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Samizdat

Mais qu'en est-il du droit du Dr. Dawson de ne pas avoir du sang sur ses mains?[1].



Link ByfieldUne lettre de l'éditeur

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Prenez bien note du cas du Dr. Stephen Dawson, un médecin de famille à Barrie, Ontario. Non seulement pourrait-il sonner le glas pour la liberté, mais de la société telle que nous l'avons connue.

Le Dr. Dawson est un chrétien sans dénomination particulière. Il lit la Bible et je crois bien qu'il prie. Un jour il lit dans le Livre d'Ézéchiel (3:18, 21):

Mais relisez ce texte, car de nos jours il s'agit de concepts inhabituels. Que l'on puisse être tenu responsable du "sang" d'un autre? "Perdre" son âme? Mais quelle attitude rétrograde!

Le Dr. Dawson semble réagir face aux Écritures de la même manière que Chrétien, le héros de John Bunyan dans Le progrès du pèlerin: c'est-à-dire de manière prompte et directe. Il a réalisé, dit-il, qu'il devait cesser de s'impliquer, même indirectement, dans les péchés de ses patients. Ainsi, il leur remis tous une lettre expliquant qu'il ne ferait plus de prescriptions pour le contrôle des naissances dans le cas des femmes non mariées ou encore pour ordonner du Viagra pour des hommes non mariés, car cela ferait la promotion de l'adultère. D'autre part, il ne référait aucun de ces patients à un autre médecin, ayant des convictions plus souples à cet égard.

Si une telle lettre m'était parvenu, que je sois d'accord ou non, je me serais tout de même réjoui. Mais ce ne fut pas la réaction des patients du Dr. Dawson, du moins pas celle de certains d'entre eux. L'été dernier, quatre femmes, bien qu'elles étaient parfaitement libres de trouver elles-mêmes un autre fournisseur de contraceptifs, se sont plaint au collège provincial des médecins. La CPSO a depuis accusé le Dr. Stephen Dawson d'inconduite professionnelle de part le fait qu'il ne rencontrait pas la norme générale touchant les soins sur le plan moral et professionnel." Que c'est ironique. Sa cause doit être entendu en avril [2002].

Si on examine les commentaires acrimonieux à son égard dans la presse le Dr. Dawson semble avoir péché contre l'attitude moderne et ce de deux manières. Tout d'abord, il a agi de manière discriminatoire contre les femmes sexuellement actives et non mariées. Apparemment une telle attitude est désespérément cruelle et démontre de l'indifférence. (Qu'il soit tout aussi intransigeant à l'égard des péchés masculins équivalents semble de ne pas avoir diminuer la gravité de son délit). Les femmes ont un privilège de droit divin (ou du moins un droit accordé par le gouvernement) de copuler comme elles le veulent sans empêchements ni sermons de sa part. Pire encore, même si on admet son blocage moral à l'égard de la chasteté, il a de plus refusé de les référer à quelqu'un d'autre avec une vision des choses plus à jour. À ceci il a répondu que s'il agissait de la sorte il pourrait tout aussi bien leur fournir ce qu'elles veulent lui-même; il considère que sa responsabilité consiste à les décourager du mieux qu'il peut.

Une telle intransigeance a provoqué l'indignation. Le professeur de religion et science Robert Brown a répliqué dans le Barrie Examinateur "Supposer quelqu'un disait,' Je suis inconfortable d'accorder des traitements à une minorité,'" "Je lui dirais, 'Va te promener ailleurs, débarrasse la place !.' Vous n'avez aucun droit de permettre vos croyances privées d'affecter votre comportement public."

Si le prof. Brown est ce que l'université de Toronto peut trouver de mieux pour nous faire la morale sur les droits de conscience, que Dieu vienne en aide à l'Ontario. Un individu pouvant proférer une remarque si idiote devrait siéger à quelque part sur le conseil d'une commission des droits de la personne, car il fait lui-même exactement ce qu'il trouve si condamnable chez le Dr. Dawson. Il permet à ses "croyances privées d'affecter son comportement public."

Seul un esprit pervers ou faible pourrait mettre sur le même plan les notions de race avec le comportement sexuel. Refuser des soins de santé à un homme pour le prétexte qu'il est blanc ou jaune ou noir est une chose totalement différente sur le plan moral au fait d'affirmer que certaines formes de rapports sexuels devraient être découragées. À moins d'être un raciste, il n'y a pas de "mauvaises" races. Par contre, à moins d'être un imbécile, tous reconnaîtront cependant qu'il y a un grand nombre de formes de sexualité qui sont "mauvaises". Lesquels de ces actes devraient êtres considérés "bien" et lesquels devraient être considérés "mauvais", et dans quelles circonstances, sont évidemment des questions énormes et effectivement ouvertes à discussion, en dépit du fait que le savant professeur semble affirmer le contraire.

Deuxièmement, insister que personne ne peut agir en fonction de ses convictions personnelles, bien qu'elles soient sincères et par ailleurs raisonnables, revient à établir un État policier. Le terme "totalitaire" signifie que le gouvernement prend la responsabilité totale pour déterminer comment gens doivent se comporter. S'il déclare, "Peu importe ce qui vous pouvez penser, vous allez faire seulement ce que nous vous dites," il a alors établi comme projet de subjuguer la société. Dans l'État Fourmilier esclavagiste imaginé par T.H. White, un écriteau à l'entrée principale déclare,"Tout qui n'est pas interdit est obligatoire." Le Prof. Brown devrait le suspendre cette devise devant l'université de Toronto.

Les droits de la personne doivent être réciproques sinon ils cessent opérer de quelque manière. Il y a une tendance croissante en Occident à confondre émotions froissées ou frustration avec assaut criminel, surtout de la part de groupes de victime ayant la faveur des instances politiques: les femmes, les homosexuels, les minorités ethniques, etc. Critiquer leurs attitudes ou comportements constitue alors une "attaque" à leur égard, ce qui est alors classé comme du sexisme, de l'homophobie et du racisme. Ainsi à l'abri de tout commentaire "injuste", ils font ce qu'ils veulent.

Mais la pire partie de la cause avancée contre le Dr. Dawson est ceci. Il défend le principe que la sexualité a un objectif autre que simplement la récréation; il doit transmettre la vie par le biais de l'institution naturelle de la famille. Supprimez son droit de défendre la famille naturelle et vous rendez inévitable la seule alternative ultime - le monde spirituellement vide d'Alduos Huxley, son Brave New World qui est le sujet de l'article principal par Terry O'Neill[2] de ce numéro. Nous avons tendance à penser que les "choix" sont sans conséquences réelles Mais ce n'est pas le cas. Certains chemins conduisent au ciel, d'autres en enfer. Si, en tant que société, nous choisissons de supprimer la liberté véritable en faveur d'un substitut synthétique frauduleux, nous nous retrouverons bientôt nous-mêmes en enfer. Et l'on pourrait pardonner alors au Dr. Dawson de penser que nous y sommes déjà.


Notes

[1] - Publié dans The Report: mars 2002, p. 9. Titre original: "What about Dr. Dawson's right not to have blood on his hands?" Traduction par Paul Gosselin

[2] - Article par Terry O'Neill: We have seen the future. pp. 36-40, même no. de The Report.