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Samizdat

Construire une civilisation
d'amour et de vérité..




L'avortement est devenu légal au Canada en 1969. Après trente ans et deux millions d'avortements, il nous faut examiner comment l'avortement a transformé notre pays. Nous pleurons lorsque des élèves du secondaire tirent leurs copains et leurs copines à bout portant, et nous nous étonnons de l'ampleur de la violence dans notre société. Dans les médias, on se pose des questions, cherchant à découvrir les raisons qui expliqueraient les massacres d'innocents. Par contre, lorsqu'il s'agit de rapporter la tragique nouvelle que, au Canada, 106 000 enfants à naître sont tués chaque année par l'avortement, il ne se trouve ni gros titres, ni exposés, ni cris d'indignation. Il n'y a que le silence. Certaines personnes accueillent cette absence de vérité, car, à leurs yeux, il vaut mieux passer outre au fait que l'avortement est légal durant les neuf mois de grossesse.

L'avortement s'avère une épreuve fondamentale de société, étant donna que les circonstances sont parfois compliquées et que les solutions peuvent être exigeantes et difficiles. Sans accès à l'avortement, nous aurions à être généreux envers tout le monde et partager notre vie et nos ressources avec les femmes vivant des grossesses difficiles. Les enfants à naître se sont vus dérobés leur humanité. En effet, ils sont appelés fétus, amas de cellules, embryons, contenus utérins, ovules fécondés, produits de conception, personnes en puissance. C'est seulement dans de rares cas que leur est accordé le statut d'être humain, de bébé ou d'enfant. Nous sommes cernés par une morale nouveau genre, à savoir que la décision d'identifier le moment où débute la vie humaine et où elle se termine est laissée aux individus et aux groupes, et que la vie a de la valeur en autant qu'elle est "désirée". I1 s'ensuit que nous acceptons sans broncher que se pratiquent 100,000 avortements par année, bien que nous sachions que les femmes qui ont recours à l'avortement en seront marquées pour la vie.

À maintes reprises, des jeunes femmes découvrent qu'elles font face à une grossesse inattendue. Désespérées, effrayées et désirant échapper à une situation difficile, elles se tournent vers leur communauté pour obtenir de l'aide et de l'appui. Mais au lieu d'être véritablement soutenues et encouragées, elles se voient conseiller de se débarrasser de leur problème en éliminant leur bébé. Même si la plupart des femmes savent qu'il est mal d'avoir recours à l'avortement, sans aide pratique, elles s'y résigneront. La mort est devenue la solution de choix pour de nombreux problèmes, la panacée pour nos malheurs, tant personnels que sociaux. Toutefois, l'influence de cette morale ne se limite pas à l'avortement. Car une fois que la mort fait son entrée, elle laisse ses traces partout. De plus en plus nous nous laissons séduire par les belles paroles des instigateurs de l'euthanasie qui laissent glisser des termes comme auto-délivrance, mort assistée, mort planifiée, mourir avec dignité, choisir sa mort, suicide assisté d'un médecin tout cela pour nous donner bonne bouche quand il s'agit de ruer les malades, les mourants, les handicapés physiques et mentaux, les personnes déprimées, les personnes âgées, les personnes désespérées.

Toute personne qui, selon notre jugement, n'a pas le droit de vivre ou qui n'est plus désirée, qui est devenue un fardeau pour ses amis, sa famille ou la société, ou encore à qui on donne le sentiment d'être indésirable, voilà ceux et celles qui font la cible de cette nouvelle éthique. Au lieu de tenter de soulager la douleur des personnes, on leur offre la mort. Au lieu de chercher à comprendre notre propre souffrance face à un être cher à l'agonie, on met fin à notre douleur en éliminant sa source. Nous avons rejeté le droit à la vie en faveur du droit de mourir, tout en sachant que des sociétés civilisées ne préconisent pas de donner la mort aux plus vulnérables de leurs membres. Les sociétés qui s'adonnent à une telle pratique, abdiquent leur droit de se dire civilisées. 11 est donc temps de nous engager les uns envers les autres et envers la vie. Mais comment changer d'orientation? Le pape Jean-Paul II dit que nous sommes appelés "à faire parvenir l'Évangile de la vie au coeur de tout homme et de toute femme et de l'introduire dans les replis les plus intimes de la société tout entière". (Evangelium vitae, 80)

I1 y a dix ans, il nous rappelait notre devoir: "Découvrir et faire découvrir la dignité inviolable de toute personne humaine constitue une tâche essentielle (...) la tâche centrale et unifiante du service que l'Église, et en elle les fidèles laïcs, est appelée à rendre à la famille humaine." (Christifidelis laici § 37). Voilà ce que Dieu attend de nous. Rien de moins! Être pro-vie c'est se soucier des gens, depuis l'enfant à naître jusqu'à la personne âgée la plus frêle. Lorsque, par compassion authentique, nous nous occupons des gens démunis, nous pouvons changer leur vie. Si nous aidons quelqu'un à vivre dans la dignité, quand viendra le moment de la mort, il pourra aussi mourir dans la dignité. Il faut toujours se rappeler qu'une seule bougie brille dans la noirceur mais que mille bougies peuvent illuminer le monde. Si nous travaillons ensemble, nous pouvons apporter lumière et espoir dans la vie de quelqu'un.