Séminaire
L'objectif de la présentation qui suit est de faire un survol de quelques questions liées au thème de l'origine de la vie et de vous stimuler à faire vos propres recherches sur la question. À la fin de cette présentation, vous aurez la possibilité de consulter la liste de mes références. Dans les lignes qui suivent nous allons comparer deux modèles qui prétendent, tous les deux, expliquer les origines de la vie. Il s'agit du modèle évolutionniste et du modèle créationniste. La première partie de notre discussion touchera le modèle évolutionniste et le seconde, le modèle créationniste.
La sélection naturelle
Les mutations
Les exigences physiques pour le vol
La vision
La notion d'espèce
1. Le modèle évolutionniste.
Ceux qui ont des enfants en bas âge ont peut-être remarqué une période où ces derniers posent énormément de questions. D'où vient la Lune ? D'où viennent les animaux ? D'où viennent les roches ? D'où venons-nous ? Même à l'âge adulte, la plupart d'entre nous restent un peu philosophes et ces questions nous reviennent: «d'où vient la vie ? D'où venons-nous ?»
Un peu partout sur la terre, les hommes ont réfléchi à ces questions et ont avancé différentes théories ou inventé des mythes pour tenter d'éclaircir ces mystères. En Occident, l'explication la plus connue et acceptée des origines est la théorie de l'évolution.
L'épistémologie est la science ou l'étude de ce que l'on sait. Le savoir. Les optimistes diront peut-être qu'il s'agit de l'étude de la Vérité (et des moyens pour y arriver) tandis que les pessimistes diront que c'est l'étude de l'information ou de la connaissance. Dans les quelques lignes qui vont suivre nous allons jeter un coup d'il épistémologique sur la question des origines en sciences. On entend souvent dire que l'évolution a pu déjà être prouvée scientifiquement. Malheureusement, il n'existe aucune théorie des origines de la vie qui puisse être prouvée scientifiquement.
La raison en est assez simple. Cela est lié au fait que la science est limitée...
Pour établir une loi scientifique comme celles de la gravitation ou les lois de la thermodynamique, il faut d'abord pouvoir énoncer une explication de faits matériels et observables qui peuvent être reproduits par n'importe quel scientifique dans son laboratoire. Ceci veut dire que pour établir une loi scientifique concernant un phénomène naturel, il faut que ce phénomène puisse être répété en laboratoire. Sinon, il faut au moins qu'il s'agisse d'un phénomène qui se répète naturellement et qui puisse être observable par n'importe quel chercheur comme par exemple les marées ou la comète de Halley qui revient tous les 76 ans.
Si l'on se tourne vers la théorie de l'évolution, on se rend vite compte qu'elle traite d'un événement unique, l'origine de la vie, et qui n'a été observé par aucun témoin humain. Aujourd'hui, on observe nulle part des organismes vivants naître spontanément d'une matière inorganique (processus qui porte le nom d'abiogenèse). C'est justement à Louis Pasteur, biologiste français, à qui l'on doit le rejet définitif de la notion de la génération spontanée qui affirmait que certains organismes vivants, comme les mouches, les souris et les micro-organismes pouvaient naître d'une matière non vivante. Pasteur a démontré que, dans la nature, ce que l'on observe c'est que le vivant naît toujours du vivant. Dans les faits, il faudrait poser la question suivante à un matérialiste qui affirmerait toujours que l'abiogenèse existe: «Si l'on n'observe pas l'apparition spontanée du vivant à partir du non-vivant, comment fondez-vous votre affirmation que ce phénomène est la source de toute la vie qui nous entoure ? Est-ce appuyé par des données empiriques ou est-ce un acte de foi?»
En termes scientifiques, nous n'avons donc aucun moyen de vérifier comment cela s'est passé. Étant donné cette situation, il nous est donc impossible de prouver scientifiquement quoi que ce soit concernant les origines de la vie.
Si effectivement la science ne peut trancher la question des origines d'une manière absolue, est-il possible qu'elle puisse tout de même jouer un rôle dans la question ? Oui, la science peut encore jouer un rôle et elle le fait en utilisant les diverses théories des origines comme des modèles qui peuvent être comparés de manière à voir lequel explique le mieux les faits de la nature qui nous entoure. Dans un cas comme celui-ci, il faut chercher à vérifier quel modèle est capable d'expliquer le plus grand nombre de données et laisse le plus petit résidu de données contradictoires ou inexpliquées. Lorsque certains faits qui apparaissent semblent contredire les prédictions du modèle, il peut être possible d'assimiler ces données au moyen d'hypothèses secondaires. La théorie nécessitant le plus petit nombre de ces hypothèses secondaires apparaîtra comme la plus plausible et la plus fidèle aux faits naturels. C'est à partir de telles informations que l'on pourra trancher entre deux modèles différents. Il faut par contre préciser qu'au bout du compte il y a un élément de foi impliqué dans l'acceptation d'une théorie des origines. La science, pour sa part, peut nous fournir les informations permettant de comparer les théories, mais il n'existe aucune expérience en laboratoire ou aucun test qui permettrait de trancher entre eux.
Pour résumer brièvement nos deux modèles, on pourrait affirmer par exemple touchant la théorie de l'évolution qu'elle est fondée strictement sur des processus naturels et implique le développement d'organismes complexes à partir d'organismes simples. Le modèle créationniste quant à lui explique la structure des organismes vivants par l'intervention d'une intelligence surnaturelle ou non humaine.
Il s'agit d'un fait bien connu aujourd'hui que la grande majorité des scientifiques acceptent la théorie de l'évolution et pour le non-scientifique ceci peut sembler comme un argument de poids en faveur de l'évolution. Oui cela peut apparaître comme un argument en faveur de l'évolution, mais si l'on regarde de près l'histoire des sciences, on se rend vite compte qu'il y a déjà eu plusieurs théories qui ont été acceptées par une majorité de scientifiques au cours de périodes assez longues, mais qui ont été rejetées par la suite. Par exemple, jusqu'au 15e siècle, la majorité des savants acceptaient l'idée (avancée par Ptolémée, un mathématicien grec) que le Soleil et la lune tournaient autour de la Terre et que la Lune et les planètes étaient faites de cristal parfait. Ces idées ont été rejetées après l'invention par Galilée du télescope et l'acceptation des théories héliocentriques de Copernic. Au 18e siècle, la grande majorité des chimistes croyaient que la combustion, de manière générale, était due à l'émanation d'un fluide qu'on appelait le phlogistique. Cette théorie s'est vue éliminée plus tard par les recherches de Lavoisier qui a découvert que la combustion était due, non pas à une perte de phlogistique, mais à l'addition de l'oxygène au combustible produisant de la chaleur, de la vapeur d'eau, du CO2 et des cendres. Un autre exemple qu'on pourrait citer est l'idée que la transmission des ondes électromagnétiques dans l'espace requiert une substance qu'on appelait l'éther. Jusqu'au début du 20e siècle, la majorité des physiciens croyaient à l'existence de l'éther, mais depuis les expériences de Michelson et Morley sur la vitesse de la lumière, la majorité des scientifiques n'y croient plus.
On pourrait conclure cette petite tournée en histoire de la science en disant qu'il ne suffit donc pas qu'une théorie soit acceptée par la majorité des scientifiques d'une période. Elle peut tout de même s'avérer fausse.
Il y a lieu de penser que la majorité des lecteurs connaissent l'histoire de Charles Darwin qui fit en tant que naturaliste, un voyage de 5 ans autour du monde dans le HMS Beagle et qui publia en 1859 (23 ans plus tard) l'Origine des Espèces. Généralement on lui attribue le crédit d'avoir élaboré la théorie de l'évolution biologique, mais les historiens qui étudient cette époque savent très bien que les idées évolutionnistes que Darwin a utilisées dans l'Origine étaient déjà présentes depuis assez longtemps. Si un autre naturaliste du nom d'Alfred Wallace n'avait été sur le point de publier une théorie presque identique à la sienne Darwin aurait probablement remis à plus tard la publication de l'Origine. Par ailleurs, le grand-père de Charles D., c'est-à-dire Érasme Darwin avait publié, avant la naissance de Charles, de nombreux textes dans lesquels l'idée de l'évolution des espèces par des processus naturels était exposée. On peut par ailleurs remonter jusqu'au 5e siècle avant J.C. chez les philosophes grecs Démocrite, Leucippe et l'école atomiste pour y trouver des conceptions matérialistes de l'origine de la vie. D'après les atomistes, l'univers et la vie étaient les résultats d'interactions d'atomes où il ne pouvait y avoir d'autre cause que le hasard.
Nous voyons donc que l'idée de l'évolution est très ancienne et originalité véritable de la contribution de Darwin est d'avoir fourni un mécanisme explicatif matérialiste plus conforme à la vision du monde scientifique, c'est-à-dire la Sélection Naturelle.
L'idée de la Sélection Naturelle utilisée par Darwin renvoie, par analogie, à la sélection artificielle qui est exercée par les hommes faisant l'élevage d'animaux domestiques. Darwin comparait la sélection que peut exercer la nature sur les espèces qui sont en compétition pour des ressources limitées à celle qui est exercée par les hommes pour améliorer des traits particuliers d'une espèce, par exemple produire des chevaux plus rapides ou des vaches laitières plus productives. Darwin remarquait que, dans la nature, la plupart des espèces produisent des descendants beaucoup plus nombreux que ce que l'environnement peut supporter, ce qui aboutit à une compétition entre les organismes pour les ressources du milieu. C'est ce qu'on appelle la survie des plus aptes. Ce sont alors les individus les plus forts, les plus rapides et les plus adaptés au milieu qui survivent. Plus tard, on s'est aperçu que souvent ce sont simplement les organismes qui se reproduisent en plus grand nombre qui se trouvent représentés dans un environnement. En bon québécois «T'as beau être l'organisme le plus fort, le plus adapté et le plus macho de ton environnement, si t'es stérile ça te sert à rien !! Dans une génération, il n'y aura plus personne pour s'en souvenir.» En ce qui concerne l'évolution donc, l'adaptation à un environnement joue un rôle important mais ce n'est pas tout.
A l'époque de Darwin, on comprenait encore très mal le mécanisme de l'hérédité et Darwin lui-même s'est appuyé sur la théorie de son temps, qu'on appelait la théorie des mélanges de sang (ou "blending theory"). En bref, cette théorie suppose que dans la reproduction des organismes vivants, comme le cheval par exemple, le sang des parents se mêle chez les descendants dans une proportion à peu près égale. C'est de cette théorie que nous vient l'idée de chevaux, de chiens ou de chats "pur-sang". Depuis les développements de la génétique moderne, on comprends mieux le phénomène de l'hérédité. D'après Darwin, la transmission des traits physiologiques dépendait de leur usage ou de leur non-usage. Si, par exemple, un cheval de trait développe beaucoup sa musculature, cette qualité sera transmise à ses descendants.
Les mutations
Aujourd'hui nous savons qu'il n'en est rien, mais que l'hérédité dépend du code génétique et non de l'usage des caractères. Depuis l'acceptation, au début du siècle, de la génétique mendélienne, la théorie de l'évolution a intégré ces découvertes et s'appelle maintenant néodarwinisme. Le néodarwinisme diffère du darwinisme original essentiellement au niveau des mécanismes qui servent de 'moteur' à l'évolution. Dans le darwinisme ce sont la sélection naturelle et l'usage qui sont les moteurs de l'évolution, tandis que dans le néodarwinisme ce sont la sélection naturelle encore et les mutations qui propulsent le processus.
Qu'est-ce qu'une mutation ? Grossièrement on eput dire qu'une mutation est simplement une erreur qui se glisse dans le matériel génétique d'un organisme contenu dans les molécules d'ADN. En termes plus spécifiques, il s'agit soit d'une altération, d'un remplacement ou d'une suppression d'un ou plusieurs gènes dans le code génétique d'un organisme. Comme on le sait c'est dans l'ADN qu'est enregistré toute l'information requise pour construire chaque organisme vivant. La mutation correspond en fait à un changement imprévu dans l'information que contiennent les molécules d'ADN. Les mutations peuvent êtres produites par des radiations, par exemple les rayons X, gamma et ultraviolets ou encore par des changements de température extrêmes et des substances chimiques puissantes. C'est un fait reconnu par tous les scientifiques qui s'intéressent à la question que la grande majorité des mutations sont, soit fatales, soit nuisibles, à l'organisme qui en est le porteur. À ce sujet R. Lowry Dobson, un médecin ayant travaillé au Lawrence Livermore National Laboratory aux États-Unis a fait des commentaires qui exposent un peu la schizophrénie de bon nombre de scientifiques matérialistes entre les données empiriques et le scénario évolutionniste (1964: 1018-1019)
While we spoke earlier about the importance of mutations in the evolutionary progress of our forebears, we should not leave the subject without reminding ourselves that in our present state the gene pool of human populations is extremely diversified. Any increase in mutation is not likely to add new ones that we have not experienced before. On the other hand, as we saw earlier, any mutation, whether it be “spontaneous,” radiation-induced, or a product of chemical mutagenesis, has an overwhelming probability of being detrimental. The statistical basis of this is exemplified by the watch analogy: a fine timepiece is a product of a long series of improvements made to an original careful design. If one thrusts a screwdriver randomly into its works, the chance of improving it is vanishingly small: the chance of damaging it is very great.
Mais c'était en 1964 et le débat sur les origines n'avait pris l'envergure qu'il a maintenant. Les scientifiques d'alors se permettaient donc des commentaires "imprudents" qui ne seraient pas publiés aujourd'hui. Pour ce qui est des mutations favorables il n'est pas facile d'avoir des chiffres précis pour établir leur fréquence, mais tous les spécialistes admettent qu'elles sont très rares. Discutant de l'évolution de l'il, Julian Huxley indique (1958: 5) que la probabilité de l'apparition d'une mutation favorable est de l'ordre de 1 sur 100,000 mutations. Les autres mutations ont donc des effets soit fatals, nuisibles ou neutres. Si on met de côté le rôle de la sélection, la probabilité l'apparition de deux mutations favorables dans une même lignée d'organismes ("strain") est de l'ordre de 1 sur (100,000)2 et celle de vingt est de l'ordre de 1 sur (100,000)20 ce qui équivaut à 1 suivi de 100 zéros. Disons qu'avec Loto-Québec [loterie d'État au Québec], vous aurez beaucoup plus de chances de devenir millionnaire que d'avoir vos 20 mutations favorables toutes ensemble. Comment Huxley s'en sort-il alors ? Voici ce que Huxley ajoute immédiatement après (1958: 5):
"La vieille objection de l'improbabilité de l'évolution, par le hasard aveugle, de l'il, de la main ou du cerveau a perdu sa force. A vrai dire, on peut retourner ce problème en remarquant que les adaptations qui semblent les plus improbables, pour autant qu'elles confèrent un avantage biologique, constituent autant de démonstrations du pouvoir immense de la sélection naturelle opérant au cours des périodes géologiques." ((ma traduction)
Ce que Huxley veut dire ici au fond c'est que même si l'évolution d'un mécanisme comme l'il est un événement tellement improbable que sa réalisation tient du miracle, il suffit de faire appel à la sélection naturelle et à des périodes de temps immenses pour que les miracles deviennent possibles.
Des mutations provoquées en laboratoire chez la drosophile (ou mouche des fruits) ont eu pour résultat des ailes déformées ou complètement éliminées, des yeux rapetissés ou complètement éliminés. Le néo-darwinisme se fie à l'espoir qu'à travers la masse immense des mutations nuisibles, il y aura un pourcentage, très petit évidemment, de mutations favorables et que la sélection naturelle saura les reconnaître et les récupérer avant qu'elles ne disparaissent à jamais avec l'organisme porteur au moment de sa mort. Que des mutations réellement favorables existent en fait n'a jamais été démontré de manière parfaitement convaincante. Les cas de mutations favorables qui sont avancés par les néo-évolutionnistes présentent deux types de problèmes.
Il faut mettre en contexte. On n'a pas fait l'inventaire du "pool génétique" de l'espèce en question pour établir si le trait "nouveau" est réellement nouveau et non pas un trait qui nous apparaît nouveau parce qu'un concours de circonstances a fait que ce trait a attiré notre attention pour la première fois. C'est vraisemblablement le cas pour la capacité accrue de résistance au DTT chez certains moustiques. Qu'est-ce au juste un "pool génétique" ? Un pool génétique c'est l'ensemble des traits génétiques d'une population d'organismes interfertiles. Par exemple, le pool génétique des chiens comprend toutes les possibilités situées entre le Danois et le Pékinois (taille, poids, longueur du poil, couleur du poil, forme, sensibilité du nez, etc...). Le pool génétique des moustiques comprendrait donc tous les traits possibles possédés par les moustiques incluant une certaine capacité de résister aux effets de molécules semblables à celle du DDT. |
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Un autre problème avec la question des mutations est lié au fait que le sens du terme "favorable" devient vite ambigu. L'anémie falciforme, une maladie humaine due à mutation dite" favorable", affecte entre autres la forme des globules rouges du sang, qui sont les transporteurs de l'oxygène. L'anémie falciforme n'est pas une maladie infectieuse. Elle est héréditaire et se retrouve surtout en Afrique et dans les pays entourant la Méditerranée. Comme on peut le voir ci-dessous, les cellules affectées ont une forme brisée, étirée et rappelant parfois une faucille, d'où le terme, "falciforme". Les globules rouges normaux ont la forme d'un beignet.
L'anémie falciforme est proposée comme un exemple de mutation "favorable" parce que le gène de l'anémie confère au porteur une certaine résistance à la malaria. Malheureusement cet avantage s'accompagne de plusieurs "petits" problèmes. Par exemple, les globules rouges affectés par l'anémie falciforme sont moins efficaces que les cellules normales pour une fonction essentielle, soit le transport de l'oxygène. Ils sont également plus rigides. De ce fait, ils ont tendance à bloquer les vaisseaux sanguins et gênent la circulation sanguine. L'individu porteur du trait anémie falciforme peut être sujet à des crises très douloureuses ou même à la mort en raison de blocages provoqués par les globules falciformes dans les vaisseaux sanguins. Il est aussi bien connu qu'un ftus qui hérite du trait anémique de ses deux parents a très peu de chances de vivre jusqu'à l'âge adulte. Un article de la revue National Geographic note que près dun million d'africains meurent chaque année de la malaria et qu'un cinquième des décès en dessous de l'âge de cinq ans est dû à la malaria.
Le cas de l'anémie falciforme est comparable à un homme qui subit l'amputation d'une jambe gangrenée. D'un point vue cela est avantageux pour lui (ça lui évite la mort), mais d'un autre côté, perdre une jambe n'est pas du même ordre que couper un ongle de doigt... Marcher sur ses deux jambes est généralement apprécié des humaines... Le fait est que les gens atteints de lanémie falciforme ont une maladie dont ils reçoivent un "bénéfice" seulement dans la présence de la malaria.
Sur la question du pouvoir des mutations pour transformer le vivant, le biologiste français P. P. Grassé note un point important (1973: 108)
"Dans leur nature actuelle, les Schizophytes, et parmi eux surtout les Bactéries du fait de leurs nombreuses mutations, varient beaucoup et dans le plus grand désordre, mais «tournent en rond», oscillant autour de la forme spécifique et, au total, ne changent pratiquement pas, c'est-à-dire n'évoluent pas. Les Bactéries restent Bactéries depuis 2 à 3 milliards d'années."
Imaginons un vendeur d'auto vous propose d'acheter un véhicule dans le parc d'autos d'un concessionnaire. Il vous décrit toutes les options et la garantie sur les pièces semble fort intéressante. Le modèle est de la couleur que vous désirez, le coffre est spacieux et l'espace de l'habitacle pour les passagers bien disposé lui aussi. Vous dites alors au vendeur; "Regardons sous le capot, j'aimerais bien voir le moteur!" Il hésite un moment puis il soulève. Que voyez-vous ? Non pas un moteur, mais une fourmilière, où les fourmis vont et viennent dans tous les sens ! Cela vous intéresse toujours ??
La théorie de l'évolution est tout à fait comme ce véhicule. Lorsqu'on soulève le capot de la théorie (ce que très peu de gens font), on constate assez rapidement que le moteur[1] du véhicule est tout à fait inadéquat pour arriver à destination, c'est-à-dire générer toute la complexité de la vie qui nous entoure. Et tout comme les fourmis ne peuvent déplacer le véhicule en question, les facteurs qui sont considérés comme responsables de l'évolution ne peuvent réellement conduire à destination, du non-vivant jusqu'au vivant.
Mettons de côté pour un moment le problème des mutations et voyons un peu de quoi a l'air l'évolution dans son ensemble (voir page suivante). Comment opère l'évolution ? D'après le néo-darwinisme standard, l'effet des mutations favorables s'accumule pendant de très longues périodes de temps. De manière générale, tous les évolutionnistes supposent que la Terre est très ancienne (de 4.5 milliards d'années environ) et que la vie y serait apparue, il y a environ 1 milliard d'années. Au départ, on ne sait pas vraiment comment le premier organisme vivant est apparu. Tous supposent qu'il s'agissait d'un organisme unicellulaire et que les multicellulaires sont apparus plus tard. Les évolutionnistes postulent qu'au moment de l'origine de la vie, les conditions sur la Terre étaient bien
différentes de celles que l'on connaît aujourd'hui et que celles-ci auraient permis le passage du non-vivant au vivant, ce qui est un phénomène qu'on ne peut observer nulle part aujourd'hui.
En biologie, on reconnaît généralement 3 facteurs qui jouent un rôle actif dans le processus de l'évolution. D'abord, les mutations ensuite la sélection naturelle et en dernier, la dérive génétique. Si on regarde les choses de plus près, on se rend vite compte qu'il faudrait peut-être faire du ménage là-dedans parce que le rapport des deux dernier facteurs avec la macro évolution n'est qu'un rapport d'analogie. Cela signifie que tous les trois sont du domaine de l'observable, mais que si l'on veut quelque chose pour appuyer vraiment la macro évolution, il faut éliminer les deux derniers car ils n'introduisent aucune information nouvelle dans le pool génétique. C'est pourquoi, pour ma part, je considère que seules les mutations ont un rôle actif dans le processus évolutif. Ce sont elles qui fournissent la «matière brute» avec laquelle travaillent ensuite la sélection naturelle et la dérive génétique. Mais un évolutionniste ardent comme Richard Lewontin admet que la probabilité que même une mutation favorable soit transmise n'est pas très élevée (2000: 91):
"Genetic variation depends on the process of mutation, and mutations are rare events. Any particular new DNA mutation will occur only once in about 100 million gametes. Moreover, when a single mutation occurs in a single newborn, even if it is a favorable mutation, there is a fair probability that it will not be represented in the next generation because its single carrier may not, by chance, pass it on to its few offspring."
Chose certaine, il faut avoir la foi pour rester évolutionniste ! La sélection naturelle, à mon avis, doit être considérée strictement comme un filtre passif puisqu'elle n'injecte aucune nouvelle information dans le pool génétique. Le rôle de la sélection naturelle est donc négatif et il consiste à éliminer les mutations ou caractéristiques génétiques "nuisibles", c'est-à-dire non adaptées à l'environnement actuel. La dérive génétique, même si elle peut faire apparaître des adaptations nouvelles et parfois apporter l'isolement de certains gènes de la population principale, n'apporte non plus rien de neuf au pool génétique dans son ensemble. Elle ne fait que donner la chance à certains gènes existants de s'exprimer, elle ne crée rien. On invoque parfois la dérive génétique dans la littérature comme génératrice de nouveautés, mais c'est faire preuve de naïveté. Si on prend le cas des pinsons de Galápagos que Darwin lui-même a étudiés, on constate à partir de quelques individus qui sont arrivés sur ces îles, une grande variabilité de phénotypes en particulier au niveau du type de bec. Il ne faut pas confondre, la dérive génétique (isolement d'une petite population d'individus de la population principale) ne crée rien, elle n'est la cause d'aucune diversité car si ces caractéristiques génétiques ne sont pas déjà présentes dans la population initiale, il ne se passera strictement rien lors d'un déplacement géographique accompagné d'une séparation de la population initiale.
La sélection naturelle, pour sa part, comporte des limites importantes. Elle ne peut faire n'importe quoi. La sélection naturelle est un processus automatique et, dans un sens, aveugle. En fait il s'agit d'un processus plutôt bête. Je m'explique. Un organisme qui est adapté à un milieu particulier va survivre tant qu'il demeure dans le milieu auquel il est adapté. Un autre organisme qui n'est pas adapté à ce même milieu va mourir. C'est la réalité brutale de l'Évolution. Un trait nouveau qui apparaît dans une espèce sera donc sélectionné par rapport avec un seul critère, à savoir s'il favorise l'organisme dans le milieu où il vit présentement. La sélection naturelle ne peut prévoir que tel ou tel trait pourrait être utile dans un autre milieu et ne peut non plus prévoir que la combinaison de plusieurs traits, nuisibles en soi, puisse donner quelque chose d'utile. La sélection naturelle est donc un processus bête parce qu'elle ne donne pas de chances à des traits qui sont nuisibles dans certaines circonstances, mais qui ne le seraient pas dans d'autres.
Étant donné ce fait, il faut considérer que la sélection naturelle est un facteur important qui peut contribuer à l'extinction d'une espèce. Comment est-ce possible ? Comme tous les spécialistes l'admettent, la sélection naturelle n'est pas un processus "intelligent" ou dirigé par une intelligence. Elle procède en éliminant beaucoup de traits génétiques dans le pool génétique d'une espèce. Elle ne peut rien prévoir des environnements possibles. Elle ne fait qu'éliminer les individus qui ne sont pas aptes à la survie dans un environnement donné. Elle ne peut pas prévoir que leurs traits génétiques (récessifs ou dominants) puissent être d'une quelconque utilité dans un autre contexte. Elle s'en moque Évidemment ce processus élimine les organismes handicapés, déformés, etc. mais ce processus aléatoire élimine aussi une grande variété génétique ce qui réduit la capacité d'adaptation des générations suivantes de l'espèce lorsqu'elles sont confrontées à un environnement différent. On peut penser aux petits hiboux tachetés des forêts de l'ouest américain ou encore aux koalas qui ne peuvent manger que certaines feuilles d'eucalyptus. Si leur environnement disparaît, l'espèce hyper-spécialisée risque de disparaître aussi.
la phalène du bouleau |
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sur écorce noircie |
sur écorce grise |
Ceux qui ont suivi un ou deux cours de biologie reconnaîtront dans le cas de la phalène du bouleau un exemple classique cité dans de nombreux manuels comme preuve des pouvoirs de la sélection naturelle. En fait, lorsqu'on y regarde de plus près, le cas de la phalène ne constitue pas une preuve très convaincante de l'évolution. Tout d'abord, il n'y est pas question de mutations ici car au départ les deux variétés (pâle et foncée) sont présentes. La seule chose qui change est la proportion de la représentation de chaque variété dans l'ensemble de la population. Le changement des pressions de sélection de l'environnement n'a donc pas introduit de nouvelles informations génétiques dans l'espèce phalène. Il n'y a donc rien ici qui avance réellement l'évolution car l'évolution nécessite, de quelque manière, l'introduction de nouvelles informations génétiques à défaut de quoi c'est le retour au statut quo. La preuve que ceci est vrai dans le cas de la phalène est que depuis les années 70, des contrôles plus sévères contre la pollution ayant été mis en vigueur en Angleterre, l'on constate que les lichens ont recommencé à pousser sur les troncs des arbres et que, graduellement, les phalènes tachetées blanches sont redevenus dominantes. Depuis la fin du 20e siècle, on observe une lente reconnaissance que les données de Kettlewell étaient mal fondées. Dans Icons of Evolution, Jonathan Wells note que dans la nature on n'observe pas les phalènes du bouleau se reposer sur des troncs d'arbres exposés. Un livre récent Of Moths and Men: Intrigue, Tragedy & the Peppered Moth par Judith Hooper note que les célèbres photos qui ont figuré dans d'innombrables manuels de biologie était frauduleux. Les phalènes en question étaient mortes et avaient été placées sur un tronc abattu à des fins d'illustration. Mais quel manuel de bio s'intéresserait à cet aspect de la chose ??
On entend souvent affirmer, dans le discours évolutionniste, que seulement 1% de nos gènes nous distinguent des autres primates et par conséquent nous devons avoir un ancêtre commun. Mais examinons cette affirmation sur un autre plan, par exemple celui de la littérature. Supposons que nous comparons l'essai Mein Kampf d'Adolf Hitler à un autre essai par Simon Wiesenthal et que nous trouvions après une analyse statistique des mots utilisés dans les deux ouvrages que seul 1% des mots dans les deux essais diffèrent. Si nous utilisons la logique évolutionniste, on conclura qu'ils doivent avoir un ancêtre/auteur commun! Mais est-ce qu'une telle affirmation peut tenir la route ?? Et si la réponse est négative, pourquoi le même raisonnement doit être considéré acceptable sur le plan de la génétique ?
Parfois les évolutionnistes affirmeront que : "Il s'agit d'un gros mensonge que d'affirmer que les pools génétiques ne changent jamais". Mais l'affirmation est plutôt facile (et vide de sens) lorsque l'on évite de préciser ce que veux dire "changer"... Supposons que cela voudrait dire que l'expression proportionnelle de certains gènes (EXISTANTS) dans une population d'une espèce constitue un "changement du pool génétique". Si l'on s'en tient à de telles banalités, un créationniste peut facilement admettre la chose, mais il affirmera immédiatement que cela n'a AUCUN rapport avec l'évolution, car le défi véritable est d'expliquer l'origine des informations génétiques elles-mêmes. La passe de magie qu'emploient régulièrement les évolutionnistes dès qu'on aborde ce genre de question est de jeter de la poudre aux yeux pour soulever des cas comme la Phalène du bouleau qui n'expliquent PAS l'origine des traits génétiques dont on discute. Le cas des bactéries résistantes aux antibiotiques est EXACTEMENT du même ordre !
Le vol: un problème d'ingénierie
Sur un autre plan, même si l'on accepte que les mutations favorables puissent s'accumuler dans le temps, il y a des cas où l'accumulation graduelle de mutations favorables est un mécanisme évolutif carrément insuffisant. Si l'on examine en détail, par exemple, la capacité de vol chez certains organismes on constate que certains traits impliqués par cette capacité, s'ils apparaissaient de manière isolée seraient nuisibles ou fatals à l'organisme. Regardons quelles sont les exigences physiques pour le vol :
- plumes (ou une peau spécialisée: ex. chauve-souris),
- un squelette approprié au vol,
- des os vides (plus légers),
- un système digestif qui fonctionne avec un minimum d'eau (moins lourd),
- une musculature appropriée au vol (marche vs. vol),
- un programme dans le cerveau produisant les réflexes musculaires appropriés au vol,
- un système de navigation (pour orienter l'oiseau qui voit maintenant d'en haut),
- un mécanisme d'apprentissage (la plupart des oiseaux n'apprendront pas à voler à moins qu'ils ne voient faire leurs parents).
La vision
Un autre cas intéressant est celui de la vision. La vision chez l'homme et la plupart des organismes supérieurs ne pourrait jamais être le résultat d'une seule mutation puisqu'elle implique un ensemble de systèmes qui fonctionnent de manière intégrée. Voici une liste partielle de ces systèmes:
- une lentille,
- un système de mise au point (accommodation ou "focus"),
- un diaphragme (iris),
- une (ou des) cellule(s) photosensible(s). permettant la conversion d'informations lumineuses (photons) en informations chimio-électriques,
- un nerf optique qui transmet l'information au cerveau,
- un code pour l'envoi d'informations entre l'il et le cerveau,
- un programme dans le cerveau (ou ailleurs) permettant de traiter l'information transmise par le nerf optique,
- un lien entre le cerveau et le système de réaction de l'organisme qui aboutit à une des réactions suivantes: pas de stimuli -> aucun changement de comportement, danger - > fuite et/ou défense, proie - > attaquer. (toutes ces choses impliquent des filtres afin de trier l'information reçue ou en langage informatique faire du "pattern recognition").
Évidemment, ceux qui connaissent bien la théorie de l'évolution objecteront à la lecture de cette dernière liste et noterons que, d'un point de vue évolutionniste, il n'est pas nécessaire de supposer que l'il était aussi complexe au départ. Admettons qu'on accorde ce point. Mais jusqu'où peut-on aller dans la simplification de l'il ? Si l'on regarde les systèmes visuels les plus rudimentaires chez les organismes unicellulaires, on constate que c'est encore passablement compliqué. Même le système optique le plus simplifié, mais encore fonctionnel, exige la présence d'une "plaque" photosensible, d'un nerf, d'un programme et un lien avec le système de réaction aux stimuli lumineux. Il est bien important de noter que si l'un de ces systèmes manque ou s'il n'est pas intégré aux autres systèmes (pour la transmission de l'information) et compatible avec eux tout l'ensemble ne vaut rien. Tous ces composants doivent être coordonnés. Ceux qui travaillent avec des ordinateurs savent très bien que la compatibilité d'un ordinateur avec son imprimante ou son lecteur de disque n'est pas un détail sans importance, mais une chose essentielle pour le fonctionnement de l'ensemble. Sans la compatibilité entre tous les éléments du système, même dans le cas de notre système visuel rudimentaire, l'il ne sera qu'une décoration inutile. Le "simple bon sens" nous dira bien que les chances que des mutations dues au hasard produisent un tel système (même aussi "rudimentaire") sont nulles. À mon avis autant croire aux miracles que croire que toutes les "bonnes" mutations se sont produites en même temps dans le cas d'un mécanisme complexe comme l'il.
Si ce portrait des choses est passablement déprimant pour l'évolutionnisme, ce n'est pas fini. Remarquons concernant l'évolution de la capacité de vol que ce n'est pas un événement qui ne se serait produit qu'une seule fois mais quatre et ce de manière indépendante!! C'est dire aussi qu'on part de zéro à chaque fois. Une telle évolution de la capacité de vol, se serait donc produite chez les insectes, les reptiles volants, les oiseaux et les chauve-souris. En ce qui concerne la vue, au moins 3 évolutions indépendantes se seraient produites chez les arthropodes (crustacés, insectes, etc.), chez les céphalopodes (pieuvres, calmars, etc.) et chez les vertébrés (poissons, reptiles, oiseaux et mammifères). Dans certains scénarios évolutionnistes, on postule de plus que l'ancêtre des divers groupes d'insectes était un ver sans yeux ce qui impliquerait que la capacité visuelle serait apparue indépendamment à quatre reprises aussi. Les évolutionnistes affirment parfois que des simulations sur ordinateur "prouvent" que la vie a pu évoluer grâce à des mutations. Mais ces "expériences" sont des simplifications ridicules de ce qu'exige la vie réelle et bien que ces simulations assujettissent les organismes virtuels à des mutations, elles prennent toujours la précaution de mettre à l'abri des mutations le code essentiel du programme pour éviter les crash...
Dans son ensemble, un des traits distinctifs de la théorie de l'évolution est l'idée que les organismes vivants qui nous entourent sont le résultat d'une longue chaîne d'organismes ayant accumulé au cours de millions d'années de petites modifications qui finirent par en faire des organismes différents les uns des autres. Avant de terminer, nous allons jeter un coup d'il à deux problèmes qui résultent de cette notion.
Lorsqu'on étudie la théorie de l'évolution et qu'ensuite on regarde dans la nature, certains phénomènes nous frappent. Par exemple, si l'on se fie juste à cette théorie qui nous dit que les différentes espèces qui existent sont le résultat d'une longue série de modifications graduelles, on s'attendrait, jusqu'à un certain point, qu'il y ait entre les diverses organismes une possibilité de transmettre de l'information génétique (au moment de la reproduction ou autre??). Entre organismes ayant une structure et des fonctions semblables l'on s'attendrait que cette possibilité soit grande, tandis qu'entre organismes de plus en plus différents, cette possibilité deviendrait progressivement de plus en plus petite. L'idée de base serait en fait de profiter aussi longtemps que possible des innovations ou avantages des autres groupes d'organismes. Ce que l'on constate en réalité c'est qu'à l'intérieur de l'espèce la transmission de l'information génétique est possible, mais hors de l'espèce, c'est impossible. Il semblerait, en quelque sorte, que chaque espèce jouisse d'une espèce de "copyright" ou droit d'auteur sur ses informations génétiques et que celles-ci ne peuvent finalement être d'aucune utilité aux organismes d'autres espèces. Dans un sens, la stérilité entre les espèces apparaît comme un "cheveu" dans la "soupe" de l'évolutionnisme !
Il y a évidemment l'objection que la frontière entre les espèces n'est pas parfaitement étanche et qu'il y a quelques cas de descendants fertiles entre individus d'espèces différents. C'est vrai, mais cela ne résout pas le problème fondamental que d'un point de vue évolutionniste la stérilité entre les espèces devrait être une exception plutôt que la règle !
En résumé, on s'attendrait donc, dans un contexte évolutionniste, à retrouver dans la nature une structure taxinomique et reproductive plutôt "souple" permettant la transmission aisée d'informations génétiques. Ce que l'on rencontre en fait c'est un carcan rigide qui isole les groupes d'organismes (et leurs pools génétiques) les uns des autres. Chaque groupe d'individus faisant partie d'un même pool génétique vivrait, si l'on s'en tient à la génétique, en quelque sorte sur son île d'où il ne pourrait partir et d'où d'autres ne pourraient venir. Cette situation a pour conséquence que beaucoup d'informations génétiques se trouvent, à toutes fins utiles, perdues pour un bon nombre d'organismes et que ceux-ci devront partir à zéro pour acquérir un trait particulier même si un organisme voisin, mais appartenant à un pool génétique différent, possède le même trait de manière complète.
Si l'on se tourne vers l'étude des fossiles, c'est-à-dire vers le domaine de la paléontologie, d'après le modèle néo-darwiniste standard, on devrait s'attendre à trouver une longue série d'organismes qui se différencient peu à peu. Ce que l'on rencontre pourtant dans le registre fossile ce ne sont pas les chaînons manquants qu'exige la théorie. On a retrouvé évidemment de nombreuses formes de vie qui n'existent plus aujourd'hui dont les fameux dinosaures et les mammouths, mais toutes ces découvertes n'ont pas fourni les formes de vie intermédiaires postulées par l'évolution. Darwin, de son vivant, était conscient du problème que posaient pour sa théorie les chaînons manquants et il répondait sur ce point que de nombreux coins du globe restaient à explorer et que vraisemblablement, on découvrirait les fossiles des organismes intermédiaires postulés par sa théorie enfouis dans les strates de roches sédimentaires. Depuis, notre connaissance des organismes du passé s'est accrue énormément et la quantité de fossiles aussi, mais les chaînons manquent toujours. On lit régulièrement dans les nouveautés scientifiques, l'annonce de la plus récente découverte de fossiles d'hommes préhistoriques qui devrait révolutionner notre conception de l'évolution de l'homme. Mais ce genre d'affirmation revient dans la bouche des évolutionnistes à toutes les années. On ne les entendra jamais signaler des données qui pouraient exiger une remise en question fondamentale: "Nous réalisons maintenant que les liens entre les hommes et leurs ancêtres primates ne sont que des construits arbitraires et artificielles, sans fondement dans la réalité!" On peut rêver...
Mais comme on le voit dans l'exemple suivant, le choix des chaînons manquants comporte un trait plutôt, étrange, voire inexplicable. Un jour un créationniste visite l'exposition "Evolving Planet" au Field Museum of Natural History à Chicago. N'y trouvant rien sur les fossiles d'oiseaux, il demanda alors au docent (bénévole répondant aux questions) où ils étaient. Le docent évoqua alors l'Archæoptéryx, qui est considéré une espèce intermédiaire entre les dinosaures et les oiseaux, puisqu'il partage certaines caractéristiques de chacun. Le créationniste lui demanda à propos de l'ornithorynque, qui est doté d'un bec de canard, la queue d'un castor, les pieds d'une loutre, pond des ufs comme un poulet et comporte des glandes de venin comme un serpent. Si on reste dans la même logique, faut-il considérer l'ornithorynque comme une espèce intermédiaire entre les canards, castors, loutres, poules et serpents? Et si la logique du lien généalogique doit s'appliquer dans le cas de l'Archæoptéryx pourquoi ne s'applique-t-il pas dans le cas de l'ornithorynque?
La réaction du docent? Possiblement l'Archæoptéryx n'est pas une espèce intermédiaire après tout...
Voici quelques exemples de groupes d'organismes, apparemment liés par un long processus évolutif, entre lesquels il n'y a pas d'organismes intermédiaires valables :
On peut aussi examiner le cas de l'archéoptéryx. L'archéoptéryx est un oiseau aujourd'hui disparu et que l'on connaît grâce à quelques spécimens fossilisés dont le plus connu est gardé au British Museum en Angleterre. D'après plusieurs évolutionnistes, l'archéoptéryx serait une forme intermédiaire entre les reptiles et les oiseaux, voir même l'ancêtre des oiseaux modernes. S'il est vrai que l'archéoptéryx possède quelques traits qui font penser aux reptiles (griffes aux ailes et dents), il n'est pas clair que l'archéoptéryx soit un intermédiaire pour autant, car certains oiseaux modernes ont aussi des griffes aux ailes. Par ailleurs, pour plusieurs chercheurs, l'archéoptéryx doit être classé comme un oiseau à part entière, car il possède des ailes et des plumes développées et parfaitement normales.
Il y a quelques années, on a fait une découverte de fossiles, dans la formation Dockum au Texas, qui risque de remettre en question complètement le statut d'intermédiaire de l'archéoptéryx. Un paléontologue du nom de Sankar Chatterjee a découvert 2 oiseaux fossiles dans des strates datés à 225 millions d'années selon les méthodes conventionnelles, c'est-à-dire précédant l'archéoptéryx de 75 millions d'années. Normalement, d'un point de vue évolutionniste, l'on s'attendrait à ce que ces fossiles d'oiseaux présentent des traits plus primitifs que l'archéoptéryx, mais ce n'est pas du tout le cas. L'oiseau fossile de Chatterjee, qu'il nomme Proto-avis, possède des os creux (qui sont une adaptation au vol) tandis que les os de l'archéoptéryx sont pleins. L'oiseau de Chatterjee possède aussi un sternum développé (adaptation au vol aussi) tandis que l'archéoptéryx ne semble pas en avoir.
Concernant les "chaînons manquants" Michael Denton, un chercheur en biologie moléculaire d'Australie, indique (1985: 162):
"En dépit de l'accroissement phénoménal de la recherche géologique dans tous les coins du globe et de la découverte de nombreuses formes de vie étranges et inconnues, la multitude de formes intermédiaires n'a pas été découverte et les données fossilisées ("fossil record") sont à peu près aussi discontinues qu'a l'époque où Darwin écrivait l'Origine. Les formes intermédiaires demeurent toujours aussi mystérieuses que jamais et leur absence demeure, un siècle plus tard, un des traits les plus frappants des données fossilisées." (trad. de l'auteur)
Récemment (08/2004) j'ai lu un ouvrage fort intéressant rédigé par le généticien britannique Bryan Sykes (Les Sept Filles d'Eve. Albin Michel 2001 345p.). Dans ce texte, l'auteur examine les découvertes récentes en génétique touchant l'ADN mitochondrial et nous explique comment ce type d'ADN permet de remonter / explorer, de mère en mère, l'histoire génétique de l'espèce humaine. Sykes place ses recherches dans le contexte de la théorie de l'évolution et certains pourraient y voir une preuve supplémentaire de cette théorie. La réalité est tout autre. Ce que prouve le livre de Sykes (et bien d'autres ouvrages du même genre écrits par des scientifiques) est qu'on peut toujours utiliser la théorie de l'évolution pour interpréter les résultats les plus récents de la science. Ceci prouve aussi que la théorie de l'évolution s'adapte à volonté aux découvertes les plus inattendues et que les évolutionnistes ont une imagination très développée, débordante. Ces livres prouvent aussi que bien des chercheurs ont un besoin manifeste de faire de la théorie de l'évolution une explication de tout (à la trip d'acide de Daniel Denett). Désolé, mais cela ne prouve en aucun cas la théorie de l'évolution... À mon avis cette théorie n'est pas digne du respect et, surtout, de l'obéissance aveugle qu'on lui voue en général en milieu francophone. Mais si votre vision du monde exige un mythe d'origines matérialiste (ou si vous préférez à tout prix suivre le troupeau) alors vous serez bien servi.
Pour conclure, on peut noter qu'au niveau des fossiles, la situation est arrivée à un tel point que certains chercheurs admettent qu'on ne retrouvera jamais les chaînons manquants et qu'il faut plutôt réajuster la théorie. Parmi les partisans d'une telle approche, on trouve les paléontologues Stephen Jay Gould et Niles Eldredge qui proposent une nouvelle forme d'évolutionnisme qu'on appelle équilibre ponctué ou évolution saltatoire. Cette théorie suppose quau cours des ères géologiques plutôt qu'une lente et longue accumulation de mutations favorables, l'évolution serait plutôt le résultat de longues périodes de stabilité sans changements remarquables, entrecoupées par des périodes de bouleversements caractérisées par de nombreuses mutations et des changements physiologiques et génétiques radicaux, d'où le surnom anglais "hopeful monster theory". Au bout du compte un tel ajustement de la théorie ne règle rien car les néo-darwinistes ont de très bonnes raisons d'être réticents vis-à-vis de l'idée d'une évolution par sauts. Car si l'apparition d'une mutation favorable est une chose exceptionnelle, l'apparition, dans le même organisme de plusieurs mutations favorables qui ne nuisent pas les unes aux autres est impossible sur le plan statistique. Dans une certaine mesure, adopter le théorie de léquilibre ponctué revient un peu à combattre le feu par le gaz. Il semblerait plus facile de croire aux miracles que de croire à l'apparition simultanée de plusieurs mutations dans un même organisme. Même si cette théorie a fourni une explication pour l'absence de plusieurs chaînons manquants,elle n'a pas fait beaucoup d'adeptes.
suite (partie II)
[1] - C'est-à-dire les mutations et la sélection naturelle