Plan Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

L'Éloge de l'homme[1].




Ellen Myers


Le lecteur attentif de la Bible ne peut douter que l'homme précède la femme dans l'ordre de la Création et qu'il est le chef de l'humanité. Dès le commencement, la femme est seconde et 'une aide semblable à l'homme' dans une intimité personnelle qui remplace ses rapports avec ses parents. Jésus-Christ appui complètement cette affirmation (Matthieu 19:4-6). La domination de l'homme sur la femme fut ordonnée par Dieu après la Chute (Genèse 3:16). L'apôtre Paul ne fait que répéter cet ordre donné par Dieu, surtout dans le passage suivant de sa lettre à Timothée:

Nous trouvons une exhortation parallèle dans 1 Pierre 2:1-6. St. Paul répète Genèse 3:16 dans la lettre aux Ephésiens 5:22-23:

Mais la tâche du mari / de l'homme transcende la tâche de l'épouse / la femme. St. Paul continue:

Mes chères sœurs, soyons reconnaissantes qu'on nous a ordonnées de faire ce qui est moins difficile - la soumission - tandis que nos maris ont été ordonnés de nous aimer 'comme Christ a aimé l'Église.' Combien leur vocation est sublime et sainte! C'est seulement avec beaucoup de grâce qu'ils peuvent incarner cette ressemblance à Christ. Car ils doivent lutter non seulement contre leur propre péché mais aussi le notre. Nous pouvons être (et à vrai dire, nous le sommes souvent) en nous-mêmes désagréables. Néanmoins c'est précisément cet amour en Christ que Dieu demande de nos maris, et en général des hommes pour les femmes. Dieu nous compare - et par analogie avec les rapports entre Christ et l'Église, nous sommes - les corps de nos maris. Rappelons-nous les occasions lorsque nos propres corps ne nous sont pas soumis, comme c'est le cas pendant des maladies, des infirmités, ou lorsque nous sommes maladroites. Nous ne supposons pas que nos corps se révoltent contre nous de manière délibérée. De la même, ne nous nous révoltons pas de manière délibérée contre nos hommes, que ce soit sur le plan des paroles dites ou des actions commises ou omises dans cette forme la plus amère et la plus perfide de désobéissance et de manque d'amour - la coupure des communications qui étrangle la communion.

Il me semble que le féminisme d'aujourd'hui est en grande partie une réaction vis-à-vis les hommes qui ont horriblement et sans excuse échoués dans leur tâche ordonnée par Dieu. Ils ont brutalisé leurs femmes, ou encore par faiblesse ou par lâcheté ils se sont soumis à elles. Ils ont été infidèle à leur devoir ordonné par Dieu et se sont attachés à des maîtresses, à leurs emplois, à leurs carrières, ou à n'importe qui ou quoi sauf leurs épouses. Aujourd'hui ils récoltent, dans leur 'crise d'identité', ce qu'ils ont semé auparavant. Ils ont considérés leurs mariages et leurs femmes comme des accessoires; maintenant ils sont rejetés eux-mêmes comme négligeables, accessoires... On ne peut réduire le féminisme à une telle réaction, mais il s'agit d'un aspect qui ne doit pas être ignoré.

Malgré tout, il y a des hommes qui sont vraiment des hommes dans leur amour, semblable à l'amour de Christ, pour leurs femmes. De plus, je crois que nous les femmes devons rechercher, nourrir et louer cette ressemblance à Christ chez tous les hommes que nous rencontrons, même si cette ressemblance est minime. Ceci est notre tâche, comme 'aides semblables' à nos hommes. Voici l'action de notre bonne volonté, la fondation indispensable de tous les rapports humains. Et c'est étonnant combien notre bonne volonté, manifestée à nos prochains, nous bénit nous-mêmes et tous ceux qui nous entourent. Enfin, toute la relation avec les autres est transformée dans un échange d'amour et de joie, ce qui réflète la volonté de Dieu pour nous tous dès le commencement de la Création et pour l'éternité

Eh bien, de quelle manière est-ce que l'homme peut devenir comme Christ dans son amour pour la femme? Par la grâce de Dieu, j'ai eu la grande joie d'être en relation comme fille, épouse et amie auprès d'hommes qui reflétaient Christ et sa bénédiction dans leurs cœurs et leurs vies. Ces hommes sont dans mon cœur et dans ma pensée maintenant que j'écrit ces lignes. Je ne décris pas une fiction mais une réalité vivante.

D'abord, mes bien-aimés, vous êtes dignes de confiance. Comme notre Dieu Lui-même, vous êtes là. Vous êtes présents, disponibles; comme vous l'avez promis et quand on a besoin de vous. Comme Christ Lui-même, vous 'mettez le comble à votre amour' pour ceux que vous aimez (Jean 13:1). Votre amour n'est pas diminué par les rides, les cheveux grisonnants, ou autres détériorations de notre apparition extérieure. Vous aimez notre véritable 'personne intérieur' avec une dévotion et une loyauté solides. Votre amour pour nous fait partie de votre propre 'moi' et ne change pas, tout comme votre propre 'moi' ne change pas dans sa ressemblance à Christ. Il va donc sans dire que vous ne cessez jamais de nous aimer. Parce que votre amour est en Christ et de Christ, il est complètement et éternellement sûr.

Deuxièmement, vous êtes patients et tendres envers nous. Comme l'indique l'apôtre Pierre, vous 'montrez de la sagesse dans vos rapports avec vos femmes, comme avec un sexe plus faible; honorez-les, comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie' (1 Pierre 3: 7). Vous endurez notre loquacité, notre impatience à vouloir tout réparer immédiatement et énergiquement ce qui nous semble (à tard ou à raison) de travers, notre irritabilité périodique, notre don féminin de voir les gens, les événements et les circonstances de manière très personnelle et ainsi avec une compassion profonde et engagée. Vous acceptez patiemment et avec compassion les faiblesses de nos forces de femme, et les forces de nos faiblesses de femme. Vous restez fermes comme des forteresses de force silencieuse lorsque nous sommes enragés ou en larmes. Votre calme n'est jamais l'indifférence, ni la froideur. Il est touché par nos chagrins. Comme notre Dieu Lui-même, 'dans toutes nos détresses vous souffrez', et 'l'ange' - le messager de son Esprit, la compassion communiquée sans et au-delà des sens, 'qui est devant sa face nous a sauvées.' (Esaïe 63:9) Vous n'êtes pas Dieu, et ainsi vous ne pouvez pas toujours 'faire quelque chose' pour soulager nos peines. Mais nous savons bien que vous êtes là avec nous avec patience et tendresse quand nous sommes nous-mêmes très impatientes et portées à nous venger sur ceux qui nous ont offensées.

Troisièmement, vous préparez le sol et vous aménagez l'espace où nous pouvons croître. Bien-aimés, je vous aime et loue tant pour cela. Je vous vois ici comme Adam qui supportait, honorait et montrait le chemin de l'accomplissement personnel à Eve quand il la nomma Eve 'car elle a été la mère de tous les vivants' (Genèse 3:20). (Le nom 'Eve' veut dire 'vivant'.) Ainsi Christ, le Second Adam 'a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible.' (Ephésiens 5:25-27) Ces hommes qui sont vraiment des hommes dans leur ressemblance à Christ nous aiment; ils sont patients et tendres envers nous et se livrent pour nous pour notre perfection, qui est leur joie parfaite. Vous n'empêchez pas notre croissance dans les talents que nous avons reçus de notre Créateur et le votre, mais plutôt vous aidez à le développer, et vous vous en réjouissez. Notre développement comme filles de notre Père ne vous amuse pas et ne menace pas votre joie, votre paix et votre sécurité complète comme les fils de notre Père. Pourtant vous constituez, pour ainsi dire, la structure de notre développement parce que vous n'êtes pas trompés par nos aspirations fausses. Adam se soumit à sa femme malgré le fait qu'il 'n'était pas séduit.' (1Timothée 2:14) Mais vous, plus que vous vous approchez de Christ, moins vous serez influencés par notre tentation - comme la tentation d'Eve - d'être des dieux vous-mêmes et d'avoir confiance dans ce vos connaissances et accomplissements plutôt que dans l'humilité de Christ et avec une foi qui Lui obéit. Ceci est vrai surtout lorsque nous les femmes commettent la faute de préférer nos carrières, nos études ou nos passe-temps à nos devoirs premiers comme épouses et mères.

Ceci nous conduit à la prochaine vertu essentielle de l'homme, la providence. Vous prenez soin de nous comme de vos propres corps. C'est une des forces féminines que nous sommes orientées d'abord vers le temps présent. C'est votre force masculine d'être orientés surtout vers l'avenir. Vous 'voyez la fin dès le commencement.' De plus, vous êtes préoccupés avec des fautes potentielles qui peuvent être secrètes, cachées, imprévues, négligées ou sciemment ignorées dans tout ce qui vous concerne, surtout dans votre rapport avec les femmes que vous aimez. Vous insistez à réveiller le chat qui dort! Vous ne pouvez pas tolérer une chose qui vous divise de la femme que vous aimez. Voici une différence fondamentale entre l'homme, qui comme Adam, abandonne sa masculinité et l'homme qui ressemble à Christ, qui la préserve. Adam, qui 'n'était pas séduit', suivit sa femme dans le péché et la désobéissance à Dieu jusqu'à la mort; mais Christ s'est offert en rançon en ne cédant jamais au péché bien qu'il 'fut tenté à tous égards comme nous le sommes.'

Un grand maître d'hommes (et de femmes) à l'image de Christ, C. S. Lewis, nous expliqua ceci dans son œuvre, qu'il croyait sa meilleure, Perelandra. On le voit expliquer, dans les mots de l'Adam de son nouveau monde imaginaire, Perelandra, qui fut tenté comme notre propre Adam mais qui gagna la victoire en Christ:

Et alors je voyais ce qui s'était passé dans votre monde, et comme votre Mère tomba et comme votre Père allait avec elle sans lui faire du bien et apportant l'obscurité à tous leurs enfants. Et alors c'était devant moi comme une chose s'approchant de ma main... ce que je devrais faire dans ce même cas. 'Oui,' dit le Roi, pensif, 'quoiqu'un homme soit déchiré en deux moitiés ... quoiqu'une moitié de lui-même soit retournée en terre... la moitié vivante doit continuer à suivre Maleldil [Dieu]. Car si elle aussi se laissait tomber et redevenait terre, quel espoir y aurait-il pour le tout? Mais si une moitié vivait, Il pourrait envoyer la vie retourner dans l'autre moitié.' (Perelandra, p. 210)

Chéris, voici la part la plus difficile de votre amour en Christ pour nous les femmes et pour nos enfants. Le péché de notre mère Eve était moins grand puisqu'elle était séduite; ainsi son châtiment et le notre, la soumission aux hommes, est aussi moins grand. Le péché de notre père Adam était plus grand puisqu'il n'était pas séduit mais il préféra librement notre mère à notre Père aux Cieux, notre Créateur et Maître. Ainsi son châtiment et le vôtre, résister non seulement à la déception mais aussi à une alliance avec l'erreur et la compagne aimée, est plus grand. Nous devons tous obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes des Apôtres 5:29). Et votre obéissance est plus essentiel et plus agonisante parce que nous, vos compagnes aimées sur lesquelles Dieu vous fit la tête et en donna la responsabilité, en dépendons. Combien je vous aime et loue, vous que accomplissez bien votre tâche ordonnée par Dieu, même quand il faut que vous opposiez même à nous que vous aimez. Et nous, les femmes dont les cœurs sont la résidence de Christ, devons et avons besoin de nous soumettre à Christ en vous, surtout lorsque Christ en vous rejette ce les choses en nous qui ne sont pas conformes à Christ. Je loue et remercie Dieu pour mon bon père, mon bon mari, mon bon ami, avant tout d'avoir resté ferme en Lui lorsque j'aurais pu errer et vous entraîner en erreur avec moi. Plus que jamais vous méritez nos louanges quand vous nous dites la vérité avec amour et humilité, sans vouloir nous dominer mais gentiment et tendrement, exerçant votre domination ici-bas dans sa grâce et pas comme si vous la méritez (car vous ne la méritez pas).

Étroitement alliée à votre vertu de providence comme celle de Christ est votre vertu d'être l'initiateur ou l'entraîneur, celui qui dirige les pas de ceux que vous aimez. Comme l'Église doit dépendre de Christ pour être guidée en toutes choses, nous devons dépendre de vous. Vous devez décider pour vous-même et pour vos dépendants (et être dépendant de vous qui ressemblez à Christ bénis et rends joyeux) où et comment nous allons vivre, travailler, assister à une école, aller à l'église, aller se divertir et se recréer, jusqu'aux années de la retraite, etc. Il y a des moments lorsque vous désirez nous guider dans un chemin nouveau ou vers des buts nouveaux, et nous hésitons ou nous nous objectons vivement. Vous que j'aime, avez généralement tenu bon lors de tels désaccords. Pourtant vous n'avez jamais barré mon chemin ou le chemin de vos enfants quand ce que nous avons voulu faire ou ne pas faire n'opposait pas la loi de Dieu.

Les paroles que vous m'avez dites qui m'ont donné la plus grande joie, cher père, cher mari, et cher ami, étaient presque identiques et exprimaient la même pensée: que vous pouviez trouver le repos en moi. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir un témoignage plus grand au rapport mutuel entre homme et femme (père - fille, mari - épouse, frère - soeur ou ami - amie) soit possible ici-bas ou même en éternité. 'Repos' - le repos de Dieu même, consacré dans le sabbat et le dimanche - repos du travail, de nos propres œuvres, de la conscience pénible d'un travail inachevé, menacé ou détruit - repos pour se réjouir des bons fruits d'un travail parfait - repos dans l'amour parfait avec l'être bien-aimé crée pour ce repos - voici le but final. 'Oui, l'Éternel a choisi Sion, il l'a désirée pour sa demeure: C'est mon lieu de repos à jamais, j'y habiterai, car je l'ai désirée.' (Psaume 132:13-14) Ainsi même vous, les hommes qui ressemblent à Christ, comme Christ Lui-même pour l'église, êtes repos pour nous, et chacun de vous peut dire à sa bien-aimée entre toutes autres femmes: 'Venez a moi ... et je vous donnerai du repos.' (Matthieu 11:28) Son Saint Esprit, le Consolateur, nous unit dans ce repos les uns avec les autres et avec Christ Lui-même, un avant-goût de notre repos éternel.

Ceci nous amène à la vertu de Christ la plus fondamentale: l'humilité de Christ Lui-même exercée en souffrance courageuse et patiente pour plaire au Père. Vous qui êtes en Christ n'êtes pas parmi les arrogants et obstinés qui ne se préoccupent que de leur propre prestige, leur position sociale, ou les applaudissements de la foule. Votre masculinité n'est pas l'expression égoïste de votre personnalité mais il est l'héritage du plan et de la vocation établi par Dieu avant la fondation du monde. Vous 'vous laissez attirer par ce qui est humble.' (Romains 12:16) Vos plaisirs sont simples et ceux d'un bon enfant, sans ostentation et généralement peu coûteux (mais vous n'êtes jamais avares). Vous ne dédaignez pas ceux qui font du travail manuel et de position basse aux yeux du monde, et vous n'hésiteriez pas de le faire vous-même lorsque nécessaire pour supporter ceux que vous aimez quoique vous soyez des hommes bien éduqués dans une profession élevée avec des honneurs reçus d'universités renommées. Quoique vous soyez chef du foyer, ou bien justement parce que vous l'êtes, vous changez les couches souillées du bébé ou des draps sales quand il le faut, tout comme Christ Lui-même lavait les pieds sales de ses disciples la veille de Gethsémané.

Voyez comme cette vertu fondamentale est précisément celle que le Tentateur voulut détruire à Éden. Il amorça son piège mortel par son appel à la fierté en proposant que l'homme, la créature, serait égal à son Créateur, non pas en conformité obéissant et humble et Lui ressemblant ainsi - mais qu'il se ferait maître en établissant ses propres règles et en déterminant lui-même ce qui est bon ou mauvais. Christ, au contraire, a porté 'le joug léger' d'humilité du cœur obéissant (Matthieu 11:29). De la même façon, vous qui êtes des hommes en vérité, savent que tous les dons que Dieu vous a faits, la domination sur la terre, l'autorité au foyer, et votre masculinité elle-même, ne sont jamais 'une proie à arracher' (Philippiens 2:6). Ces dons doivent être exercés avec respect, soin, et pour la gloire de notre Père en amour juste et miséricordieux. Et c'est possible seulement par Christ en vous.

Que Dieu qui nous créa à son image, l'homme et la femme, et qui donna son Fils pour la rédemption, la résurrection et la sanctification de l'homme déchu, vous bénisse, ainsi que nous les femmes sous votre autorité et ainsi vos aides. Qu'il soit ainsi jusqu'au temps où Il révélera la gloire qu'Il avait prévu pour votre masculinité et notre féminité, perfectionnées en Lui pour toujours dans le Nouveau Ciel et la Nouvelle Terre.


[1]- publié dans CSSHQ vol 2, no. 3, Spring 1980, p. 5-9. Titre original: In Praise of Men. Traduction: Ellen Myers & Paul Gosselin