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Samizdat

Génétique de la croyance religieuse

ou les effets inattendus d’une logique hypocrite.





Paul Gosselin (2017)

Périodiquement, les médias scientifiques scientifiques populaires annoncent en grande pompe la découverte d'une cause matérielle expliquant enfin le phénomène religieux. Par exemple, le généticien moléculaire américain, Dean Hamer[1] (auteur du livre The God Gene: How Faith is Hardwired into our Genes) est d'avis que les gènes prédisposent les humains aux croyances religieuses et que “la spiritualité est l'un de nos héritages humains fondamentaux” et qu'il est d'avis qu'il existe un gène individuel spécifique associé à la foi. "Je propose", écrit-il, "que la spiritualité ait un mécanisme biologique semblable au chant des oiseaux, bien que beaucoup plus complexe et nuancé." Dans la même veine, la revue Les Sciences humaines publia un dossier spécial intitulé L'origine des religions (2007). Un des contributeurs à ce numéro, Jean-François Dortier, note (2006) :

Dortier relate que dans certaines universités on réfléchit à la possibilité d'ouvrir des départements de neurothéologie afin d'étudier plus à fond les relations entre le phénomène religieux et la biologie du cerveau. En fait, il faut constater que la publication des ces grandes découvertes sur l'origine de la croyance religieuse est un phénomène tout à fait cyclique et prévisible. À tous les cinq à dix ans environ, des chercheurs en psychologie ou neurologie publient “ la solution du problème de la croyance religieuse ”. Pour le matérialiste, il s'agit d'un mantra rassurant, une thérapie qui doit être répétée périodiquement afin d'exorciser les mauvaises pensées[2]. Après tout, au 19e siècle les propagandistes des Lumières prophétisaient en cœur la fin de la religion au 20e siècle, mais finalement les choses ne sont pas tout à fait passées comme prévu... Pour les propagandistes des Lumières au 19e siècle, il allait de soi que la démocratisation de l'éducation allait rapidement venir à bout des superstitions religieuses et inaugurer une nouvelle ère de tolérance et d'ouverture[3]. Le règne de la Raison était sur le point de débuter. C'est un secret de polichinelle que les tentatives d'expliquer la religion en des termes acceptables pour les dévots des Lumières a une longue histoire. Déjà au début du 20e siècle le psychanalyste Sigmund Freud affirmait que la religion avait sa source dans une névrose sexuelle, enracinée dans le fameux complexe d'Œdipe. À la fin, ce qui motive de telles propositions est avant tout le fait qu'une fois un individu a adopté une cosmologie matérialiste, il se doit d'imposer cette conception sur TOUT le comportement humain sinon cela laisse la porte ouverte à d'autres considérations, ce qu'il faut éviter à tout prix...

«En somme, l'approche consiste à faire rentrer la Bible et le Christianisme dans le lit de Procuste des présupposés issus du Siècle des Lumières... et tout ce qui «dépasse» doit alors être élagué...Il y a quelque temps un contact m'a filé un article en anglais dans le créneau de la neurothéologie (Seeking God in the Brain — Efforts to Localize Higher Brain Functions par Solomon Snyder) publié dans la prestigieuse revue de médecine américaine The New England Journal of Medicine où l'auteur fait un bref survol de la littérature sur les origines de la croyance religieuse. Si Snyder semble hésiter à affirmer que LA solution définitive de l'origine de la croyance religieuse a déjà été trouvée, manifestement il garde la foi (matérialiste) que l'on trouvera. Snyder note que chez certains chercheurs, l'explication du phénomène religieux passe par l'hypothèse d'un lien entre structures du cerveau et propension à la pensée religieuse.

Si cette littérature spéculative est divertissante, il peut donner l'impression aux théologiens naïfs et aux non avertis que ces découvertes rendent “ légitime ” la religion, mais au bout du compte, tout ce que font ces scientifiques est de chercher une explication de la croyance religieuse qui cadre dans le contexte d'une vision du monde matérialiste, un cadre où une dimension spirituelle ou spirituelle réelle, par définition, est exclue et ne peut exister... En somme, l'approche consiste à faire rentrer la Bible et le Christianisme (tout comme la religion en général) dans le lit de Procuste de la “Science admise” (c'est-à-dire les présupposés issus du Siècle des Lumières[4]) et alors, tout ce qui “dépasse” ce lit doit alors être élagué, retranché, amputé, évacué... Le chrétien par exemple doit comprendre que puisque la résurrection de Christ n'est pas admise par la Science mainstream, cette affirmation du Nouveau Testament doit être élaguée également... À la fin, on ne justifie que la croyance, mais vidée de tout contenu spécifique. Il ne reste donc que le mot croyance et rien d'autre... À ce stade, il vaut mieux devenir athée qu'un adepte de la croyance...

Ce genre de tentative de trouver une explication matérialiste de la religion est monnaie courante en anthropologie sociale. Pour les dévots des Lumières cherchant à assurer la cohérence de leur vision du monde, une explication matérialiste de la religion leur est nécessaire pour maintenir leur foi matérialiste (sinon, c'est une remise en question sérieuse qui doit suivre). Devant la quasi-universalité chez l'homme des religions théistes et polythéistes[5], ces explications réconfortent donc les matérialistes. On le voit bien lorsqu'ils affirment: "Efforts to elucidate higher brain functions have intersected with a burgeoning literature on the neural underpinnings of not only language and art, but also religion." La religion (ou plus précisément la capacité pour développer une religion) serait ainsi DÉTERMINÉE sur le plan biologique. Ce n'est rien de nouveau sous le soleil, car au début du 20e siècle déjà Freud cherchait une explication matérialiste de la religion. La conclusion de Freud ? La religion a sa source dans une névrose liée à la sexualité. Toujours à l'époque pré-génétique, le mathématicien britannique, Bertrand Russell, proposait une explication de type psychologique de la croyance. Dans son pamphlet Pourquoi je ne suis pas chrétien, Russell émet l'hypothèse que la religion est dans les faits un mécanisme psychologique pour traiter avec la crainte de la mort et de l'anéantissement (1957/1964 : 62) :

Évidemment pour les théoriciens marxistes de la même époque, la religion était le reflet des conditions économiques subies par l'individu. Ou, pour employer le jargon de l'époque : l'économique est déterminante en dernière instance[6]. Mais tout cet édifice explicatif repose sur une hypocrisie implicite, c'est-à-dire que d'un côté l'on applique systématiquement une logique aux croyances des autres, mais de l'autre on évitera à tout prix d'appliquer la même logique à ses propres croyances. Si les dévots des Lumières reconnaissent l'universalité de la religion, ils évitent à tout prix reconnaître que LEUR système de croyances est également une forme de religion (matérialiste, il va sans dire) et de ce fait on doit y appliquer les mêmes mécanismes explicatifs qu'ils appliquent aux religions comportant le concept du surnaturel. Mais on ne se sauve pas de la question de donner sens à sa vie... L'anthropologie des religions a depuis longtemps découvert que la recherche de sens fait partie de la condition humaine. Aucune civilisation, aucun individu n'y échappent. Que notre système de croyances comporte ou non le concept de surnaturel est tout à fait secondaire. Ce genre de préoccupation est au cœur de mon livre Fuite de l'Absolu...

Mais revenons à Snyder. Il affirme par ailleurs au sujet du fonctionnement du cerveau: "Linden argues that if an "intelligent designer" had assembled the brain, it would surely have done an elegant, impeccable job, but the more we learn about the brain, the more clearly we see that it is an ad hoc concatenation of structures designed for unrelated functions "a sort of Rube Goldberg contraption". "

Le cerveau humain est donc «mal conçu» ? Et, on peut supposer que Linden sait de quoi il parle, car il a déjà conçu et développé plus d'un cerveau fonctionnel... Bon, enfin... Je dois avouer que je n'ai plus aucun respect pour ce genre d'affirmation. Dans les années 70, tandis que la génétique était encore à ses premiers balbutiements, les chercheurs ont découvert des séquences d'ADN que l'ont croyait ne servait à rien (c'est-à-dire ne codaient pas pour des protéines lors de la reproduction). Toujours aussi prévisibles, les évolutionnistes ont immédiatement conclut et ont affirmés en grande pompe que c'était une nouvelle preuve de l'évolution, car ces gènes étaient en réalité des vestiges de l'évolution passée, des "Junk genes" comme disent les Anglais (ou de l'ADN bidon en français). On avait donc la certitude que ces gènes avaient eu, dans le passé, des fonctions biologiques précises, mais avec le progrès de l'évolution, ils avaient été mis de côté et n'en avaient plus. Mais depuis dix ans on constate (ô surprise) que des gènes soi-disant "non-codants" ont effectivement des fonctions dans un certain nombre de circonstances. J'examine ça dans la première section de mon article

Dogmes évolutionnistes et le progrès de la science.

Pour ma part, je m'attends qu'avec le progrès de la recherche scientifique véritable des affirmations telles que celle de Linden vont aussi se retrouver à la poubelle de l'histoire de la science et que des recherches plus poussées exposeront les fonctions réelles (et le dessein intelligent à sa source) des mécanismes et arrangements du cerveau qui posent actuellement question...


Comment se tirer (sincèrement) dans le pied : le rituel du hara-kiri intellectuel

Mais il y a un côté rigolo à toutes ces spéculations (sur l'origine de la croyance) qu'un évolutionniste ne saurait jamais imaginer, car si on admet l'affirmation initiale, que chez l'humain les croyances religieuses sont toutes déterminées par la génétique[7], il en résulte inévitablement que cela s'applique aussi aux systèmes de croyances issues des Lumières et, de ce fait, ceux qui croient au mythe d'origines matérialiste, la théorie de l'évolution, ne le font pas à cause de la logique, de l'argumentaire ou la vérité des affirmations, mais simplement parce qu'ils sont programmés/prédisposés par leurs gènes de croire ce genre de truc. Qu'ils croient à l'évolution est donc inévitable et n'a rien à voir avec la logique de l'argumentaire ou un raisonnement cohérent. Comme on le voit, l'argument de la détermination génétique des croyances est donc un couteau à deux tranchants... En passant, il est donc inacceptable que les dévots des Lumières fassent une exception hypocrite, c'est-à-dire, d'un côté, en affirmant le conditionnement génétique des croyances, affirmation qu'ils veulent appliquer aux systèmes de croyances dites religieuses (croyances qu'ils rejettent), mais, de l'autre, se gardant une porte de sortie pour exclure leurs propres croyances de cette logique. La cohérence est une chose à laquelle aspirent la majorité des hommes, mais ils n'aiment pas toujours ce qu'ils retrouvent une fois arrivé à destination.

Mais évidemment si les dévots des idéologies et de systèmes de croyances issues des Lumières se retrouvent en si mauvaise posture, ce n'est pas par stupidité, mais, au contraire, par un excès d'intelligence, car ce qui motive les dévots des Lumières à prendre ce chemin c'est l'envie irrésistible de l'explication totale[8], c'est-à-dire tout expliquer de l'expérience humaine (incluant le “phénomène religieux”), mais dans le cadre très étroit des présupposés matérialistes. C'est leur propre désir de cohérence (et avec les meilleures des intentions) qui les a piégés.

Clive Staples LewisDéjà dans les années 1940, le littéraire britannique C. S. Lewis avait bien cerné le problème, car dans un bref article intitulé Religion Without Dogma, il a évoqué une difficulté de la vision du monde matérialiste qui n'est pas d'ordre moral ou existentiel, mais logique. Lewis note (1947/2002: 136) qu'une perspective matérialiste[9] cohérente postule que tous les événements de ce monde (incluant le comportement humain) sont déterminés par des lois[10]. Dans cette logique il faut alors admettre que non seulement notre croissance physique, notre sexualité, nos réactions hormonales sont déterminées par des lois, mais aussi notre production culturelle, scientifique et intellectuelle. Ainsi, nos pensées mêmes sont déterminées par des lois biochimiques ou génétiques. Bien que ce soit de mauvais goût de souligner de tels faits, la logique du système l'impose. Et si on pense alors à des œuvres telles que Le discours de la méthode par René Descartes, l'Origine des espèces par Charles Darwin, Guernica par Picasso ou Das Kapital par Karl Marx, la logique de la vision du monde moderne mène à la conclusion que ces oeuvres ne sont rien d'autre que le résultat de lois naturelles[11] que la contribution de l'auteur est, en dernière analyse, illusoire[12]. Il faut alors constater qu'ils ne sont que le résultat, sans plus, de certaines réactions présentes dans le cerveau ainsi que de quelques circonstances environnementales. Lewis note qu'évidemment les individus concernés ne perçoivent pas les choses de la sorte. Ces individus ont de toute évidence l'impression d'étudier des choses hors d'eux-mêmes ou encore d'exprimer leur individualité et ce qu'ils croient être leurs pensées personnelles. Ils aiment bien en réclamer le crédit et, lorsque possible, en tirer des bénéfices financiers. Mais si le matérialisme est vrai, il s'en suit que ces impressions ne sont rien d'autre qu'illusion! En psychologie évolutionniste, on affirmera que ce sont l'expression de nos gènes en dernière instance. Ainsi, ceux qui admettent le matérialisme doivent aussi admettre le postulat d'une détermination totale de toute leur production culturelle, intellectuelle et scientifique. Dans un tel cas, pourquoi s'y intéresser? Sinon, à titre de curiosité, tels les motifs crées par les vagues dans le sable au bord de la mer. À ce titre, Lewis conclut (1970/1986: 138):

Mais Lewis n'a pas encore fini et, impitoyablement, il enfonce le clou davantage (1947/2002: 137) :

Francis CrickChez les dévots des Lumières, très peu de penseurs osent pousser très loin leur réflexion sur le sujet. Une exception à cette règle est Francis Crick, lauréat du prix Nobel et co-découvreur de la structure de la molécule de l'ADN. Dans son livre The Astonishing Hypothesis, il observe (1980 : 3)

Le prophète de l'évolution, Charles Darwin lui-même, dans une note tirée de sa correspondance [une missive adressée à W. Graham, datée du 3 juil, 1881], semble avoir, très brièvement, réfléchi à la question (Darwin 1888; vol. II, p. 367):

D'autre part, Nietzsche, dans Le gai savoir, laisse entendre qu'il a aussi entrevu ce dilemme et a poussé assez loin sa réflexion sur ce point en décrivant la fin de l'esprit libre qui poursuit jusqu'au bout ses convictions (1882/1950: 290) et qui est prêt à expérimenter la:

Ouais, si on danse au bord des abîmes, ça n'a rien d'anormal d'être pris de quelques vertiges... Je suppose que certains sont dotés de l'esthétique qu'il faut pour admirer ces paysages nihilistes. William B. Provine, évolutionniste athée et professeur de biologie à l'Université Cornell, semble avoir jetté un tout petit coup d'oeil dans cet abîme (1990: 23):

Chose curieuse, le cul-de-sac logique du matérialisme (et des principes déterministes qui en découlent) avait déjà été constaté au 19e siècle par le grand physicien et mathématicien écossais, James Clerk Maxwell[14]. À la fin d'un essai intitulé Analogies in Nature (1856), fit (en boutade ?) ces observations très succinctes :

En somme, on peut traduire « les lois de la matière sont fabriquées par nos esprits/cerveaux, mais les lois de nos esprits/cerveaux sont fabriquées par la matière ». Chez les penseurs des Lumières de l’époque prédarwinienne, le philosophe britannique, David Hume, est probablement celui qui a poussé le plus loin la cohérence sur cette question. Si, en effet, on établit le principe cosmologique (et épistémologique) que l’empirique ou le matériel, c’est-à-dire ce qui est accessible aux sens, est l’unique source du savoir, il en découle que les opérations de l’esprit, puisqu’elles ne sont pas observables, sont alors problématiques. Hume admit que ce problème lui avait causé des maux de tête fort pénibles. La solution de Hume est d’un certain intérêt (1739/1995: 361-362):

Ces questions ont préoccupés le mathématicien américain, David Berlinski. Et si le ridicule tuait vraiment, je pense que Berlinski pourrait être accusé de meurtre. En tout cas, voyez à quel point il pousse cette logique (2009: 8-9)

After comparing more than two thousand DNA samples, an American molecular geneticist, Dean Hamer, concluded that a person’s capacity to believe in God is linked to his brain chemicals. Of all things! Why not his urine? Perhaps it will not be amiss to observe that Dr. Hamer has made the same claim about homosexuality, and if he has refrained from arguing that a person’s capacity to believe in molecular genetics is linked to a brain chemical, it is, no doubt, owing to a prudent sense that once that door is open, God knows how and when anyone will ever slam it shut again.

Évidemment, dans le cadre proposé par les Lumières, ce dilemme est insoluble. Sur le plan logique, la solution de Hume a des allures de «Je me met la tête dans le sable...». Tant que l'on ne déboutonne pas résoluement la camisole de force intellectuelle des Lumières, le cul-de-sac est total. Pas de porte de sortie. Les sommets de la pensée humaine tombent alors dans l'irrationnel, le déterminisme, l'absurde... Quelle ironie d'ailleurs que la tradition des Lumières qui a toujours accusé le système judéo-chrétienne d'anti-intellectualisme, d'anti-raison, d'être contre la science, etc., se retrouve, en suivant la logique fondamentale de son propre système, précisément dans cette position...

À la fin, des affirmations, comme celles de David Sloan Wilson à l'effet que la croyance religieuse n'est qu'un effet de sélection de groupe de l'évolution, ne sont rien d'autre que des actes de foi (matérialistes). On ne peut en aucun cas prouver de telles affirmations. Ou pour employer le langage du philosophe de la science, Karl Popper, ils sont irréfutables, donc pseudo-scientifiques. Si des scientifiques peuvent observer à volonté l'effet de la gravité, le point d'ébullition du H2O, l'effet d'antibiotiques sur des micro-organismes ou l'effet des micro-ondes, aucun scientifique n'a observé l'origine de la croyance religieuse grâce à un effet de sélection de groupe. Tout comme les affirmations des théologiens médiévaux sur le nombre d'anges pouvant prendre place sur une tête d'épingle, il ne peut y avoir de preuve empirique des spéculations évolutionnistes sur l'origine de la croyance religieuse. Ils sont dans le domaine de la foi[15].


Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit: Il prend les sages dans leur ruse. (1Co 3: 19)



Références


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BERLINSKI, David (2009) Dieu n'est pas mort : La science n'explique pas tout. Editions Saint-Simon 170 p.

CRICK, Francis (1988) What Mad Pursuit: a personal view of scientific discovery. Basic Books New York xiii-182 p.*

CRICK, Francis (1995) Astonishing Hypothesis: The Scientific Search for the Soul. Touchstone New York 336 p.

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GOSSELIN, Paul (1979) Mythes d'origines et la théorie de l'évolution. (Samizdat)

GOSSELIN, Paul (1985) La définition de la religion en anthropologie sociale. (Samizdat)

GOSSELIN, Paul (1986) Des catégories de religion et de science: essai d'épistémologie anthropologique. Thèse U. Laval

GOSSELIN, Paul (2006) Fuite de l'Absolu : Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. Volume I. Samizdat Ste-Foy ix – 492 p.

GOSSELIN, Paul (2008) Quel est le système de croyances dominant au XXIe siècle? (Samizdat)

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HUME, David (1739/1995) Traité de la nature humaine. (livre I) GF Flammarion Paris 433 p.

LEWIS, C. S. (1947/2002) God in the Dock. (Walter Hooper éd.). Eerdmans Grand Rapids MI 347 p.

LEWIS, C. S. (1970/1986) Dieu au banc des accusés. (edité par Walter Hooper, trad. Astrid & Etienne Huser) Éditions Brummen verlag Bâle 111 p.

MAXWELL, James Clerk Essay (1856) Analogies in Nature (February) reprinted in The Scientific Letters and Papers of James Clerk Maxwell: 1846-1862, volume I, edited by P.M. Harman, p. 376 Cambridge University Press 1990 (the quote appears on p. 383)

MONOD, Jacques ([1970]) Le hasard et la nécessité: essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Éditions du Seuil Paris 197 p.*

NIETZCHE, Friedrich (1882/1950) Le gai savoir. (traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte) Éditions Gallimard Paris (coll. Folio/Essais 17) 373 p.

PROVINE, William B. (1990) Response to Phillip Johnson. (Letter)  pp. 23-24 First Things no. 6 Oct.

RUSSELL, Bertrand (1957/1964) Pourquoi je ne suis pas chrétien: et autres essais. J.-J. Pauvert [Paris] (Collection Libertés; 11) 177 p.

SAROGLOU, Vassilis (2010) La religion est-elle innée ? Cerveau & Psycho N°40 - juillet - août 2010

SCHAEFFER, Francis (1968/1993) Démission de la raison. (Maison de la Bible Préverenges, édition révisée) Ebook.

SNYDER, Solomon H., M.D., D.Sc. (2008) Seeking God in the Brain — Efforts to Localize Higher Brain Functions. pp. 6-7 The New England Journal of Medicine Volume 358: January 3, 2008 Number 1

STEINER, George (2001) Grammaires de la création. Gallimard [Paris] (collection NRF-essais) 430p.

WADE, Nicholas (2009) The Faith Instinct: How religion evolved and why it endures. Penguin Books

WIESEL, Elie (1958/2007) La Nuit. Les Editions de Minuit Paris 208 p.



Notes


[1] - Dans les années 1990, Hamer avait annoncé la découverte du "gay gene", c'est-à-dire le gène de l'homosexualité, disculpant donc les homosexuels de la responsabilité de leur comportement et style de vie...

[2] - Comme celles évoquées par Francis Crick, le biophysicien britannique, codécouvreur de l'ADN et lauréat du Prix Nobel. Crick a observé que les données empiriques de la biologie peuvent parfois conduire dans une direction imprévue par un matérialisme cohérent (1988 : 138): “ Les biologistes doivent constamment garder à l'esprit que ce qu'ils examinent n'est pas le résultat [du travail] d'un concepteur, mais le produit de l'évolution.* ”. Le discours de Crick laisse entendre que les biologistes doivent donc garder à tout moment de bonnes pensées pour éviter les pièges maléfiques du monde empirique.

[3] - Mais au 20e siècle un choc violent attendait les dévots des Lumières. Dans son essai Grammaires de la création (2001: 12-13), le critique littéraire britannique George Steiner observa que le 20e siècle a été, pour l'Europe et la Russie, non pas le ciel sur la terre, mais plutôt l'enfer. Il note qu'entre le mois d'août 1914 et la guerre des Balkans dans les années 90, plus de 70 millions d'individus ont trouvé la mort. Tandis que la Première Guerre mondiale a fait connaître au monde les massacres mécanisés, la Seconde a révélé les exterminations industrielles et la génération suivante a connu la terreur de l'incinération nucléaire. Steiner note que la désintégration du visage humain au cours de ce siècle comporte un certain mystère. Cette désintégration n'est pas le résultat d'invasions barbares ou d'une menace extérieure. Le nazisme, le fascisme et le stalinisme ont tous émergé du contexte social et administratif des hauts lieux intellectuels occidentaux, ou, pour éviter toute ambiguïté, des milieux les plus éduqués en Occident. Il se peut fort bien que Steiner se fait lci l'écho de pensées émises des années auparavant par Fr. Mauriac dans son avant-propos pour le roman d'Élie Wiesel, La nuit (1958/2007 : 5):

NietzscheMais quelle est donc la source de ce «mystère d'iniquité»? Comment se fait-il que sa source ou sa cause soit «voilée»? Se peut-il que si certains tabous sont abandonnés une explication rationnelle devienne alors envisageable? Et si l'on devait remonter le temps afin de réévaluer les racines idéologico-religieuses de la civilisation européenne? Se peut-il que lorsque les penseurs modernes (les héritiers des Lumières) ont rompu le lien avec la cosmologie judéo-chrétienne, qu'ils n'ont pas simplement éliminé le grand trouble-fête (Dieu), mais qu'ils ont également détruit les fondements de la valeur particulière de l'homme, un être créé à l'image de Dieu. Un autre hypocrite postmoderne, Philip S. Gorski, écrivant dans une petite revue de recherche (lue que par des postmodernes?) fit les pirouettes qui suiivent (1990: 304):

Looking back over history - Auschwitz, Stalin, and the approaching ecological calamity - we find it hard to escape the conclusion that something is fundamentally amiss in the Enlightenment project. Are genocide, terror, and the destruction of nature the inevitable by-products of cultural differentiation? Is the only solution regression to the simpler, more holistic viewpoint of premodern times? Alluring though this conclusion may be, I believe it is wrong. We should not forget the amazing gains in knowledge and in civilization that the Enlightenment ushered in.

Ouais, et ça c'est probablement l'analyse la plus lucide que peut porter un dévot des Lumières ou un postmoderne. Impossible de remettre en question l'héritage des Lumières. Le problème c'est toujours les autres. Et tous ces apports glorieux que Gorski croit sont issues des Lumières, je me doute que si on regarderait de près pour départager les choses, je pense que le résultat serait plus accablant pour les Lumières.

[4] - Et par le Siècle des Lumières, nous pensons dabord à la phase mature du Siècle des Lumières, aboutissant au « Dieu est mort ! » de Nietschze, non pas à la phase immature (et initiale) des Lumières, c'est-à-dire au déisme vite oublié de Descartes, Voltaire ou de Benjamin Franklin.

[5] - Soulevant la question : Est-ce possible que la croyance au surnaturel soit rationnelle ?

[6] - Et un collègue, avec qui j'ai fait mes études, aimait s'amuser un peu au dépends des profs marxistes, lorsque l'un d'entre eux répétaient en classe le mantra que l'économique est déterminante en dernière instance, il levait la main et disait, “ Non, non, non, l'économique n'est pas déterminante en dernière instance, c'est le sexe ! ” Bon, enfin... Et pour ceux qui n'ont jamais eu le plaisir de suivre un cours donné par un marxiste sincère, la logique est simple: pas de sexe, pas de reproduction: pas de reproduction, pas de société; pas de société, pas d'économique...

[7] - Ou toute autre cause matérielle (comme la structure du cerveau).

[8] - À ce sujet, le biochimiste français et lauréat du prix Nobel Jacques Monod fit ces observations (1970: 186) :

[9] - Lewis emploie plutôt le terme équivalent naturaliste.

[10] - Mêmes celles qui échappent pour le moment à nos instruments scientifiques et qu'on dit dues au hasard. Ce n'est là que l'aveu de notre ignorance des causes réelles. Les modèles statistiques ne font que nous fournir des outils permettant une emprise grossière sur les phénomènes étudiés, que l'on peut rencontrer au niveau moléculaire par exemple.

[11] - Que le déterminisme en question soit génétique, hormonal ou autre importe peu au fond.

[12] - Les postmodernes et post-structuralistes, tels que Michel Foucault ou Roland Barthes, semblent bien d'accord avec une telle proposition.

[13] - Le concept du “ surnaturel ”.

[14] - Qui a fait des contributions significatives en électromagnétisme, mais qui fut également, en thermodynamique, l'auteur de la fameuse analogie du “ Démon de Maxwell ”.

[15] - Mais ne l'admettront jamais...