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Samizdat

La cosmologie évolutionniste :
un obstacle à l'Évangile en Europe ?[1]





Ronald White III

Introduction
“ Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création...[2] ” Ces mots simples du Seigneur Jésus, en Marc 16:15, touchent le cœur des croyants depuis plus de deux mille ans. Durant cette époque, des multitudes innombrables ont pris ce commandement pour bannière et ont entrepris d'aller jusqu'aux extrémités de la terre comme missionnaires de l'unique Dieu et de son Messie. Mais le chemin n'a pas été facile à parcourir. Beaucoup ont fait face à des épreuves, à de la résistance et même à la mort. La présente étude est offerte à ceux qui ressentent le même dévouement et le même appel pour répandre la bonne nouvelle en Europe.

Depuis trop longtemps, des millions de gens souffrent dans les ténèbres, beaucoup d'entre eux ayant l'apparence de la piété tout en reniant la puissance de Dieu lui-même (II Timothée 3:5). Que voulons-nous dire par cela ? Nous nous référons à l'état spirituel actuel de l'Europe Occidentale où des millions de personnes s'identifient volontiers comme chrétiens, même baptisent leurs enfants et assistent à l'église en certaines occasions spéciales (ce qui rappelle l'affirmation tragiquement vraie selon laquelle beaucoup entrent dans une église seulement trois fois de leur vivant : pour leur baptême, pour leur mariage et pour leurs funérailles) alors que de manière générale, ils ignorent, ou même s'opposent à la plupart des enseignements fondamentaux du christianisme.

Voici donc le but de cette étude : premièrement, nous essaierons de comprendre les raisons qui expliquent la résistance et l'apathie à l'égard de l'Évangile que rencontrent les missionnaires et évangélistes qui ont été envoyés vers les cités antiques autrefois remplies de fidèles qui, malgré leur instruction limitée, cherchaient simplement à honorer Dieu de leur foi. Notre étude pour comprendre l'origine et les causes de l'actuel climat de ténèbres spirituelles en Europe nous permettra de passer en revue les œuvres et les expériences des scientifiques, théologiens, éducateurs et ecclésiastiques au cours des derniers quelques siècles. Quand nous comprendrons la façon dont le présent est le produit du passé, nous chercherons à proposer une solution à l'état spirituel auquel les missionnaires et ministres contemporains ont affaire. Nous explorerons l'hypothèse selon laquelle l'état spirituel actuel en Europe occidentale provient d'une cosmologie évolutionniste. D'où vient une telle conception du monde? Notre présupposition c'est qu'elle provient d'un système d'éducation occidental qui est à son tour le résultat des pensées de personnages historiques que vous étudierons. Si notre présupposition se confirme, que faut-il donc faire? Le deuxième but de notre étude, c'est justement de proposer une stratégie missionnaire connue sous le nom de évangélisation créationniste ou évangélisation pionnière. Une hypothèse et une explication plus élaborée de ce concept seront proposées plus loin dans le texte. Il faut bien comprendre que nous reconnaissions bien l'influence de l'humanisme et des guerres de génocide sur les populations de l'Europe, mais nous devons encore insister sur l'affirmation voulant que la majorité, si ce n'est la totalité, de ces symptômes trouvent leur origine dans une perspective évolutionniste de la réalité — une cosmologie évolutionniste.

Concernant la méthodologie adoptée pour cette étude, un ensemble varié d'informations incluant des articles de journaux contemporains, des livres pertinents et des rapports statistiques constitue la base de notre recherche. Outre ces sources, des conversations avec un ancien missionnaire et avec un pasteur en fonction s'ajoutent aux informations déjà glanées des sources écrites. Tout cela est présenté sous la forme d'une dissertation en deux parties. La première section s'intitule le Problème et comprend un aperçu et un historique de la situation en question. La seconde section, appelée la Réponse, expose notre proposition de solution et une conclusion.

L'importance de ce travail n'est pas à sous-estimer. Au long des pages qui suivent, nous avons cherché à fournir des réponses à ceux qui ont lutté afin d'amener les Européens à la connaissance salvatrice de Jésus comme messie, mais dont les efforts n'ont connu que peu ou pas de succès.


Le problème
Comme il a été mentionné dans l'introduction, les choses ne vont pas aussi bien en Europe occidentale que ce que beaucoup auraient pu espérer dans le cas d'un continent qui dans les cinq derniers siècles, a produit des géants spirituels comme John Wesley, Martin Luther et Jean Calvin. Au contraire, la situation a empiré. L'Europe occidentale d'aujourd'hui est une région de cathédrales majoritairement vides (dont beaucoup, faute de fidèles, ont déjà été transformées en discothèques, en restaurants et même en mosquées)[3], une décadence morale généralisée et une noirceur spirituelle. Michelle Vu, journaliste des missions étrangères pour la revue Christian Post, le dit clairement dans un article récent : “ Comme beaucoup le savent, le christianisme est en déclin en Europe à tel point qu'elle a même été qualifiée de endroit le moins évangélisé sur terre eu égard à l'ensemble de la population européenne[4]. ” Plus loin dans ce reportage, Vu souligne le fait que le nombre de croyants évangéliques en Europe est tombé à moins de 4% de la population totale et dans certains pays moins de 1 % s'identifient comme évangéliques[5].

Certains peuvent faire remarquer que les évangéliques ne constituent pas les seuls chrétiens à l'intérieur d'un pays et que même si un pays a seulement un petit pourcentage de croyants évangéliques, il peut être en grande majorité chrétienne de par sa représentation catholique romaine, orthodoxe ou protestante. L'ennui de cet argument c'est que même si le pourcentage d'évangéliques en Europe est étonnamment bas, le déclin ne touche pas seulement ce segment de la chrétienté. Au contraire, un grand pourcentage de populations traditionnelles de chrétiens en Europe Occidentale manifeste une détérioration et une atrophie inconnues depuis les jours des conquêtes musulmanes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qui ont déplacé le centre de la chrétienté de Jérusalem et d'Antioche vers Rome et l'Europe centrale. Vu poursuit : “ En Europe, il n'est pas inhabituel pour une personne de se décrire comme un catholique-athée ou comme quelqu'un qui est né et a grandi dans une famille catholique, mais qui ne croit pas personnellement en Dieu. Le cas de la personne baptisée, mariée et dont les funérailles ont lieu à l'église sans que cette personne puisse expliquer la signification de Pâques, est typique[6]. ”

Mais est-ce que ce reportage du Christian Post évoque véritablement une chute imminente du christianisme en Europe? L'article révèle des chiffres alarmistes. En effet, le professeur Johnson, du Gordon-Conwell Thelolgical Seminary, aux États-Unis, laisse entendre que les choses sont pires que certains ne le craignaient. Il note qu'en 1900, 80 % des chrétiens du monde habitaient en Europe et en Amérique du Nord. En 2005, ce pourcentage atteignait à peine 40 %[7]. Afin de rendre cela plus clair, considérons quelques-uns des pays de l'Europe de l'Ouest. Selon les recensements les plus récents, 16 % des répondants du Royaume-Uni ne s'identifient à aucune religion ou affiliation religieuse. La situation est pire en Allemagne où 28,3 % ne s'identifient à aucune religion et les Pays-Bas battent ces deux derniers avec un pourcentage incroyable de 41 % ne se réclament d'aucune religion en 2002. Le propos de Vu au sujet des athées catholiques paraît plausible lorsqu'on note qu'en France, seulement 4 % de sa population dit n'avoir aucune affiliation religieuse[8].

Nous voyons que non seulement le pourcentage de chrétiens en Europe a fléchi, mais encore que le nombre de vrais croyants dans ces pays a diminué de façon dramatique. Johnson met ce fait en lumière en comparant une liste des dix pays les plus christianisés (s'appuyant sur le pourcentage de croyants dans les populations respectives) en 1900 avec la même liste compilée en 2005. Les résultats surprennent. Par exemple, en 1900, selon le rapport de Johnson, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni tenaient chacun une solide position parmi les dix pays les plus christianisés. En 2005 toutefois, la France et le Royaume-Uni ne figurent plus sur cette liste, étant remplacés par des pays comme l'Inde et le Nigeria[9].

Le déclin est particulièrement troublant en Grande-Bretagne, jadis la source du mouvement missionnaire du monde occidental. Considérons le fait que de 1979 à 2005, plus de 50 % de “chrétiens” ont cessé de fréquenter l'église[10] et certains rapports signalent une fréquentation aussi basse que 30 % dans un des sondages[11], et même aussi basse que 6,3 % dans un autre dirigé par le groupe de recherche britannique, Christian Research[12]. De plus , selon en sondage de 2003, une majorité de Britanniques (55 %) étaient incapables de nommer un seul des quatre Évangiles du Nouveau Testament[13].

Ces chiffres confirment que le déplacement du centre du christianisme de l'Europe vers l'hémisphère sud n'est pas simplement le résultat de l'augmentation des populations chrétiennes en Afrique et en Asie, mais aussi la conséquence du nombre décroissant de croyants en Europe Occidentale. Johnson conclut que tandis que l'Europe était chrétienne à 95 % en 1900 (comparativement à seulement 9 % en Afrique), ce pourcentage est tombé à une estimation officielle de 76 % tandis que la population de chrétiens africains est monté en flèche pour atteindre 46 % en 2005[14].

Comment expliquer ce phénomène? Où sont les Wycliffe, les Luther pour ramener l'Europe à ses genoux devant le Dieu souverain de la Bible? Comment ce continent a-t-il pu en arriver là et que peut-on faire pour renverser cette tendance? En bref, qu'est-il arrivé pour engendrer un tel déclin? Pour répondre à cette question et à d'autres, nous ferons un survol historique des derniers siècles, afin de montrer comment les idéologies et les enseignements d'un petit groupe de penseurs ont réduit la foi véritable dans le Dieu de la Bible à des niveaux aussi décevants en Europe.


Un survol historique
Commençons notre survol des facteurs historiques qui sont à la source de la situation actuelle en Europe occidentale, par un résumé proposé par Sylvia Baker : “ Notre société entière a, en fait, été influencée par la perspective évolutionniste selon laquelle il n'y a pas de Créateur, que l'homme progresse constamment et ses mauvais comportements sont simplement les vestiges de son passé animal[15]. ” Même si nous acceptons ce jugement comme une explication juste touchant la situation décrite dans la section précédente, nous reconnaissons que la question peut être sujet de désaccord. Nous présenterons donc une explication examinant l'évolution de l'état actuel des choses dans le cœur et la pensée des hommes et des femmes européens au cours des derniers siècles.

Alors que les idées évolutionnistes sont fort anciennes (les documents les plus anciens se trouvent dans la théorie de la descendance de l'homme du poisson du Grec Anaximandre)[16], nous trouvons les premières pierres fondatrices du monolithe évolutionniste dans la publication de Niels Stensen (en français Nicolas Steno), Forerunner, du 17e siècle. Dans cet ouvrage, l'anatomiste néerlandais a été le premier à postuler que les strates terrestres pouvaient être considérées comme le récit progressif de l'histoire géologique où les couches anciennes se trouvent en dessous des nouvelles, une idée qu'il appelait superposition[17]. Cette observation semblait évidente aux yeux de Steno qui croyait que les fossiles qui se trouvaient dans les strates terrestres avaient été formées uniquement par le déluge de Noé, et selon ses calculs géologiques la Terre avait environ 6 000 ans[18].

Bien que cette publication puisse sembler positive pour ceux qui argumentent en faveur de l'autorité biblique, elle a suscité un intérêt vif pour la détermination de l'âge de la Terre et les raisons de son état actuel. Cet intérêt est évident dans l'œuvre du comte de Buffon, Époques de la nature, publié en 1779. À ce moment-là, il semblait impossible que les formations géologiques qui faisaient l'objet de découvertes et d'explorations dans le monde entier, aient pu se réaliser dans une période aussi courte que celle suggérée par Steno. Par conséquent Buffon a proposé son propre calcul d'une planète très ancienne qui aurait refroidi il y a environ seulement 75 000 ans[19]. C'était une époque de découvertes et de postulats au sujet de la nature de la création elle-même et c'est ainsi que les hommes ont commencé à s'aventurer, non seulement à l'extérieur de la sphère du familier en termes de géographie, mais aussi (sous l'influence du Siècle des Lumières) en termes de cosmologie. L'homme a commencé à explorer la possibilité qu'il existait des régions entières du monde et des ères que la Bible avait simplement omis de mentionner. C'est ce qu'a suggéré Hutton en 1795 dans l'History of the Earth, dans lequel l'histoire est présentée comme étant de nature cyclique et l'histoire de la Terre, d'une durée indéterminée[20].

Charles LyellMais pourquoi doit-on voir ces postulations géologiques comme une sorte de menace ? Pourquoi mentionner des écrits oubliés d'écrivains morts depuis longtemps? Parce que ce ne sont pas les théories présentées dans ces travaux qui nous ont amenés là où nous en sommes aujourd'hui, mais plutôt l'attitude qu'elles cachent qui constitue le véritable danger. Plus la société s'habitue aux idées extra-bibliques de la nature de la Terre et du temps, plus le cœur et la pensée de l'homme tendent à rejeter la Bible dans son ensemble. Nous le constatons par exemple dans les trois volumes des Principes de la géologie, publiés de 1830 à 1833 par Charles Lyell. Cette époque a vu, en effet, le rejet des récits bibliques en échange de la science comme unique source de vérité sur la question des origines.

Ici, pour la première fois, la théorie de l'uniformitarisme (ou, actualisme) de Lyell et son rejet catégorique d'un déluge global constituent un assaut direct et honteux contre l'autorité des Écritures.

En bref, Lyell a énoncé que “ seuls les processus de sédimentation actuels ainsi les taux d'érosion actuels devraient être utilisés pour interpréter le passé de l'activité géologique des roches[21] ”. Le concept que Lyell espérait semer dans la pensée de ses lecteurs était essentiellement que la Terre s'était comportée de la même façon au cours de l'histoire qu'à l'heure actuelle et qu'aucune notion d'un quelconque déluge global ne doit être prise en considération par ceux qui cherchent à comprendre le monde qui les entoure. En d'autres mots, la Bible est erronée et par conséquent, devrait être rejetée comme source de vérité révélée au moment de construire sa propre cosmologie!

Maintenant, il faut se rappeler que la montée de la pensée évolutionniste en tant que cosmologie acceptable n'a pas eu lieu du jour au lendemain, mais s'est plutôt développée très lentement au fil de nombreuses années, aidé en cela par des penseurs et des leaders de la société qui y étaient favorables. Malheureusement, dans bien des cas des théologiens et des leaders ecclésiastiques étaient à l'avant-garde!

La Gap Theory (théorie des intervalles) proposée en 1804 par le pasteur presbytérien, Thomas Chalmers[22], en constitue l'un des premiers exemples. Ici, il s'agit d'une remise en question flagrante de l'autorité des Écritures, dans une tentative désespérée de compromis avec les idées d'hommes faillibles afin d'éviter des conflits. La tendance s'est poursuivie chez le théologien anglican, George Stanley qui, en 1823, préconisait une interprétation “Jour-Ère[23]” du récit de la création trouvé dans les premiers chapitres de la Genèse[24]. Malgré la clarté des preuves linguistiques, Stanley a cherché à abandonner le récit biblique de la création soutenant sept périodes de 24 heures en faveur de l'interprétation de chaque “jour” comme une “ère” indéterminée, permettant ainsi aux adeptes de la théorie d'une vieille Terre d'interpréter le livre de Genèse à leur guise. Pire encore, en 1909, C. I. Scofield a inclus la Gap Theory de Chalmers dans les notes de sa Scofield Reference Bible[25]. Puisque des membres du clergé préconisaient l'abandon de toute notion de la vérité littérale de la Bible, doit-on être surpris que la foi du chrétien moyen ait été ébranlée?

Comme l'explique M. Terry Mortenson, Ph. D. : “ Les libéraux considéraient Genèse 1-11 comme étant aussi non-scientifique et peu fiable historiquement que les mythes de la création et du déluge des anciens Babyloniens, Sumériens et Égyptiens[26]. ” La retraite et la capitulation du clergé a été tellement complète qu'en 1845, tous les commentaires de la Genèse avaient abandonné la chronologie biblique et la notion d'un déluge universel[27]. Même le grand Charles Spurgeon a commencé à prêcher en faveur d'une interprétation libérale de la Genèse qui prévoirait de longues périodes; il considérait la compréhension antérieure des Écritures comme étant scientifiquement mal-informée dans son sermon intitulé “Election” en 1855[28]. Baker résume ainsi cet abandon de l'intégrité des Écritures par l'Église : “ Une grande partie de l'Église chrétienne a immédiatement et tragiquement compromis leur position et a commencé à prétendre qu'il était conséquent de croire à la fois à la Genèse et à l'évolutionnisme.

Richard DawkinsTout cela a servi à préparer le terrain pour Darwin et sa théorie de la sélection naturelle. Comme le dit Breese : “ c'est presque comme si les scientifiques étaient dans l'attente d'une telle vision [le darwinisme][29]. ” L'évolutionnisme était, en effet, nécessaire pour des raisons idéologiques. Richard Dawkins confirme ce point de vue :

Fortement influencé par les écrits de Lyell[31], Darwin ne présentait rien de nouveau, mais offrait plutôt la présentation la plus cohérente jusque-là[32] des idées évolutionnistes que Lamarck avait, sans succès, essayées de diffuser à Paris un demi-siècle auparavant. À l'époque de Darwin, toutefois, la situation avait changé. Des hommes tels que Lyell, Chalmers et Huxley (le bouledogue de Darwin) avaient désormais ouvert la voie à l'acceptation de ce qui allait devenir une nouvelle cosmologie[33] : le darwinisme social. Quel en fut le résultat ? Comme le dit Mortenson : “ Dans l'ensemble, ces pays [l'Amérique du Nord et l'Europe] sont devenues plus résistantes à l'Évangile et à l'autorité de la Bibleet plus athées dans leur éducation et leurs médias... [34]. ” Comme la pensée évolutionniste, ainsi que son application, le darwinisme social, s'imposait de plus en plus[35], le ferment intellectuel du 18e siècle menait désormais à une “ révolution ” des cosmologies où les “ vieilles ” idées devaient être repensées[36]. Comme le décrit Moore : “ Sa théorie [celle de Darwin] a aussi créé des conflits inévitables pour ceux qui ont proposé de défendre une conception chrétienne des objectifs et du caractère de Dieu[37]. ” En bref, l'enseignement évolutionniste avait si puissamment érodé la crédibilité de la Bible que son influence culturelle commençait à se désintégrer[38]; il fallait de nouvelles réponses pour combler les lacunes.


Les conséquences
Entre en scène Julius Wellhausen[39] qui dans son Prolegomena to the History of Israel, adopte une position anti-révélation. Tout ce qui pouvait rester de la foi dans la crédibilité et l'autorité de la Bible dans le cœur et la pensée des fidèles en Europe a été sapé par les interprétations libérales de l'Écriture de Wellhausen. En rejetant Moïse comme auteur du Pentateuque et en ne considérant le récit d'Adam et Ève de la Genèse que comme un simple mythe[40], Wellhausen a provoqué un bouleversement “ tellement dramatique, fondamental, et vaste que l'on peut dire que la religion chrétienne, tout en conservant sa forme extérieure, s'est transformée fondamentalement à l'intérieur[41]. Quel est le message de Wellhausen? “ Ne vous fiez pas à la Bible (qui n'est qu'un exemple d'évolution religieuse rempli de mythes et d'allégories)[42]; fiez-vous plutôt à la raison humaine[43]. ” En conséquence, “ ... un nouveau vent a commencé à souffler à travers les églises, les écoles et les foyers de l'Allemagne et de l'Europe. C'était le vent froid du doute, de la méfiance à l'égard de Dieu et du malaise spirituel [lequel continue de souffler depuis ce temps][44] ”. Breese conclut : “ La conséquence logique de toutes ces spéculations a été un abandon de la saine doctrine par l'Église et par son leadership, ainsi qu'un détournement fondamental de l'allégeance religieuse du christianisme vers une religion humaniste vide[45]. ” Ken Ham va plus loin et demande : “ Si vous ne pouvez pas faire confiance à la Bible lorsqu'elle parle de géologie, de biologie et l'astronomie, comment pouvez-vous lui faire confiance lorsqu'elle parle de la morale et du salut?[46]. ” La véritable question devient : Si la Bible est fausse dans ces domaines, quand parle-t-elle avec autorité ? Ainsi, Causton se lamente : “...une bonne partie de l'autorité morale et culturelle, autrefois réservée à la chaire, a été appropriée maintenant par des experts en sciences sociales et naturelles[47] ”.

L'accusation de Baker voulant que l'évolution ait triomphé en raison de la complicité de l'Église chrétienne[48] et de son abandon de l'autorité de la Bible dans le domaine des origines et du fondement de l'Évangile, est rendue d'autant plus claire dans l'appréciation de Wieland. Selon ce dernier voici comment la société européenne actuelle voit les chrétiens qui insistent encore sur une compréhension littérale et sur la crédibilité de la Genèse et de ses enseignements : “ loin d'être vus comme défendant une norme immuable de la justice qui transcende notre faible opinion humaine, [ils]sont maintenant perçus comme des gens mauvais qui ne prennent pas position pour ce qui est droit, mais pour l'intolérance, imposant leur opinion aux autres[49] ”. Et qui peut blâmer la société de voir les choses de cette façon? Même l'archevêque de Cantorbéry a rejeté une interprétation littérale de la Genèse comme une erreur de catégorie[50]!

En effet, au cours des derniers siècles, la réponse de l'Église au rejet de plus en plus catégorique de l'autorité de la Bible et de sa pertinence à la vie quotidienne, a ouvert les portes au rejet à grande échelle de la foi chrétienne et de ses principes fondamentaux en Europe de l'Ouest aujourd'hui. L'Église, selon Wieland, s'est retirée de la bataille culturelle il y a de cela bien des décennies[51]. Il dénonce la façon dont “ la science sape incessamment l'autorité biblique [52] ainsi que l'Église qui refuse de se tenir debout et d'insister sur une interprétation crédible et autoritaire des Écritures surtout en ce qui concerne la question des origines. C'est ce qui explique l'état actuel de l'Occident et pourquoi les méthodes d'évangélisation qui fonctionnaient à merveille, il y a 100 ou même 50 ans, s'avèrent totalement inefficaces aujourd'hui. Un tel comportement est semblable à celui de l'armée de Saül qui se fermait les yeux sur Goliath. Pourquoi faire face à la bataille lorsqu'on peut se cacher dans une tente?

Que faut-il faire alors ? Causton suggère que “ si la théologie veut maintenir sa pertinence à la société, elle doit contester le prestige et l'autorité culturels de la science — surtout concernant la polémiques de plus en plus agressive de ceux qui croient que le darwinisme peut expliquer la nature de la vie humaine[53] ”. Il ne sert de rien d'ignorer le débat en la qualifiant de non-importante ou d'y renoncer entièrement[54].

Après des siècles passés à esquiver les questions difficiles ou à capituler complètement devant ceux qui cherchent à saper et à éliminer le fondement des Écritures en Occident, les chrétiens doivent reconnaître l'immensité de la tâche qui les attend et doivent chercher à réaffirmer la crédibilité et l'autorité des Écritures. Kupelian note à cet égard : “ La puissance spirituelle de l'évolutionnisme , l'immense séduction publique qu'elle a réussie ainsi que son rôle primaire au cours du siècle précédent ont abouti à l'élimination de Dieu de la vie quotidienne et de la pensée de l'humanité[55] ”. C'est, dit-il, ce qui explique l'intensité du débat et l'importance de la participation chrétienne à partir d'une perspective biblique. “ C'est une question qui touche à l'abandon de la responsabilité personnelle devant Dieu, qui touche au libre-arbitre, à la liberté sexuelle, à l'orgueil, et à l'égocentrisme[56]. ” Nous concluons en donnant le mot de la fin, à G.R. Bozarth, de l'American Atheist :

Dans la section suivante, nous tournerons notre attention vers ce qui est, à notre avis, le remède à ce problème que l'on a permis de s'amplifier dans le cœur des Occidentaux depuis trop longtemps. Ne nous y trompons pas, ce problème date de loin, et est le résultat de nombreuses années de vive lutte pour aboutir à la situation actuelle, et la lutte contre le contrôle de la forteresse darwinienne et contre ses défenseurs exigera autant de combats et de patience de la part de ceux qui cherchent à reconquérir le territoire abandonné. Cependant, l'alternative est inacceptable.


LA RÉPONSE
Jusqu'ici, nous avons essayé de décrire la crise et l'origine de cette crise qui secoue le christianisme dans l'Ouest. Toutefois, nous ne voudrions pas nous précipiter trop hâtivement vers nos propres idées pour résoudre cette crise sans jeter les bases avant la mise en place de toute solution. Pour ce faire, nous donnons ici le compte rendu d'une discussion que l'auteur a eue récemment avec un enseignant à la retraite et ancien missionnaire en Afrique[58], originaire du Sud-Est de la Suède :

Pendant que nous nous promenions en automobile le long de la côte, nous avons remarque la façon dont les champs de chaque côté de la route étaient divisés, les uns des autres, par de simples clôtures de pierres. Interrogé à cet égard, notre guide missionnaire a déclaré que c'était le résultat de deux facteurs : la pauvreté historique de la population locale et la présence d'un sol extrêmement rocheux. Il a poursuivi en expliquant qu'en raison des grandes variations du climat, allant du gel de l'hiver à la chaleur de l'été, la pierre solide sous la surface se brisait en roches et en cailloux de plus en plus petits chaque année et qu'ainsi, lors des périodes de gel et dégel, ces pierres se faisaient pousser à la surface! Dans un sens, ces champs produisaient une récolte de pierres[59]! Dans ce contexte, si une famille locale voulait semer, il fallait premièrement parcourir les champs en ôtant méticuleusement les pierres et les cailloux qui se trouvaient juste au-dessous de la surface de façon à préparer un terrain propice à la culture. En bref, il fallait s'assurer de jeter une bonne base pour les semailles.

Il s'agissait d'une tâche ardue, a-t-il poursuivi, une tâche qu'il fallait répéter de temps en temps à mesure que les roches remontaient à la surface chaque année. Si un pauvre cultivateur décidait une année qu'il ne voulait plus prendre le temps d'ôter les pierres et les cailloux, il savait que sa récolte serait lamentablement petite et faible.

Quelle leçon essayons-nous de tirer de cette histoire? Il s'agit d'une vérité très simple mais profonde qui malheureusement semble avoir été oubliée par un grand nombre d'ouvriers dans le champ missionnaire européen : le besoin de préparer le sol. Il fut un temps lointain où des pionniers de la foi sont venus en Europe et ont commencé le travail de convertir les païens au christianisme. Alors qu'on peut débattre les vertus des méthodes utilisées dans certains cas, l'important c'est qu'une base a été établie. Les cœurs se sont tournés vers le Seigneur, des hommes et des femmes venaient à la connaissance du Dieu saint qui, comme Créateur de l'univers, avait le droit de dicter ce qui est bien et ce qui est mal, ainsi que d'exiger la repentance des pécheurs. Au fil des siècles, ce message a été annoncé à tel point que, même à l'époque de Darwin, on pouvait s'approcher d'un homme dans la rue et s'attendre à ce que les concepts du péché, de la repentance et d'un Dieu saint lui soient familiers. La terre avait été préparée et était prête pour la semence.

Toutefois, la situation a bien changé. Comme on l'a vu à la section précédente, au fil du temps les “ pierres ” ont recommencé à monter à la surface, mais au lieu de travailler inlassablement à les ôter et à préserver un sol en santé, beaucoup trop de leaders chrétiens se sont occupés d'autres affaires (telles que combattre les symptômes, comme des cailloux brisant la surface, au lieu d'en reconnaître la cause) ou ont complètement ignoré le problème de fond. On trouve donc aujourd'hui un terrain pierreux où autrefois le sol était fertile. En Occident, les grandes récoltes sont chose du passé[60]! Des pierres de doute concernant l'exactitude de la Bible et son autorité pour se prononcer sur la vie des hommes et des femmes, ont surgi dans les cœurs et les pensées des Européens. Auparavant on pouvait s'attendre à être compris si on parlait de péché ou de repentance; aujourd'hui ce n'est plus le cas car la base a été perdue[61]! C'est, à notre avis, pourquoi que les efforts évangélisation semblent rencontrer tant d'indifférence[62] en Europe occidentale. Que pouvons-nous faire donc, en tant qu'évangélistes, missionnaires, enseignants, pasteurs, chrétiens, pour remédier à cette situation? Comme réponse, nous suggérons un plan d'action élaboré par Ken Ham, directeur du groupe Answers in Genesis. Ancien enseignant de biologie et auteur australien, M. Ham dirige, depuis plus de 30 ans, un ministère consacré à “ la défense de la Bible dès le premier verset ”[63]. Ci-dessous, nous présenterons son plan d'action et en donnerons notre propre interprétation avec une application pratique pour le ministère en Europe occidentale. Le plan présenté ci-après, sur la base de nos propres recherches et expériences, est susceptible de porter beaucoup de fruits.


L'évangélisation créationniste pionnier
Tout d'abord, pour ceux qui cherchent à évangéliser les non-croyants dans le contexte actuel il est important de se rappeler un fait très important : l'évolution ne relève pas de la science; il s'agit d'une croyance[64]! En tant que telle, elle peut être contestée et discréditée. D'après notre expérience, un trop grand nombre de chrétiens se sentent intimidés dans leur lutte contre les cosmologies évolutionnistes, et croient eux-mêmes que c'est par des mythes ou par une foi aveugle qu'ils contestent des faits. Ce n'est pourtant pas le cas. Comme tout autre système de croyances (et par cela nous entendons les religions du monde), l'évolutionnisme doit être soumis au test de la vérité et nous, comme croyants en la Parole de Dieu, devons présenter ce que M. Ham appelle “ toute la vérité et rien que la vérité...la Genèse[65] ”!

Étant donné que l'évolutionnisme et sa cosmologie implicite peuvent et doivent être contestés, par où doit-on commencer? M. Ham est d'avis que notre travail doit commencer premièrement dans l'Église. Il utilise le terme réparation en parlant de ce dont l'Église a besoin dans ce domaine[66]. Selon son argument, l'Église doit connaître “ ce qu'elle croît, pourquoi elle le croit et les preuves qui l'appuient ”[67]. Imaginez la confusion et le doute que doivent expérimenter les non-croyants lorsqu'ils assistant à une église à l'apparence unie, composée de clergé et de laïcs qui ne peuvent pas s'entendre sur le principe le plus important de leur foi. Car si l'on ne peut accepter que la Bible parle avec autorité et avec exactitude historique touchant la création et le commencement de toutes choses[68], comment, peut-on prêter foi au récit biblique du ministère et du sacrifice de Jésus — un événement rendu nécessaire par la chute décrite dans la Genèse? Comment distinguer les mythes et les allégories de la vérité? L'Église doit s'entendre sur nos doctrines bibliques et ensuite faire un front uni. Monsieur Ham conclut : “ L'Église chrétienne n'aura aucune influence sur le monde, à moins qu'elle ne reste attachée à la foi des apôtres et qu'elle présente la vérité [Genèse/création][69]. ”

Pour revenir à la question de l'évangélisation, on nous dit que des approches différentes s'imposent selon les circonstances[70]. Cet énoncé peut, à première vue, paraître évident ou même banal, mais c'est tout de même un point crucial que beaucoup ont malheureusement oublié. Monsieur Ham est d'avis que “ la raison principale de inefficacité des efforts d'évangélisation déployés par l'Église trouve sa source dans l'application de méthodes inappropriées[71] ”. Cela ne signifie pas que les méthodes individuelles de témoigner ou de servir sont incorrectes ou mauvaises, mais qu'elles sont utilisées de la mauvaise manière et dans le mauvais contexte. Pour illustrer cette idée, examinons deux passages du Nouveau Testament qui relatent des stratégies pour atteindre les perdus dans des contextes différents.

Notre premier passage est tiré des Actes 17: 22-31. Nous y voyons Paul qui cherche à évangéliser les Grecs à Athènes. Les Grecs étaient un peuple, comme le lecteur se souviendra au début de cette discussion, qui tenait à une cosmologie évolutionniste. L'homme, les dieux et tout ce qui remplit la terre auraient, selon eux, surgi de quelque chose d'autre, quelque chose d'inférieur. Comment Paul a-t-il essayé de les atteindre? En établissant premièrement le fondement propice à l'Évangile[72]. Il savait qu'il devait établir cette base d'un Créateur avant de pouvoir parler d'un Rédempteur. Monsieur Ham dit : “ Pour établir une base pour la croix, il [Paul] savait qu'il devait éliminer leurs [celles des Grecs] croyances fondamentales incorrectes et les remplacer par la bonne base : la création[73]. ” Essentiellement, Paul avait besoin de changer de fond en comble la façon de penser des Grecs s'il espérait pouvoir communiquer efficacement avec eux[74].

Que signifie tout cela? En bref, cela implique qu'on ne peut arriver dans une région qui n'a aucun fondement de l'Évangile de Jésus-Christ crucifié pour les péchés du monde et s'attendre à une récolte forte et durable après avoir présenté l'Évangile. Comme les fermiers décrits ci-dessus, la base doit être posée — les pierres doivent être enlevées!

Le deuxième passage que nous allons étudier est tiré des Actes 2:14-41. Nous y voyons un autre apôtre, Pierre, s'adressant à une foule de Juifs réunis à Jérusalem pour la fête de Shavuot (la Pentecôte). L'Écriture relate que Pierre prêchait l'Évangile à ces hommes et que trois mille ont ainsi placé leur confiance dans le Seigneur. Pourquoi Pierre a-t-il immédiatement prêché l'Évangile sans discuter de la création du monde? Parce que ces gens croyaient la base de son message[75]! Il pouvait leur parler d'un Dieu saint établissant un moyen de pardon et de salut pour des pécheurs repentants car ces Juifs pouvaient pleinement comprendre de tels concepts.

Ici on comprend l'importance d'adapter la forme d'évangélisation aux circonstances : on ne peut espérer évangéliser ceux qui n'ont pas le fondement que sous-tend l'Évangile, sans d'abord établir une telle base. Nous croyons que c'est là l'erreur que beaucoup ont faite dans leur ministère en Europe : en tentant d'évangéliser un peuple qui a perdu la base des cosmologies bibliques des générations précédentes. De nos jours en Occident, la base est perdue et remplacée par une cosmologie évolutionniste qui nie Dieu, le péché, la rédemption et le salut. Comme monsieur Ham le résume : “ Nous devons nous rendre compte du fait que l'évolutionnisme est devenu un des plus grands obstacles aujourd'hui à la réception de l'Évangile de Jésus-Christ par les générations qui nous entourent[76]. ”

En tant qu'Église, nous devons adopter cette perspective et chercher à combattre la propagation et l'enracinement de la cosmologie évolutionniste dans le cœur et dans la pensée des hommes et des femmes. Si nous ne le faisons pas, en peu de temps le sol labouré par les générations précédentes disparaîtra complètement sous l'accumulation des pierres du doute et de l'incrédulité[77]. Bref, selon monsieur Ham : “ Le Seigneur ne nous a pas seulement appelés à abattre les murailles de l'évolution, mais aussi à voir à la restauration de la base de l'Évangile dans notre société[78]. ”

Que pouvons-nous dire concernant le plan de monsieur Ham pour la ré-évangélisation de l'Ouest? Tout d'abord, notons que nous sommes en accord avec l'affirmation selon laquelle l'évolutionnisme et ses conclusions cosmologiques implicites expliquent l'état actuel du christianisme en Europe occidentale. Nous appuyons donc monsieur Ham sur ce point.

Bien que nous soyons en accord avec l'explication de monsieur Ham concernant les causes de la situation actuelle, il y a des éléments de son plan de ré-évangélisation que nous trouvons plutôt faibles. Par exemple, dans l'article qu'il a cosigné avec Paul Taylor (The Creation Evangelism Solution), un plan d'action en sept étapes est énoncé incluant des étapes telles que “ Les preuves du vide scientifique de l'évolution ” et “ La preuve que l'homme n'a pas évolué à partir d'un ordre inférieur ”.

Le problème ici c'est que bon nombre de croyants laïcs, et même des ecclésiastiques, n'ont pas de formation dans ces disciplines scientifiques pour pouvoir parler avec autorité sur de telles questions. Nous convenons qu'il faut contester l'évolutionnisme et que les croyants devraient le faire. Comme M. DeYoung l'a fait remarquer, l'autorité actuelle de la science est souvent surestimée[79]. Toutefois, il y a danger que le chrétien trop confiant qui conteste l'évolutionnisme ne fasse pas le poids face à quelqu'un qui est formé en, par exemple, l'astronomie et qui connaît mieux son domaine que le missionnaire ou le leader d'études bibliques le mieux intentionné. Ce n'est pas tout le monde dans ces domaines qui apprennent sur Dieu et sur le caractère de Dieu en étudiant sa création, comme le remarque un certain chrétien évolutionniste[80].

Par conséquent, nous encourageons les croyants à se familiariser avec les arguments utilisés fréquemment par les évolutionnistes ainsi qu'avec les répliques créationnistes, afin qu'au cours d'une discussion, ils puissent parler de sujets familiers à la plupart de ceux qui sont présents. S'ils devaient rencontrer quelqu'un qui est mieux formé qu'eux dans un domaine particulier, qu'ils n'aient pas honte d'admettre les limites de leur propre formation, sans laisser l'impression de capituler. En bref, le croyant devrait connaître les limites de sa propre connaissance et ne pas avoir peur ou honte de l'admettre le cas échéant.

Par ailleurs, nous voudrions avertir le chrétien qui cherche à renverser le fondement évolutionniste des personnes qu'il cherche à atteindre avec l'Évangile, de s'attendre à être reçu avec un certain degré de résistance et d'émotion, ce qui n'est pas le lot des évangélistes ou des missionnaires dans d'autres régions du monde. Il faut s'y attendre parce que la remise en question de la cosmologie d'un incroyant, c'est ébranler le fondement même de sa réalité. Witvoet appelle cela le cadre perceptuel de quelqu'un, soit la manière dont il voit la réalité[81]. N'est-ce pas là la nature même et la définition du mot cosmologie[82] ? Rappelez-vous que pour l'évolutionniste, accepter l'autorité de l'Écriture dans la Genèse équivaut à accepter sa propre condamnation, chose qu'il trouve totalement inacceptable[83]. Mary Anne Pirie, directrice des ministères d'enfants au CEF (Ontario, Canada) l'a expliqué de manière simple dans son article Tackling the Evolution Issue : Admettre l'existence d'un Créateur signifie répondre de nos actes. Répondre de nos actes signifie péché. Le péché suppose la condamnation et la condamnation mène au besoin d'un sauveur[84]!

Pour appliquer ces idées, permettez-nous de relater notre propre expérience avec Pioneer Evangelism dans le cadre d'une église locale[85]. Le pasteur y a établi une école de confirmation pour jeunes hommes et jeunes femmes qui se préparent pour leur confirmation dans l'Église luthérienne[86]. Les jeunes gens qui viennent à cette classe préparatoire viennent librement afin d'être confirmés comme Luthériens, mais sont, en grande majorité, tout à fait ignorants des doctrines et des croyances de l'Église. Ils n'ont pas de fondement biblique! Le pasteur pourrait énumérer les doctrines et obliger les étudiants à mémoriser les noms des saints, mais au lieu de cela, il travaille tout d'abord à montrer à ces étudiants que la Bible a quelque chose de pertinent à dire et qu'ils peuvent y mettre leur confiance!

En commençant par la Genèse, il démontre que ce que la Bible dit est vrai et que comme chrétiens, ils peuvent croire dans les explications de la Bible concernant les enseignements de l'Église. En d'autres mots, on leur apprend à croire quelque chose parce que la Bible le dit et non pas seulement parce que leur pasteur le dit! Un tel concept est une nouvelle idée puissante pour certains, mais comme le rappelle M. DeYoung, les idées entraînent des conséquences[87]. Quels sont alors les résultats (conséquences) de ce cours dans son contexte? Bien que cela fasse moins d'un an que ce cours est commencé, il y a déjà de nombreuses étudiants qui ont exprimé un véritable intérêt dans ce que la Bible dit à propos de la création et qui ont trouvé une foi véritable, alors qu'auparavant, ils allaient adhérer à cause de la tradition, ou sous la pression familiale.

Ce détail peut paraître mineur pour certains, mais il illustre notre propos: pour renverser les effets de l'évolutionnisme dans le cœur et la pensée des Européens, l'Église doit, dans l'unité, contrer cette influence et travailler à reconstruire les fondements de l'Évangile. Comme nous l'avons noté précédemment, ce sera un long travail exigeant beaucoup de patience, d'amour et de confiance en Dieu pour finir ce qu'il a commencé, mais c'est un travail qui en vaut la peine et qui rapportera considérablement! Si nous permettons la destruction du fondement de l'Évangile en Europe, nous serons témoins aussi de la disparition du message de l'Évangile.

Heureusement, cette bataille pour le cœur et l'âme de l'Europe a commencé à gagner en force et en influence et la ferveur créationniste de l'Amérique du Nord a déjà commencé à prendre de l'ampleur dans les églises de l'Europe occidentale. La société le remarque[88]! De plus, malgré les tentatives désespérées des scientifiques ou de l'intelligentsia pour étouffer ce message, des hommes et des femmes sont curieux et avides d'entendre ce “ nouvel enseignement ”[89] qui prétend qu'ils peuvent avoir confiance que la Bible dit vrai!


Conclusion
Nous aimerions maintenant conclure notre discussion avec les mots de Pierre venant de 1Pierre 3:13b : “Étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous. ” Nous avons l'espérance et nous avons les réponses! Notre message est un message d'encouragement. Les choses vont mal dans le monde et c'est ainsi depuis longtemps, mais nous avons les armes pour gagner cette bataille pour le cœur et la pensée des hommes et des femmes, si seulement nous nous attachons fermement à la vérité qui nous a été confiée — en commençant par la Genèse! C'est pourquoi, équipons-nous pour contrer les obstacles qui ont été érigés contre l'Évangile et gardons devant nous ce commandement qui a été donné dès le tout début de ce travail, “Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création...”[90].


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Notes


[1]
– Ce texte, à l'origine, a été rédigé pour le cours Dissertation I (RE 301 WE) au Continental Theological Seminary Oct. 2007 Sint-Pieters-Leeuw, Belgium. Traduction par Sacha Arseneault, révision Paul Gosselin & Jim Erickson.

[2] - Toutes les références bibliques proviennent de la version Louis Segond à moins d'avis contraire.

[3] - Kevin McCandless, “Islam Could Become Europe's Dominant Religion, Experts Say,” http://www.cnsnews.com/ViewForeignBureaus.asp?Page=/ForeignBureaus/archive/200703/INT20070302a.html; Internet. Accédé le 25 avril, 2007.

[4] - *cf* Michelle Vu, “U.S. Christians Ignorant of Europe's Spiritual State, Says Mission Group Spokesman,” http://www.christianpost.com/article/20070408/26757_U.S._Christians_Ignorant_of_Europe's_Spiritual_State,_Says_Mission_Group_Spokesman.htm; Internet. Accédé le 25 avril, 2007.

[5] - Ibid.

[6] - *ct* Vu, “U.S. Christians Ignorant of Europe's Spiritual State, Says Mission Group Spokesman”.

[7] - Todd M. Johnson, “Christianity in Global Context: Trends and Statistics,” http://www.pewforum.org/events/051805/global-christianity.pdf; Internet. Accédé le 25 avril, 2007.

[8] - Ces statistiques proviennent tous de CIA World Fact Book, https://www.cia.gov/cia/publications/factbook/fields/2122.html; Internet. Accédé le 24 avril, 2007.

[9] - Johnson, “Christianity in Global Context: Trends and Statistics.”

[10] - http://www.vexen.co.uk/religion/rib.html; Internet. Accédé le 24 avril, 2007.

[11] - “British Identity: Waning,” The Economist, 27 janvier-2 février, 2007, 32-33.

[12] - McCandless, “Islam Could Become Europe's Dominant Religion, Experts Say”.

[13] - http://www.vexen.co.uk/religion/rib.html#Ignorance; Internet. Accédé le 24 avril, 2007.

[14] - Johnson, “Christianity in Global Context: Trends and Statistics”.

[15] - *ct* Sylvia Baker, Bone of Contention (Acacia Ridge D.C.: Triune Press PTY LTD, 1999), 3-4.

[16] - Ibid., 4.

[17] - Terry Mortenson, Ph.D., Millions of Years & the Downfall of the Christian West (Leicester: Answers in Genesis, 2005), 3.

[18] - Ibid.

[19] - Mortenson, 3-4.

[20] - Ibid., 4.

[21] - *ct* Mortenson, 6.

[22] - Ibid., 8-9.

[23] - Day-Age en anglais.

[24] - Ibid., 9.

[25] - Ibid., 12.

[26] - *ct* Mortenson, 12.

[27] - Ibid., 10.

[28] - Charles Spurgeon, The New York Street Pulpit (Pasadena: Pilgrim Publishing, 1990), 318.

[29] - *ct* Dave Breese, 7 Men Who Rule the World from the Grave (Chicago: Moody Press, 1990), 30.

[30] - *ct* Richard Dawkins, The Blind Watchmaker (London: Norton, 1986), 5-6.

[31] - Baker, 5.

[32] - Ibid., 6.

[33] - Breese, 47.

[34] - *ct* Mortenson, 17.

[35] - Breese, 47.

[36] - Ibid., 90.

[37] - James R. Moore, The Post-Darwin Controversies: A study of the Protestant struggle to come to terms with Darwin in Great Britain and America, 1870-1900 (Cambridge: Cambridge University Press, 1981), 346.

[38] - Mortenson, 17.

[39] - Ibid., 93.

[40] - *ct* Breese, 92.

[41] - *ct* Ibid., 91.

[42] - Breese, 94-95.

[43] - Ibid., 92.

[44] - *ct* Ibid.

[45] - *ct* Ibid., 95.

[46] - *ct* Ken Ham, “Biblical Authority and the Book of Genesis” When Christians Roamed the Earth (Green Forest: Master Books, Inc., 2002), 45.

[47] - *ct* Peter James Causton, “Darwin's Ghost” Commonwealth (October 6, 2006): 12.

[48] - Baker, 7.

[49] - *ct* Carl Wieland, “Culture Change: The Creation Background” When Christians Roamed the Earth (Green Forest: Master Books, Inc., 2002), 149-150.

[50] - *ct* “In the beginning” The Economist (21 avril-27 avril 2007), 23.

[51] - Wieland, 161.

[52] - *ct* Ibid., 158.

[53] - *ct* Causton, 12.

[54] - Ibid.

[55] - *ct* David Kupelian, “The emperor's new species” World Net Daily (juillet 2001), http://www.worldnetdaily.com/news/articles.asp?ARTICLE_ID=23575; Internet. Accédé le 02 avril, 2007.

[56] - *ct* “The emperor's new species.”

[57] - *ct* G.R. Bozarth, “The Meaning of Evolution” American Atheist (septembre 1978): 30. L'emphase a été rajoutée par l'auteur.

[58] - Mr. Samuel Thunberg of Mönsterås, Suède, pour être précis.

[59] - Situation que l'on rencontre aussi dans la région de la Beauce au Québec.

[60] - Ken Ham et Paul Taylor, “The Creation Evangelism Solution,” http://www.Christiananswers.net/evangelism/methods/creation.html; Internet. Accédé le 03 octobre 2006.

[61] - Ken Ham, Why Won't They Listen? (Green Forest: Master Books, Inc., 2005), 61.

[62] - “The Creation Evangelism Solution.”

[63] - *ct* Pour plus d'informations sur ce sujet, s.v.p. se référer à www.answersingenesis.org.

[64] - “The Creation Evangelism Solution.”

[65] - *ct* “The Creation Evangelism Solution.”

[66] - Ken Ham, Genesis and the Decay of the Nations (Green Forest: Master Books, 1997), 73.

[67] - *ct* Ibid., 74.

[68] - Ken Ham, Evolution, Creation, & the Culture Wars (Green Forest: Master Books, Inc., 2005), 9.

[69] - *ct* Ham, Genesis and the Decay of the Nations, 76. L'emphase, en gras, a été rajoutée par l'auteur.

[70] - Ken Ham, The Lie: Evolution (Green Forest: Master Books, Inc., 2006), 116.

[71] - *ct* Ham, The Lie: Evolution, 116.

[72] - Ibid., 117.

[73] - *ct* “The Creation Evangelism Solution.”

[74] - Ham, Why Won't They Listen?, 57.

[75] - Ham, The Lie: Evolution, 117.

[76] - *ct* Ibid.

[77] - Ham, Why Won't They Listen?, 61.

[78] - *ct* Ham, The Lie: Evolution, 121.

[79] - Don B. DeYoung, “Theological Implications of Deep Time” Creation Research Society Quarterly (juin 2002): 23. Dr DeYoung sert comme “Book Review Editor” de ce journal.

[80] - Denis Alexander, Rebuilding the Matrix (Grand Rapids: Zondervan, 2001), 332.

[81] - *ct* Bert Witvoet, “Put on the Full Worldview of God!” Christian Educators (février 2002): 1. monsieur Witvoet est l'éditeur de cette publication.

[82] - *ct* “Le débat évolutionniste [est] actuellement à propos de grandes questions fondamentales de la philosophie — d'où l'homme et le monde proviennent-ils et où s'en vont-ils.” Pris de “Pope: Science ‘Too Narrow' to Explain Creation,” http://www.newsmax.com/archives/is/2007/4/11/125342.shtml?s=ic; Internet. Accédé le 11 Avril 2002.

[83] - Arthur C. Custance, Evolution or Creation? vol. IV, The Doorway Papers (Grand Rapids: Zondervan Publishing House, 1976), 24.

[84] - Mary Anne Pirie, “Tackling the Evolution Issue” Teach Kids! (September-October 2006): 13.

[85] - Ceci réfère à Ramlösa Kyrka et au pasteur Alex Gallardo de Helsingborg, Suède.

[86] - Ceci était l'Église d'état de la Suède jusqu'en l'an 2000.

[87] - “Theological Implications of Deep Time”: 22.

[88] - “In the beginning”, 23-26.

[89] - *ct* À l'image des Athéniens confus qui entendaient Paul, pour la première fois, prêchant son évangile dans Actes 17.

[90] - *ct* Marc 16:15.