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Le webmestre se mouille...

Commentaires sur Une lettre à Sylvie





Paul Gosselin

À la suite de la mise en ligne d'Une lettre à Sylvie par m. G. Darveau, j'ai reçu un certain nombre de courriels d'évangéliques choqués. Plusieurs ont taxé l'attitude de m. Darveau de “ légaliste ”, “ pharisaïque ”, “ culpabilisatrice ” et en particulier un exemple flagrant de “ manque d'amour ”. Dans les lignes qui suivent, je vais me mouiller personnellement et prendre position sur la question. Je veux d'abord noter que j'appuie la démarche de m. Darveau. J'expliquerai plus loin mon raisonnement, mais voyons d'abord un exemple typique de courriel qui m'est parvenu à ce sujet :


Je pense qu'il y a un malentendu.

Quel est le but du processus d'exclusion dont il est question dans la lettre de m. Darveau (s'appuyant sur 1Cor. 5 : 1-13[1])? Peu d'évangéliques de notre génération semblent comprendre cette doctrine si à contre-courant de la pensée dominante actuelle. Le but de cette pratique n'est pas l'humiliation gratuite comme le pensent plusieurs, mais plutôt obtenir le changement d'attitude et de comportement réel que les Écritures appelle repentance. Pour plusieurs évangéliques de notre génération, la repentance s'est vu réduite à un truc dérisoire, le versement de quelques larmes ostentatoires pour un effet théâtral réussi, performance permettant d'entrer dans la bonne société évangélique. Un bon comédien fera l'affaire.

Mais ce n'est pas ce que recherchent les Écritures. Dieu recherche la reconnaissance et la confession du péché chez la personne visée et un changement de comportement réel. C'est le cœur du récit du Fils prodigue[2]. Et dans l'histoire de la femme prise en adultère (Jean 8 : 3-11) auquel fait allusion mon correspondant, effectivement Jésus n'a pas jugé ou remit en question cette femme. Je vois une explication. Au travers de ce processus, il y a lieu de penser qu'elle avait déjà pris conscience de son péché, l'avait avoué et s'en repentait. Dieu voit les cœurs. Il peut juger de ces choses. Le comportement de Jésus laisse entendre qu'elle était prête à changer de voie et prête à entendre le message de la grâce.

Il faut également comprendre ce que Jésus n'a pas dit dans ce contexte à la femme adultère. Il n'a pas dit : “ Pauvre dame incomprise par ces machos connards...Tu avais des besoins et tu as tenté d'y subvenir de la manière qui te semblait juste. Il n'y a pas de mal à ça... Ces patriarches suffisants n'avaient aucune raison de te remettre en question de la sorte et t'accuser en public de péché. ”

Jésus n'a rien dit de tel. Par contre, il a dit une chose à cette femme adultère que bien des évangéliques de notre génération ne semblent pas noter : “ Va et ne pèche plus... ” Manifestement, elle avait reconnu la justesse du jugement contre elle tout comme Jésus l'avait fait, car Jésus n'a pas remis en question sa culpabilité, ni le jugement établi pour de tels cas par la Loi de Moïse. Et d'autre part, on ne voit pas la dame répliquer à Jésus: “ Comment ça, toi aussi tu me ramènes cette histoire dépassée de péché? Il me semble qu'il serait temps de faire preuve d'un peu d'ouverture et de compassion, non? ” Ce que beaucoup de chrétiens postmodernes ne comprennent pas ici est que Jésus a pris sur lui-même le jugement que méritait le geste de cette dame et a offert la grâce à un cœur repentant. La pratique de l'exclusion (que l'on rencontre aussi dans 1Cor 5: 4-13) est justement un moment de grâce et de remise en question dans la vie d'un pécheur destiné au jugement. Le processus d'exclusion, ce n'est pas le peloton d'exécution. Plusieurs évangéliques de notre génération y voient un exercice d'humiliation gratuit et rien d'autre. Il s'agit plutôt d'une pause sur la route dans le vie d'un pécheur en route vers son jugement. Dieu ne veut pas qu'on en vienne à ça.

L'exclusion de la communion de la part d'un chrétien individuel ou de la part d'une communauté chrétienne ne signifie pas non plus que la personne visée soit perdue. Une telle connaissance appartient à Dieu seul. La mise sous discipline vise à préserver le témoignage et la sainteté du corps local, mais aussi la restauration du chrétien ainsi exclu. Il faut noter qu'aucun des correspondants qui se plaignaient de la lettre de m. Darveau n'ont abordé le fait que l'exclusion est effectivement un concept biblique (avec des prototypes dans l'Ancien Testament).

Dans la vie de l'église du Nouveau Testament, on voit bien l'exigence pratique de la repentance. En Gal. 6: 1, on traite du cas d'un frère qui a péché. Ce verset indique

Cela implique évidemment que le chrétien mature peut établir un jugement sur un comportement d'un autre chrétien. Est-ce que le comportement X est une faute/péché ou non ? Dieu seul peut juger les motifs des cœurs, mais il est tout de même possible de juger un comportement observable. Évidemment les chrétiens qui ont plus de 20 ans de vie chrétienne derrière la cravate savent que parfois l'exclusion peut parfois être exploité dans des contextes douteux, comme par exemple un pasteur qui veut éloigner un chrétien avec qui il a un conflit de personnalité. Toute chose bonne peut être abusée. Est-ce parce qu'on a vu son conjoint briser ses vœux de mariage qu'il faille rejeter le mariage comme institution ? Mais notre génération de chrétiens adopte, souvent sans s'en rendre compte, l'attitude postmoderne du monde qui nous entoure. Et cette génération qui nous entoure déteste le jugement, car elle affirme que puisque Dieu n'existe pas et qu'il n'y a pas de Législateur au-dessus de tous, chacun a sa vérité. Chacun peut agir à sa guise.

Comment se fait-il que la génération présente DÉTESTE à ce point le concept du jugement? Plusieurs facteurs expliquent cette attitude et sont liés dans un ordre logique. Mais pour exprimer la chose simplement, on a détruit les fondations... Voyons le raisonnement qui est à la source de la réaction des gens qui ne connaissent pas Dieu.

Et lentement cette pensée manifeste son influence aussi dans les églises évangéliques. Après tout, on ne vit plus dans un ghetto. Nous écoutons la télé. Nous allons au cinéma, nous allons à l'université, nous lisons les quotidiens et des romans. Toutes ces choses sont des sources de pensée mondaine/postmoderne. Le grand nombre de divorces initiés sans motif biblique que l'on voit chez les évangéliques est une manifestation concrète de la pénétration de la pensée mondaine. On n'a pas su être dans le monde, mais sans être du monde. On n'a pas gardé une distance critique par rapport à la culture dominante. Nos pasteurs ont très mal résisté à la tentation des théologies à la mode (et superficielles) et les chrétiens ordinaires ont très mal résisté à la pensée mondaine dans leur vie de tous les jours. Souvent la négligence de la lecture régulière de la Parole et l'éloignement de l'Église contribuent à cet état de fait.

Si on admet ce concept postmoderne que “ chacun a sa vérité ”, il ne peut y avoir de jugement, car “ Ta vérité est peut-être bonne pour toi, mais ça ne te donne aucune autorité sur moi ”. Mais dans un tel cas, si des évangéliques évoquent de tels arguments, ils sont en contradiction avec les Écritures. Un indice de la pénétration de l'influence postmoderne est que celui qui ose approcher un tel frère au sujet d'un comportement condamné par les Écritures risque de se faire recevoir avec la réplique “ Qui est-tu, TOI, pour me juger ? ”

Que peut-on répondre à ça ? Il est vrai que l'on est tous pécheurs après tout ! À vrai dire, moi Paul Gosselin, je suis personne en particulier, un pécheur ordinaire, mais les Écritures disent qu'il faut juger (1Co 6:4; 1Co 14:20). Mais bien des versets des Écritures sont oubliés de notre génération d'évangéliques, dont

À cette personne dont le comportement dévie des standards de la Parole, je dois lui répondre : “ Si tu t'engages à suivre Christ, si tu oses te donner le nom de chrétien/ne, tu dois produire des fruits dignes du Royaume ! C'est ta responsabilité et tu ne peux te cacher derrière les fautes des autres pour t'excuser ou te justifier. Tu détruis ton témoignage si tu agis de la sorte et tu traînes le nom du Seigneur dans la merde. Tu dois rendre ta vie conforme à Ses enseignements, sinon le jugement te trouvera un jour. Aujourd'hui, les Écritures nous jugent et un jour, devant notre Créateur, nous aurons des comptes à rendre. Et à ce jour-là, ne vaut-il mieux pas entendre “ Viens, bon et fidèle serviteur ” que plutôt que “ Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. ”. Et pourtant, les Écritures nous disent que c'est bien ce que vont entendre certains qui se disent “ chrétiens ” (Matt 7 : 21-23). Mais nous, nous vivons au milieu d'une génération sans la moindre crainte de Dieu et parfois nous sommes influencés par ses attitudes.

Le processus d'exclusion auquel fait allusion la Lettre à Sylvie est une doctrine oubliée dans notre génération. Mais il a été oublié pour une raison simple, c'est qu'il est en conflit avec l'idéologie dominante. Et puisqu'on a souvent prêché dans nos églises la théologie superficielle et nombriliste de la “ bénédiction ”, on trouve rarement des prédicateurs qui osent aborder les sujets difficiles du jugement et de la discipline. On préfère se gaver de bonbons et le fast-food spirituel... Comme les Écritures le disent, on a la démangeaison d'entendre des choses agréables[4]... Tandis que l'épître de 1Corinthiens 5 examine un cas type d'exclusion (un cas d'inceste), l'Évangile de Matthieu nous fournit quelques détails supplémentaires sur le processus d'exclusion :

La religion postmoderne qui nous entoure affirme que chacun a “ sa vérité ”. Mais cette idéologie si chic et si dominante actuellement, est d'une inconséquence... Si on accepte la vérité de l'affirmation que chacun a sa “ vérité ”, alors même Hitler, le violeur du quartier, Jack Kavorkian, Pol-Pot, Jack the Ripper et Staline ont tous “ leur vérité ”... et personne non plus ne peut leur faire de reproches pour leur comportement ! Dans ce contexte, ce serait de l'hypocrisie que de vouloir les juger. Ils ont juste voulu "s'épanouir" d'une manière qui leur est particulière, c'est tout. Sur cette base, on peut défendre N'IMPORTE QUOI. Il faut se rendre compte que beaucoup de chrétiens ont absorbé ces idées, ces manières de penser du monde et lorsqu'on remet en question leur comportement, ils réagissent exactement comme les païens qui nous entourent en répondant : “ COMMENT PEUX-TU ME JUGER !!?? ”

Dans ce contexte, il est totalement inutile dans nos activités d'évangélisation de prêcher au postmoderne, de lui dire de “ venir à Jésus ” ou de “ donner sa vie à Dieu ” sans avoir expliqué auparavant ce qu'est le péché, sa culpabilité personnelle devant Dieu ou la repentance. Évangéliser ainsi, à mon avis c'est semer de l'ivraie et non la Bonne Nouvelle des Apôtres. On n'a qu'à constater l'état actuel des églises évangéliques pour se rendre compte de l'effet d'un tel évangile. Les Écritures sont claires, on récolte ce que l'on sème.


Quelques trucs sur le jugement

Il est manifeste que notre génération déteste de manière absolue le concept de jugement. Le postmoderne, si tolérant, ne tolère pas l'idée qu'un Autre puisse avoir un mot à dire sur ses attitudes ou comportements. C'est peu dire qu'il suffit de mentionner les mots “ SIDA ” et “ jugement ” dans la même phrase peut provoquer des émeutes... Au Dieu de la Bible (en particulier de l'Ancien Testament), notre génération préfère se créer des divinités tolérantes, à son image. Le Jésus sexuellement libéré, comme dans le film La dernière tentation de Christ par Scorsese, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Mais le Jésus postmoderne de l'Amour total est une invention de notre génération, car on oublie trop vite que le Christ véritable est venu non pas pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir. Scandale ! La condamnation de nos comportements et nos motivations est maintenue. On peut nous tenir responsables de nos fautes ? Impensable ! Notre génération n'accepte aucune limite à sa volonté, à ses caprices ou à ses désirs. Les Écritures affirment donc que la condamnation est maintenue, mais que Christ prend sur lui la sentence dictée par le Juge ; la mort. On n'a qu'à admettre notre culpabilité pour recevoir la grâce que Dieu veut nous donner. Mais admettre notre culpabilité c'est reconnaître et se soumettre à la Loi de Dieu. Est-ce que notre génération de chrétiens en est capable ? Bien souvent notre comportement démontre clairement le contraire ainsi que l'emprise de la pensée postmoderne sur notre pensée et nos comportements.

Nous cherchons un dieu peut servir de supporte à nos envies d'épanouissement, mais s'il ose devenir gênant, s'il ose interdire des choses, il peut aller se... Dans son livre Le problème de la souffrance CS Lewis offrit le commentaire cynique suivant:

On veut donc un dieu qui flatte nos fantasmes, nos rêves et nos pulsions, mais surtout qui sait se mêler de ses affaires... On veut un dieu à notre image, un dieu que l'on peut manipuler. Et l'on ne veut pas d'un Dieu qui pose des contraintes, un Dieu qui dit NON. Surtout pas! Désolé, mais ça ne marche pas. Ce dieu postmoderne à notre image n'existe pas... Le Dieu de la Bible nous dit plutôt :

Et lorsque l'histoire nous jugera, qu'en sera-t-il de notre génération d'évangéliques? Sera-t-il dit de nous que :

Voici quelques présupposés tirés du catéchisme postmoderne qui domine notre génération:

Peu d'évangéliques de notre génération oseraient admettre qu'ils sont influencés par ce système de croyances, mais si on observe leur comportement et leurs discours... Parfois les Écritures offrent un commentaire sec sur la question: « Celui qui aime la correction aime la science; Celui qui hait la réprimande est stupide. » (Prov. 12:1)

Dans notre époque où la pensée dominante nous dit que chacun a sa “ vérité ”, alors juger, oser affirmer que tel ou tel comportement est péché, est perçu comme "pas cool". En fait de telles affirmations sont perçues comme intolérables. Et l'intolérant, du point de vue postmoderne, c'est le nouvel hérétique... Ça ne nous rend pas très populaires, c'est sûr. On se fait recevoir comme le prophète par le roi Achab. Mais le prophète avait la réplique tranchante à ce sujet...

S'il faut être chrétien, ne vaut-il mieux pas être un chrétien conséquent, cohérent? Si Dieu appelle une chose péché, il ne faut pas insinuer le contraire, l'emballer dans une rhétorique évangélique pour le rendre acceptable ou tenter de réduire la portée de la Parole. Et si cela nous met à contre-courant de la société et les idéologies qui nous entourent, tant pis! C'est la vie. Notre génération de chrétiens aura des comptes à rendre un jour devant DIeu. Si on ne veut rien savoir de la confrontation avec la pensée dominante de notre génération, pas la peine d'être chrétien en ce qui me concerne. On vit à une époque de confrontation. On est sur un champ de bataille idéologique. Le chrétien doit accepter la possibilité de se voir marginaliser, voir même perdre un emploi lucratif et une carrière, si l'on ose remettre en question les idéologies politiquement correctes de notre temps. Ça fait partie de la croix de notre génération.

Je vous laisse avec une méditation de CS Lewis tirée de son livre Dieu au banc des accusés/God in the Dock (2002 : 47):

On a accusé m. Darveau de manquer d'amour, mais de quel amour au juste? Sur quelle définition de l'amour s'appuie-t-on pour juger m. Darveau ainsi? Et s'il s'agit d'un amour qui n'est pas fondé dans la vérité, est-ce vraiment de l'amour? Beaucoup des commentaires reçus laissent entendre que le concept de jugement est au fond une fiction, une “ histoire dans la Bible ”, un concept sans relation avec notre vécu. Ceci implique que dans les faits, on peut se comporter comme on veut, comme les païens, et ça ne changera rien. Mais si ce n'est pas le cas et qu'il est VRAI qu'on aura un jour tous des comptes à rendre devant Dieu comme la Bible l'affirme, alors avertir un voyageur sur la route vers le jugement qui l'attend, en particulier si ce voyageur ne veut rien savoir de ce genre de message (et que cela risque d'attirer des baffes au messager), il me semble que cela prend de l'amour pour livrer un tel message. Sans doute que le prophète Jérémie pourrait nous renseigner sur le sujet.

Manifestement, le sujet du jugement n'a pas la cote chez les évangéliques de notre génération. Combien de sermons avez-vous écouté sur le sujet récemment? Combien de livres sur le jugement divin avez-vous lus récemment? Tant que ça, ah oui? À vrai dire, le jugement est devenu un sujet tabou, méprisé. Au mieux, cela fait partie du folklore de l'histoire de l'Église. Un truc très 19e siècle... Inconsciemment, bien des évangéliques semblent avoir adopté l'attitude que : “ Nous les occidentaux on est civilisés. Dieu ne pourrait nous juger! On est des gens de bien. ” Les réactions à l'article de m. Darveau qui me sont parvenues, laissent entendre que plusieurs évangéliques éduqués ont adopté une conception du Dieu de justice de l'AT comparable à celle-ci :

Bien de ces évangéliques seraient étonnés d'apprendre que ces lignes ont été rédigées, non par un évangélique, mais par le télé évangéliste de l'athéisme, le britannique Richard Dawkins dans son livre The God Delusion (2007, p. 31) ! Et cette attitude contraste violemment avec celle des Juifs qui célèbrent, dans plusieurs Psaumes, les JUGEMENTS de Dieu. À titre d'exemple : “ La montagne de Sion se réjouit, Les filles de Juda sont dans l'allégresse, à cause de tes jugements. ” (Ps 48:11) Combien de nos compositeurs de chants de louanges actuels oseraient proposer un chant en entier dédié à la LOI de Dieu comme le fit l'auteur du Ps. 119? Si au cours de leur histoire, les Juifs ont été détestés et sujets à persécution, cela dû en grande partie au fait que ce peuple est le porteur de la Loi. Cette loi qui rappelle notre culpabilité devant Dieu. Il faut noter que selon Galates 3: 24-25 toute l'histoire des Juifs a été sous le Pédagogue. Le septième chapitre de Romains discute longuement du rôle important de la Loi et note “ Que dirons-nous donc? La loi est-elle péché? Loin de là! Mais je n'ai connu le péché que par la loi. Car je n'aurais pas connu la convoitise, si la loi n'eût dit: Tu ne convoiteras point. ” (Rom 7:7). Le ministère de Jean-Baptiste a rappelé aussi le rôle essentiel de la Loi et Christ lui-même nous dit qu'il est l'accomplissement de la Loi (Mt 5: 17). Et dans 2 Corrinthiens 3: 7-11, on note:

C. S. Lewis Dans notre évangélisation, a donc cessé de parler sérieusement de péché ou de culpabilité. C. S. Lewis a fait des remarques fort utiles au sujet du péché.

Lorsqu'on compare le progrès de l'évangélisation dans le Tiers-monde et la très maigre et chétive “ récolte ” qui récompense généralement nos efforts et dépenses en Occident, il y a lieu de se demander comment expliquer cet état des choses. On peut penser qu'au 20e siècle, pour mieux se conformer à l'esprit du temps, les évangéliques ont largement cessé de parler de péché. CS Lewis a bien compris ce changement en Occident et dans son essai Modern Man and his Categories of Thought explore le contraste entre la vision du monde de l'homme de l'Antiquité et celle de l'homme actuel:

Il y a lieu de penser que l'influence culturelle de la théorie de l'évolution, qui détruit de manière si efficace le concept d'une loi divine absolue (puisqu'elle évacue le Législateur divin), a été un facteur très important pour effectuer ce changement de mentalités. L'écrivain britannique, Aldous Huxley, fit l'aveu suivant à ce sujet (1937/1965 : 270-273) :

Depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Occident a connu une période de prospérité sans précédent. On s'est donc habitué à voir notre niveau de vie (avec quelques soubresauts) en augmentation constante. À tel point que ça nous semble un DROIT. Et la culture marketing capitaliste ne manque pas de nourrir de telles attentes, car cela stimule la consommation.

Et les églises évangéliques se sont lentement adaptées à ce contexte en livrant un évangile flatteur et vide portant sur le thème central de l'épanouissement de soi. Cela donne lieu à un évangile nombriliste que l'on pourrait résumer à bien des égards au message suivant : “ Viens à Jésus et il te bénira ”. Personne ne semble noter que cela n'a rien à voir avec l'évangile que les Apôtres ont prêché, car il s'agit d'un évangile sans repentance, sans remise en question sérieuse. Bien sûr le concept de repentance reste dans le bagage culturel des évangéliques, mais il a désormais le statut de bibelot, d'objet de curiosité ramassant la poussière sur le linteau du foyer. Il ne sert à rien sur le plan pratique. Il faut nuancer tout de même. Au cours de cette même période, les évangéliques se sont très fortement identifiés à la classe moyenne, en adoptant son style vestimentaire ainsi que les manies marketing de la bourgeoisie capitaliste. Cela a nourri cet évangile hypocrite, car la repentance est pour les autres, les drogués et les prostitués possiblement et non pas pour les gens bien. On n'oserait jamais prêcher la repentance à la classe moyenne à laquelle on s'identifie tant. On ne songerait jamais remettre en question ses préjugés ou comportements. On ne songerait jamais soulever les péchés de cette génération et qu'elle aussi aura des comptes à rendre devant son Créateur.


Pour conclure...
Sous l'Influence de la pensée mondaine environnante, l'Église de notre génération a mis de côté les versets dans la Bible où il est question de discipline et de jugement. Et elle désobéit clairement à la Parole sur ce point. Actuellement, notre réflexe (conditionné) est de taxer le jugement et l'exclusion de pratiques “ trop légalistes ”. Dans nos églises, ces choses sont devenus taboues, « honteuses ». Mais du point de vue des Écritures, le choix est simple: obéir ou désobéir (même si cela va à l'encontre des idées reçues de notre génération). Et la question se pose : Allons-nous obéir[6]?

Il faut bien s'entendre. La mise en pratique de la discipline (telle que décrite en 1Cor 5: 4-13) remet en question l'idéologie postmoderne que "Chacun a sa vérité". Ce genre de remise en question va provoquer des conflits. La Parole affirme au contraire: "Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c'est la voie de la mort." (Pr 14:12). Les Écritures, par le biais du prophète Ézéchiel, ajoutent que nous avons par ailleurs une responsabilité d'avertir notre génération (chrétiens et non chrétiens) des conséquences de leur péché.

Trop souvent plutôt que permettre la récupération de pécheurs obstinés, notre attitude "tolérante" à l'égard du péché permet aux attitudes et comportements du monde de faire leur entrée dans l'Église. C'est justement ce que nous averti "C'est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte?" (1Co 5: 6) Dans de telles circonstances, s'il y a malgré tout des pécheurs qui reconnaissent leur péché et s'en repentent c'est plutôt une grâce du Seigneur lui-même que le fruit d'une attitude "compréhensive" de notre part. Nous y avons joué aucun rôle dans une telle repentance (s'il est authentique). Évidemment, personne ne peut discerner les motifs du cœur. Dieu seul les connaît. Toutefois, Jésus lui-même nous a dit que nous pouvons reconnaître un arbre par les fruits qu'il porte. Et c'est là où notre jugement doit s'exercer. D'abord sur nous-mêmes et, ensuite, sur notre entourage.

Et si l'église évangélique de notre génération persiste à propager cette théologie superficielle et à justifier son comportement et ses attitudes mondaines, je crains qu'un jour, le Seigneur lui adresse cette Parole :

D'un autre côté, le but ici n'est pas de démarrer une nouvelle mode pastorale. L'exclusion n'est pas une baguette magique, une solution pour toutes les situations. Ce n'est pas une solution dans le cas d'une sœur souffrant de dépression. Ce n'est pas une solution dans le cas d'un frère qui vient de perdre son emploi. Ce n'est pas une solution dans le cas d'un chrétien qui vient d'apprendre qu'il a un cancer. Ces individus ont besoin du soutien de frères et de sœurs. Ils ont besoin de la famille de Dieu. Mais le problème vient que dans notre génération on rencontre régulièrement des situations où la remise en question et l'exclusion seraient indiqués, et l’on préfère ignorer le problème. Pour sauver les apparences (et laisser entendre que tout va bien), on désobéit à la Parole de Dieu. Il faut bien s'entendre aussi que selon les Écritures l'exclusion n'est pas le premier étape. Mattieu 18 nous enseigne les étapes à suivre.

Évidemment, si la personne visée par la procédure réagit bien à la première étape, il ne sera jamais question d'exclusion. Et dans ce cas-ci, la procédure est appliquée par l'Église. Mais il est chose courante que lorsqu'un chrétien ne fréquente plus aucune église, que des chrétiens ordinaires dans l'entourage de la personne visée soient les seuls qui se soucient d'appliquer ce genre de discipline, car rares sont les pasteurs qui prendront l'initiative d'intervenir dans un tel cas (ils en ont plein les bras avec ceux qui restent). Une question se pose : Dans notre génération les évangéliques sont-ils encore de ceux qui se soucient véritablement de vérité ou font-ils désormais partie de ceux qui préfèrent à tout prix le message flatteur comme celui visé par le prophète ici :

Se peut-il que vienne bientôt le moment où la parole de Dieu adressée à l'Église évangélique, si conformiste, si tiède, de notre génération sera :

Ce jugement-là est évidemment dans les mains de Dieu.


Tout est grâce.



Références



DAWKINS, Richard (2006) The God Delusion. Bantam Books

HUXLEY, Aldous (1937/1965) Ends and means : an enquiry into the nature of ideals and into the methods employed for their realization. Chatto and Windus London 335 p.

LEWIS, C. S. (1940/1967) Le problème de la souffrance. Desclée de Brouwer Paris 191 p.

LEWIS, C. S. (1947/2002) God in the Dock. (Walter Hooper éd.). Eerdmans Grand Rapids MI 347 p.

LEWIS, C. S. (c1970/1986) Dieu au banc des accusés. (edité par Walter Hooper, trad. Astrid & Etienne Huser) Éditions Brummen Verlag Bâle 111 p.



Notes

[1] - Et le langage des Écritures est dur, choquant nos oreilles postmodernes :

[2] - Voir aussi 1Cor. 5 :5.

[3] - Ça ne vous rappelle pas Ge 3 : 5?

[4] - “ Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, ” (2Ti 4:3)

Car c'est un peuple rebelle, Ce sont des enfants menteurs, Des enfants qui ne veulent point écouter la loi de l'Éternel, Qui disent aux voyants: Ne voyez pas! Et aux prophètes: Ne nous prophétisez pas des vérités, Dites-nous des choses flatteuses, Prophétisez des chimères! Détournez-vous du chemin, Écartez-vous du sentier, Éloignez de notre présence le Saint d'Israël! (Is. 30 : 9-11)

[5] - Évidemment dans les cas concrets, pour éviter les abus, la personne visée a toujours droit de se faire entendre et de s'expliquer (Prov. 18:17). Par ailleurs, il peut arriver qu'un comportement puisse être mal interprété, comme on le voit dans le cas des tribus de Ruben, Gad et Manassé qui est relaté dans Juges 22. Il faut donc éviter de sauter aux conclusions hâtives. Le problème dans notre génération est qu'on refuse tout simplement de juger, même dans les cas les plus criants... Ceci semble dû au fait que l'évangélique se répugne d'aller à contre-courant et à remettre en question les idées reçues et tabous de notre génération, même si l'obéissance aux Écritures l'exige. Nous voulons éviter les conflits, on préfère notre confort et l'approbation des hommes, à marcher dans la vérité.

[6] - Et dans le cas de certaines églises, cela peut impliquer courir le risque de poursuites judiciaires...