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Samizdat

Offrez une pierre précieuse !1


"...Il faut que vous naissiez de nouveau."


Richard Wurmbrand



Chers frères et sœurs,

J'aimerais vous parler d'un homme qui était en prison avec moi. Il étai pasteur et s'appelait Dimitri. Il avait été battu; on l'avait frappé à la colonne vertébrale avec un marteau. Une des vertèbres ayant été atteinte, il était resté paralysé et ne pouvait bouger plus que sa nuque, rien d'autre. On imagine bien l'ampleur de cette tragédie.

Si vous vous trouviez dépendant, que se soit dans un hôpital ou même chez vous, vous auriez au moins votre conjoint, votre mère ou une infirmière qui puisse prendre soin de vous. Mais nous étions en prison; comment pouvions-nous nous occuper du pauvre perclus? Il n'y avait pas d'eau courante, pas de linge. Il reposait dans la crasse; impossible pour lui de tendre ses mains pour prendre un verre d'eau. Ceux qui auraient pu lui porter secours étaient astreints au travail forcé et ne rentraient que le soir; le malheureux devait attendre toute la journée pour recevoir un verre d'eau. Il a croupi ainsi en prison pendant plusieurs années. C'était l'enfer sur terre. Puis, en décembre 1989, la révolution a éclaté en Roumanie et le dictateur Ceausescu a été renversé. Une ère nouvelle commençait et Dimitri fut libéré. Il retrouva sa famille et ses amis. Toutefois, il n'était plus en mesure de se déplacer et les médecins ne pouvaient rien pour lui. Mais, au moins, quelqu'un se trouvait là pour lui tendre une main bienveillante.

Un visiteur inattendu
Quelqu'un frappa à la porte; c'était le communiste qui avait estropié Dimitri. Il s'écria: «Monsieur, ne croyez pas que je sois venu pour vous demander pardon, pour le mal que j'ai commis, il n'y a de pardon ni sur terre ni dans le ciel. Vous n'êtes pas la seule personne que j'ai torturée. Vous ne pouvez pas me pardonner, personne ne peut me pardonner. Même pas Dieu. Mon crime est monstrueux. Je suis simplement venu vous dire que je regrette le mal que je vous ai fait. Maintenant, je vous quitte pour aller me pendre; voilà, c'est tout!» Il s'apprêta à partir. Le vieux prisonnier lui dit alors: «Durant toutes ces années, je n'ai pas été aussi triste - qu'aujourd'hui de ne pas pouvoir bouger mes bras. J'aimerais pouvoir les tendre pour vous étreindre. Pendant des années, j'ai prié pour vous chaque jour. Je vous aime de tout mon coeur. Vous êtes pardonné.» Dimitri avait appris l'amour de Jésus qui avait appelé Judas «ami» et prié pour ceux qui le crucifiaient, lui qui avait choisi Saul de Tarse le persécuteur et fait de lui un apôtre. Avoir la foi, c'est imiter Jésus. Chaque fois que Jésus a rencontré un pécheur, il ne lui a fait aucun reproche. Il a pris sur lui le péché et l'a expié à la croix. Je pourrais vous citer plusieurs personnes qui ont agi comme l'a fait Dimitri.

Physiquement sur la terre, mais en esprit au ciel
Lorsque j'étais en prison, à un certain moment, je suis tombé gravement malade. Mes deux poumons étaient atteints de tuberculose, ma colonne vertébrale et mes intestins souffraient également. Par ailleurs, j'étais diabétique, mon cœur battait la chamade, j'avais la jaunisse et d'autres maladies encore. J'étais à deux doigts de la mort. Dans l'établissement où je me trouvais, il y avait une cellule réservée aux mourants. Je suis le seul à en être ressorti vivant. J'y ai passé plus de trois ans, faisant face à de grandes souffrances; en même temps, j'y ai découvert une grande beauté. J'étais mourant; à mes côtés se trouvait un pasteur du nom de Iscu. Il avait été sauvagement frappé et torturé. Il était à l'agonie, et cependant il était calme. Il savait où il allait. Chaque fois qu'il parlait, c'était comme si des pierres précieuses sortaient de sa bouche. En hébreu il n'y a pas de mot exprimer «dire» dans cette langue «dire» est en fait le terme «saphir» (pierre précieuse). Dès lors en hébreu «dire» signifie «donner une pierre précieuse». Si vous ouvrez la bouche donnez une pierre précieuse. Personne ne peut donner des joyaux toute la journée. Parfois vous êtes triste, parfois vous êtes en colère. Restez tranquille et attendez le moment opportun où vous pourrez donner une pierre précieuse à quelqu'un Iscu lui donnait des pierres précieuses à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Il parlait des beautés du ciel et de l'amour de Jésus. Il était physiquement sur la terre mais en esprit il était déjà dans le ciel.

Une autre forme de naissance
En prison Iscu était à ma droite. Couché à ma gauche il y avait le communiste qui l'avait torturé à mort et que ses camarades avaient arrêté et maltraité. Maintenant il était sur le point de mourir. Pendant la nuit il se réveilla et l'interpella en disant: «S'il te plaît pasteur dis une prière en ma faveur; les crimes que j'ai commis sont si atroces que je n'arrive pas à mourir.»

Iscu lui-même très souffrant appela deux autres prisonniers, s'appuya sur eux et passant lentement près de mon lit s'assit sur le bord de la couche de son bourreau et lui caressa la tête. C'était un spectacle extraordinaire un tableau céleste. Pas besoin d'être au ciel pour en voir! Je n'oublierai jamais cette scène; ce geste d'amour pour un homme qui l'avait frappé si brutalement et qui était responsable de sa mort prochaine puis les paroles du pasteur disant: «Je vous ai pardonné de tout mon cœur je vous aime. Si moi pécheur je puis vous aimer et vous pardonner combien plus Jésus le fils de Dieu le peut, lui, l'amour incarné. AIlez vers lui, il vous attend patiemment. Il désire aussi vous pardonner, vous qui cherchez le pardon. Il faut simplement que vous vous repentiez» Dans cette cellule de prison, pas de place pour l'intimité; j'ai été témoin des confessions du bourreau avouant tous ses meurtres à celui qu'il avait torturé. Après cela, ils prièrent ensemble et s'embrassèrent. Le pasteur retourna péniblement à son lit; tous deux moururent la même nuit.

C'était la veille de Noël. Mais pas une nuit de Noël où on célèbre celui qui est né il y a 2000 ans à Bethléem Cette nuit-là, Jésus était né dans le cœur d'un criminel. Voilà ce que Jésus peut faire pour vous aussi; j'espère n'avoir pas parlé en vain et que j'ai pu vous donner une «pierre précieuse». Que celle-ci soit pour vous aujourd'hui: Jésus vous aime et attend de naître dans votre cœur.


Que Dieu vous bénisse !


RW

Tiré du bulletin Voix des Martyrs (L'Entraide fraternelle des Églises) vol. 13 Juil. 2001

On peut écouter une prédication du pasteur Wurmbrandt.

sujet: Sermon de la fête des mères
langue: française
format: MP3
taille: 6.6Mb
date de l'enregistrement: 8 mai 1988 (ville de Québec)