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Samizdat

Le don de guérison[1]





Réjean Demers

La guérison dans l'Église primitive.
Christ, évidemment, avait la puissance de guérir n'importe quel malade et les évangiles rapportent 26 cas de guérison individuelle, avec 10 exemples de guérison collective ; 7 fois, il est précisé que Jésus guérit tous les malades. (Aux apôtres, il donna le pouvoir de guérir toute maladie et toute infirmité, leur ordonnant en outre de ressusciter les morts et de purifier les lépreux.[2] Les apôtres firent donc eux aussi des miracles signalés[3] qui étaient indispensables pour accréditer l'Évangile et l'Église naissante ; par leur ministère, comme par celui du Christ, tous étaient guéris[4]. Or nous sommes obligés de constater que ce don absolu de guérison manifesté dans les évangiles et dans les Actes n'existe pas aujourd'hui. Nous n'avons jamais vu ni connu un seul guérisseur moderne qui réussisse à guérir tous les malades accourus vers lui (sans parler des résurrections ou des purifications de lépreux). Remarquons aussi que toutes les guérisons bibliques sont instantanées (même celle de Marc 8.22-25, faite en 2 temps) tandis qu'aujourd'hui beaucoup de malades se font imposer les mains longtemps, ou périodiquement, dans l'espoir d'une amélioration de leur cas.

La guérison aujourd'hui.
Aucun chrétien ne doute que Dieu puisse guérir maintenant comme autrefois ; la question est de savoir d'après le Nouveau Testament, s'il le veut et comment. Que doit faire le chrétien en cas de maladie ? Jacques répond clairement sur ce point[5]. Le malade est appelé à s'examiner pour discerner le sens de l'épreuve, à confesser tout péché dont l'Esprit le convainc[6] ; il doit appeler les anciens de l'Église, car sa souffrance est celle de la communauté tout entière[7], et des promesses spéciales sont faites à l'intercession en commun.[8] Les anciens pratiqueront l'onction d'huile, quoique ce ne soit pas une loi, et que Dieu puisse très bien guérir sans elle. C'est “ la prière de la foi ” qui relèvera le malade. En quoi consiste cette dernière ? Il nous semble, selon 1 Jean 5, les versets 14 et 15, qu'elle se base sur la recherche et la certitude de la volonté précise de Dieu dans le cas en question. Il est clair qu'avant la résurrection, les malades ne seront pas toujours tous guéris, et qu'ils devront passer par la mort. Pourtant, Dieu a promis de nous révéler sa volonté, et nous pouvons la rechercher avec une pleine confiance.[9] Cette volonté peut se manifester de 3 manières : 1.) Dieu donne l'assurance de la guérison ;[10] la prière devient entièrement celle de la foi, qui ne doute pas de la volonté divine.[11] 2.) Le Seigneur permet que l'épreuve dure, comme il l'a fait pour Paul,[12] mais il donne alors un secours surnaturel pour la supporter et la transformer en une victoire spirituelle. 3.) Dieu fait comprendre que l'heure du départ sonne.[13] Il est vrai qu'Ezéchias réussit à obtenir un sursis de 15 ans, mais au cours de cette période, il tomba dans l'orgueil et donna naissance à l'impie Manassé.[14] Ce départ du malade croyant et soumis est en réalité pour lui un “ gain ” et une délivrance.[15] En un mot, la volonté de Dieu ne peut être que bonne, agréable et parfaite. Puissions-nous toujours la discerner et l'accepter avec la foi entière qui permet le miracle nécessaire dans chacun des 3 cas ci-dessus !

*

J'aimerais ajouter une note personnelle à celle ci-haut mentionnée.[16] Selon les exégètes, la lettre de Jacques fut écrite entre les années 45 et 50 après Jésus-Christ, tandis que la première lettre de l'apôtre Paul aux Corinthiens fut rédigée au printemps de l'année 56. Nous savons par la lettre de Paul que le don de guérison et celui des miracles se pratiquaient encore dans l'Église au moment d'écrire cette lettre.[17] Si le don avait été attribué pour la guérison des chrétiens ou des chrétiennes dans l'Église, pourquoi Jacques ordonne-t-il à ceux qui sont malades plusieurs années avant la lettre de Paul de faire venir les anciens, plutôt que de faire venir ceux qui ont le don de guérison, puisque ce don existait encore dans l'Église ?[18] C'est manifestement parce que le don des guérisons n'a pas été donné pour l'Église de Jésus-Christ, mais simplement pour venir confirmer la véracité du message de l'Évangile prêché du temps des apôtres.

C'est d'ailleurs ce que Marc enseigne clairement à la fin de son évangile, en résumant l'ensemble du livre des Actes par les révélations suivantes, au chapitre 16 : “ 17 Voici les miracles qui marqueront la vie des croyants : en mon nom, ils chasseront des démons, ils parleront des langues nouvelles, 18 ils saisiront sans dommage des serpents venimeux, s'il leur arrive de boire quelque poison mortel, ils n'en subiront aucun mal. Ils imposeront les mains à des malades et ils les guériront. 19 Après leur avoir ainsi parlé, le Seigneur fut enlevé au ciel où il siège à la droite de Dieu. 20 Quant à eux, ils s'en allèrent répandre en tout lieu la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la vérité de leur prédication en l'accompagnant de miracles. ” (Parole Vivante)

Même si dans les plus anciens manuscrits (Sinaïticus, Vaticanus, Versions syriaques), le texte de l'évangile de Marc s'arrête au verset 8, les versets 9 à 20 n'apparaissant pas dans les manuscrits du cinquième siècle, les témoignages d'Irénée et de Tatien les considèrent, vers le milieu du deuxième siècle, comme faisant partie de l'Évangile.[19]

De toute façon, toutes les paroles de cette prophétie se retrouvent dans le livre des Actes : le parler en langues à trois reprises, un serpent venimeux qui mord l'apôtre Paul sans que celui-ci en soit affecté, l'imposition des mains aux malades et de nombreuses guérisons. Le seul qui ne soit pas évoqué dans les Actes est le breuvage mortel, quoique son accomplissement soit certain. Le verset 19 fait premièrement référence à la montée du Seigneur Jésus auprès du Père, et que nous trouvons dans les débuts du chapitre 1 des Actes, versets 1 à 11. Le verset 20 résume l'ensemble du reste du livre des Actes, des chapitres 1.12 à 28.31. Marc spécifie dans ce verset 20 que c'est Jésus qui travaillait avec les apôtres et les autres disciples et qu'il confirmait lui-même leur ministère de prédicateur de l'Évangile par les miracles qui accompagnaient cette proclamation : celui des langues, des miracles et autres. Il est donc manifeste que ces différents dons n'ont jamais été donnés pour l'usage de l'Église, mais pour confirmer l'Évangile partout où il était proclamé.

Lorsque nous faisons l'exercice, nous retrouvons exclusivement dans le livre des Actes la manifestation de ces 4 miracles dans un contexte où l'Évangile était présenté ou près de l'être, et cela, dans le seul but d'accréditer les proclamateurs de cet Évangile. J'aimerais dire, pour terminer, que je crois à la puissance de Dieu pour la guérison des croyants dans l'Église, encore aujourd'hui. J'ai moi-même fait l'expérience, à plus d'une reprise, de la main guérissante de Dieu dans la vie de croyants ou de croyantes. Pour deux d'entre elles, le médecin avait déjà déclaré qu'elles ne passeraient pas la nuit. Dieu a répondu à ma prière en relevant miraculeusement chacune des chrétiennes en question en l'espace d'une nuit pour une et instantanément pour l'autre. Je crois que Dieu peut encore guérir ses enfants en réponse à la prière, mais il ne garantit pas une réponse en ce sens dans sa Parole, peu importe ce qu'on peut en dire. Il n'y a aucun cas de guérison en dehors de la prière dans le Nouveau Testament pour l'Église de Jésus-Christ. Je trouve dommage que de supposés guérisseurs fassent miroiter le contraire et que lorsque le croyant n'est pas guéri, d'aller jusqu'à l'odieux de lui imputer la faute à cause de son soi-disant manque de foi. C'est de mettre un bien lourd fardeau sur les épaules de ceux qui souffrent. Je ne voudrais pas être à la place de ces présumés guérisseurs.)


Notes

[1] Ce texte est tiré du livre L'Église locale: Sa raison d'être par Réjean Demers, publié à l'automne 2008 sous Les Éditions Impact. Le pasteur Demers est impliqué dans un ministère pour pasteurs pourtant le nom Aide théologique pour les pasteurs ou les ouvriers surchargés.

[2] Matthieu 10.1, 8

[3] Cf. Actes 5.15 ; 9.40 ; 19.11-12 ; 20.9-12

[4] Actes 5.16

[5] Jacques 5.14-16

[6] Cf. 1 Corinthiens 11.30-31 

[7] 1 Corinthiens 12.26

[8] Matthieu 18.19 ; Galates 6.3

[9] Romains 12.2 ; Ésaïe 30.21

[10] Cf. Jean 4.50 ; Matthieu 8.13 

[11] Marc 1.40-41

[12] 2 Corinthiens 12.7-10

[13] Genèse 48.1, 21 ; Josué 23.2, 14 ; 2 Rois 13.14 ; 20.1

[14] 2 Chroniques 32.24-25 ; 2 Rois 21.1, 9 ; 24.3-4

[15] Philippiens 1.20-23, 2 Corinthiens 5.6-8

[16] Le premier exposé sur le don de guérison provient du Nouveau Dictionnaire Biblique des éditions Emmaüs. Il est utilisé dans mon livre sur “ L'Église locale ; sa raison d'être ” avec l'autorisation des Éditions Emmaüs à 1806 St-Légier (Suisse) uniquement pour ce tirage.

[17] Voir 1 Corinthiens 12.10 et 31

[18] Jacques 5.14-15

[19] Note d'Alfred Kuen sur ce passage : Parole Vivante