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Samizdat

Des attentes déçues:

Réflexions sur les attitudes touchant la foi
dans le milieu pentecôtiste.



Paul Gosselin (1984, avec matériel ajouté depuis)


Je dois demander ici l'indulgence du lecteur, car ce texte n'est en fait qu'un brouillon, mais en attendant l'occasion de le remanier de manière plus attentive j'ai pensé l'offrir ici en espérant qu'on puisse en tiré profit malgré ses lacunes formelles. Ce qui suit est donc une réflexion sur nos attitudes touchant le sujet de la foi dans nos églises de la Pentecôte et certaines conséquences qui en découlent. Une bonne partie de cet essai est un extrait d'une lettre que j'ai envoyé à des pasteurs en 1991. Depuis j'ai remanié et ajouté des choses, ce n'est plus la même lettre. On se rendra compte que c'est "un peu" décousu car dans la première partie de cette lettre, je discute de problèmes divers qui frappent soit nos assemblées ici ou encore la APdC[1] en général. Il se peut que ces observations n'intéresseront que peu. Cette première partie sert à mettre en contexte la deuxième. Bon nombre des remarques ici ne touchent que les pentecôtistes mais d'autres sont valides chez plusieurs autres groupes évangéliques. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.

Depuis un certain nombre d'années on voit plusieurs signes de déclin dans le mouvement de la Pentecôte (et on pourrait ajouter chez les évangéliques en général). Parmi ceux-ci on constate:


Un autre évangile ?
Je veux discuter ici d'une mode[3] théologique, ce que j'appellerais un Évangile de la "foi positive" ou encore un "Évangile des bénédictions" qui a été très puissant dans la AdPC/PAOC pendant toutes les années 80 et qui garde encore aujourd'hui une influence subliminale (car peu de gens osent la remettre en question ouvertement). Je pense qu'il est llégitime d'en parler en termes de pensée positive chrétienne, car au fond, ce n'est que de la pensée positive païenne (avec, fort possiblement, des racines dans la pensée de l'athée Friedrich Nietzsche et son concept de puissance de la volonté), mais avec du marketing pour évangéliques... Aux États-Unis et dans le monde évangélique anglophone ce message est connu sous le vocable Word-Faith movement[3a] ou mouvement Parole de foi. Ce courant de pensée évangélique peut porter plusieurs noms. Avant d'aller plus loin il faut évidemment définir ce que je veux dire par le terme "Évangile de la foi positive" sinon je vais te faire perdre ton temps. Un des bébés du Word-Faith est le fameux Évangile de prospérité. Les noms changent souvent, il faut donc se concentrer sur le contenu de cette doctrine.

Les adeptes de cet évangile nous disent qu'un chrétien doit toujours confesser positivement, confesser la victoire et garder une attitude de foi (positive) dans toutes les circonstances. Le mot POSITIF revient souvent dans leurs livres ou sermons, soit au niveau des attitudes qu'on demande des gens, soit au niveau de ce que les gens disent ou "confessent". Chacun des apôtres de cet évangile nous propose sa recette[4] pour une vie prospère, riche spirituellement, bénie en termes émotionnels et à tous points de vue. Pour être plus claire ceci implique évidemment ce qu'on appelle communément "Évangile de la prospérité", mais ça inclue aussi d'autres variantes qui ne sont pas nécessairement aussi matérialistes, mais qui considèrent néanmoins l'emphase sur le "positif" comme une fondation de la vie chrétienne. "L'Évangile de la prospérité", qui a fait beaucoup de bruit au début des années 80, a été assez rapidement condamné parmi nous puisque outrancièrement matérialiste (à l'américaine), mais un bon nombre de variantes, qui font appel à la même philosophie de base, sont encore bien vivantes chez nous. Ces variantes peuvent mettre l'emphase sur soit la prospérité, soit sur la guérison physique, soit la guérison émotionnelle, etc. Mais ce qu'elles ont en commun, leur noyau, c'est une fixation sur la "foi" c'est-à-dire l'idée que le "salut" (le bonheur) s'obtient en ayant toujours une attitude positive et des paroles positives. La "foi" dans ce contexte devient réduit à un outil, un gadget qui donne accès aux promesses de Dieu et ne comporte plus l'implication de relation (avec Dieu) qu'elle a normalement dans la Parole. Cette vision de la "foi" implique, entre autre, que le chrétien doit toujours être au-dessus de ces circonstances. Avoir la "foi" c'est d'être toujours positif. Celui qui se relâche ne peut y accéder (on utilise Jac. 1: 6-7 pour imposer cette idée). Comme dans bien des choses il y a certains aspects "positifs" (vrais ?) et des aspects "négatifs" (faux) dans tout ça. On va jeter un coup d'oeil d'abord aux aspects négatifs de la chose et tenter de comprendre les racines païennes de cette pensée.


Un évangile égoiste
Cette "Évangile" est égocentrique. A long terme elle nous tourne sur nous-mêmes. Sur nos "bobos", nos problèmes, nos besoins, nos désirs et nos projets. Tranquillement on oublie les "autres" qui ne connaissent pas le Seigneur et on perd notre compassion pour les âmes. On est trop occupé à être "positif". On deviens centré sur nos besoins, nos bénédictions et nos bobos. Je dirais que ceci est une tendance général. D'un pasteur à un autre, l'impact peut varier selon l'emprise plus ou moins grande que cette "évangile" peut avoir sur sa vie. Certains adeptes de cette doctrine peuvent bien avoir à coeur l'évangélisation des inconvertis, mais ce n'est pas à cause de l'Évangile de la foi positive. L'impact de cette doctrine sur la vie d'un chrétien dépend beaucoup de la solidité des enseignements qu'on a reçu avant d'être exposé à l'"Évangile de la foi positive". Les conséquences négatives seront moins évidents chez un chrétien déjà solidement ancré dans la Parole et les disciplines chrétiennes. Dans le cas d'un chrétien qui n'a connu que ça comme enseignement, les résultats peuvent être désastreux. David Wilkerson, par exemple, fait les remarques suivantes sur la "foi positive" si populaire:

Notre siècle cultive l'individualisme, mes droits, mes besoins, mes désires, mes projets, mes caprices, etc. etc. Nous magasinons pour une église qui rencontre mes besoins. L'esprit du siècle nous dit, comme dans les annonces de produits l'Oréal, "Je le mérite bien !" "God have mercy !" Ouais, certainement, mais Dieu seul sait ce que l'on mérite vraiment… Nous sommes des grands individus. Nous sommes les serviteurs du grand MOI. Tout le reste doit y plier et s'y soumettre. Toutes nos industries de marketing et de la consommation en font la promotion, voir même notre théologie. C'est le veau d'or élévé par la génération des baby-boomers…


Matérialisme
Cet "Évangile" est généralement matérialiste, c'est-à-dire qu'une de ces préoccupations majeures est les bénédictions matérielles. Cela n'implique pas nécessairement une maison à 500,000$, mais plutôt des bénédictions ici-bas. Cet "Évangile" laisse donc entendre que le chrétien peut construire (par la "foi") ici-bas, son paradis! Et non seulement le chrétien peut construire (par la "foi") ici-bas, son paradis, c'est son DROIT! Le Nouveau Testament ne dit rien de semblable, mais cela plaît énormément à nos oreilles de nord-américain qui aiment tellement une histoire qui finit avec un "Happy Ending", car notre société (et même nous les chrétiens aussi avec nos Disneyland "chrétiens") est bien à genoux devant Mammon ! Cette mode théologique parmi nous coïncida aussi, curieux hasard, avec une période de grande prospérité économique en Amérique du Nord[6]. En ce qui me concerne, j'ai déjà pensé que cela serait une très bonne chose que d'envoyer tous ces évangélistes de la prospérité prêcher dans les pays musulmans où un converti au christianisme peut être tué par les membres de sa propre famille ou encore en Afrique où dans de nombreux pays le revenu moyen annuel est parfois de $100! Prêcher la prospérité aux Nord américains dans les années 70-90 c'est "flatter dans les sens du poil". Ailleurs ce n'est pas si évident[7]. Peut être que j'exagère. Oui, peut être tout ce qu'il leur faudrait c'est qu'ils visitent la tombe d'un ami. Il a un peu trop bouffé de la pensée positive chrétienne et il s'est suicidé en juillet 1992. Les femmes le boudaient, il venait de perdre son travail. La vie l'avait déçu, le "dieu" de la ppc aussi. Il savait qu'il avait droit à plus que la merde que la vie lui avait lancé au visage. Au sujet de ce genre de matérialisme chrétien, Leonard Ravenhill ne machaient pas ses mots. Dans son livre Why Does Revival Tarry? (ou, Pourquoi il n'y a pas de réveil?) publié en 1972 :

Ces prédicateurs qui ont des maisons et des chalets au bord du lac, un bateau sur ce lac, et un solde bancaire important, ne se gênent pas de quémander pour plus encore. Avec de extorqueurs et des hommes injustes de ce genre, Dieu peut-il confier un réveil poussé par le Saint-Esprit? Ces chers prédicateurs «beaux garçons» ne changent plus leurs habits une fois par jour, mais deux ou trois fois par jour. Ils prêchent le Jésus né dans l'étable, mais eux-mêmes fréquentent des hôtels de luxe. Pour leurs propres convoitises, ils saignent le public financièrement au nom de Celui qui a dû emprunter un denier pour illustrer un sermon. Ils portent des costumes dispendieux d'Hollywood en l'honneur de celui qui portait le vêtement d'un paysan. Ils se régalent de steaks à trente dollars en souvenir de celui qui a jeûné seul dans le désert. Aujourd'hui, un évangéliste est non seulement digne de son salaire (c'est ce qu'il pense), mais aussi de l'intérêt composé. Ils devraient craindre le jour du jugement!
Si le réveil tarde c'est qu'on a compromis l'Evangile. (...) La plate-forme est devenue une piédestal pour afficher nos talents, et l'«équipe des visiteurs" ressembler à un défilé de mannequins. Je m'attendrais d'avantage
à voir une grenouille s'asseoir et jouer la Sonate Clair de lune de Beethoven que de voir quelques-uns de ces prédicateurs trop habiles de cette génération prêcher avec une onction qui provoquerait la crainte de Dieu parmi le peuple. Les évangélistes d'aujourd'hui sont trop souvent disposés à faire n'importe quoi pour faire approcher les gens de l'autel (peu importe la raison). Ils appellent avec désinvolture sur: "Qui veut de l'aide? Qui veut plus de puissance? Qui veut marcher plus près de Dieu?" Un tel évangélisme corrompu déshonore le sang [de Christ] et prostitue l'autel. Mais il faut replacer les choses car, l'autel est un endroit pour mourir. Que ceux qui ne veulent pas payer ce prix la laissent tranquille!* (pp. 46-47)

La pensée positive chrétienne évacue la grâce, car dans cette approche à la vie chrétienne au bout du compte tout repose sur MES efforts de louange, MES efforts pour confesser positivement, MES efforts de confesser la victoire ou MES efforts pour avoir la guérison ! Tôt ou tard, le chrétien qui vit sous ce système (et qui n'en sort pas ou qui ne connaît pas à fond le plein conseil de la Parole) tombe sous la Loi. Car si ce chrétien n'a pas la victoire, c'est de sa faute, s'il vit des difficultés financières, c'est de sa faute, s'il n'a pas la guérison c'est de sa faute[8]. L'individu lui-même doit porter le poids de la culpabilité si les résultats de sa foi ne sont pas ceux attendus, car on lui rappellera toujours qu'il y a toujours moyen d'avoir plus de foi et de persévérer plus longtemps dans cette foi. La caractéristique de cette mode théologique c'est qu'elle plaît surtout aux personnalités fortes (généralement des sanguins ou des colériques) car elle exalte et elle exige la volonté. C'est la philosophie de "l'American Dream" assaisonné de jargon évangélique. On peut tout avoir, il suffit de vouloir ! Elle plaît surtout aux gens qui ont déjà pas mal de succès et qui n'ont pas vraiment eu à traiter avec de vraies tragédies. Ils n'ont pas été secoués très forts par la vie. Ils n'ont jamais été vraiment brisés, mis à terre au point de perdre tout espoir. Ne cherchez pas de la compassion ou de l'empathie auprès de la pensée positive chrétienne car essentiellement ce qu'elle vous dira c'est qu'il faut s'en sortir tout seul (par la "foi" bien sûr). Elle se joint aux "amis" de Job qui soupçonnent celui qui souffre de ne pas en avoir vraiment fait assez, de ne pas croire suffisamment, de ne pas avoir confessé suffisamment. Leur système de pensée ne leur fourni pas d'autre solution. La grâce de Dieu, c'est un sujet presque tabou, du moins oublié chez eux. Ça dérange le système. Car la grâce c'est Dieu qui nous fait des cadeaux sans rapport avec notre volonté triomphante, sans rapport avec notre "foi" artificielle ou nos bonnes actions. Pourtant, on en a tous tant besoin de cette grâce !!

Chez les adeptes de cette doctrine on entend dire parfois que tous les miracles sont le résultat de l'exercice de la foi d'un être humain, qu'il ne peut y avoir de miracle sans l'exercice de la foi. Mais il suffit d'étudier les Écritures un bref moment pour voir que c'est faux. Dans le verset suivant par exemple on voit bien que la personne qui est l'objet d'un miracle n'a pas eu le temps d'exercer une quelconque foi. (Luc 13: 10-13)

À d'autres moments les Écritures décrivent des miracles où rien n'indique que les individus qui les ont reçus n'ont excercés à foi. Les cas de morts résussités sont les plus flagrants. Comment un mort pouvait-il exercer la foi? Dans la majorités des cas rien n'indique que des personnes dans l'entourage du miraculé ait exercé une quelconque foi non plus.


La Chute: une doctrine méprisée

Cette doctrine tend aussi à balayer sous le tapis les implications de la doctrine de la Chute. Elle ne peut pas vraiment regarder en plein face le fait que le chrétien né de nouveau aussi subit, dans ce monde présent, les effets de la chute. Que le chrétien aussi vit dans un monde où la rédemption est incomplète. On ne peut vraiment regarder en face le fait que le même le chrétien vit dans un monde déchu, avec tout ce que ceci implique. Soyez sur de bien me comprendre. Chose certaine, le salut est accompli, mais le triomphe sur le mal ne sera total et absolue que lorsque Christ régnera dans la Nouvelle Jérusalem et que le jugement de l'humanité devant le grand trône Blanc sera terminé. Discutant de l'importance de la souffrance dans le monde dans le rejet de Dieu par de nombreux athées, A. E. Wilder-Smith[9] remarque:

Règle général, l'Évangile de la foi positive passe sous silence les épreuves qui nous mettent à nu et qui épuisent toutes nos ressources, où sinon elle contente de consolations vides pour le chrétien qui souffre, disant que "Nous sommes plus que vainqueurs par la foi..." Paroles venant généralement de la bouche de ceux qui n'ont jamais souffert eux-mêmes, qui n'on jamais fait face à un revers majeur ou à des tragédies majeures... La foi positive laisse l'impression chez ces adeptes que l'ont peut, si on a la bonne formule de "foi", contrôler le cours de notre vie et Dieu lui-même… Bernadette Keaggy, la femme de Phil Keaggy le guitariste, relate dans son autobiographie A Deeper Shade of Grace les moments d'épreuves qu'elle et son mari ont vécus lors de la perte de 5 enfants en fausse couches (dont des triplets mort-nès à sa première grossesse) et par la suite elle fait la réflexion suivante sa façon de voir la vie chrétienne (1993: 108)

Plus tôt dans ce même livre elle note avoir lu le livre A Severe Mercy par CS Lewis, qui comporte des lettres de Lewis à un ami qui venait de perdre son épouse. À cette lecture, Bernadette Keaggy a pris conscience d'une chose très importante (1993: 82)

La vie du croyant dans un monde déchu prend des tournures qu'il ou elle n'aurai pas souhaiter. Lors de tels événements le croyant est confronté avec un choix pénible et subtile. Abandonner la "foi" ou abandonner la foi. La "foi" entre guillemets, c'est évidemment la foi artificielle de la pensée positive chrétienne (très nord-américaine) qui affirme qu'on a droit à toutes les bénédictions dans le vie ici-bas. On a tout avantage à l'abandonner. Personnellement j'ai eu, dans ma vie chrétienne, des moments très noirs. Mais ces moments très noirs coïncidèrent avec la montée dans notre église de Québec de la mode de la "pensée positive chrétienne" (mouvement Word-Faith). A cette époque j'assistais à l'assemblée et, règle général, ce que je recevais via les prédications ne m'était d'aucun secours. Au moment où j'avais besoin de paroles de grâce, je ne recevais que des exhortations à avoir plus de "foi", de confesser la "victoire", etc. etc. J'ai dû trouver moi-même la consolation dont j'avais besoin dans ma relation personnelle avec le Seigneur et ne pas me fier à mon église. Depuis cette mode semble s'estomper par endroits et j'ai compris que même dans les meilleurs églises, il vient des moments où personne ne peut nous aider et que nous devons garder nos yeux sur Jésus seul, afin d'en sortir. C'est inévitable, j'en conviens. Mais, ceci dit, je ne crois toujours pas que la situation dans nos assemblées à l'époque était normale.

Étant centrée sur l'individu, ses besoins et sur les promesses de bénédictions de la Parole, la "pensée positive chrétienne" ne s'intéresse pas aux questions éthiques ou à l'injustice, car ce sont des choses "négatives". Ce sont des choses qui dérangent (et nous oblige à regarder plus loin que notre confort personnel)... CS Lewis a des remarques fort intéressants à ce sujet dans Mere Christianity (1977: 118):

Puisque la "pensée positive chrétienne" rejette la doctrine de la Chute et affirme que le chrétien peut, par la foi, éviter les effets de la Chute, une des conséquences est de nier le rôle de la souffrance dans la sanctification du chrétien. À ce sujet CS Lewis a observé dans Problem of Pain (chap. 7):

if tribulation is a necessary element in redemption, we must anticipate that it will never cease till God sees the world to be either redeemed or no further redeemable. A Christian cannot, therefore, believe any of those who promise that if only some re- form in our economic, political, or hygienic system were made, a heaven on earth would follow.

Ouais, on pourrait même paraphraser Lewis ici et ajouter "A Christian cannot, therefore, believe any of those who promise that if only some new faith-trick were tried, a heaven on earth would follow". L'évangile de la "pensée positive chrétienne" encourage presque l'insouciance à l'égard de questions de justice sociale. Dans cette atmosphère de pensée positive chrétienne, on entend rarement parler d'intégrité personnel ou de dire toujours la vérité dans les affaires. On entend tout aussi rarement parler de la doctrine de restitution, de réparer nos fautes passées comme l'a pu faire le publicain Zachée.

Mais la restitution n'intéresse pas les adeptes de cet évangile, car c'est trop enmerdant. On préfère balayer toutes ces choses sous le tapis et d'oublier "au plus sacrant". Mais tout ça ne laisse pas un témoignage bien brillant derrière nous... Plutôt qu'une odeur de vie, c'est une odeur de merde...

Comme je l'ai dit ci-dessus du point de vue de la "pensée positive chrétienne" si le chrétien n'a pas la victoire, c'est de sa faute, s'il vit des difficultés financières, c'est de sa faute, s'il n'a pas la guérison c'est de sa faute. A mon avis les gens peuvent avoir 3 types de réactions lorsque le château de cartes de la vie s'effondre et que survient une vraie catastrophe. Certains individus, qui ont déja une tendance à la culpabilité, crouleront sous le poids de la culpabilité s'ils tentent de suivre à la lettre les prescriptions de la "pensée positive chrétienne", car les résultats de ses prières et de sa foi ne sont pas ceux attendus et on lui rappellera toujours qu'il y a toujours moyen d'avoir plus de foi et de persévérer plus longtemps dans cette foi. J'en ai vu qui ont finis en psychiatrie tellement ils étaient désorientés, tellement la culpabilité les détruisaient. Chez d'autres personnes cette culpabilité deviens si lourde qu'ils finissent par s'éloigner de l'église et des chrétiens, car toute la culture chrétienne (avec lesquelles elles sont en contact) renforce cette culpabilité étouffante.

J'ai entre les mains un article intitulé "Religious Affiliation and Major Depression." par Keith Meador, et alii[11] Ces auteurs (psychiatres) ont interviewé 2,850 adultes de diverses appartenances religieuses dans la Caroline du Nord aux EU. En faisant cette étude, on s'est rendu compte que les pentecôtistes ont une tendance à faire une dépression majeur trois fois plus grande que la moyenn. Les auteurs, pour leur part, avancent trois hypothèses pour expliquer ce phénomène. Si on regarde ces trois hypothèses avancées par les auteurs de l'article (p. 1207) qui tentent d'expliquer ce fait, il faut réfléchir un peu. Les deux premières interprétations sont moins gênantes (pour nous) mais ils me semblent pas satisfaisantes. Il me semble fort improbable que nous ayons 3 fois plus de dépressions juste à cause du fait qu'on attire un peu plus des gens déjà déséquilibrés (Explication 1) ou encore que ce soit dû au fait que les pentecôtistes aiment bien exprimer leurs émotions (Expl. 2). Faudrait le prouver. Pour ma part je ne crois pas que nous attirons tellement plus de gens déséquilibrés que d'autres groupes évangéliques, pas assez du moins pour que ça puisse nous rendre 3 fois plus susceptibles à la dépression que le reste de la population en général. Je serais très surpris aussi que le fait d'exprimer beaucoup ses émotions puisse rendre compte du résultat que nous voyons. Pour l'expliquer il me semble nécessaire de regarder plus profondément. La 3e explication me semble la seule qui puisse réellement rendre compte des faits[12], même si c'est pas tellement rigolo pour notre orgueil pentecôtiste.

La 3e explication (p. 1207) met de l'avant la possibilité que le Pentecôtisme soit une cause de dépression en lui-même. Mais même si on penche pour la 3e explication il faut quand même faire une précision. Si, comme je le suppose, la prévalence de la doctrine de la "pensée positive chrétienne" est le facteur principal qui rend les pentecôtistes plus susceptibles à une dépression majeure, il reste qu'il est quand même légitime de dissocier cette mode (bien répandu chez les pentecôtistes nord américains) et le pentecôtisme ailleurs dans le monde. Initialement, quand j'ai écrit ces lignes je croyais qu'en Europe, en Asie ou en Afrique par exemple, si on répètait ailleurs la même étude, qu'il est peu probable[13] que les résultats soient les mêmes qu'ici, en Amérique du nord. Malheureusement je ne crois plus que ce soit le cas car les chrétiens d'Amérique du nord ont les sous et les moyens techniques afin d'exporter tout ce qui leur passe par la tête, bon ou mauvais[14]. Voyez ce qu'en dit Ben Okafor[15], un chrétien nigérien.



L'arme fatale: l'amertume.
La 2e réaction qu'on peut apercevoir chez les chrétiens c'est l'amertume. Il est probable que tôt ou tard tout chrétien sera confronté à la tentation de l'amertume. Pour toute une génération de chrétiens éduqués et critiques avec laquelle j'ai grandit l'amertume est l'arme ultime de l'ennemi. Chez certains chrétiens qui n'ont pas tendance à se culpabiliser, dont la relation avec Dieu n'est plus très vivante (prière) et chez qui la faculté du pardon n'est plus en fonction, l'amertume (s'il n'est pas combattu) peut graduellement détruire tout ce qui reste de leur relation avec Dieu et avec l'église. Un des effets pervers de la "pensée positive chrétienne" est la tendance à encourager les adeptes de cette évangile à s'approcher Dieu sur une base contractuelle. S'ils observent les règles de la recette (toujours confesser la victoire, toujours louer le Seigneur malgré tout, etc.), dans un sens, Dieu est "obligé" de les répondre (du moins selon cette évangile). Et si Dieu ne les réponds pas, malgré tous ce qu'ils ont fait et si, en plus survient une tragédie, la tentation est grande d'envoyer le "Bonhomme" et les autres chrétiens se promener, car Il n'aura pas su tenir son bout du contrat !! Parfois lorsque les attentes déçues coïncident avec des circonstances tragiques et la seule "solution" pour certains sera le suicide. Malheureusement je connais un cas où des attentes irréalistes ont contribué à un suicide chez un chrétien. Mais nous devons savoir, dans les moments de ténèbres les plus profondes, que nous servons un Dieu ressuscité, qui a vaincu la mort. On doit se demander si notre théologie de la PPC, qui nous dit que tout bon chrétien a le "droit" d'être béni, est en mesure pu produire des chrétiens fermes au point de résister aux épreuves comme ceux décrits par R. Wurmbrand[17] ci-dessous (2000: 2)

Dans mes recherches pour mon prochain livre (sur les idéologies postmodernes) j'ai mis la main sur un livre par le psychiatre allemand (non-chrétien) Viktor Frankl, survivant des camps de concentration nazis. Frankl signale des points touchant la culture moderne que l'évangélique devrait prendre connaissance (1988: 140)

Il y a lieu de se demander quelle part de notre théologie est développée en fonction de ce besoin ? La 3e réaction que l'on peut observer vient des chrétiens qui ont tenté (tant que peut se faire) de suivre les règles des recettes de foi, mais ont subi les coups durs de la vie. Ils ont du abandonner l'évangile de la "pensée positive chrétienne". Après une période plus ou moins longue de cynisme, ils ont mis de côté toutes les recettes simplistes de foi et trouvé refuge simplement dans le plein conseil de la Parole de Dieu. Le clef de voute de leur survie c'est qu'ils reconnaissent que le chrétien né de nouveau aussi vit réelement dans un monde déchu.


L'intégrité
Il y a quelque temps, j'écoutais un petit bout de l'émission "Second Regard" à Radio Canada où le journaliste (catholique) interviewait des protestants français (de France). Au cours de l'émission, on a parlé à un pasteur concernant les traits qui distinguaient les protestants français (par rapport aux catholiques) et, mis à part leur position sur l'autorité de la Parole, il a dit que les protestants étaient reconnus corporativement comme des gens d'intégrité. Des gens dont la parole vaut quelque chose. "On peut se fier à un protestant" dit-il. Le journaliste n'avait rien à répliquer là-dessus. J'aimerais bien pouvoir en dire autant de nous Pentecôtistes québecois, mais je dois constater qu'il n'en est rien. On a plutôt une réputation de "grands parleurs, petits faiseurs".

Je vais vous raconter une petite histoire pour illustrer ce que je veux dire. Je connais une chrétienne qui vit à Montréal qui m'a raconté qu'elle s'est fait fraudé ou menti tellement de fois par des "bons chrétiens" (pentecôtistes) qu'en affaires, elle les évite comme la peste à moins qu'il s'agisse de quelqu'un qu'elle connait vraiment très bien comme étant fiable. Elle et son mari ont acheté une maison se disant tous les deux qu'ils éviteraient les "bons chrétiens", préférant faire affaire avec des "bons païens" ! Ils ont effectivement trouvé une maison qui les intéressaient. Mais peu de temps après s'être installés, ils s'aperçoivent que les égouts sont bouchés et qu'ils ne peuvent utiliser les toilettes du tout. En faisant des recherches, ils finissent par se rendre compte que l'ancien proprio avait branché ses décharges de gouttières sur sa fosse septique. Ceci a eu comme conséquence d'inonder la fosse septique et de repousser tout le contenu solide dans le champ d'épuration le bouchant "comme il faut" ! C'est pas fini. En contactant l'ancien proprio, ils s'aperçoivent que c'est un "bon pentecôtiste" et non seulement ça, il nie toute responsabilité (la responsabilité, ça c'est "négatif"), mais il indique à mon amie qu'il lui suffit d'avoir la "foi" et le problème sera réglé !! Beurck, quelle situation !

Mon amie a eu des rencontres avec le pasteur de l'ancien proprio (ce pasteur a donné raison à mon amie et à son mari) mais l'ancien proprio ne voulait toujours pas admettre sa responsabilité et compenser mon amie. A ma connaissance (ce n'est pas réglé encore), il y avait une bonne possibilité que ça se poursuive en cour de justice... Pas drôle hein, mais je connais d'autres histoires de ce genre plus ou moins dramatiques (même des gens dans le ministère) et probablement vous aussi. Tout ce que j'ai à dire c'est que ce genre de chose est dégueulasse mais malheureusement c'est ça notre témoignage corporatif ! Il faut que ça change à quelque part et qu'on nous enseigne à être des chrétiens responsables et intègres. Chose certaine, ce n'est pas la pensée positive chrétienne qui le fera car dans ce système la "foi" devient trop facilement une excuse permettant de dissimuler un manque d'intégrité personnel. Qui oserait confronter les inconvertis (et les convertis tant qu'à ça...) avec un message tel que celui de Jean-Baptiste (Luc 3: 7-14):

Juste un peu plus loin, Jean-Baptiste parle même au chef d'état d'Israël et le confronte avec ses péchés (Luc 3: 19-20) et, en récompense, se retrouve en prison. Combien d'entre nous ont une vie intègre comme Daniel, au point que même ses ennemies ont trouvé rien pour l'accuser auprès de ses supérieurs ? (Daniel 6: 4)

Peut être l'église de notre époque a besoin d'être secoué comme celle du premier siècle ??

Peut-être qu'un peu de "ménage" de la part du Seigneur ne nous ferait du bien ?? Peut-être les scandales des télévangélistes n'en sont que le début ? On dirait qu'on on est toujours les derniers à se rendre compte de notre condition, même les gens du monde peuvent le voir avant nous. Combien d'entre nous pourraient avoir notre vie passé au peigne fin sans que rien de louche ne soit mis en lumière ? Commentant la situation au niveau des missions protestantes C. René Padilla[19] note ce qui suit:

Évidemment la situation que décrit Padilla existe tout autant dans les églises de l'Amérique du nord que dans le tiers monde. Le mal est partout. Depuis les années que je suis disciple de Jésus Christ, j'observe une chose en rapport avec l'intégrité dans le corps du Seigneur. C'est que les personnes provenant de familles stables où on leur a inculqué l'intégrité et l'honnêteté dès l'enfance maintiennent leurs standards lorsqu'ils viennent au Seigneur (et, par la grâce de Dieu, les améliorent)[20]. Ceux qui viennent de familles où il n'y avait pas ou peu d'exemples d'intégrité ou d'honnêteté, en venant au Seigneur, restent souvent au même niveau. On voit peu de changement chez eux, sinon dans des choses extérieures, facilement repérables. Souvent ces gens profitent des autres (frères, soeurs et incroyants), sans le moindre scrupule. Il y a des cas exceptionnels (Gloire à Dieu) d'individus malhonnêtes qui deviennent réellement droits en passant à travers une conversion profonde, mais de tels cas sont trop rares. Ils sont le fruit d'une action spéciale de l'Esprit Saint et non pas des prédictions de la "foi positive". Il faut que le plein conseil de la Parole soit prêchée et que l'on soit tous confronté avec le standard de Dieu (et aussi avec sa grâce), car on a tous besoin. Même ceux de "bonnes familles" car le compromis peut toucher n'importe qui. Chose certaine, cette tradition d'intégrité que l'on constate chez d'autres groupes évangéliques, n'a pas été cultivé chez nous. Pour s'en rendre compte il suffit de comparer le respect que peut avoir le publique en général pour nos télé-évangélistes pentecôtistes et Billy Graham par exemple) ou encore avec ce que l'apôtre Paul dit aux Thessaloniciens de son propre ministère: "Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, que nous avions eu envers vous qui croyiez une conduite sainte juste et irréprochable" (1Thess. 2: 10). On paie le prix pour cette négligence en gros scandales publiques (nos télé-évangélistes) et en mini-scandales parmi les gens ordinaires, des frères et soeurs qui nous entourent. En méditant sur cette question, il m'apparaît qu'au bout du compte nos télé-évangélistes ne sont pas des cas exceptionnels de dépravation, ils sont simplement le reflet de ce que nous sommes tous ! Juste dans les versets qui suivent ou pourrait apprendre beaucoup:

Devant le peu d'intérèt des mlieux pentecôtistes pour la sanctification on peut se demander ce que Dieu peut penser de notre l'intégrité. Peut-être quelque chose qui ressemble à:

Les gens des la "foi positive" aiment bien citer les promesses de Dieu envers nous mais on s'inquiète généralement peu du contexte dans lequel ces promesses se retrouvent (et du but de ces promesses)...

Cette fixation sur les aspects "positifs" de la Parole nous conduit à négliger ou ignorer d'autres aspects de la Parole qui peuvent sembler "négatifs" à nos oreilles nord-américaines comme ce que la Parole nous dit, entre autres, sur la souffrance dans la vie chrétienne. Je me souviens d'avoir entendu dire par un des adeptes de cette "évangile" que dans les Psaumes il y a toujours de la louange, c'est-à-dire quelque chose de "positif". C'est vrai jusqu'à un certain point, mais celui qui avait dit ça n'a jamais lu les Ps. 44 ou 88. Dans le Psaume 44, l'auteur vide son coeur devant Dieu en se plaignant du manque d'action de la part de Dieu et dans Ps. 88, il ne se gène pas pour dire à Dieu qu'il a l'impression que celui-ci veut le détruire ! Ce sont des complaintes ! Les apôtres de pensée positive chrétienne grincheraient bien les dents à lire les paroles de l'Ecclésiaste (7: 2-4):

Au bout du compte le Dieu de la pensée positive chrétienne est un petit dieu, un petit dieu qui n'est pas vraiment capable d'écouter les cris du coeur de son peuple, car ce dieu peut juste écouter des choses "positives". On dirait un dieu insécure, un dieu qui a constamment besoin d'être rassuré que tout va bien[21]. Le Dieu de la Bible, par contre, est capable d'en prendre. Job[22] a vidé son coeur devant Dieu d'une manière vraiment pas "positive" et Dieu qu'en pense-t-il ? Il dit de Job à son ami, Théman: "Ma colère est enflammée contre toi et tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job.". (Job 42: 7) Un autre verset qui ne "fitte" pas dans cette philosophie c'est Héb. 7: 35-37 qui parle des héros de la foi:

Le Seigneur lui même a crié sur la croix "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" (Mt 27: 46). Son Dieu non plus n'étais pas un dieu de la pensée positive... J'ai déjà entendu un prédicateur pentecôtiste prêcher sur Hébreux 11 en parlant de toutes les miracles reçus par la foi, mais qui coupa nette sa lecture de ce chapitre juste avant le verset 35. Curieux, n'est-ce pas ?? Cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole ou de la vie chrétienne a même son impact jusqu'à dans nos temps de louange durant les réunions où pendant longtemps on a évité les cantiques où il y avait des aspects "négatifs", soit mention d'épreuves, de faiblesses ou de péchés[23]. Touchant le péché dans les prédications George Otis jr.[24] remarque:

Personnellement, j'ai eu l'impression que ma "diète" de louange pendant toutes les années 80 était composée strictement de "bonbons" et de choses sucrées, pas assez équilibré à mon goût. Cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole a aussi un impact sur les paroles de prophétie dans nos assemblées. Théoriquement, les personnes qui reçoivent une parole de connaissance ou de prophétie ne sont pas dirigés par autre chose que ce que l'Esprit de Dieu les dicte. Dans la réalité, il y a un phénomène subtile d'auto-censure qui intervient car en écoutant régulièrement les sermons de son pasteur, le bon chrétien sait intuitivement ce qu'il peut dire et ne pas dire, ce qui "passera" et ce qui ne "passera" pas. C'est quand même assez rare qu'il faut réprimander quelqu'un (ayant donné une prophétie) qui est a coté de la coche. Faudrait avoir du "guts" pas mal pour donner une parole qui ne cadre pas avec les enseignements de son pasteur. Ceci a comme résultat que les paroles parmi nous qui réprimandent le péché ou qui parlent du besoin du peuple de Dieu de se repentir sont plutôt rares[25]. Pourtant si on se réfère aux prophètes dans la parole de Dieu, on se rend compte qu'il y a au moins 2/3 des prophéties qui sont "négatives" (parlant du péché, de jugement, etc.). Nous sommes très loin de cette proportion. Sommes nous tellement plus "spirituels" que les enfants d'Israël ou se peut-il que nous nous mentons à nous mêmes sur notre état devant Dieu ?? Songez aussi aux implications du passage suivant (Corinthiens 14: 23-25)

Si on lit attentivement ce passage on ne peut éviter la conclusion suivante. Pour ce passage soit vrai il faut que les prophéties, au niveau de leur contenu, traitent du péché de manière assez habituelle. Qu'en est-il de nous ?? Peut être si un vrai prophète devait venir se verait-il obligé de dire quelque chose comme ce qui suit ?

Où sommes nous rendus ? Qui d'entre nous n'aime pas se faire dire que les choses vont aller de mieux en mieux, que Dieu veut nous bénir ? Qui veut entendre des choses désagréables ? Qui peut les tolérer ? La vérité est parfois trop pénible... Que dirait Jérémie de nos prophètes ?

Si nous nous insistons que les prophéties doivent comporter une "bénédiction" ce n'est pas un critère qui intéresse Dieu car on voit des prophéties dans la Parole où ce n'est pas du tout le cas.

N'est-ce pas "bénissant" qu'un des auditeurs tombe raide mort pendant la prophétie ?? La tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole a aussi son impact dans l'évangélisation et dans nos tentatives d'amener des gens à Christ. Dans nos appels (dans nos réunions à la fin de nos sermons) on ose rarement confronter le péché et surtout on ose moins confronter l'inconverti avec le prix à payer pour suivre Christ[26]. Que celui-ci peut y perdre ses amis, sa famille même sa femme car Jésus nous dit expressément que celui qui aime ceux-ci plus que Lui ne sont pas dignes de le suivre (Luc 14: 26)!! Les théologiens d'autrefois n'ont jamais connu cette "Évangile de la pensée positive". John Bunyan par exemple, dans son ouvrage classique "Le voyage du Pèlerin", nous présente une allégorie de la vie chrétienne. Le personnage principale "Chrétien" commence son voyage en faisant le choix douloureux de quitter sa femme et ses enfants pour suivre le "Seigneur de la Montagne". Le récit ne se prive pas de raconter aussi de nombreuses épreuves, combats et de martyres que les pèlerins peuvent rencontrer en chemin. A mon avis un livre comme le "Le voyage du Pèlerin" constitue un excellent antidote à "l'évangile de la pensée positive". Si on considère, dans le Nouveau Testament, la vie de Saul, le Seigneur ne s'est pas gêné, dès le moment de la conversion, pour lui révéler "ce qu'il doit souffrir pour mon nom" (Actes 9: 16) !! Paul et Barnabas, à leur tour, lorsqu'ils prêchèrent la (vrai) Bonne Nouvelle, ne se génèrent pas non plus de mettre les chrétiens devant le fait que suivre Christ implique des souffrances[27]. Songez comment l'apôtre Pierre, dans le premier sermon de l'histoire de l'Eglise répond à une question qu'on lui posait (Actes 2: 37b-38):

C'est en faisant un appel à la repentance que les apôtres ont construit l'Eglise. Aujourd'hui on la construit avec du bois et du chaume (des promesses vides de bénédictions et de prospérité)... Écoutez les paroles de notre Seigneur et cherchez-y des germes de "pensée positive chrétienne"...

Paul écrit aux Thessaloniciens

Le Seigneur de l'Apocalypse ne se gène pas non plus d'annoncer aux chrétiens de l'église de Smyrne qu'ils devront souffrir pour Lui.

Combien de nos prophètes du Word-Faith auraient le courage d'annoncer une telle "bonne nouvelle" ?? Nous, on a banalisé l'appel à la repentance[28] en ne parlant que de bénédictions sans fin et on fait miroiter la vie chrétienne comme s'il s'agissait d'un "Happy Ending" Hollywoodien tandis que Jésus, lui, lançait un défi à chacun de prendre sa croix et de le suivre et en avertissant ceux et celles qui l'écoutaient de bien peser leur décision. Il illustre ce point dans les deux mini-paraboles du roi qui part en guerre ou du propriétaire qui veut se bâtir une tour qui, tous les deux, s'arrêtent pour calculer s'ils ont de quoi pour terminer leur projet (Luc 14: 27-32). Ce que la Parole nous enseigne, au fond, c'est que c'est bon pour notre santé spirituelle de contempler ce que d'autres ont sacrifiés pour suivre Christ. Le fondateur de la Réforme, Martin Luther, dans son pamphlet La liberté du chrétien, avait très bien compris la chose:

Cette royauté chrétienne n’est pas une puissance terrestre. Le chrétien n’est pas destiné à posséder et à s’assujettir les choses d’ici-bas, ainsi que l’ont fait quelques prêtres insensés?; non,? la terre appartient aux princes, aux rois, aux puissants. Quant à nous, nous serons toujours assujettis aux volontés des autres, exposés à toutes sortes de maux, et même à la mort. Plus nous serons de vrais chrétiens, plus aussi nos souffrances seront grandes et variées?; témoins Jésus-Christ, notre chef, et tous les saints, ses frères, qui ont eu part à la communion de son agonie et de sa mort.

Écoutons ce que nous dit Otis touchant l'appel à la repentance dans nos églises évangeliques modernes:

A la question de propager un christianisme sans exigences Francis Schaeffer note (Complete Works, vol. I; 1994: 139)

Sur cette question Edward Veith[30] remarque (1994: 194)

CS Lewis, comme toujours nous propose des remarques fort pertinentes touchant la recherche de "réconfort" uniquement terrestre (1985: 46-47):

Ça ne serait pas juste de dire que cette tendance à éviter les aspects "négatifs" de la Parole est conscient car je ne crois pas que ce soit toujours le cas, mais ça n'évite pas le fait que cette tendance a été très fort parmi nous au cours des 15 dernières années. Dans l'ancien testament, que fait Dieu au moment de faire entrer en triomphe le peuple de Dieu dans la terre promise ? Selon notre mentalité actuelle on aurait tendance a raisonner comme suit: C'est un moment de gloire et de réjouissance. C'est un moment positif ! Il ne faudrait pas mentionner quelque chose de "négatif". Si on se fie à notre théologie ça ne serait vraiment pas le moment ! Et pourtant que fait Dieu ? Il leur lance un défi, un choix dur, où il est question de plein de choses "négatives". Dieu ne se gène pas de souligner les conséquences du péché. IL les force à prendre une décision rationnelle, une décision bien pesée et de réfléchir aux conséquences de cette décision. (Deut. 28: 15-68)

C'est curieux, mais la liste des malédictions (54 versets) est pratiquement quatre fois plus longue que la liste des bénédictions qui précède (14 versets). Les choses "négatives" ne le gênent pas, LUI !! Pour Dieu la repentance ce n'est pas juste un mot sans contenu, mais c'est un choix dont il faut examiner bien attentivement les conséquences.

Dans le chapitre suivant (Deut. 32: 1-47), Moïse compose un chant. Est-ce un chant de victoire, un chant "positif" ? Non ! Il s'agit plutôt d'une prophétie de la rébellion d'Israël et du jugement terrible de Dieu à venir. Dans Jérémie 21: 8, Dieu, devant un peuple rebelle, les offre la repentance, mais encore sous forme d'un choix dur, sans promesses vides, ni compromis ni basses flatteries.

D'ailleurs dans le Nouveau Testament on retrouve, dans un contexte semblable (une autre occasion glorieuse), on retrouve la Transfiguration de Jésus sur le mont . De quoi est-il question à ce moment-là ?? Quel est le sujet de conversation ?? De la Rédemption complète de la Création, de l'arrivée de la Nouvelle Jérusalem ?? Non, mais...

Trop souvent, dans nos églises, on encourage les gens à prendre une décision émotionnelle, une décision superficielle. On leur fait jouer une petite musique siroteuse pendant l'appel afin de bien manipuler leurs émotions et on leur mentionne jamais (ou rarement) au moment de cet appel que la vie chrétienne comporte des risques, des sacrifices et des décisions difficiles. Ils devront l'apprendre tous seuls ! On leur vend de la camelote!! C'est triste mais il y a parmi nous un bon nombre de chrétiens qu'on a recruté avec ce genre d'appel "bonbon" et qui n'ont pas eu à calculer le prix personnel à payer en s'engageant dans la vie chrétienne[32]. Si on regard l'attitude adopté par l'apôtre Paul on constate qu'il a toujours annoncé un évangile exigeant, même si cela pouvait agacer des gens en autorité qui parfois avaient un pouvoir de vie ou de mort sur lui.

On constate aussi que Jésus dans son ministère ne faisait pas appel à la méthode "marketing" pour diffuser son message. Par exemple en Jean 8: 12-29 livre un discours sur sa relation avec le Père et son autorité. Quel est le résultat ? Au verset 30 on nous dit que "Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui". Mais que fait Jésus alors ? Leur offre t-il sur le champ de l'accepter comme Sauveur ? Leur offre t-il un bonbon sucré pour les "aider" dans le bon chemin ? Pas tout à fait…

On voit que la vie éternelle est capitale pour Jésus et il ne hésite pas à provoquer même ceux qui lui sont favorables afin que sa grâce fasse pleinement son effet dans leurs vies. Le "marketing" et la croissance du budget corporatif, très peu pour lui. On a récolté, à cause de cette négligence, une génération de chrétiens fades, qui tombent dans le péché sans discernement, sans même savoir ce qu'ils leur arrivent, sans même savoir comment résister. Personne, d'ailleurs, ne leur a dit qu'il fallait résister !! (car ça c'est "négatif" ce genre de chose, on leur a dit évidemment de confesser la "victoire" par contre !!). Ils sont confus, même en ce qui concerne les fondements de la foi et du comportement du chrétien. Se peut-il qu'ils sont des chrétiens superficiels tout simplement parce qu'ils ont répondu à un appel superficiel ?? Plus j'y pense d'ailleurs, plus je crois qu'il y le taux astronomique de divorces chez nous et du peu de persévérance que nous démontrons dans nos engagements est le reflet des engagements superficiels qu'on a encouragé vis-à-vis le Seigneur. Ce n'est pas sans rappeler l'avertissement que nous a donné le Seigneur en Luc 6: 46-49:

Chose certaine, on ne fera pas des missionnaires ou des pasteurs de ces chrétiens gavés de foi positive car c'est pas assez "payant". J'ai d'ailleurs entendu il y a peu de temps un évangéliste se plaindre de la piètre qualité des candidats actuels au pastorat. Il se plaignait surtout de leur attitude de plus en plus mercenaire et le peu d'esprit de sacrifice à la cause de l'évangile. Mais de quoi se plaint-il ? Il ne fait que récolter ce qu'il a semé car lui-même a enseigné partout cette doctrine de la "pensée positive chrétienne" (même si on peut constater grâce aux fruits qu'il porte qu'il avait un fondement mieux balancé que la doctrine qu'il enseigne) !! Même s'ils ont eu droit à des miracles, souvent ces chrétiens (convertis à la "pensée positive chrétienne") retournent graduellement dans le monde, car à un moment donné la vie chrétienne n'est plus "le fun". La persévérance, c'est platte. La gang de "chums" qui sont devenus chrétiens ensemble s'est disloquée ou ne marche plus. Ils ne touchent la vie chrétienne que superficiellement. Souvent il suffit d'un peu d'irritation avec des frères ou des soeurs dans le Seigneur ou encore d'un "bon" coup dur pour qu'ils retournent dans le monde. On peut parfois se demander même s'ils ont une quelconque idée que la vie chrétienne implique une repentance des péchés, un renoncement du monde, pas juste quelque chose sur papier, mais un vrai changement de vie. Ils ne démontrent pas de conversion profonde. Il y a beaucoup de ces gens qui sont passés par les portes "tournantes" de notre assemblée. Plusieurs d'entre eux, comme de "bons catholiques", viennent encore à nos réunions à Noël ou à Pâques, mais on ne les voit presque pas autrement sauf s'il y a une occasion "spéciale".

Je me suis déjà demandé ce qui nous arriverait s'il advenait une vraie persécution chez nous. Sans que ça devienne aussi dure qu'en URSS comme sous Staline où un chrétien qui témoignait ou organisait des réunions se ramassait avec 25 ans (ferme) de travaux dans des camps de concentration en Sibérie. La plupart n'en revenait pas... Disons qu'il s'agisse seulement d'une persécution économique. Disons que le prix pour demeurer chrétien fidèle soit celle-ci: renier Jésus comme seul Sauveur et garder son travail (ou s'en faire offrir un bon si on n'en a pas) ou encore accepter un travail payé au moitié du présent salaire. Je me demande si même la moitié de notre assemblée resteraient fidèles. On est bien attaché à notre niveau de vie... plus qu'on ne le pense. Je crains que notre grande "foi" ne tombe comme une façade pastiche, comme une grande illusion. On verrait se manifester à ce moment-là quelle est notre force de persévérance réelle. Je me demande, si une épreuve réelle de notre foi surviendrait, si vraiment on serait prêt ??? Qu'en resterait-il ?? On ne se pose jamais la question: Voulons nous peut être un peu trop les bénédictions ?? Serions nous réellement prêts à mourir pour Christ si nos circonstances le demandaient ? Écoutez ces paroles de Richard Wurmbrand[33] qui a enduré 14 ans dans les camps communistes de la Roumanie pour sa foi.

Parfois je me demande si une parole prophétique véritable venait à la porte de nos église évangéliques nord-américaines, si elle ne serait pas la suivante:

Un autre aspect de la Parole qu'on néglige à mon avis à cause de la mode de la pensée positive chrétienne c'est la confession des péchés parce que ça contredit directement l'idée de ne confesser que des choses positives. Remarque qu'il y a peut être pas rapport... mais ce n'est pas grave. Ce qui est grave c'est qu'on puisse négliger un enseignement clair de la Parole (Jacques 5: 16 et 1 Jean 1: 9).

J'ai déjà pensé à une formule qu'on pourrait mettre en pratique chez nous. Ça serait de demander ceux et celles qui avancent pour la repentance d'avouer leur péchés à Dieu. L'idée, ici, ce n'est pas que ça devienne quelque chose de morbide et que tous soient mis au courant des vols, adultères ou mensonges que certains ont pu faire. Ça ne glorifierait que la chaire. Il faudrait demander tout simplement les personnes avancées d'avouer les fautes dont ils sont conscients à Dieu et en leur disant explicitement que personne d'autre n'a à être au courant. Il ne faut pas non plus encourager certaines personnes à débuter des recherches morbides pour leur péché contre le Saint Esprit, c'est pourquoi il faut leur dire de s'en tenir à des péchés dont ils sont conscients (distinguer entre culpabilité et condamnation).

Mon intérêt premier ici ce n'est pas d'imposer absolument l'idée de la confession des péchés au moment de la conversion, mais plutôt m'assurer que cet enseignement devient effectivement enseigné et pratiqué chez nous. Le lieu de la mettre en pratique ne me préoccupe pas tellement, car je crois que l'Esprit Saint peut nous donner la sagesse pour nous montrer le meilleur moyen. Je pense, par contre, que si cet enseignement apparait dans la Parole (même si ce n'est pas aussi important que d'autres) il ne faut pas le négliger car il n'a sûrement pas été mis là pour rien !! Je crois qu'il peut être une source de victoire sur le péché. C'est surtout dans le cas de personnes qui luttent avec un péché chronique, qu'il peut être utile d'avouer ses péchés à un frère ou à une soeur fiable[34] afin que celui qui lutte puisse avoir un support dans la prière et avoir quelqu'un à qui répondre de son progrès (en accord avec Jacques 5: 16). Sachant que quelqu'un est au courant de sa situation peut inciter une personne à se surveiller d'avantage. Ceux qui ont beaucoup d'expérience dans le "counseling" en auront plus long à dire que moi là-dessus, mais je mets ceci sur la table car je crois que c'est un aspect de sa Parole qu'on néglige chez nous et ce, à notre détriment.

Si on résume la situation, la pensée positive "chrétienne" a tendance (inconsciemment) à ne plus parler des choses "négatives" de la Parole comme:

À mon avis la pire hérésie qui a touché les églises de pentecôte au 20e siècle c'est le fameux mouvement «Word-Faith», dont l'Évangile de prospérité (ou évangile de Mammon...) n'est qu'une manifestation «plus extrême». En tant qu'Église et en tant que dénomination depuis le début des années 80, les pentecôtistes se sont gavés de la "pensée positive chrétienne". Je crois qu'en tant que dénomination nous sommes coupables devant Dieu et qu'on a, pendant 15 ans maintenant, creusé des "citernes crevassées[36]" et nous en payons maintenant les conséquences. Si on s'en repent, Gloire à Dieu, mais je crois qu'il faut se repentir chacun en proportion de notre implication dans la chose, c'est-à-dire que ceux qui l'ont activement enseigné devraient y renoncer en publique[37], car cette "évangile" n'a pas été transmis en cachette. On a chacun à se repentir pour sa part, mais si ceux qui l'ont propagé ne s'en repentent pas réellement, Dieu pourra tout de même amener le réveil dont on a tant besoin, mais ceux-ci risquent d'être mis de coté. Personne n'est indispensable. Si j'étais moi-même dans cette position-là, je ne voudrais pas prendre cette chance.

Je m'attends pas vraiment qu'on me comprenne, mais si un évangélique américain publie un livre qui dit la même chose et qu'on le traduit de français il est sûr ce cela se vendra et ce sera sans doute la révélation…



NOTA: Il y a un certain moment j'ai eu à coeur d'écrire une note à un groupe de vieux amis chrétiens qui ont suivit le Seigneur à l'université tout comme moi. Dans cette lettre, entre autres je réfléchissais sur la difficulté qu'ont bien des chrétiens de notre génération à faire face aux épreuves et aux tragédies.



Je me rends compte aussi d'une chose, c'est que nous sommes mal préparés à tous ces coups durs qui arrivent depuis un bout de temps. On s'est fait gavé pendant tellement longtemps de l'idée bien nord-américaine que la vie chrétienne c'est une pluie de bénédictions sans arrêt et qu'il suffit d'un peu de volonté (foi) pour avoir ce que l'on veut. David Wilkerson[38] fait les remarques suivantes sur ce genre de prédication:

Il n'est pas étonnant que nos jeunes gens s'abandonnent à la défaite. Ils ne peuvent conformer leur vie à l'image créée par la religion, d'un chrétien sans souci, riche, qui réussit, qui a toujours des pensées positives. Leur monde n'est pas aussi idéaliste que cela. Ils regardent dans un miroir qui réfléchit un visage couvert de vilains boutons. Ils vivent avec des chagrins poignants, des crises qui se succèdent et d'affreux problèmes de famille. Leurs amis sont esclaves de la drogue et meurent de tous côtés. Ils envisagent avec inquiétude l'avenir si incertain. Solitude, crainte et dépression les poursuivent journellement." (p. 44-45)

Si donc ça va mal, c'est qu'on n'a pas assez de volonté (foi). Évidemment dans les prêches que l'on entend sur ce sujet, on parle toujours de foi, mais si on y regarde de plus près on se rend compte que cette idée de foi n'est pas vraiment biblique et que ça s'inspire beaucoup plus de la pensée positive mondaine que sur la Parole. Ce que l'on nous propose ressemble beaucoup plus à une recette ou une clé pour avoir ce que l'on veut dans la vie. Cette évangile nous présente une version simpliste de notre relation avec Dieu et dénaturé ce qu'est la foi biblique. Dans la Parole, la foi est lié à une relation avec une PERSONNE. Une personne que l'on apprend à connaître et en qui on vient à faire confiance. Ce n'est pas une machine à gomme balounne dans laquelle on met notre 25¢ et que l'on nous donne notre bebelle.

Un chrétien que je connais un peu a eu un gros coup dur dernièrement. Alors qu'il était en voiture avec sa femme et son enfant, ils ont été impliqués dans un accident et sa femme et son enfant sont morts. Aujourd'hui il ne suit plus le Seigneur. Évidemment, la réalité de la grâce est toujours là et il peut revenir, mais c'est pas sûr. Je pourrais vous en conter bien des histoires dans le genre et probablement vous en connaissez quelques unes aussi mais je pense que vous me comprenez. Notre génération se fait "poigner les culottes à terre" par les épreuves et les tribulations. On ne s'y attend pas du tout. J'ai l'impression que ça vient de notre mentalité nord-américaine que tout nous est dû, le bonheur, etc. Depuis la 2e guerre mondiale les populations de l'Amérique du Nord (et du monde développé) ont bénéficié d'une croissance presque continue de l'économie et du niveau de vie. Pour ces populations, cette croissance du niveau de vie est conçu presque comme un droit. Pourquoi pensez-vous que les gens hurlent et protestent avec tant d'ardeur les coupures de services et fermeture d'hôpitaux ? Et nous les pentecôtistes, on ne fais pas tellement mieux, à la différence qu'on élargie notre notion de "niveau de vie" pour inclure le spirituelle et Dieu remplace le gouvernement. Ce dieu de la pensée positive chrétienne a donc comme contrat d'augmenter continuellement notre niveau de vie spirituelle, sociale, matérielle, etc. en autant que nous nous utilisons la bonne recette de "foi". Je crois que les pasteurs qui ont enseigné ces choses vont avoir à se repentir en publique ou seront mis de coté par le Seigneur éventuellement. Je ne blâme pas que les pasteurs ou évangélistes pour cet état de choses car s'ils ont eu tellement de succès à enseigner ses choses c'est que, nous le peuple de Dieu, on avait envie d'entendre ce genre de message aussi. La Parole a toujours été là. On est sans excuses nous aussi. On avait juste à faire comme les juifs de Bérée (Actes 17: 10-11).

Si l'on regarde dans la Parole, il est clair dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau que la vie de ceux qui aiment Dieu n'est pas toujours un cadeau et qu'il n'y a pas de recette magique pour régler tous nos "bobos". "Toute la création gémit et attend la révélation des fils de Dieu". Jésus lui-même nous a clairement annoncé ce que le suivre pourrait signifier.

Observez un peu comment l'apôtre Paul annonçait la "bonne" nouvelle suivante aux nouveaux dans son ministère:

"Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un certain nombre de disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche, fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu." (Actes 14: 21-22)

Et dans ses épîtres pour encourager les chrétiens dont il avait la charge:

Combien de nos pasteurs auraient le "guts" d'en faire autant, je me le demande... De toutes façon ce n'est pas un message que beaucoup veulent entendre de toute manière. Malheureusement, si on ne nous l'enseigne pas c'est la réalité qui vient nous l'apprendre et ça c'est beaucoup plus dur. Ce qui est le plus triste, c'est que de nombreux vieux chrétiens tombent parce que leur engagement était, au bout du compte, trop superficiel. Parfois on vient au Seigneur et on dit qu'on Lui a donné notre "vie". Mais qu'est-ce que ça veut dire "donner sa vie au Seigneur" ? Souvent pas grand chose car au fond on suit le Seigneur en espérant que ça nous rapportera certaines "dividendes". Ça dépend de la personne. Pour certains ça peut être très important d'avoir un époux (ou épouse) et si ça ne marche pas assez vite alors "bonjour la visite" ! Pour d'autres ça peut être une exigence secrète que les chrétiens soient gentils avec lui (ou elle) car cette personne a subit XYZ choses avant de venir au Seigneur et si les chrétiens ne sont pas assez gentils à un certain moment là aussi c'est bonjour... Tant il y a de personnalités différentes tant il peut y avoir de petites idoles différentes cachées dans le fond du coeur. Et tôt ou tard, dans notre marche avec le Seigneur, on entendra Sa voix qui nous demande: "Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ???" (Jean 6: 68)

Les réalités de la vie chrétienne sont dures et parfois on ne veut pas y faire face, mais les circonstances de notre vie nous y forcent. Je pense qu'en général dans le mouvement de la Pentecôte on se leurre beaucoup sur notre niveau spirituel. On est bien fier d'avoir les dons de l'Esprit Saint et on s'en "pette" les bretelles en faisant "flasher" nos statistiques de croissance d'assemblées (relativement aux autres dénominations évangéliques). Mais nous, en Amérique du nord, on n'a jamais vraiment été éprouvé de manière sérieuse comme par exemple les frères et soeurs dans les pays communistes ou musulmans qui ont pu l'être (ou peuvent l'être encore...). On est beaucoup comme Pierre qui croyait se connaître mais... "Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. Jésus répondit: Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu m'aies renié trois fois." (Jean 13: 36-37) Mon impression c'est qu'on est probablement beaucoup plus bébé gâté et moins mature qu'on ne le croit.

Ne pensez pas que je suis rendu au point de croire que la vie chrétienne c'est juste faire son "purgatoire". Non. Je crois encore aux miracles et aux dons et j'y aspire toujours. On nous parle qu'au Québec qu'on est dû depuis longtemps pour un grand réveil. Je veux bien y croire mais sans un mouvement profond de repentance dans le Corps de Christ, je n'y crois pas du tout, c'est des rêves vains et rien de plus. Si on ne s'examine pas soi-même.corporativement pour réparer toutes nos divisions, nos blessures, nos coups bas et nos calomnies, le "réveil" on peut l'oublier. On s'apercevra peut-être que l'Esprit Saint est justement un Esprit SAINT qui souffle où il veut et qu'il ira s'amuser ailleurs où les gens sont plus ouverts à son action. On n'a pas de monopole dessus quoi qu'on dise... Historiquement, les réveils ont toujours suivi un mouvement de repentance dans le peuple de Dieu au moment où l'Église était rendu impotente et corrompue. Assez souvent c'est un petit nombre de personnes qui ont tout déclenché. Si on espère un réveil juste à force de prière ou de louange (pas parce que c'est mauvais) on se leurre. Je suis de plus en plus convaincu que le réveil qui bougeait dans nos églises à la fin des années 70, début 80, qui s'est arrêté peu de temps après dû à l'influence grandissante de l'évangile de la pensée positive chrétienne. A mon avis ce réveil est mort parce qu'on est allé se creuser des citernes crevassés en cherchant un message qui flatte nos oreilles de nord-américains. On aime bien, dans la PAOC, de se targuer d'être un mouvement du "plein évangile" mais lorsqu'on y regarde de plus près on se rend compte que c'est faux car sous l'influence de "l'Évangile de la pensée positive chrétienne" on a tendance à prendre dans la Parole que ce qui nous bénit, ce qui est positif (ce qui fait notre affaire) et le reste on l'ignore. Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que nos mouvements charismatiques et de la Pentecôte ont leurs racines dans le "Holiness Movement" ou mouvement pour la sanctification au début du 20e siècle. A cette époque, on ne cherchait même pas les dons ou des expériences émotionnelles fortes (que nous aimons tant), mais la sainteté ! Règle générale, la sainteté ce n'est pas un sujet qui "pogne" beaucoup aujourd'hui. Que le réveil suit une recherche de sanctification et de repentance de la part du peuple de Dieu correspond bien non seulement à ce que nous enseignent les réveils évangéliques du passé mais aussi la Parole. Acte 3: 19-20.

Mais, tu me diras, il y a toujours un autre coté de la médaille évidemment... Oui, c'est sûr. Il y a malheureusement trop de manières à aboutir à une église déséquilibrée. Je crois la raison principale pourquoi on ne parle pratiquement plus de sainteté et de sanctification dans nos églises pentecôtistes aujourd'hui c'est que ça dégénère trop facilement en légalisme. Un légalisme qui tue très efficacement la joie du chrétien sous la grâce. Les petites "recommandations" du pasteur deviennent vite des règles absolues[40]. Comme les interdictions d'aller danser ou d'aller au cinéma qui ont caractérisé les évangéliques pendant des décennies. Ou, plus près de nous[41] de regarder la télévision ou écouter la musique rock. (Cette attitude "fais pas ci, fais pas ça" est un facteur très important expliquant notre stérilité culturelle). Dans ces églises, la grâce devient oubliée (ou mal comprise) et la vie chrétienne devient une question de performance. Les chrétiens se surveillent mutuellement et se font inquisiteurs et juges. A ce moment-là, bien que ce soit contraire à nos déclarations de foi, dans le pratique on agit comme s'il faut gagner son ciel comme un bon Catholique ou Témoins de Jéhovah.

J'ai l'impression qu'une église équilibrée (sur la question grâce <=> sanctification) est pratiquement un miracle. Une perle rare. Un peu comme un funambuliste qui marche sur une corde raide. Même s'il a fait un grand bout de chemin déjà, ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas tomber au prochain pas. A mon avis, aujourd'hui, dans la majorité de nos églises APdC le message de la sanctification a besoin d'être prêché et entendu comme jamais auparavant. Dans nos églises on a tendance à croire que la repentance c'est bon juste pour les nouveaux, mais à mon avis on en a besoin de la tête jusqu'au pieds chez nous...

Quand je regarde l'état de l'Église en Amérique du nord ce que je ressens c'est pas qu'une pluie de bénédictions et qu'un grand réveil nous est réservée mais plutôt des choses dures[42].

Plus ça va, moins c'est "payant' d'être chrétien. Je n'ai pas vraiment l'impression qu'on a apprit grand chose de l'histoire d'Israël quand on regarde ce qui se passe parmi nous. Qui dit que ce que l'avenir nous réserve ce n'est pas des temps de folie et de jugement (comme on peut en voir dans le film la Liste de Schindler par exemple) ?? Le coeur de l'homme a-t-il tellement changé (pour le mieux) depuis la 2e guerre mondiale ? Notre génération se confie-t-il plus en Dieu ? Que doit penser Dieu de l'avortement, des guerres, nos perversions sexuelles, le matérialisme, etc. de notre génération ? Personnellement, si j'étais dans un position d'influence, je préférais préparer les nouveaux chrétiens pour le pire des circonstances, et si je me trompe (et que le temps de grâce perdure) j'aurais fait au moins des chrétiens solides. Si au contraire, je les enseigne et je nourrit leurs attentes que la vie chrétienne est une suite ininterrompu de victoires et de bénédictions en utilisant une recette de foi simpliste, si vient le jugement dans notre génération, je prépare un désastre: ces gens seront mûres pour l'apostasie et l'abandon des voies du Christ dans un moment d'épreuve. Dans nos églises on aime trop entendre parler de bénédictions et pas assez d'une marche en intégrité devant notre Dieu. Depuis quand avez-vous entendu un sermon du genre suivant ?

Réfléchissez un peu aux premiers chrétiens qui ont bouleversé le monde antique. Ils ont secoué une génération semblable à la notre, une génération blasée et saturée de philosophies et de religions à plus à n'en finir. Ils les ont conduit au Seigneur. Quel effet a-t-on sur notre génération ? Qu'avaient-ils qu'on n'a pas ? Si la première génération de chrétiens suivaient un homme crucifié, les preachers Word-Faith n'ont rien crucifié. Ils ne savent rien à ce sujet. Eux, ce sont plutôt des nuages sans eau (Jude 12), des manipulateurs de paroles. Je crois qu'ils avaient une marche intègre (produit d'une repentence RÉELLE) et aussi un engagement profondément réfléchi vis-à-vis le Seigneur jusqu'à la mort. On dit que c'est le sang des martyres qui a répandu le christianisme plus que tout autre chose, car cette génération de païens blasés a vu quelque chose de nouveau. Non pas une nouvelle religion (car il y en pleuvait déjà dans l'empire romain), mais des gens qui étaient prêts à mourir pour leur Seigneur et leurs convictions. Serions nous prêts à en faire autant si les circonstances nous le demandaient ?? Nos convictions sont-elles aussi importantes à nos yeux, aussi ancrées. ?? Serions nous mêmes prêts à donner à l'oeuvre de Dieu s'il n'y avait plus de retour d'impôt ?? Resterions-nous chrétiens si c'était moins "payant" ?? Dans les Évangiles, lorsque Christ annonce ses souffrances et sa mort aux disciples, Pierre le reprends et dit (je paraphrase) "Non, non Seigneur, ça ne se peut pas !! Tu est sans doute destiné à la gloire et au succès". Le Seigneur réplique immédiatement en disant:

Si on retrace les origines de ce mouvement de la "pensée positive chrétienne" chez nous je crois que l'on rencontrera d'abord des auteurs assez près de nous comme Kenneth Hagin, T.L. Osborn[43], Robert Schuller (avec son Cristal Cathedral). Ce sont des auteurs que l'on peut situer dans (ou près du) mouvement évangélique. Plus on remonte dans le temps plus on rencontre des auteurs qui sont marginaux par rapport au mouvement évangélique (comme Harry Emerson Fosdick ou Normand Vincent-Peale et son livre le plus connu "The Power of Positive Thinking") et d'autres comme Joseph Murphy qui n'a plus rien à voir avec une position évangélique (bien qu'il peut exploiter des versets bibliques à l'occasion pour mettre un vernis "chrétien" et vendre des livres aux évangéliques naïfs). Des auteurs comme Murphy ont dû s'inspirer de véritables païens comme F. Nietzche (1844-1900) qui, avait proclamé que "Dieu est mort !". Dans ses livres Nietzche (au niveau philosophique, un vrai humaniste) exaltait la volonté[44], la puissance dans l'homme et parlait d'une ère nouvelle dominée par des "surhommes". Hitler, entre autres, s'est beaucoup inspiré de Nietzche. Et l'intellectuel français Juilien Benda qui, dans son livre Trahison des clercs[44a], a exploré la montée d'idéologies aux influences darwininiennes, exhaltant en particuliier la lutte et la violence, a brièvement noté un ancêtre païen de l'Évangile de prospérité (1927: chap 3)

La religion du succès, je veux dire cet enseignement selon lequel la volonté qui se réalise comporte, de ce seul fait, une valeur morale, cependant que celle qui échoue est, par cela seul, digne de mépris. Cette philosophie, qui est professée par maint docteur moderne dans l’ordre politique – on peut dire par tous en Allemagne depuis Hegel, par un grand nombre en France depuis de Maistre – l’est aussi dans l’ordre privé et y porte ses fruits : on ne compte plus aujourd’hui, dans le monde dit pensant, les personnes qui croient prouver leur patriciat moral en déclarant leur estime systématique pour ceux qui « réussissent », leur mépris pour l’effort malheureux. Tel moraliste porte au compte de la valeur d’âme de Napoléon son dédain pour les « malchanceux » ; tel autre en fait autant pour Mazarin, tel pour Vauban, tel pour Mussolini.

On est en bonne compagnie n'est-ce pas ?? Les auteurs plus près du mouvement évangélique ont beaucoup fait pour "christianiser" cette philosophie païenne et la rendre populaire parmi nous. Je dois avouer que cette reconstruction des origines de la "pensée positive chrétienne" est hypothétique car je n'ai pas eu le temps de tout retracer ces ouvrages, mais ça pourrait être assez difficile même avec tous les ouvrages en main car (dans le cas des auteurs chrétiens en tout cas) on ne cite rarement les sources d'où vient l'inspiration. Règle générale ces livres n'ont pas de bibliographie.

Si on regarde l'histoire de l'Église, on constate que l'absorption d'idées du monde n'est pas nouvelle. Aux premiers siècles de l'église la culture dominante était la culture grecque. Même si c'était l'époque de l'empire romain, les philosophes grecs commandaient le plus de respect. Chez les philosophes gnostiques[45] on croyait, entre autres, que ce qui est spirituel (ou abstrait, comme la géométrie) était bon, et ce qui est corporel ou matériel est mauvais ou méprisable. Les chrétiens de l'époque, intimidés par cette culture dominante, ont fini, avec le passage du temps, par absorber un certain nombre de ces idées et cette attitude vis-à-vis le monde (où s'opposent le matériel et le spirituel) et c'est pour cette raison qu'on fini par regarder la sexualité comme quelque chose de mauvais ou de méprisable et, conséquemment on en vint à regarder les leaders non-mariés comme étant plus "spirituels". L'idée des monastères et les ordres religieux non-mariés a sa source dans cette philosophie païenne aussi. Augustin (4e siècle) qui avant de devenir chrétien a été manichéen est un de ceux qui introduisirent de telles idées.

Aujourd'hui, peut être par la force des choses, ça devient un peu plus "à la mode" dans nos milieux évangéliques de parler de souffrance et de la sanctification. On peut trouver de bon livres sur la souffrance dans la vie chrétienne. Il y a 15 ans il était bien difficile même d'admettre qu'un bon chrétien pouvait vraiment souffrir. Dans les milieux évangéliques anglophones maintenant on commence à rencontrer aussi un certain nombre de livres qui apportent un regard critique sur ce que j'appelle la "pensée positive chrétienne". Entre autres "Christianity in Crisis" par Hank Hanegraaf[46] ou "Reckless Faith: When the Church Loses Its Will to Discern." par John F. MacArthur Jr. ou "No Place for Truth: Or Whatever Happened to Evangelical Theology ?" par David F. Wells ou "A Different Gospel." par D.R. McConnell. Sur les babillards électroniques chrétiens sur Internet, on entend de plus en plus de critiques aussi de l'évangile de la "pensée positive chrétienne" ou le "Word-Faith movement".

Lisez ce que nous disait déjà A. W. Tozer en 1961:

Peut être dans les temps à venir on posera la question suivante aux chrétiens de notre génération: "Pourquoi n'avez-vous pas cherché avec autant d'ardeur l'obéissance que les bénédictions ?" Pour ma part, je demande aux pasteurs de bien considérer le contenu de cette lettre, car ils sont dans des positions d'influence et avec cette position d'influence vient aussi des responsabilités. En Jacques 3: 1 on indique:

En 1 Corinthiens 3: 11-15 on nous indique de bien considérer la valeur des choses que nous faisons dans cette vie, car certaines seront jetés au feu, étant sans valeur:

Un dernier mot:


Note ajoutée le 6/3/2009

À la télé, un tsunamis économique s'annonce sur l'Amérique, un tsunamis que rien ne semble arrêter, même les milliers de milliards de dollars ou d'Euros lancés en l'air par nos dirigeants dans leur panique. Et dans mon cœur, il y a une grande douleur, car je ressens depuis quelques années déjà qu'un jugement de Dieu s'en vient sur l'Amérique et que l'Église n'est pas prête d'y faire face. Dans la dernière génération, l'Ennemi a exploité nos leaders évangéliques pour répandre un évangile superficiel, un évangile flatteur et sans repentance. Le mensonge en somme. Ayant semé toutes ces années de l'ivraie dans l'église plutôt que nous soyons un peuple porteur de lumière et d'un témoignage cohérent, nous avons un taux de divorce comme le monde, nos leaders sont silencieux sur des questions telles l'avortement et le mariage gai. Nous ne jouons pas notre rôle de sel de la Terre dans notre génération. À bien des égards nous aussi on est digne de jugement. Tandis que le monde bascule autour de nous, nous devrions être prêts pour un réveil glorieux, mais nous sommes plutôt des instruments inutiles dans Ses mains.

Mon cœur est dans la douleur, car aucun de ces leaders évangéliques qui ont répandu cet évangile superficiel ne reconnaît son péché pour s'en repentir. Mon cœur me dit qu'il ne nous reste que peu de temps avant ce jugement. Et parce que nous dormons et forniquons avec la pensée et le comportement du monde, le même jugement nous trouvera aussi. Si nous nous repentons, qui sait ce que Dieu peut faire, mais malheur à nous si on ne se réveille pas rapidement. Comme Lot, dans notre orgueil nous croyons que le jugement ne viendra jamais contre notre société ou sur nous! Le cœur de Lot était à ce point attaché au style de vie de Sodome et Gomorrhe que même arraché au jugement de Dieu, il a emporté Sodome avec lui dans son cœur et s'est retrouvé ivre mort dans une caverne à forniquer avec ses enfants et dont les descendants plus lointains deviendront ennemis du peuple de Dieu. Désolé de vous choquer ainsi, mais il faut se rappeler que les Écritures nous ont été données pour nous avertir.


Epitaphe

WE BELIEVE SO WELL
by Mark Heard.
Album: Ashes and Light

As our conversation swells
and our patience somehow lingers
And accusing fingers shout
about insensitivity
Don't we oscillate so well
Within our fundamental boundaries
While fiery foundries melt us down and kill tranquillity

But we believe so well don't we tell ourselves
Don't we take exclusive pride
that we abide so far from hell?
We might laugh together
but don't we cry alone
For the ashes and the dust we've swept
beneath the holy throne.

As our hidden candor dies
and our realism falters
And the altars of our hearts
close up in insecurity
We believe that all is well
we perceive ourselves as unshaken
While standing on the precipice
of what will never be

But we believe so well
don't we tell ourselves
Don't we take exclusive pride
that we abide so far from hell?
We might laugh together
but don't we cry alone
For the ashes and the dust
we've swept beneath the Holy throne.


Autres ressources

God doesn't need Ole Anthony

Au point de rupture. David Wilkerson


Notes

[1]- Assemblées de la Pentecôte du Canada.

[2]- Sur ce point pas besoin de faire de long discours. Pas besoin d'être expert en statistique pour savoir que si en tant que assemblée, (ou mouvement: la PAOC) on stagne (ou régresse ???!) au niveau de la croissance du nombre de gens qui assistent à nos réunions, ça reflète "certains problèmes". La solution simpliste c'est de dire qu'on a "besoin d'un réveil". C'est vrai qu'on a besoin d'un réveil, mais faut peut être aller plus loin et oser se demander "Pourquoi on a besoin d'un réveil" ?? La (ou les) réponse(s) à cette question nous sera très utile pour nous diriger vers un réveil profond plutôt que de se contenter de quelques spectacles pentecôtistes où souffle un grand vent d'émotions comme on aime tant. Mais bon nombre des vents d'émotions que j'ai vu dans le passé ne changent rien en profondeur et ont très peu d'effets à long terme.

[3]- Quand je dis "mode" ici je veux vraiment dire mode dans le sens mondaine. Tout comme il y a des modes vestimentaires qui vont et viennent il y a des "modes" théologiques dans les milieux pastoraux évangéliques qui vont et qui viennent et il semble pas y avoir beaucoup de personnes qui s'arrêtent pour se poser la question: D'où vient cette mode et rend-elle vraiment justice au plein conseil de la Parole de Dieu? Est-on seulement en train d'imiter le monde "de manière chrétienne" ?

[3a]- Le chapitre 1 (pp.29-39) du livre Christianity in Crisis par Hank Hanegraaf (1993) décrit les penseurs séculiers (impliqués dans le mouvement New Thought) tels que Phineas Quimby, Warren Evans dont les concepts ont été ré-emballés pour un auditoire évangélique par EW Kenyon et William Barnham, auteurs qui ont par la suite influencé les propagandistes plus connus du Word-Faith tels que T. L. Osborn, Kenneth Copland et Kenneth Hagin.

[4]- Par "recette" je veux dire une ensemble de moyens (plus ou moins bibliques) pour faire "marcher" sa foi, afin de recevoir ce que l'on demande.

[5]- p. 162 de Prêt à tout abandonner ? Éditions Vida 1980/1982.

[6]- Jetez un coup d'oeil a ce paraphrase de 1Cor. 1: 21-25.

"Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles, les Grecs cherchent la sagesse [et les nord-américains du 20e siècle des bénédictions ]: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs, folie pour les païens [et sujet sans intérêt pour les nord-américains], mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes."

[7]- Je me suis déjà posé la question quant à savoir ce que les chrétiens des pays communiste pouvaient penser de cette mode théologique nord américain. J'ai en la réponse dans un bulletin de "La voix des martyrs" publié par Aide aux Églises Martyres (Bulletin d'information 11; nov. 1991, p. 3)

[8]- D'ailleurs, sur ce point je me souviens d'avoir vu dans notre assemblée à plus d'une reprise pendant des "réunions de guérison" un évangéliste disant aux malades (avant de faire l'appel pour ceux qui désirent la prière pour la guérison) qu'il n'était pas intéressé à prier pour ceux qui n'avait pas une foi ferme (en se basant sur Jac 1: 6-8). Que ceux qui n'avaient pas la foi pour la guérison restent assis. Qu'ils ne prennent même pas la peine de se lever. Que c'est plein de compassion, que c'est commode surtout car comme Pilate il peut se laver complètement les mains quant aux résultats de ces prières de "foi" ! S'il n'y a pas de résultat, tout est de la faute de celui qui présente son besoin. Au bout du compte en fait, ce genre de "guérisseur" peut se passer complètement d'avoir la foi lui-même car il peut se fier sur la foi de ceux qui viennent à l'avant. Tout ce qu'il doit faire pour réussir sa soirée c'est de "pomper" la "foi" de ses auditeurs pendant sa prédication et ensuite "siphonner" cette "foi" au moment de la prière de la guérison. Quel contraste cette attitude avec celle de Pierre et Jean à la Belle Porte qui ne demandent rien, mais qui savent très bien ce qu'ils ont. Ils n'ont pas à siphonner la foi de quelqu'un d'autre, ils donnent tout simplement: "Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui, et dit: Regarde-nous. Et il les regarda attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Alors Pierre lui dit: Je n'ai ni argent, ni or; mais ce que j'ai, je te le donne; au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche." (Actes 3: 4-6) Si on ne voit pas de telles choses parmi nous peut être est-ce dû au fait qu'on a trop foi en la "foi" et non pas en Dieu ??

[9]- Dans "Man's Origin, Man's Destiny: A Critical Survey of the Principles of Evolution and Christianity." Bethany Fellowship Minneappolis Minn. 1968 320 p.

[10]- Voici ce qu'en dit d'ailleurs un naturaliste anglais, David Hull, sur le dieu que nous révèle la science évolutionniste:

[11]- publié dans la revue Hospital & Community Psychiatry 1992 Vol. 43 No. 12 pp. 1204-1208.

[12]- Je crois, par contre, qu'il est légitime de supposer que les deux autres facteurs proposés dans 1 et 2 peuvent contribuer aux résultats quand même, mais de manière secondaire seulement.

[13]- En y pensant un peu plus, j'y suis moins sûr. Il y a eu une poussée fantastique de la part des évangélistes de la "pensé positive chrétienne" à répandre cette doctrine partout dans le monde. Je me demande s'il reste vraiment des endroits où les chrétiens n'ont pas été touché à un degré divers.

[14]- Ce qui rappel un passage de C. S. Lewis: "That Hideous Strength." Collier/MacMillan New York 1946/1965 382 p.

[15]- Tiré d'un article intitulé "Interview: A conversation with Ben Okafor." pp. 61-64 de la revue Cornerstone vol. 25 no. 110 1996.

[16]- Petite entreprise minable aux conditions de travail pourries et où l'on paie des salaires de crève-faim. On largue par-dessus bord le individus qui ne sont plus productifs. Pas de syndicats évidemment...

[17]- L'histoire de Golgotha se répète. pp. 1-3 Bulletin: L'Entraide fraternelle des Églises mars 2000.

[18]- Bulletin: L'Entraide fraternelle des Églises juin 2000.

[19]- C. René Padilla An Age of Liberation. pp. 612-640 in Dowley, Tim. (éd.); Briggs, John H. Y.; Linder, Robert D.; Wright, David F. "Eerdman's Handbook to the History of Christianity." Eerdmans Grand Rapids MI 1977/1987 656 p.

[20]- Dans mon cas j'ai beaucoup appris de mon père ,qui ne connait toujours pas le Seigneur. Malgré cela, il pourrait en montrer pas mal à plusieurs "bons chrétiens".

[21]- Sinon, il s'agirait d'un Dieu impitoyable qui ne permettant aucun écart d'attitude "négative" de la part de ses enfants sinon...

[22]- Ceux qui lisent le livre de Job avec les lunettes de la pensée positive chrétienne ne peuvent résoudre l'énigme de ce livre autrement qu'en cherchant une faute cachée qu'aurais commis Job. Leur verset favori est donc Job 3:25 "Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint." C'est donc que Job a manquée de foi. C'est ça la source de ses épreuves! On dirais qu'ils on n'ont jamais lu l'introduction où on voit bien clairement que la source de ses épreuves vient d'une séries d'accusations de Satan. D'ailleurs à la fin de cette histoire, Dieu lui-même exonère Job devant ses "amis."

[23]- Depuis 2 ans environ je dirais que c'est moins vrai.

[24]- tiré de "The God They Never Knew" (Bible Voice Publishers Van Nuys California 1978)

[25]- Nous on trouve ce phénomène des prophéties "positives" et flatteurs "pas si pire", mais Dieu, dans l'Ancien Testament, est assez sévère contre ce genre de chose car cela diminue l'impact de SA Parole quant elle arrive:

[26]- Recemment je me suis rendu compte que je ne suis pas le premier à faire ce constat. A. W. Tozer, un évangélique américain surtout actif dans les années 60 a fait les remarques suivantes (That Incredible Christian. Tyndale House 1964)

[27] Francis Scheaffer, pour sa part, expose un phénomène particulièrement choquant::

Actes 14: 21-22 "Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un certain nombre de disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche, fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et ]disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu." C'est curieux qu'on ne verrait jamais un pasteur pentecôtiste procéder de la sorte pour motiver les nouveaux convertis par exemple!! Ça "poignerait" tu ??

[28]- Dans les faits, on parle rarement de "repentance" dans nos églises. On parle plutôt de "donner sa vie au Seigneur", ce qui est devenu, dans la majorité des cas, des mots vides de contenu. On y met ce qu'on veut, et bien des gens le comprennent de la manière suivante: comme un contrat.

C'est curieux comment on s'est subtilement éloigné de la Parole de Dieu sur des points aussi fondamentaux. J'ai été surpris de constater qu'un de nos termes évangéliques favoris, "conversion" (en grec "épistrophè"), n'apparaît qu'une seule fois dans le NT (Actes 15: 3). Cette notion implique deux aspects: avoir foi en Dieu pour le salut (penser au bon laron) et la repentance. Lorsque Pierre rend compte de la repentance des paiens (chez Corneille, Actes 11: 18) on s'exclame pas que "Dieu a béni (ou touché) les paiens" mais plutôt: "Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie!" Sur l'importance de la repentance (porter des fruits visibles) dans la vie chrétienne Jacques (2: 26) dit sans compromis "Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte."

[29]- disette ou manque.

[30]- Tiré de Postmodern Times (Crossway Books Wheaton IL 1994 256 p.)

[31]- La Bible en français courant dit (v. 31): "Ils parlaient avec Jésus de la façon dont il allait accomplir sa mission en mourant à Jérusalem."

[32]- Pour ma part, je suis content d'avoir été confronté avec cette réalité tôt dans ma vie chrétienne car je crois l'intensité que j'y ai eu et la joie que j'ai pu expérimenter étaient liés à cet abandon au Seigneur (Marc 10: 29-30). A mon avis, le moment de l'appel n'est pas trop tôt pour confronter les gens avec cette réalité.

[33]- parues dans le bulletin "La Voix des Martyres" août 1995 p. 2

[34]- Surtout dans le cas de péchés sexuelles il faut respecter le principe d'hommes avec hommes et femmes avec femmes sinon on risque d'empirer la situation.

[35]- Comme Jésus qui nous parle de prendre "sa croix" et de le suivre (Matt. 8: 31-38).

[36]- Jérémie indique (2: 13): "Car mon peuple a commis un double péché: Ils m'ont abandonné, moi qui suis une source d'eau vive, Pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, Qui ne retiennent pas l'eau."

[37]- De la même manière que la faute qui a été commise. Je ne crois pas que ce soit trop extrême comme idée car la Parole dit elle-même: "Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personne qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement." (Jacques 3: 1)

[38]- Tirée de Prêt à tout abandonner ? Éditions Vida 1980/1982 187p. Je ne suis pas un grand admirateur de tout ce qu'écrit Wilkerson, mais ce petit livre est un bijou et un des premiers livres, de ma génération, dans les milieux pentecôtistes à parler franchement de la souffrance la vie du chrétien.

[39]- Ou changez de vie ! -> la sanctification.

[40]- Comme dans Col. 2:8-23.

[41]- D. Wilkerson.

[42]- Depuis que j'ai écrit ces lignes il y a plus d'un an, Dieu dans sa grâce, a commencé à déverser un vent de réveil en Amérique du nord. Qu'il nous garde de l'orgueil, car je crois encore qu'un jugement approche pour notre société. Dieu le retiendrait encore un temps en attendant nos réactions ?

[43]- Je crois qu'il est le premier a proposer cette évangile chez nous à l'époque où on était encore à la polyvalente Wilbrod-Berer.

[44]- Dans Ainsi parlait Zarathoustra. (Éditions Gallimard Paris 1883/1971 [coll. Idées 267] 507 p.) Nietzche fait dire à Zarathoustra ce qui suit:

[44a]- Julien Benda (1926/2003) La trahison des clercs. Editions Grasset, Paris, Collection Les Cahiers Rouges (Ebook)

[45]- Les gnostiques croyaient que le salut venait de la connaissance, une connaissance ésotérique, auquel il fallait être initié.

[46]- Chez l'éditeur Harvest House 1993.

[47]- A la p. 121 son livre "The Knowledge of the Holy" Harper & Row New York 1961/1975

[48]- Dans une certaine mesure je sais que ce verset s'applique a moi aussi, à partir du moment où je tente d'influencer quelqu'un.