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Samizdat

Une question sur l'âge de l'univers.





Paul Gosselin (6/5/2025)

Un contact m’a filé la question suivante qu’il s’est fait poser: « comment défendre une Création en sept jours, comme l’affirme le livre de la Genèse, tandis que la perspective dominante (le mythe d’origines matérialiste) affirme que l’univers a des milliards d’années?? »

S’il existe plusieurs manières d’aborder la question, voici une approche que je propose examinant d’abord les fondements des systèmes de croyances des partis dans cet échange.

La question fondamentale ici est logique : un Agent omnipotent et omniscient peut-il être une cause suffisante de la création ? La réponse est manifestement oui. Et une fois que l’on accepte d’envisager une telle hypothèse, il n’y a aucune raison logique de rejeter l’idée qu’un Agent omnipotent et omniscient ait créé l’univers en sept jours. S'il le voulait, une seconde suffirait.

Cela dit, ceux qui rejettent un tel Agent omnipotent et omniscient comme cause de la Création n’ont PAS cette option. Ceux qui nient qu’un Agent intelligent soit la cause de l’univers (et de toute vie biologique) n’ont d’autre choix que de s’appuyer sur des processus lentes et stupides pour expliquer à la fois l’univers, les lois de la physique et particulièrement les complexités extraordinaires de la vie biologique. Ainsi lorsqu'il s'agit du monde vivant, pour produire quelque résultat digne d’attention, à ces processus stupides (mutations + sélection naturelle) il faut ajouter un autre élément, c'est-à-dire un temps quasi-infini…

Ainsi, la logique de leurs propres prémisses accule les matérialistes dans une situation où des milliards d’années sont nécessaires et inévitables. Ils n’ont pas d’autres options.

Bien sûr, certains évolutionnistes « intelligents » pourraient répondre : « Au moins, nous n’avons pas besoin d’invoquer des miracles inutiles pour expliquer l’origine de la vie biologique ou de l’univers ! » Ouais, enfin...

Le problème, c'est que, bien que le modèle du Big Bang comporte des données empiriques observables, dont les observations de décalage vers le rouge, l’hypothèse du Big Bang sort du cadre de la science OBSERVABLE, car personne n'a observé le Big Bang ni ne peut reproduire ce Big Bang en laboratoire[1]. Outre les données empiriques observables de décalage vers le rouge, le Big Bang implique inévitablement des présupposés métaphysiques indémontrables concernant les conditions initiales... Ou, pour utiliser le langage courant, les présupposés métaphysiques sont simplement des croyances (et rien d’autre)...

Voici un petit extrait de mon livre Fuite de l’Absolu, vol. 2 qui répond à l’affirmation du matérialiste


Évidemment le matérialiste se moque des thèses créationnistes, car si on invoque de la magie (le surnaturel ou un Créateur) on peut expliquer n'importe quoi ! Cela dit, on néglige généralement d'examiner le fait que même dans le contexte matérialiste, lorsqu'on tente d'expliquer l'origine de l'univers on se voit également dans l'obligation d'invoquer la magie, mais sous le couvert du jargon de l'astrophysique. Entre grands chercheurs, on admet qu'aux premiers instants du Big Bang les lois de cause à effet, telles que nous les connaissons actuellement, étaient suspendues, sinon différentes. Et pour désigner cet état de choses anormal, où toute la matière de l’univers serait concentrée en un seul point (l'Œuf cosmique), on parle alors d'une singularité . En langage théologique, pour désigner un événement de ce genre, on utilise un terme différent, on le nomme miracle. Et si on est attentif, on peut même rencontrer des cosmologistes bien orthodoxes qui admettent (avec les nuances d’usage) cet état de fait. Stephen W. Hawking, un astrophysicien de renommée mondiale, qui fit des recherches pionnières sur les trous noirs, note pour sa part (1973 : 364) :

La création de l’univers à partir de rien a été discutée, mais sans trancher la question, depuis les temps anciens. (…) Les résultats que nous avons obtenus [ici] supportent l’idée que l’univers eût sa naissance, il y a un nombre fini d’années. Par contre, le point d’origine en lui-même, la singularité, est situé hors des lois connues de la physique.*

Voilà le problème : la théorie cosmologique standard du Big Bang nécessite bel et bien un MIRACLE (car c'est ce que l'on appel une suspension des lois de la physique) pour se déclencher la création de l’univers… Mais les matérialistes ne sont pas assez bêtes pour utiliser ce terme. Pour éviter le scandale, ils prennent refuge derrière un jargon technique utilisant des termes comme « singularité ».

Le cosmologiste américain, Alan H. Guth, fait écho à ce commentaire et note (1984 : 102) « L’instant de la création reste inexpliqué. ». Il note d’ailleurs le caractère arbitraire des présupposés qui fondent les diverses cosmologies scientifiques (1984) « Tous les modèles cosmologiques doivent s’appuyer sur quelques présupposés touchant les conditions initiales, mais dans le cas du modèle inflationniste, les [présupposés concernant les] conditions initiales peuvent êtres plutôt arbitraires.* ».


Ainsi, si on prends la perspective de l’anthropologue, le matérialiste qui s'appui sur le modèle du Big Bang pour expliquer l'origine de l'univers, ne peut éviter de faire appel à de véritables miracles, sauf qu'il évitera ce terme pour employer un jargon technique afin de masquer son hypocrisie. Les citations de physiciens et ardent défenseurs du BB proposées ici démontrent que les mieux renseignés sont au courant de la chose, mais pour préserver les apparences de cohérence (et de crédibilité) n'utiliseront jamais le terme "miracle" en discutant des conditions de départ du BB.

Dans un livre relatant le pelerinage intellectuel du philosophe britannique Anthony Flew, de l'athéisme au déisme (et la conviction qu'il existe un Créateur), Flew examine les dogmes des évolutionnistes touchant l'origine de la vie (l'abiogenèse, processus excluant l'existence d'un Créateur) et observe (2010: 172, 173):

Of the books under study here, only Dawkins's addresses the question of the origin of life. Wolpert is quite candid on the state of the field: "This is not to say that all the scien- tific questions relating to evolution have been solved. On the contrary, the origin of life itself, the evolution of the miraculous cell from which all living things evolved, is still poorly understood."7 Dennett in previous works has simply taken it for granted that some materialist account must be right.
(...) Given this type of reasoning, which is better described as an audacious exercise in superstition, anything we desire should exist somewhere if we just "invoke the magic of large numbers." Unicorns or the elixir of youth, even if "staggeringly improbable," are bound to occur "against all intuition." The only requirement is "a chemical model" that "need only predict" these occurring "on one planet in a billion billion."

AInsi, Flew dit brutallement que l'acception de l'abiogenèse est en somme une superstition, une pensée magique, où on prends ses désirs ou souhaits pour des réalités...


Références

Flew, Anthony; Varghese, Roy Abraham (2007) There is a/no God: How the world's most notorious atheist changed his mind. HarperOne New York 222 p.

Guth, Alan H. & Steinhardt, Paul J. (1984) The Inflationary Universe. Scientific American, vol. 250, May, p. 102

Hawking, Stephen W. & Ellis, G.F.R. (1973) The Large Scale Structure of Space-Time, Cambridge University Press Cambridge UK 391 p.

* citations traduites par l’auteur de cet article.


Notes

[1] - Mais depuis que la pensée des Lumières domine en Occident quel scientiifique oserait admettre que la science soit limitée de quelque manière ?