(fév. 2003)
Bonjour toi,
Lorsque tu mentionne dans ton dernier mot: "Incroyable comment certaines notions calvinistes peuvent faire infiniment plus de sens que des enseignements arminiens sur des aspects fondamentaux de la vie chrétienne !" j'imagine que tu fais référence à la question de la prédestination. D'un coté, je crois que nous les pentecôtistes (et bien d'autres) peuvent beaucoup apprendre des pionniers de la Réforme en considérant ce qu'ils ont dit et écrit sur la doctrine de la Chute. Dans le mouvement de la Pentecôte (et les églises indépendantes influencées par la Pentecôte), c'est un point TRES faible dans notre doctrine, du moins depuis les années 1970 quand le mouvement Word-Faith et son bébé bâtard l'Évangile de prospérité sont devenus dominants. Lorsqu'on regard les doctrines à la mode, je pense qu'à ce niveau on est beaucoup plus influencé par la culture nord-américaine (mentalité Walt Disney et Hollywoodien du "happy ending") et le postmodernisme que par la Parole à ce sujet car, d'un point de vue "marketing" on semble estimer qu'il faut avoir un message qui se vend bien (même au prix de passer sous silence certains aspects de la Parole). Je crois que c'est la raison pourquoi tant de chrétiens de notre génération font naufrage dans leur marche avec Dieu et retournent dans le monde. On leur a vendu un "évangile" bonbon qui est complètement incapable édies arrivent aux croyants.
Lorsque le croyant est confronté avec ces grandes questions "existentielles", l'idée de la prédestination (et de la souveraineté absolus de Dieu) peut sembler une explication intéressante, car tout est réglé d'avance. Dieu a son plan et rien ne peut s'y opposer, malgré les revers de cette vie. Au moins l'idée de la prédestination donne un sens à ce qui arrive et c'est mieux que la théologie bonbon pentecôtiste qui nous dit qu'il nous suffit de déclarer la victoire et se fermer les yeux sur nos circonstances de vie réelles. C'est une consolation, car l'idée calviniste nous dit qu'on est dans la main de Dieu. Ça va mal, mais SA volonté va, malgré tout, s'accomplir. Rien ne saura s'y opposer.
Dans certaines formes de théologie pentecôtiste superficielles, tout dépend de nous. Si ça va mal, tout est de NOTRE FAUTE, car cette théologie présuppose que toute l'initiative est du coté de l'homme qui n'a donc pas assez prié, exercé sa foi, confessé "positivement", etc. etc. etc... Je me souviens même d'une conversation avec une pentecôtiste il y a bien des années qui me disait que « Dieu ne faisait RIEN sans la prière d'un homme ». Je lui ai dit que je n'était pas d'accord avec cette position extrême mais, sur le coup, je n'avais pas d'arguments spécifiques à lui opposer. On peut supposer d'ailleurs qu'elle citait inconsciemment un bonze du Word-Faith... Possiblement l'intention était d'encourager de jeunes chrétiens à prier, mais le hic c'est que ce maxime ne se trouve nul part dans les Écritures et que l'on trouve assez facilement des passages des Écritures qui le contredisent. Par exemple, dans Genèse 1 imaginez le Dieu souverain qui attend la prière d'un homme (qui n'existe pas encore) pour créer les astres, les galaxies, le monde et tout ce qu'il contient...!!! Ou encore, après la Chute, le Dieu souverain qui attend la prière d'un homme pour décider comment régler ce nouveau problème de la Chute. Ridicule et complètement aberrant n'est-ce pas ? De même pour le Jugement dernier. La Bible dit que seul Dieu le Père connaît le jour et l'heure de la fin. Sans doute ce n'est pas la prière d'un homme qui le provoquera la venu du Messie pour mourir sur la croix non plus, car cela a été établi dès la fondation du monde (comme une possibilité). Ce ne sont que quelques exemples. Tout comme la pensée du Siècle des Lumières l'affirmation que "Dieu ne faisait RIEN sans la prière d'un homme" place l'homme au centre de tout et fait de Dieu un être dépendant. C'est hérétique autant que stupide...
Mais à l'autre extrême, l'idée que le libre arbitre n'existe pas et que TOUT est les résultat de la souveraineté irrésistible du Dieu tout-puissant règle moins de problèmes qu'il n'en cause. Il en suit qu'avant d'engager une échange à ce sujet quelques questions se posent au calviniste. "Définissez précisément le concept de prédestination que vous proposez. Il va jusqu'à où? Allez-vous jusqu'à nier TOUTE responsabilité humaine résultant des décisions prises par les fils déchus d'Adam et les filles déchues d'Eve?" Si la réponse est oui, alors de graves conséquences théologiques en résultent...
D'abord pourquoi prier, si Dieu est souverain de manière absolue comme le prétendent les calvinistes ? On peut difficilement le justifier, car sa volonté s'accomplira d'une manière ou d'une autre et sans le savoir on pourrait même s'opposer à sa volonté. De même pour l'évangélisation. Pourquoi évangéliser, car puisque Dieu est totalement souverain, d'une manière ou d'une autre Son plan s'accomplira et ceux qu'Il a prédestinés au salut viendront inévitablement à Lui. Pourquoi alors se soucier d'évangélisation ? D'ailleurs en faisant de l'évangélisation est-ce que le calviniste ne fait-il pas preuve d'orgueil en voulant jouer le rôle du Saint-Esprit qui doit convaincre les hommes de péché? Et si le calviniste évangélise quelqu'un destiné au jugement, se trouve-t-il en opposition au plan de Dieu?
Le rejet du libre arbitre et le jugement de Dieu.
Je
crois que le problème le plus fondamental qui confronte le calviniste
sur cette question c'est la Chute elle-même. Si effectivement Dieu est
souverain de manière absolue et que le libre arbitre est finalment une fiction sans réalité véritable, dans le sens que le prétendent certains calvinistes, alors inévitablement la Chute de l'homme et tous les horreurs d'Auschwitz, de l'avortement, du cancer, du divorce, de la guerre, l'enfer d'une psychose profonde ou l'enfer banal de la solitude et, finalement de la mort sont toutes de SA FAUTE ! Dieu en serait donc le seul responsable véritable ! à la fin, le seul coupable... C'est un problème que la majorité des calvinistes évitent comme la peste. Mais certains calvinistes l'admettent et font alors de Dieu un monstre horrible et sadique qui s'amuse, de manière capricieuse et irrationnelle, à tourmenter ses sujets pour ensuite les bénir (s'ils sont assez chanceux d'être parmi les élus)
ou les bénir d'abord et les tourmenter ensuite (s'ils ne sont pas
parmi les élus). Et les touments des damnés en enfer serait
l'objet de jouissance ultime de ce dieu sadique. Si on dit que Dieu est Père,
quel père se comporterait ainsi avec ses enfants ?
Au chapitre 3 de la Genèse nous avons le récit de la tentation et la séduction d'Ève par le serpent suivi de la chute d'Adam et Ève (v. 1-7). Quelque temps plus tard, Dieu a une discussion très sérieuse avec nos deux ancêtres et lorsque tout ce gâchis qu'ils ont fait est exposé à la lumière, Dieu fait tomber son jugement individuel d'abord sur Satan/le Serpent (v. 14-15), ensuite sur Ève (v. 16) puis sur Adam (v. 17-19) ce qui est suivie par un jugement corporatif au moment où Adam et Ève sont mis à la porte du jardin.
Maintenant, il faut bien noter que si, dans les faits la Chute d'Adam et Ève était quelque chose de prédéterminée par la souveraineté de Dieu (et dans un certain sens «inévitable»), alors le jugement de Dieu dans le chapitre 3 de la Genèse devient une blague cosmique plutôt sadique et serait, en fait, la condamnation d'un accusé innocent. Si, en fait, la Chute était prédéterminée (et que les choix d'Adam et Éve n'y figurent d'AUCUNE manière) alors le jugement d'Adam et Ève devient une aberration, car dans les faits ils ne pouvaient avoir aucune responsabilité, tous leurs gestes étant prédestinés. Maintenant, vivant dans un monde déchu, les juges qui siègent dans nos cours de justice rendent parfois de mauvais jugements, des jugements injustes, mais les Écritures nous disent que Dieu, lui, est juste, et si nous prenons ce fait en considération alors, il ne peut y avoir de fatalité (ou de destin) dans la Chute de l'homme. Toutes les parties (Satan inclus) ont exercé leur libre arbitre et ont été jugés en fonction de leur part à cet événement.
La Chute de l'homme n'était donc pas inévitable... Et jusqu'à ce que l'acte fût accompli, il pouvait être évité. Et même si on admet qu'un Dieu infini pouvait prévoir ce geste, cela n'en rends pas Dieu responsable...
Autre question. Si les Écritures nous donnent le commandement d'aimer l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cur, de toute ton âme et de toute ta force. (De 6:5), ce commandement présupposé qu'il peut être désobéi et que celui qui le désobéi en portera la responsabilité. Cela suppose un choix véritable, sinon, la punition des pêcheurs serait arbitraire, irresponsable et irrationnel et surtout injuste. Mais ce n'est pas le cas. Si le choix disparaît, l'amour aussi disparaît dans une brume déterministe. Tout est fixé d'avance. L'initiative ainsi que la reponsabilité ne sont que des fictions. Il faut noter que si on va jusqu'à affirmer que le libre arbitre est effectivement une fiction et rien d'autre alors pourquoi émettre les commandements "Tu ne..." car les hommes vont de toute manière faire ce qu'ils ont été programmés de faire ? Il en est de même dans un contexte cosmologique darwinien où la déterminisme est matérielle (génétique), où n'existe que des causes matérielles. L'amour n'est alors qu'une réaction physiologique à des phéromones et autres stimulus. Rien de plus...
Au niveau de l'évangélisation d'ailleurs un grand nombre de calvinistes évitent les conséquences logiques de leur système et se comportent comme si le libre arbitre de l'homme était important, sinon essentiel (mais sans l'admettre en public, évidemment). D'ailleurs pourquoi Dieu aurait-il ordonné aux apôtres "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. " (Matt. 28: 19) si son plan souverain allait vraiment s'accomplir peu importe la réponse de l'homme ?? Dans le contexte de la doctrine de la prédestination cet ordre devient tout simplement futile, sinon ridicule. Pas la peine de demander l'obéissance à quelque chose qui est inévitable de toute manière. Cette question est d'ailleurs au coeur du parabole des talents en Matthieu 25: 14-30.
Dans un contexte hyper-calviniste où l'on rejette TOUTE initiative (et responsabilité) humaine, il est fort difficile d'interpréter certains versets comme Deut 32: 4-6
Il est le rocher; ses oeuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont justes; C'est un Dieu fidèle et sans iniquité, Il est juste et droit. S'ils se sont corrompus, à lui n'est point la faute; La honte est à ses enfants, race fausse et perverse. Est-ce l’Eternel que vous en rendrez responsable, peuple insensé et dépourvu de sagesse? N’est-il pas ton père, ton créateur? N’est-ce pas lui qui t’a formé, et qui t’a affermi?
Ou celle qui suit, qui commente un événement dans la vie du roi Ézéchias décrit avec de plus amples détails dans Ésaïe chap. 39.
"Cependant, lorsque les chefs de Babylone envoyèrent des messagers auprès de lui pour s'informer du prodige qui avait eu lieu dans le pays, Dieu l'abandonna pour l'éprouver, afin de connaître tout ce qui était dans son coeur." (2Chroniques 32: 31)
Ou encore chez Jérémie (Je 15: 19)
C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel: Si tu te rattaches à moi, je te répondrai, et tu te tiendras devant moi; Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche.
Si Dieu est absoluement souverain et que le libre arbitre est une fiction, pourquoi ces nombreux «si» dans les Écritures? Dieu n'a qu'à décréter et tout est réglé... Il n'a pas à nous consulter pour tout ça... Pourtant ces versets soulignent les conséquences de nos choix et aussi notre responsabilité. On peut aussi penser au verset suivant dans Matt. 23: 37.
"Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!"
Le problème du libre arbitre apparaît aussi dans Luc (17 11-19) où dix lépreux viennent à la rencontre du Seigneur, recherchant la guérison. Jésus les envoie chez sacrificateurs pour authentifier leur guérison. Tous sont guéris. Un seul revient remercier le Seigneur. Et Jésus laisse tomber le commentaire (17-18) : " Les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les neuf autres, où sont-ils? Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu? " Mais si Dieu est souverain (et que le libre arbitre n'est pas supporté par les Écritures comme l'affirment les calvinistes), alors pourquoi ce commentaire? Si Dieu avait tout programmé et si la volonté humaine n'est rien d'autre qu'une fiction (commode), alors ce serait, au mieux, une blague de mauvais goût, un commentaire inutile, sans objet.
Dans un sens strictement calviniste, si DIeu veut accueillir quelqu'un, personne ne saura s'opposer à une telle action, mais le verset de Matt. semble clairement indiquer que la volonté humaine joue un rôle non négligeable. Je ne veux certes pas donner l'impression que notre volonté puisse être, de manière ultîme la source de notre salut, JAMAIS ! Pour ma part, je crois que Dieu est effectivement souverain, mais pas à manière des calvinistes qui croient que cela implique nécessairement un Dieu qui contrôle TOUT, un peu comme un marionnettiste qui, en jouant des ficelles, contrôle ABSOLUEMENT TOUS les mouvements de sa marionnette. Pour ma part, si je crois que Dieu est effectivement souverain (même si mon fils de deux ans essaie de me grimper dessus tandis que j'essais d'écrire ces lignes), c'est plutôt comme un super artiste au meilleur de ses talents. Peu importe les cochonneries qu'on lui donne comme matière première, il est toujours capable d'en faire un chef-d'oeuvre ! Je crois que c'est plutôt de cette manière que Dieu opère dans le monde déchu que nous connaissons.
Les Écritures affirment bien que libre arbitre est quelque chose qui existe bel et bien, mais la souveraineté de Dieu n'en est pas entamé pour autant ! Sans doute il s'agit d'un véritable paradoxe, mais c'est ce qui explique le mieux les faits que les Écritures nous présentent. Je pense qu'à quelque part bien des calvinistes ont une image de Dieu comme d'un dieu pas trop sûr de lui, un peu insécure, à qui l'idée du libre arbitre humain rendrait mal à l'aise, comme si son «honneur» en était menacé. Ce dieu a donc besoin de sa souveraineté absolue et le garde jalousement, sinon il se sentirait «déshonoré». À mon avis, la volonté humaine n'est pas corrompu, ni incorrompu. Il est ni l'un ni l'autre. Il s'agit simplement un fait observable, lié à l'existence humaine, tout comme le fait que l'être humain est composé d'un corps et d'un âme ou encore que les êtres humains sont soit du sexe mâle ou femelle. La Chute de l'homme n'y change rien. Là où la Chute y change quelque chose est dans la manifestation de ces faits. Les journaux nous confirment à tous les jours que nous, les descendants d'Adam et Eve, sommes une race déchue. On rencontre parfois de la part de calvinistes des livres TRES sérieux réfutant le libre arbitre... Dans de tels cas, il me semble nécessaire que ces auteurs y ajoutent un “disclaimer” formulé ainsi:
“Moi, l'auteur, je rejette toute responsabilité pour les fautes de frappe ou d’orthographe, les erreurs de mise en page ou les erreurs d’attribution de citation ou de références, car puisque la rédaction de ce livre est le fruit d’un déterminisme inéluctable, toutes ces choses étaient donc prédestinés. Puisque le libre arbitre est une fiction, une illusion, on ne peut en aucun cas m’en attribuer la responsabilité de ces choses. Et si je me suis attribué le statut d’auteur de ce livre, ce n’est qu’une fantaisie (plus ou moins honnête) de ma part...”
Causalité et omniscience divine
Il y a souvent chez les calvinistes une confusion fondamentale entre les principes distinctes d'omniscience et de causalité. Ce n'est PAS la même chose... Ainsi, si dans son omniscience Dieu voit nos gestes futures (pour nous...) cela n'implique PAS nécessairement qu'il en soit la CAUSE.
Mais à tout avouer, il y a des jours où il me semblerait fort rentable de devenir calviniste... Par exemple, si l'épouse d'un calviniste lui dis "Tu as encore mis des bas [chaussettes pour les hexagonaux] de couleur différents!" il peux hausser les épaules et dire "C'était prédestiné!" Et si cette épouse lui reproche d'avoir (encore) oublié leur anniversaire de mariage, il peut répondre (avec un large sourire) "C'était prédestiné!" Et le jour où il lui demande en mariage, si elle lui demande: "Chéri, m'aimes-tu vraiment??" il peut lui répondre (d'un air résigné) "Mais chérie, c'était prédestiné!" Il est possible qu'avec une telle réponse, que son regard sur lui soit différent désormais, un peu moins rassuré...
Mais voici une question théologique fort épineuse: peut-on trouver un calviniste avec un sens d'humour?? Hmm.... Possiblement qu'ils n'étaient pas prédestinés pour ça... CS Lewis a écrit des choses fort intéressantes à ce sujet dans Mere Christianity à la section 3 Time and Beyond Time (du livre III: Beyond Personality). Mais l'explication que donne Lewis à cette question vient par un chemin détourné. Un jour on lui posa une "colle". "Comment Dieu peut-il être capable de répondre à tous les prières de milliers, voir des millions de personnes qui lui prient tous en même temps ?!" Lewis répondit que la difficulté fondamentale soulevé ici c'est qu'on suppose que Dieu est soumis aux même contraintes que nous. Et par conséquence nous voyons donc Dieu comme une standardiste frustrée qui tente, tant que peut se faire, de répondre à toutes les appels qui lui arrivent, mais s'il en arrive trop en même temps, certains devront patienter Évidemment, c'est ce qui nous arrive lorsque nous devons faire beaucoup de choses en très peu de temps. Généralement, plus nous sommes rapides, moins nous sommes efficaces. D'après Lewis l'erreur vient du fait qu'on suppose que Dieu soit pris dans le temps tout comme nous.
De l'avis de Lewis, Dieu n'est pas dans le temps comme nous le sommes. Afin d'illustrer ce que cela implique pour la question posé plus haut il donna une petite illustration. "Disons que j'écris un roman. J'y écris "Marie posa son travail, à l'instant même on frappa à la porte" Il note que pour Marie, entre l'abandon de son travail et le bruit à la porte il n'y a pas de passage du temps. Mais moi, qui est le créateur de Marie je ne vit pas dans ce temps imaginaire. Entre l'écriture de la première partie de la phrase et celle de la deuxième je peux m'asseoir pendant 3 heures et penser à Marie. Je peux réfléchir à son sujet comme si elle était le seul personnage dans tout le livre et pour aussi longtemps que cela me plaîrais. Et tout le temps que j'y consacre (en tant que auteur) n'aura aucune influence sur le temps de Marie. Elle ne s'en apercevra jamais.
Dieu n'est donc pas pressé de répondre à tous nos appels (comme la standardiste frustrée pouvait le faire à l'époque où les téléphones furent introduits dans la première moitié du 20e siécle). Il a tout son temps. Il peut consacrer un temps infini à chacun d'entre nous, de manière personnelle. Il n'a pas à nous traiter "en vrac", ni crier "NEXT"! Il remarque que lorsque Christ est mort, Il est mort pour toi individuellement comme si vous étiez la seul personne dans l'univers. Lewis admet que son illustration comporte une faiblesse car si l'auteur du roman n'est pas pris dans le temps imaginaire de son roman, il est néanmoins soumis aux contraintes du temps réel de son existence propre. Lewis est d'avis que Dieu n'est d'aucune façon soumis au temps.
Vers la fin de la section 3 Lewis note qu'une des difficultés liés au fait de croire que Dieu est "dans" le temps tout comme nous, vient du fait que Dieu sait aussi ce que nous allons faire dans l'avenir. Mais comment pouvons-nous être réellement libres si Dieu sait ce que nous allons faire ? Pour expliquer ce paradoxe, Lewis retourne à son analogie du roman. Lorsque nous lisons un roman, nous pouvons la lire de manière linéaire, un chapitre après l'autre, en commençant par le début. Mais certains lecteurs (et lectrices) impatient(e)s feront fit de toutes les conventions littéraires et iront lire le dernier chapitre avant d'en avoir terminé le reste. Ils auront trichés ! Mais en trichant de la sorte ont-ils contraint l'auteur à écrire le scénario qu'il a publié ? Évidemment pas ! De même, Dieu, s'il connaît notre avenir à l'avance (en ce qui nous concerne), cela n'impose aucune contrainte sur la race humaine. NOUS écrivons notre histoire ! Dieu n'est donc pas "dans" le temps du tout. Il vit dans un éternel présent, car mêmes l'espace et le temps ont été crées par Lui. 1920, 1960 et 1997 sont tous présents pour Lui, car sa vie est Lui-même. Le temps c'est sa création, Il en fait ce qu'il en veut; tout comme le potier avec l'argile. Les contraintes que nous vivons en tant que créatures délimités dans le temps ne Le touchent nullement. La pré-connaissance n'implique donc pas nécessairement prédestination. Chez les calvinistes, généralement, ces deux concepts sont liés. Pour l'amusement du lecteur je terminerai d'ailleurs avec un extrait du roman Perelandra par C. S. Lewis qui touche ces questions. Dans cet extrait, le personnage principal du roman, Ransom, lutte avec une décision très difficile.
"The thing still seemed impossible. But gradually something happened to him which had happened to him only twice before in his life. It had happened once while he was trying to make up his mind to do a very dangerous job in the last war. It had happened again while he was screwing up his resolution to go and see a certain man in London and make to him an excessively embarrassing confession which justice demanded. In both cases the thing had seemed a sheer impossibility: he had not thought but known that, being what he was, he was psychologically incapable of doing it; and then, without any apparent movement of the will, as objective and unemotional as the reading on a dial, there had arisen before him, with perfect certitude, the knowledge "about this time tomorrow you will have done the impossible." This same thing happened now. His fear, his shame, his love, all his arguments, were not altered in the least. The thing was neither more nor less dreadful than it had been before. The only difference was that he knew - almost as a historical proposition - that it was going to be done. He might beg, weep, or rebel - might curse or adore - sign like a martyr or blaspheme like a devil. It made not the slightest difference. The thing was going to be done. There was going to arrive, in the course of time, a moment at which he would have done it. The future act stood there, fixed and unaltered as if he had already performed it. It was a mere irrelevant detail that it happened to occupy the position we call future instead of what we call past. The whole struggle was over, and yet there seemed to have been no moment of victory. You might say, if you liked, that the power of choice had been simply set aside and an inflexible destiny substituted for it. On the other hand, you might say that he had [been] delivered from the rhetoric of his passions and had emerged into unassailable freedom. Ransom could not, for the life of him, see any difference between these two statements. Predestination and freedom were apparently identical. he could no longer see any meaning in the many arguments he had heard on this subject."
(p. 149 Perelandra. Collier/MacMillan New York 1944/1965 222 p.)
À vrai dire, si un Dieu souverain décide d'accorder la faculté du libre arbitre à l'homme, qui saura s'opposer à sa volonté souveraine et inéluctable? Si on lit attentivement, les trois versets qui suivent font, à mon avis, un bon tour d'horizon de la question. On y retrouve autant la souveraineté de Dieu et la responsabilité (et, implicitement, la liberté) humaine.
Qui dira qu’une chose arrive, Sans que le Seigneur l’ait ordonnée? N’est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent Les maux et les biens? Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. (Lam. 3: 37-39)
Et dans le Nouveau Testament on rencontre ces deux éléments dans le chapitre 6 de Jean. Dans ce chapitre Jésus fait une allocution plutôt provocatrice sur le Pain de Vie et bien des gens qui le suivaient pour des raisons matériels (nourriture et miracles) commencent à trouver que Jésus «va trop loin». Après ce discours, bien des disciples le quittent. Au verset 65 Jésus lâche un énoncé confirmant la souveraineté de Dieu lorsqu'il dit: «C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père.», mais deux versets plus loin Jésus pose une question aux douze (qui ne l'ont pas encore quitté): «Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller?» Il est clair qu'à moins que la question soit totalement factice, le libre arbitre de l'homme est un concept bien supporté par les Écritures. Et tout comme Adam et Ève dans le Jardin, les hommes et femmes d'aujourd'hui font des choix avec des conséquences bien réelles.
Le rejet du libre arbitre et l'évangélisation.
On a fait allusion ci-dessus aux conséquences néfastes sur l'évangélisation du rejet du libre arbitre par les calvinistes (et si on regarde l'histoire des réveils, rares sont les calvinistes qui ont été à l'avant-plan pour s'impliquer dans l'évangélisation), mais voyons un cas d’un calviniste qui a lutté avec ces questions. Il s’agit d’un prédicateur français du 19e siècle, soit Adolphe Monod (1802-1856). Il semble que Monod était en quelque sorte le Billy Graham français de sa génération. Un des sermons les plus renommés de Monod est La compassion de Dieu pour le chrétien inconverti (prêché en 1834). Ouais c’est un sermon qui réveille. Et je vous assure Monod cogne fort dans ce sermon, mais c’est le deuxième sermon de Monod sur ce sujet qui m’intéresse ici. Il porte le titre Combien Dieu est favorable à la conversion du chrétien inconverti (1834). Ouais, déjà, quelle ironie avec ce titre, car qu’est-ce au juste qu’un chrétien inconverti ?[1] Mais je pense qu’il serait approprié de pousser une peu plus loin encore l’ironie pour en faire au dépends de Monod en ajoutant un sous-titre, c'est-à-dire: ou, Sermon pour un calviniste inconverti qui doute qu’il est parmi les élus...
Comme on l’a noté ci-dessus, le calviniste impliqué dans l'évangélisation peut très bien se demander si la personne qu’il tente d’évangéliser n’est PAS un élu et que donc tous ses efforts pour le convaincre de se convertir seront inutiles... Mais voyez la manière dont Monod exprime ce dilemme dans le sermon «Combien Dieu est favorable à la conversion du chrétien inconverti » (1834), mais à partir d’un autre angle, c'est-à-dire celui de l’inconverti qui se demande s’il doit se convertir à Christ, mais si, à la fin, il figure sur la liste des prédestinés à l’enfer, alors tout ça, ce sera pour rien... (1855: 387)
Je suppose donc un homme qui me parle ainsi: Je conviens avec vous que ma condition présente est misérable, qu'il faut que j'en sorte à tout prix, et que je n'en puis sortir qu'en me convertissant. Je sais même ce qu'il faut faire pour se convertir; et je n'ai pas besoin que vous m'exposiez la doctrine de la conversion, que j'ai souvent entendu exposer en public et en particulier. Mais est-il certain que je puisse, moi, me convertir? Oui, si ce changement dépendait de ma volonté personnelle. Mais vous prêchez, et l'Écriture enseigne, que la conversion ne dépend pas de la volonté de l'homme, mais qu'elle est un don de Dieu et un fruit de sa grâce. S’il en est ainsi, je ne puis me convertir que si ma conversion est voulue de Dieu; et comment puis-je être assuré qu'elle le soit? Peut-être la veut-il, peut-être aussi ne la veut-il point.
Ouais, à la fin, si on se dit: “Et moi? Si je confesse mes péchés, je me repends de mes péchés, je lis la Parole, j’assiste aux cultes chrétiens et j’applique la Parole dans la vie de tous les jours, mais si à la fin c’est pour me faire dire «Ah non, on ne te l’a pas dit? Tu figures sur la liste des prédestinés pour l’enfer. Rien n’a faire...»” alors à quoi bon tout ça? Ce sont donc des questions TRÈS sérieuses, en fait il n’y a pas de questions plus sérieuses pour l’individu...
Mais bon, alors comment Monod s’en sort-il? Mais voyez un peu dans la citation qui suit (1855: 390)
Dieu veut votre conversion (1Tim. 2 : 4). Il la veut, bien entendu, non de cette volonté de commandement et de souveraineté à laquelle il est impossible de résister, en sorte que vous soyez contraints de vous convertir, que vous le vouliez ou non, - non, Dieu ne conduit pas l'homme « comme le cheval ou le mulet qui sont sans intelligence, » -, mais de cette volonté de consentement et de concours par laquelle il conduit ses créatures morales et responsables, en sorte que vous pouvez être assurés qu'il fera ce qui est nécessaire pour votre conversion, si vous la voulez sincèrement vous-mêmes.
Mais c’est assez curieux cette manière de s’exprimer de Monod ici, car un arminien n’aurait pas mieux exprimé la chose… Enfin, si vous voulez, ouais tout est là. Mais Monod est honnête et dans le même sermon, il met cartes sur table et à la question « Comment Dieu peut-il jongler avec sa souveraineté et la part de l’homme dans le cheminement du salut[2] ? » il répond, somme tout, « Je ne sais pas. On ne peut pas faire l’économie politique des rapports entre un Créateur infini et sa créature » (390-391)
Ne me demandez pas de vous expliquer comment il est vrai, tout à la fois, que nul ne vient à la conversion sans la, grâce et l'élection de Dieu, et que vous êtes tous obligés, sous votre propre responsabilité, de vous convertir, Dieu ayant fait pour chacun de vous tout ce qui est nécessaire pour qu'il se convertisse en effet. Ces deux vérités sont également attestées par les Écritures : c'est assez pour que je les prêche l'une et l'autre, et ce doit être assez pour que vous les receviez l'une et l'autre. Car je suis ministre de Jesus-Christ pour « annoncer tout son conseil (Actes 20 :27), » « commandement après commandement, ligne après ligne » (És. 27 :10) non pour le réduire en système ; et vous êtes disciples de Jésus-Christ pour croire ce qu'il vous enseigne, non pour vous tourmenter à savoir comment se concilient aux yeux de Dieu telles déclarations que vous ne savez comment concilier dans votre esprit.
En effet il faut donc se résigner à traiter avec TOUS les faits que nous déclarent les Écritures sur les rapports Dieu-homme. Mais on peut faire encore un peu d’ironie au sujet de Monod, car discutant de la menace de jugement dont fait face l’homme ou la femme qui repousse le salut proposé par Dieu, il observe (1834 : 394)
Aussi ajoute-t-il expressément : « Je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais à « ce qu'il se convertisse et qu'il vive. » Je ne prends point plaisir à votre mort. Je n'afflige point, je ne rejette point, je ne condamne point volontiers. Il faudra sans doute, si absolument vous rejetez ma grâce, si vous tournez à votre endurcissement tout ce que je fais pour vous sauver, il faudra qu'en Juste Juge je vous applique la loi de mon royaume, et que je prononce contre vous la terrible sentence que le pécheur a méritée.
Ouais, notez ces « si », si significatifs… Là encore ces observations de Monod exposent le rôle du libre arbitre dans le salut, mais quel calviniste pourrait l’avouer expressément ? Dans l’épître aux Colossiens, l’apôtre revient sur ce thème. Notez d’abord à qui il parle, qui sont ses lecteurs:
Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses; que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père! (Col. 1: 1-2)
Ensuite notez dans les versets (du même chapitre) qui suivent le « si » si significatif:
Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos mauvaises oeuvres, il vous a maintenant réconciliés par sa mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, irrépréhensibles et sans reproche, si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Evangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi Paul, j’ai été fait ministre. (Col. 1: 21-23)
Conclusion?
Il est bien connu que les théologiens (comme tous les autres hommes)
aiment bien gagner leurs arguments. Mais parfois, avec la grâce de Dieu,
même entre armeniens et calvinistes on arrive à trouver un terrain
d'entente comme en témoigne la disussion en anglais qui suit (qui
eut lieu le 29 déc. 1874) entre Charles Simeon (un calviniste) et John
Welsey (un arminien). Charles Simeon ouvre la conversation en disant:
"Sir, I understand that you are called an Arminian; and I have sometimes been called a Calvinist; and therefore I suppose we are to draw daggers. But before I consent to begin the combat, with your permission, I will ask you a few questions ( ) Pray, Sir, do you feel yourself a depraved creature, so depraved that you would never have thought of turning to God if God had not first put in your heart ?"
"Yes," said Wesley, "I do indeed."
"And then do you utterly despair of recommending yourself to God by anything you can do, and look for salvation solely through the blood and righteousness of Christ ?"
"Yes, solely through Christ."
But, Sir, supposing you were at first saved by Christ, are you not somehow or other to save yourself afterwards by your own works ?"
"No, I must be saved by Christ from first to last."
"Allowing, then, that your were first turned by the grace of God, are you not in some way or other to keep yourself by your own power ?"
"No."
"What then ? Are you to be upheld every hour and every moment by God, as much as an infant in it's mother's arms ?"
"Yes, altogether."
"And is all your hope in the grace and mercy of God to preserve you unto His heavenly kingdom ?"
"Yes, I have no hope but in Him."
"Then, Sir, with your leave I will put up my dagger again; for this is all my Calvinism; this is my election, my justification by faith, my final perseverance: it is in substance all that I hold, and as I hold it; and therefore, if you please, instead of searching out terms and phrases to be a ground of contention between us, we will cordially unite in those things wherein we agree."
(pp. xvii-xviii [vol. I] in Charles Simeon: Expository Outlines on the Whole Bible. Grand Rapids Zondervan reprint 1956)
Et C.S. Lewis, dans son livre, Letters to Malcolm, arrive à une position semblable et fait le constat du paradox que nous expose les Écritures au sujet de la souveraineté de Dieu et la liberté humaine (1964:ch 9)
One attempt to define causally what happens there has led to the whole puzzle about Grace and free will. You will notice that Scripture just sails over the problem. "Work out your own salvation in fear and trembling"pure Pelagianism. But why? "For it is God who worketh in you"pure Augustinianism. It is presumably only our presuppositions that make this appear nonsensical. We profanely assume that divine and human action exclude one another like the actions of two fellow-creatures so that "God did this" and "I did this" cannot both be true of the same act except in the sense that each contributed a share.
On est tous bien d'accord que Dieu est souverain et en contrôle, mais de quelle manière, là est la question... Il est assez curieux que les deux faces de ce paradoxe de la souveraineté de Dieu et du libre arbitre de l'homme apparaissent dans le même chapitre (6) de l'Évangile de Jean:
Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire; et je le ressusciterai au dernier jour. (v.44)
Et il ajouta: C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père. (v.65)
Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? (v.67)
Est-ce qu'un calviniste oserait affirmer que Christ blaguait en posant cette question et que cette question n'avait AUCUNE portée réelle? Voici l'état de ma réflexion actuelle.
Paul Gosselin
[1] - Peut-on comparer ça à un oiseau sans plumes, mais qui aboie comme un chien, a du poile de chien, la gueule d’un chien, qui gambade comme un chien et n’as pas d’ailes… Mais on me diras que ce n’est PAS un oiseau, mais bel et bien un chien… Et de toute manière comment un inconverti peut-il être un chrétien?? Inévitablement, un chrétien inconverti ne peut être qu'un individu qui a les apparences extérieures de la vie chrétienne, rien de plus...
[2] - Évidemment Monod n’utilise PAS l’expression libre arbitre…
Klett, Leah MarieAnn (2019) Matt Chandler: Many Christians are 'ill-prepared theologically to understand suffering'. (Christian Post)
Lewis, C. S. (1964) Letters to Malcolm: Chiefly on Prayer. (Ebook, PDF) (Canadian public domain text)
Monod, Adolphe (1855) Combien Dieu est favorable à la conversion du chrétien inconverti. pp. 385-413 tiré de Sermons: Première série, Lyon. Librairie Meyrueis
Does God's omniscience conflict with human free will? (Wintery Knight - 02/09/2017)
Think like a Calvinist, live like an Arminian. (Jon Zenor - Eternal Truth Ministry - 2/7/2011)
Local Calvinist's Elaborate Theology of Evangelism Entirely Theoretical. (The Babylon Bee - 27/8/2016)
Calvinist Hymnal Released. (The Babylon Bee - 7/2/2017)
Calvinist Dog Corrects Owner: 'No One Is A Good Boy'. (The Babylon Bee - 1/3/2018)
Calvinist Nods Stoically After Being Ambushed By Surprise Party. (The Babylon Bee - 3/5/2018)
Arminian Contractor Builds Bridge Halfway Across River. (The Babylon Bee - 13/8/2018)
Santa Claus Converts to Calvinism, Moves Everybody to Naughty List. (The Babylon Bee - 22/12/2018)