au racisme et au sexisme et prôneront la scolarisation universelle gratuite. Les disciples de Darwin marcheront sur les traces de leur Maître jusqu'au milieu du 20e siècle, jusqu'à ce que l'horreur suscitée par les crimes du darwinien Hitler, en viennent à forcer les scientifiques darwiniens, à renoncer au racisme et au sexisme biologiques.

Le vide laissé alors par ces deux doctrines, sera rempli par le matérialisme de Karl Marx, qui affirme que les lois matérialistes de l'histoire nous condamnent à voir s'instaurer la Dictature des ouvriers pauvres, puis une société anarchiste sans classes sociales.

Au milieu des années '70, la mort de Mao Tse Toung en Chine et l'effondrement économique du système soviétique, puis la disparition de ce dernier, ont amené une majorité de matérialistes à mettre de côté les références à Karl Marx (ce dernier reconnaissait d'ailleurs que les idées d'égalité et de socialisme venaient de Jésus, mais prônait leur instauration sans Son intervention), mais le principe d'égalitarisme sans Jésus a survécu sous la forme de la Political Correctness dans les sociétés occidentales dont la nôtre, surtout dans les syndicats d'enseignement, et cela a amené, entre autres, la suppression des cours de religion chrétienne (en 3e, 4e et 5e secondaire, dans le cas du Québec) et leur remplacement par un cours d'éthique et de culture religieuse au point de vue purement matérialiste ; en effet, si Dieu n'est que le fruit de notre imagination, de quel droit les Chrétiens peuvent-ils se permettre d'affirmer que leur “ vision imaginaire ” de Dieu est supérieure à celle des Païens (polythéistes) ; et si seule la matière existe, quoi de mal à ce que s'instaure un culte panthéiste du Cosmos divinisé, ou un culte du Moi, il n'est donc pas étonnant non plus de voir les sectes du Nouvel Âge occuper un rôle de plus en plus central dans la société québécoise, particulièrement dans le milieu de l'éducation ; par exemple, le journal Le Devoir rapporte que 60% des enseignant(e)s du primaires présentent à leurs élèves des croyances issues des sciences occultes, comme étant “ scientifiques ”


Mes finalités de l'éducation

    1. Que le système scolaire reconnaisse que les valeurs démocratiques ont pour bases philosophiques le Christianisme et qu'il en fasse part aux étudiants dans le cadre de tous les cours liés à la formation de la citoyenneté.
    2. Que le cours de Religion chrétienne soit maintenu, sans la spécialisation entre Catholique et Protestant, et en mettant l'emphase sur le Nouveau Testament, base commune de toutes les confessions.
    3. Que l'on s'efforce d'élargir le bagage culturel de l'élève, plutôt que de mettre une emphase excessive sur le vécu.
    4. Qu'on cesse de vouloir imposer les mêmes cours à tout le monde, mais que l'on s'adapte à chacun.



Réréfrences :


- Ni hommes ni femmes, ni libres ni esclaves : Jésus aux origines de l'Égalité, de Rodrigue Allard, UQAR, avril 2001.

- “ Histoire de trois naissances : l'enseignement, l'école, la pédagogie ”, de Clermont Gauthier, Vie pédagogique no 75, nov.-déc. 1991.

- “ Faire l'école aujourd'hui et demain ” de Gilles Boisvert, dans Vie pédagogique no 92, janv.-fév. 95, p.16, 2e section.

- How Irish (Monks) Saved Civilization, de Thomas Cahill, Doubleday Books, New York, 1995.

- “ Pythie ” et “ folie ” dans Encyclopédie des religions, de Gerhard J. Bellinger et al. , Éd. Livre de poche, Paris, 2000. Mêmes mots dans Encyclopédie Universalis, Paris, 1995. “ Ecstasy ” dans Encyclopédia Britannica, Londres, 2001.

- Le chapitre “Lire et écrire en Allemagne ” dans Histoires des femmes en Occident, de Michelle Perrot et al., Paris, 1980

- Réaffirmer l'école - Chapitre 1. Ministère de l'Éducation québécois, 1999. (Le pourquoi et le comment de la Réforme de l'Éducation en cours)


Notes

[1] - Travail remis dans le cadre du cours Profession enseignante et organisation scolaire au québec. au département des sciences de l'éducation, Université du Québec à Rimouski, 2002.