Paul Gosselin (13/12/2025)
Qui se rappelle de médicaments au goût dégueulasse administrés lorsqu'on était tout petit ? Les Québécois qui ont grandi avant les années 1950 ont souvent eu droit à des toniques, servis en fin d'hiver. C'était une époque où pendant l'hiver on ne pouvait pas facilement obtenir des légumes ou fruits frais. Vers la fin d'hiver, on pouvait donc se retrouver en carence de vitamines. Et c'est pour cette raison qu'on administrait à tous une cuillerée d'huile de foie de morue. Apparemment au goût détestable...
Eh bien, parfois les Écritures nous servent aussi de tels médicaments.
Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché. Et vous avez oublié l'exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend; Car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. Fortifiez donc vos mains languissantes et vos genoux affaiblis; (Héb. 12 : 1-12)
Notre problème lorsqu'on considère les coups durs que la vie nous met sur la gueule est que notre perspective n'est PAS celle de Dieu. Assez naturellement nous on juge ces questions en rapport avec nos circonstances immédiates. Souvent tout ce qui nous préoccupe est d'améliorer nos circonstances matérielles (carrière, finances, santé, relationnelles). Souvent on ne voit aucun résultat manifeste et évident de notre foi ou de nos prières. Certaines souffrances qui nous visitent ne semblent avoir aucune explication dans les limites de notre vie terrestre. Il en résulte que ces situations nous laissent avec de GROS points d'interrogation. Mais le détail critique dans tous ça est que Dieu voit plus loin que nos circonstances immédiates. Lui se préoccupe de notre éternité. Ainsi les coups durs que la vie nous met sur la gueule (ou les châtiments du Père) ne sont pas des gestes d'un Dieu capricieux et plus ou moins sadique. Le prophète Jérémie nous donne un morceau du puzzle.
La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l'Eternel, en ces mots: Lève-toi, et descends dans la maison du potier; Là, je te ferai entendre mes paroles. Je descendis dans la maison du potier, Et voici, il travaillait sur un tour. Le vase qu'il faisait ne réussit pas, Comme il arrive à l'argile dans la main du potier; Il en refit un autre vase, Tel qu'il trouva bon de le faire. Et la parole de l'Eternel me fut adressée, en ces mots: Ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d'Israël? Dit l'Eternel. Voici, comme l'argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma main, maison d'Israël! (Jér. 18 : 1-6)
Évidemment si le pot d'argile pouvait parler il engueulerait le potier disant : “ Laisse-moi donc tranquille un peu, je suis bien comme je suis là ! Pas moyen d'avoir la paix ici ? ”. Mais Dieu est notre Potier. Le problème est évidemment que nous ne voyons pas le but final visé par Dieu. Et ailleurs l'Apôtre Paul nous propose un autre morceau du puzzle.
Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. (Rom 8: 28)
Eh oui, et dans ces toutes choses dont il est question ici, cela inclut les plus grandes tragédies de la vie. Et comme l'huile de foie de morue, c'est vraiment pas un médicament facile à avaler... Comme le dit les Écritures, le juste vivra par sa foi. (Habbakuk 2: 4) Mais bon, le difficulté réside dans le fait que pour le moment nous ne voyons PAS comment toutes choses puissent concourir au bien de ceux qui aiment Dieu. On est comme Job, qui ignore la partie céleste qui se joue. Mais d'un autre côté, je pense qu'on peut tous admettre que ce soit une bonne chose que Dieu ne nous laisse pas dans l'état misérable dans lequel on se retrouve, nous, les fils déchus d'Adam. Je pense que CS Lewis a vu juste sur ces questions en offrant cette petite méditation :
"Si on croit que ce monde a été conçu pour notre bonheur, alors on le trouvera intolérable. Mais si on le considère plutôt comme un lieu d'entraînement et de correction, ce n'est pas si mal..."[1]
Mais comme le note Lewis, la culture qui nous environne, nous vend le mensonge que l'on a DROIT au bonheur ici-bas, dans un monde déchu... Marcher par la foi implique regarder plus haut que l'horizon de nos circonstances matérielles immédiates et contempler celui qui nous accompagne jusqu'au but final. Et cela nous ramène à l'épitre aux Romains
ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu. (Héb. 12 : 2)
L'Apôtre Paul connaissait cette route par cœur et au cours de sa vie a eu sa part de coups sur la gueule. Paul nous offre cette sagesse
C'est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus. Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit. Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu'en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur - car nous marchons par la foi et non par la vue, nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. C'est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps. (2Cor. 4 : 16 – 5 : 10)
Et dans l'épitre aux Romains, on nous offre un clin d'œil à l'objectif final que Dieu vise dans nos vies :
Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d'être glorifiés avec lui. J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, - non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. (Rom. 9 : 17-21)
Mais nous sommes humains et ces souffrances nous découragent, mais il ne faut pas oublier la fin du récit. L'Apôtre nous offre un clin d'œil de ce qui nous attend.
Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. (1Cor. 2 : 9-10)
En effet, le chef d'œuvre de Dieu n'est pas les détails architecturaux de la Nouvelle Jérusalem, mais toi et moi. Toi et moi délivrés de toute méchanceté et orgueil, les plaies de ce monde déchu. Toi et moi explorant un monde où enfin on peut réaliser ces projets auxquels on rêvait, découvrir des richesses relationnelles et où les richesses culturelles de ce monde sembleront risibles en comparaison. En passant, il n'y aura pas de musique en Enfer. Toute bonne chose émane de Dieu, qui est Source de la vie, TOUTE la vie.
[1] - texte original : "If you think of this world as a place simply intended for our happiness, you will find it quite intolerable: think of it as a place for training and correction, it's not so bad."
(CS Lewis: God in the Dock)