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Le fantôme de Nietzsche en 2024

ou Par-delà bien et mal, un compte rendu





Paul Gosselin (1/1/2024)

 

Ayant déjà lu quelques ouvrages de Nietzsche auparavant, récemment je me suis tapé Par-delà bien et mal, publié initialement en 1886. Voici quelques impressions suite à cette lecture.

Friedrich Nietzsche Friedrich Nietzsche est avant tout connu comme le philosophe qui déclara “ Dieu est mort ! ”[1]. À vrai dire on pourrait prétendre que Nietzsche a raté sa profession, car ayant cet amour du langage ambigu, il aurait pu être un vendeur de premier rang. Je m'explique... Dans ses livres, Nietzsche a la mauvaise habitude de remplir ses pages d'allusions et d'insinuations plutôt que des affirmations spécifiques et claires[2]. Nietzsche s'amuse donc à provoquer et narguer ses lecteurs... S'il est rare que Nietzsche joue cartes sur table, exposant clairement ses propres dogmes ou présupposés, il reste que Nietzsche nous est surtout utile par sa perception intuitive de la finalité logique de la pensée dérivée des Lumières. Nietzsche, il me semble, est un passeur ou, si on veut un précurseur, entre le système de croyances moderne[3], vers le postmoderne. Comme on pourra le voir, Nietzsche n'avait que du mépris pour les dévots des Lumières vivant dans l'incohérence et refusant d'aller jusqu'au bout de leur système de croyances. Plus que bien d'autres de sa génération, il a su accepter et exprimer les conséquences d'un monde où domine le mythe d'origines matérialiste[4].

Touchant les questions morales, la majorité des penseurs des Lumières se sont fait un point d'honneur de défendre “ la moralité ”, c'est-à-dire les vestiges de moralité judéo-chrétienne subsistant encore dans l'Europe des 18e et 19e siècles. Très tôt dans le débat sur les Lumières, les critiques ont affirmé que la pensée des Lumières allait entraîner l'immoralité. En réaction, les penseurs des Lumières se sont donc fait “ grands moralisateurs ”. Ceci peut expliquer le fait qu'au 19e siècle on a trouvé bon de retarder la publication de plusieurs œuvres du marquis de Sade. Œuvres qui auraient posé un problème de marketing pour les Lumières... Ainsi lorsque les abolitionnistes du 18e siècle comme l'Anglais William Wilberforce ont fait avancer la cause de l'abolition de l'esclavage en affirmant que les esclaves aussi étaient des hommes, puisque faits à l'image de Dieu[5], étant donné le prestige acquis par ce mouvement, bon nombre de dévots des Lumières ont fini par se joindre à cette cause (pour éviter des pertes d'influence politique ?). Avec raison Nietzsche a exprimé son mépris d'un tel parasitisme éthique de la part des dévots des Lumières. Discutant des matérialistes incohérents de sa génération dans Crépuscule des idoles, Nietzsche a exprimé des commentaires décapants qui donnent à réfléchir sur l'exercice difficile de la cohérence dans un cadre conceptuel matérialiste (1899/1970: 78-79):

Si on paraphrase Nietzsche ici, alors “ Si le Dieu judéo-chrétien est mort, alors toute la moralité érigée sur cette fondation s'évanouit comme un mirage également ”. Nietzsche rejette donc le présupposé (généralement implicite) que l'on puisse tirer l'éthique (ou des lois morales) du néant, comme le magicien tire un lapin de son chapeau. Selon Nietzsche, l'homme n'est pas naturellement moral. Pour s'en convaincre, il suffit d'un coup d'œil distrait dans les livres d'histoire pour se rendre compte que l'Histoire expose abondamment la brutalité et l'immoralité (naturelle) de la race humaine. Ainsi l'Histoire expose le fait que l'homme est naturellement brutal et immoral[6]... Voici un passage de Par-delà bien et mal où Nietzsche nous force à examiner les répercussions de sa moralité post-chrétienne (1886/2000 : 72)

Si Nietzsche parle parfois de danser jusqu'au bord des abîmes[7], il me semble légitime de penser que le marquis de Sade a fait justement plus que danser au bord. Là où Nietzsche a jeté un coup d'oeil précautionneux dans l'Abîme, Sade a sauté à pieds joints... Mais vivre de manière cohérente avec sa vision du monde n'est pas toujours facile...


Le surhomme proposé par Nietzsche

Ici et là dans son œuvre Nietzsche met en place les morceaux du puzzle permettant de dresser le portrait de ce qu'il appelle l'âme noble c'est-à-dire l'Übermensch ou le Surhomme. Ce Surhomme ou homme supérieur est l'homme de l'élite, celui que la nature a fait pour diriger[8]. Exercer le pouvoir c'est son droit absolu. Voici quelques éléments tirés de la section 265 de Par-delà bien et mal qui décrivent le Surhomme et expliquent ses droits (1886/2000 : 260) :

Selon une perspective chrétienne, on pourrait dire que Nietzsche a bouffé le premier mensonge, c'est-à-dire  «vous serez comme des dieux ! » (Genèse 3 : 5). Et si on fouille un peu, on constate que le concept nietzschéen du surhomme est proche de celui de l'illuminé (l'initié) des francs-maçons, et proche au point où même un franc-maçon reconnaît cette proximité. Un article par le franc-maçon américain Dave Holt fait le commentaire suivant au sujet de ce concept de Nietzsche (2017):

Évidemment d'une telle déclaration, on peut donc déduire que le franc-maçon se considère également un homme supérieur, auquel les masses (non-initiés) doivent soumission. D'autre part Nietzsche décrit son “ grand homme ”, son Übermensch comme un être avec un cœur de pierre, au point même d'être indifférent à l'amour (et à la compassion)[9] (1886/2000: 92) :

Et c'est justement ce concept de Surhomme que Nietzsche considère le salut de l'humanité et qui nourrit son mépris de du christianisme, système de croyances qu'il juge trop mou, corrompant l'humanité par sa compassion pour les faibles... Le Surhomme proposé par Nietzsche est donc un être dur, impitoyable et dans ses Fragments posthumes, cela lui fera dire (1977, volume XIV : 224-225)

Comme on le voit ci-dessous Par-delà bien et mal le concept de Surhomme (le vainqueur de la lutte darwinienne pour la survie) qui nourrit à la fois l'admiration de Nietzsche pour l'eugénisme et son mépris du christianisme (1886/2000 : 114)

Voilà une attitude qui ait tout pour plaire aux nazis[12] et qui aujourd'hui peut susciter l'admiration de la secte de Davos[13]... Dans une édition anglaise de son livre La Volonté de puissance/Will to Power, livres III et IV, Nietzsche décrit l'Ubermench de la manière suivante (1901/1913):

Solution FInaleNotons d'ailleurs que le portrait que dresse Nietzsche du Surhomme décrit assez fidèlement l'attitude du nazi Josef Mengele, le médecin sanguinaire d'Auschwitz qui mena des expériences scientifiques cruelles et impitoyables sur les prisonniers. Bon nombre de prisonniers sont morts d'injections létales, d'injections de typhus ou des suites d'opérations sadiques. Ceux qui ont rencontré Mengele après la guerre ont noté qu'il n'avait aucun regret des gestes qu'il avait posés et affirmait n'avoir “ fait que son devoir ”. De l'avis de Mengele, traiter ses prisonniers comme des rats de laboratoire était légitime si cela faisait “ avancer la science ”. Chez Nietzsche, son mépris du peuple s'est exprimé ouvertement et brutalement (1886/2000: 113)

Ainsi, puisque le surhomme est un conquérant impitoyable, celui qui a de la valeur et qui a droit au pouvoir, les masses pour leur part ne valent moins que rien, surtout s'ils ne remplissent aucune tâche estimée utile par le surhomme[14]. Dès lors ils seront classés des mangeurs inutiles (ou Unnütze Esser) comme le disaient les nazis. D'autre part, le portrait que Nietzsche dresse de l'Übermench décrit bien l'attitude les pions de Davos (les Justin Trudeaus et les Anthony Faucis) présentement au pouvoir un peu partout dans le monde. Le livre de Yuval Noah Harari, bras droit de Karl Schwab, Homo deus (2015) cadre très bien dans cette logique, car dans ce livre Harari suggère froidement que l'humanité, tel qu'on la connaît est voué à disparaître[15] et être remplacé par homo deus, ou l'homme dieu[16]. Mais revenant au Surhomme nietzschéen, dans son Bâtards de Voltaire John Ralston Saul nous propose des observations touchant l'attitude d'un Surhomme plus banal, soit le technocrate moderne, éclairant comment celui-ci conçoit et joue son rôle et, en particulier son rapport au peuple, toujours selon des conceptions nietzschéennes[17] (1993 : 117) :

Évidemment cette difficulté à traiter directement avec le peuple que note Saul peut avoir une autre source, c'est-à-dire une conscience aiguë de sa supériorité personnelle, supplée d'un mépris mal dissimulé du peuple.


Mépris de Nietzsche pour la démocratie

Il ne faut pas s'étonner que l'élitisme déterminé de Nietzsche nourrisse son mépris du peuple[18]. À son avis seul le Surhomme mérite respect. Pour les masses, Nietzsche n'a qu'un mépris enraciné dans une logique darwinienne impitoyable (1886/2000 : 114)

Dans cette même logique, la démocratie est méprisée par Nietzsche, cette démocratie qui donne manifestement trop de pouvoir au peuple ou, pour utiliser le terme de Nietzsche, le troupeau (1886/2000 : 160) :

Mais quelle déclaration étonnante et inattendue de la part de Nietzsche ! En général les dévots des Lumières attribuent la démocratie à l'héritage des Grecs, mais Nietzsche en sait assez sur cet héritage pour savoir que démocratie chez les Grecs était réservée uniquement aux nobles, aux élites. La majorité de la population était composée d'esclaves. Pas question de droits ou de vote pour les esclaves, pas plus que pour les artisans grecs, femmes grecques ou étrangers libres habitant une cité grecque, même depuis de longues années. La citoyenneté était réservée aux nobles nés grecs. Comme je l'ai signalé ailleurs la démocratie et les droits politiques accessibles aux masses en Occident sont effectivement le fruit de libertés gagnées par les chrétiens anabaptistes pendant la Réforme. Une fois cette liberté religieuse (liberté de pratique religieuse, dégagée de toute intervention ou restriction étatiques) fut gagnée, la liberté d'expression politique devint possible ainsi que les partis politiques. Une page plus loin, Nietzsche exprime un peu plus clairement son mépris de la démocratie (1886/2000 : 161-162)

Si la démocratie attire le mépris de Nietzsche[19], le nationalisme a droit à son mépris pour les mêmes raisons : le nationalisme donne trop de pouvoir au peuple... Discutant de l'Europe, Nietzsche évoque le scandale des clivages politiques de ce continent et note (1886/2000 : 240)


Alduous HuxleyObservations finales

Ouais, on le sait, le nationalisme est un obstacle emmerdant aux ambitions de pouvoir total des Übermensch. Chose curieuse, le mépris de la démocratie exprimé par Nietzsche retrouve un écho bien des années plus tard dans une prophétie émise par Alduous Huxley dans son roman Retour au meilleur des mondes qui décrit de manière presciente la vie sous les Übermensch postmodernes (1990: 144):

Et si Huxley parle d'une liberté au sens strictement pickwickien du terme, ceci implique une liberté politique (ainsi que l'exercice de droits politiques) complètement factice... Aux yeux des élites postmodernes, la démocratie n'est légitime que dans la mesure où elle est soumise à leurs projets et à leur volonté. Tout le reste est qualifié de menace à la démocratie. Quels hypocrites... En somme un processus politique tel que nous décrit Huxley a tout pour plaire aux pions de la secte de Davos. Dans un tel cas, même des élections peuvent devenir un outil pour garder les masses dans leur place, c'est-à-dire en soumission. Et dans le cas où les masses oseraient résister à cet état de choses, alors rien n'interdit de trafiquer le résultat du processus démocratique... Ce sera “ pour leur bien ”... Ceci dit, de l'avis de Nietzsche, même la religion peut servir d'outil aux Surhommes pour aiguillonner le troupeau dans la bonne direction[20]. On peut deviner que la déclaration de Nietzsche ci-dessus laisse entendre la fin des États-nations. De quoi délecter les assoiffés de pouvoir, les néototalitaires de Davos (1886/2000 : 176)

Puisque de l'avis de Nietzsche “ Dieu est mort ! ”, et que le Dieu chrétien servait de fondation à la moralité (occidentale), alors tout ce qui reste à Nietzsche est une moralité enracinée dans le mythe d'origines matérialiste, c'est-à-dire la logique darwinienne de la lutte pour la survie, la lutte du plus fort[21]. C'est cette logique qui explique l'être impitoyable que décrit Nietzsche, c'est-à-dire son Surhomme, un être fidèle à la seule moralité que connaît tout bon darwiniste comme Nietzsche, soit devenir vainqueur de la lutte pour la Survie. Le Surhomme est donc indifférent à TOUT le reste. Le Surhomme a un bloc de béton à la place du cœur...

Tout cela pose une question : Vu les catastrophes humaines causées par les Nietzchéens au 20e siècle, que feront les Nietzchéens et néototalitaires de la secte de Davos en Occident au 21e siècle ? Ils ont déjà entre les mains un pouvoir de surveillance et de contrôle des populations (sans parler du pouvoir économique) qui aurait fait rêver Hitler, Staline ou Mao...


Bibliographie

ANTHONY, Andrew (2017) Interview : Yuval Noah Harari: 'Homo sapiens as we know them will disappear in a century or so'. (The Guardian– 19/3/2017)

GOSSELIN, Paul (2009) Fuite de l'Absolu: Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. Volume II. Samizdat Québec xiv-574 p

HARARI, Yuval Noah (2015/2017) Homo deus - Une brève histoire de l'avenir. Albin Michel 463 pages

HOLT, Dave (2017) Friedrich Nietzsche's Übermensch or Superman and Freemasonry. (Masonic Enlightenment - May 20, 2017)

HUXLEY, Aldous (1958/1990) Retour au meilleur des mondes. Plon [Paris] 155 p.

KURZBAN, Rob (2023) Morality and other weapons: How progressive taboos cut and slice. (Aporia Magazine – 20/12/2023)

LEWIS, C. S. (1943/1986) L'Abolition de l'homme : Réflexions sur l'éducation avec attention à l'enseignement de l'anglais dans les écoles secondaires. [traduction et préface d'Irène Fernandez] Limoges : Criterion,. 201 p.

LEWIS, C. S. (1943/2014) The Abolition of Man (or Reflections on Education With Special Reference to the Teaching of English in the Upper forms of Schools). Samizdat 49 p.

LEWIS, C. S. (1960) The Four Loves. Harcourt, Brace, Jovanovich - New York

NIETZCHE, Friedrich (1882/1950) Le gai savoir. (traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte) Éditions Gallimard Paris (coll. Folio/Essais 17) 373 p.

NIETZSCHE Friedrich, (1886/2000) Par-delà bien et mal, (trad. Patrick WOTLING) Flammarion Paris 385 p.

NIETZSCHE, Friedrich (1899/1970) Crépuscule des idoles; suivi de Le cas Wagner. (trad. d'Henri et, al. Médiations ; 68) Denoël Gonthier Paris 190 p.

NIETZSCHE, Friedrich (1899/1903) La Volonté de puissance. t. 1 traduction - Henri Albert. Société du Mercure de France

NIETZSCHE, Friedrich (1901/1913) Will to Power: An Attempted Transvaluation of All Values. vol. II. [Translator:, Anthony M. Ludovici] TN Foulis London xx-432 p.

NIETZSCHE, Friedrich (1977) Oeuvres philosophiques complètes, volume XIV : Fragments posthumes, début 1888 - début janvier 1889, Gallimard

PLATON (3e s. av. J-C/1966) La republique. [traduction: R. Baccou] Garnier-Flammarion Paris (coll. 90) 507 p.

SAUL, John (1993) Les bâtards de Voltaire: la dictature de la raison en Occident. Payot [Paris] 653 p.

SMITH, Lauren (2023) A year of green gaslighting : 2023 proved that the war on cars is no conspiracy theory. Spiked – 25/12/2023

WINTERY KNIGHT (2023) Study: belief in free will linked to ability to behave morally and to help others. (18/12/2023)


Notes

[1] - Pendant un moment, il fut l'ami du compositeur Richard Wagner. Et quelle ironie, car cet athée notoire était également fils d'un pasteur luthérien...

[2] - C'est d'ailleurs une stratégie défensive fort efficace, car devant ses critiques, Nietzsche (et ses dévots) peuvent toujours répliquer que les critiques ne l'ont “ pas compris ”... Et inévitablement il aura raison sur ce point... Autre point qui complique le portrait que l'on pourrait dresser de la pensée de Nietzsche est le fait que certains des écrits publiés posthumes par sa sœur, Élisabeth Förster-Nietzsche, sont contestés, car il semble que sa sœur aurait tripoté ces textes pour les rendre près de sa pensée personnelle. C'est dû à ce fait que les diverses éditions des ouvrages de Nietzsche ne concordent pas toujours...

[3] - Toutes les idéologies issues du Siècle des Lumières.

[4] - Aussi connu sous l'expression Théorie de l'Évolution.

[5] - J'ai entendu dire que si les abolitionnistes n'avaient pas obtenu la fin de l'esclavage à la fin du 18e ou au début des 19e siècles, alors plus tard, lorsque le mythe d'origines matérialiste est devenu dominant, ce serait devenu impossible.

[6] - Évidemment Machiavel serait tout à fait d'accord avec un tel énoncé...

[7] - L'expression apparaît dans Le gai savoir et décrit la fin de l'esprit libre qui poursuit jusqu'au bout ses convictions (1882/1950: 290) et qui est prêt à expérimenter la:

(...) liberté du vouloir qui permette à un esprit de rejeter à son gré toute foi, tout besoin de certitude; on peut l'imaginer entraîné à se tenir sur les cordes les plus ténues, sur les plus minces possibilités et à danser jusqu'au bord des abîmes. Ce serait l'esprit libre par excellence.

[8] - Il se peut que ce concept soit inspiré en partie du roi-philosophe que Platon nous présente dans La République.

CS Lewis[9] - C'est un tel être que CS Lewis décrit au 3e chapitre de son Abolition de l'homme (1943). Mais plutôt que le titre Übermensch, Lewis lui donne le titre de Conditionneur... Personnage incarné au 20e siècle par des totalitaires tel que Hitler, Josef Mengele, Staline, et Mao. De l'avis de Lewis, le Conditionneur n'est pas simplement un être amoral, au-delà du bien et du mal, mais un individu qui a carrément quitté la race humaine (1943/1986 : chap. 3 )

[10] - Chose curieuse, cela correspond en tout points au triste portrait que nous offre Platon du tyran au Livre IX de La République (3e s. av. J-C/1966: 338)

Leur vie durant, ils [les tyrans] ne sont donc les amis de personne, toujours despotes ou esclaves; quant à la liberté et à l'amitié véritable, un naturel tyrannique ne les goûte jamais.
Assurément.

Pour sa part, C. S. Lewis aurait sans doute répliqué à Nietzsche que choisir de se mettre totalement à l'abri des risques de l'amour et de l'attachement relationnel fait de nous des êtres maudis, des êtres pitoyables et moins qu'humains... (1960 :169-170)

[11] - Moralité judéo-chrétienne ?...

[12] - L'intérêt de Hitler pour les idées de Nietzsche est fait connu, car afin de rendre hommage au philosophe le parti nazi subventionnera le Nietzsche Archive fondé par la sœur de Nietzsche, Élisabeth Förster-Nietzsche et en 1935 Hitler assistera aux funérailles de Élisabeth.

[13] - C'est une perspective exprimée à plusieurs reprises par le gourou de Davos, Yuval Noah Harari. En interview Harari est allé jusqu'à nonchalamment prophétiser que l'humanité est vouée à l'extinction d'ici un siècle (Andrew Anthony 2017) :

Évidemment, la secte de Davos ne songerait jamais de demander au peuple si participer à telles expériences à la Dr. Frankenstein les intéresse. Comme dans l'Islam, du point de vue postmoderne, la conversion forcée et tout à fait légitime. Depuis Harari a renchéri et exprimé l'avis, commun à Davos, qu'il y a “ trop d'humains sur la terre ”.

[14] - Quel contraste extraordinaire entre l'Übermensch de Nietzsche qui écrase tout sur son passage et l'enseignement de Christ !

[15] - Harari a fait des déclarations semblables à plusieurs reprises. Voici un exemple :

WEF Advisor: 'What Do We Need So Many Humans For?' (Frank Bergman - Slay - 23/12/2023)

[16] - Vraisemblablement, l'Übermensch de Harari sera un cyborg (mi-homme, mi-machine), ou un zombie contrôlé par une forme d'intelligence artificielle qui aurait absorbé toute la culture humaine et dirigée par les pions de Davos. Comme tout bon nietzschéen ou darwiniste, tout ce qui intéresse Harari c'est la performance...

[17] - S'il est manifeste que le technocrate moderne opère selon le modèle nietzschéen, cela n'exige pas que ces technocrates soient consciemment des admirateurs de Nietzsche. C'est sans importance. Suffit qu'ils aient été formés selon ce modèle et participent à une culture où de modèle domine.

[18] - Par moments Nietzsche s'emporte, exprimant ouvertement son mépris du peuple. Par exemple voici comment Nietzsche décrit le rapport du Surhomme au peuple (1886/2000 : 272)

Qui sait ? si on lui avait donné le pouvoir politique, il est pensable que Nietzsche aurait réétabli l'esclavage en Europe. Ce serait dans la logique des choses... Mais au 21e siècle chez les élites postmodernes, le mépris du peuple est exprimé moins ouvertement, c'est-à-dire de manière marketing et beaucoup plus manipulateur. On constate chez les postmodernes un mépris absolu pour le peuple, ses opinions ou sa volonté. Ce sont les mêmes d'ailleurs qui crachent sur tout mouvement de revendications émanant directement du peuple ou même exprimant une identité nationale. Du point de vue des élites postmodernes, de telles choses sont en quelque sorte une hérésie, car donnant trop de place à l'expression de la voix du peuple. Les néo-totalitaires au pouvoir partout en Occident est le fait de mondialistes zélés et des ultra-élitistes. Un indice clair de leur mépris du peuple est qu'ils ne tolèrent AUCUN mouvement nationaliste ou populaire, ce qui s'exprime par leur mépris absolu des MAGA américains, du Brexit anglais, des gilets jaunes en France, le mépris effronté de Justin Trudeau des camionneurs canadiens et plus récemment des nationalistes italiens... Et au Canada, le pion de Davos au pouvoir (Justin Trudeau), peu de temps après sa prise de pouvoir à exprimé son mépris du peuple en affirmant que le Canada devait être considéré un État “postnational”*... Et lorsqu'un tel mouvement populaire a provoqué l'ire des élites postmodernes, pour les discréditer les élites ont tôt fait de leur coller l'étiquette d'extrême droite ou de néonazis. Cela permet d'étouffer rapidement tout débat de fond et d'éviter que la discussion puisse prendre une mauvaise tournure, c'est-à-dire examiner de manière détaillée les motifs idéologiques (et présupposés) de ceux qui collent des étiquettes tels qu'extrême droite, partisan de discours haineux, diffuseurs de désinformation [les nouveaux hérétiques] ou intolérants. C'est le même processus employé par les nazis, en collant des étoiles jaunes à tous les Juifs (les identifiant comme ennemis). En Occident le souci de l'environnement est devenu une arme d'oppression contre le peuple comme le note ce journaliste britannique discutant des restrictions municipales sur l'utilisation d'automobiles à essence. Mais lorsque le peuple ose s'y opposer quelle est la réaction des élites (et pions de Davos) ?, on traite immédiatement les protestataires d'extrême droite (Lauren Smith 2023) :

[19] - Et en Occident monte une génération à qui on enseigne ce mépris de la démocratie. On leur martèle que « la démocratie ne marche pas ! » Mais notons que ce sont les mêmes néototalitaires qui martèlent que « la démocratie ne marche pas ! » qui profiteraient le plus de la perte de confiance dans la démocratie. Et il est fort probable que ce sont justement les mêmes qui ont corrompu le processus démocratique en Occident depuis de longues années...

[20] - Dans Par-delà bien et mal Nietzsche affirme ouvertement (1886/2000 : 112)

Qui sait si Nietzsche aurait admis le mouvement théologique de la Haute critique comme outil idéologique entre les mains des surhommes de sa génération… Notons par ailleurs qu'à l'époque où Nietzsche écrivait, l'éducation était encore largement aux mains d'institutions religieuses. Dans le contexte actuel donc, il faut donc comprendre que le système d'éducation en Occident soit également un outil entre les mains des Surhommes pour aiguillonner le troupeau dans la bonne direction.

[21] - On peut se demander si Allah, le dieu du djihad, eut plu davantage à Nietzsche. Dans ses Libres propos, Hitler pour sa part semble avoir admis un tel attrait.