Plan Cosmos Arts Engin de recherches Plan du site

Samizdat

Évangéliques et Catholiques :
un rapprochement ?

sur les faiblesses du mouvement évangélique contemporain.




Paul Gosselin (avril 2006)

Je me fais du souci pour les églises évangéliques ces temps-ci. Il me semble qu'il y a quelque chose qui déglingue chez nous depuis quelque temps. Récemment, j'ai eu une conversation avec un copain évangélique. Il a fréquenté longtemps les églises baptistes et, suite à un déménagement, il se cherche une église et avait de la difficulté de trouver quelque chose à son goût. Au point même où il songeait essayer une église catholique, car il trouvait les évangéliques "trop étroits". Ça m'a fait dresser les cheveux sur la tête. Ce n'est pas un jeune chrétien d'ailleurs. Il a déjà au moins 15-20 ans de vie chrétienne derrière lui. On a poursuivi la conversation, on a discuté de doctrine, plus ça allait, plus je constatais sa confusion. Il me semblait qu'il n'avait que des points de repère très superficiels, émotifs. Il trouvait les évangéliques "minables" et les catholiques "gentils".

On a poursuivi la conversation au moyen de courriels, mais je croise d'autres chrétiens matures et je constate les mêmes attitudes, la même confusion. Tous semblent avoir admis (implicitement) le présupposé qui est au coeur du catéchisme postmoderne qui affirme que "Tous ont leur vérité". En général, ce sont des chrétiens qui ne participent pas ou peu aux réunions d'une assemblée cependant ce n'est pas toujours le cas. Je ne trouve pas ça drôle du tout...

Mais je trouve bien plus effrayant encore de constater que l'on voit aussi toute une génération de pasteurs francophones, dans les Assemblées de la Pentecôte du Canada du moins, qui pour obtenir un diplôme d'études supérieures (maîtrise et doctorat), va se former en milieu non pentecôtiste (en particulier dans une faculté de théologie catholique). Et en discutant avec certains d'entre eux je m'aperçois qu'ils terminent leurs cours avec des convictions tout à fait comparables à celles de mon copain tout confus. Un chrétien marginal confus, c'est une chose, mais un pasteur, en position de responsabilité, confus sur les fondements de la doctrine évangélique c'est bien autre chose... Je ne pense pas que ce genre de procédure soit quelque chose d'illégitime dans tous les cas, mais pour ce faire il faut des chrétiens matures, connaissant bien les fondements de la foi évangélique et prêts à la bagarre (c'est-à-dire aux discussions sérieuses, voir 2Tim 2: 24-25), capables d'exercer un esprit critique. Malheureusement dans nos collèges bibliques, on tend à former des gens soumis, prêts à respecter les autorités dans n'importe quelle situation. Évidemment la soumission aux autorités, c'est un principe biblique alors où est le problème ? Les Écritures (aussi bien l'Ancien que le Nouveau Testament) enseignent qu'il faut obéir aux autorités tant qu'elles remplissent les fonctions, que Dieu leur a confié. Et même lorsqu'ils désobéissent de manière flagrante, comme c'est de cas de Saul qui tente de tuer David sans motif valable, il faut néanmoins les respecter. Mais les Écritures nous affirment clairement que lorsque les autorités (civiles ou religieuses) désobéissent à Dieu et cherchent à entraîner d'autres dans leur désobéissance, il faut les résister et remettre en question leurs attitudes ou comportements. À ce titre, on peut penser aux sages-femmes juives devant Pharaon (Ex 1: 17), à Daniel et ses compagnons qui désobéissent au roi (Dan chap. 3, 6) tout aussi bien que Jean-Baptiste devant Hérode, Pierre devant le Sanhédrin et Paul qui remet en question le comportement de l'Apôtre Pierre (Actes 4: 16-20; Galates 2: 11-16).

Lorsque nos pasteurs à la recherche de diplômes d'études supérieures sont confrontés aux autorités théologiques non évangéliques, dans bon nombre de cas, ils sont démunis. Ils ne l'admettront probablement jamais, mais en sortent avec des doutes sur l'autorité des Écritures dont ils ne savent résoudre. Leur foi est ébranlée. Combien sont préparés à ce genre d'environnement avec une formation d'apologétique solide? Combien sont prêts à la bagarre intellectuelle dans une contexte où se trouvent mélangés le catholicisme traditionnel et des influences postmodernes ? Un très faible pourcentage, je constate. La tendance pastorale, depuis une génération maintenant, est d'éviter le conflit. Mais on a besoin maintenant plus que jamais de leaders évangéliques qui peuvent défendre avec confiance et énergie, nos doctrines de base, les fondements, nos Credo. Où sont-ils ??

Bien j'imagine que l'intention de ces projets de formation soit de produire des pasteurs "mieux équipés", quel désastre ce serait si le résultat final était de récolter une génération de pasteurs qui soient pentecôtistes (ou évangéliques) sur le plan culturel, mais catholiques ou postmodernes sur le plan doctrinal, c'est-à-dire qui acceptent (implicitement ou explicitement) la doctrine que "Tous ont leur vérité"! Si c'est le seul résultat sur lequel on peut compter, CESSONS IMMÉDIATEMENT!

Autre point à noter, actuellement je lis des ouvrages d'apologétique des premiers chrétiens, dont Tertullien et Justin Martyr, auteurs du deuxième siècle. Ces auteurs se plaignaient que l'on jetait en prison, sinon aux lions des gens dont le seul crime était de porter le NOM de chrétien. Aujourd'hui, il est peu probable de se faire jeter aux lions, mais le nom d'ÉVANGÉLIQUE est également perçu par les médias et le grand public comme méprisable, honteux, rétrograde.

Par exemple, je sais que si mon premier livre avait porté le nom "Hors du ghetto: un regard chamanique sur la culture et les arts" plutôt que "Hors du ghetto: un regard évangélique sur la culture et les arts" bien des libraires ne l'auraient pas refusé. Dans le grand public, le nom épithète évangélique est à vrai dire perçu comme péjoratif. Il suffit de regarder un peu l'émission les Simpsons pour résumer la perception médiatique à l'égard des évangéliques[1]. Mais bien pire encore, ce que sont les évangéliques eux-mêmes qui en ont HONTE. Il ne faut pas s'étonner d'une telle réaction, car le terme Évangélique implique l'affirmation d'une Vérité absolue, au-dessus de tous. Et une telle affirmation est tout à fait à contre-courant des idées dominantes de notre génération. Il faut constater que, malgré leurs protestations, notre génération de chrétiens calque trop souvent ses attitudes sur les médias. Vouloir défendre la vérité est perçu comme "con", étroit d'esprit, même par beaucoup d'évangéliques expérimentés. Où sont nos défenseurs ?? Qui est prêt à aller à contre-courant ? Je cherche quelqu'un qui se tienne à la brèche et je n'en vois pas. La majorité ne sait même pas qu'il existe une brèche...

Ce christianisme "ouvert", anticonflits, n'est plus le christianisme de la Bible, car ces chrétiens-là remettaient constamment en question ceux et celles qui affirmaient être des chrétiens, aimant Dieu alors que leurs oeuvres ou les doctrines qu'ils véhiculent entraient en contradiction avec la foi. Nous sommes atteints d'un aveuglement étrange si nous pouvons lire le Nouveau Testament et ne pas voir les chrétiens tels que Paul, Jacques, Pierre et Jean, sans mentionner Christ lui-même, qui continuellement confrontent et corrigent les gens qui se disent chrétiens, mais dont les comportements et présupposés étaient faux. Notre époque est dominée par l'idéologie postmoderne qui affirme que "Chacun a sa vérité". Si on déconstruit cette expression cela revient au même que d'affirmer que personne n'a la vérité. Par contre, la vérité est au coeur de l'enseignement de Jésus et même de sa personne. Christ affirme: "Je suis la voie, la vie et la Vérité, nul ne vient au Père que par moi." Même si les évangéliques croient à la vérité des Écritures, on se mentirait si on affirmait ne pas être affectés par ce martèlement constant de concepts (provenant de la culture populaire, les médias, le cinéma et le système d'éducation) en contradiction avec les Écritures. Les évangéliques sont de plus en plus réticents à défendre le concept de vérité. Cela passe pour intolérant. Il faut le dire ouvertement, on craint de s'opposer aux idées dominantes de notre époque. Même les chrétiens évangéliques en sont affectés. À vous les pasteurs, je pose la question suivante: Est-ce qu'il ne vous est pas arrivé, dans vos fonctions, de devoir exhorter un chrétien violant clairement un précepte des Écritures et qui vous regarde dans le blanc des yeux et vous affirme: "Tu n'as pas le droit de me juger!" ? C'est là encore une indice supplémentaire de l'infiltration de concepts postmodernes dans nos églises, car si un individu admet le présupposé postmoderne qui affirme que "Chacun a sa vérité", il est alors tout à fait logique de rejeter l'exhortation et le jugement, même lorsque cela est justifié sur le plan biblique.

Et lorsque je regarde les grands noms du mouvement évangélique international (américain surtout), j'entends des bruits qui ne me rassurent pas du tout. On constate des mouvements de rapprochement avec les catholiques, mais sans discernement. Je suis tout à fait d'accord qu'il y a des questions sociales dont l'avortement et le mariage homosexuel où une collaboration avec des catholiques et même des non chrétiens comme les musulmans puisse être utile par moments, mais il y a des mouvements de rapprochement évangéliques-catholiques (ex. "Evangelicals and Catholics Together") qui vont bien au-delà de ce genre de collaboration pointue. Depuis cent ans, quels sont les points de doctrines tels l'immaculée conception, le purgatoire, la prière à Marie et aux saints, la vente de messes, le salut par les œuvres, etc. où l'Église catholique a reconnu son erreur ?? Je ne vois aucun mouvement dans ce sens, aucune remise en question sérieuse de la part de l'institution, ni aucune repentance de ses erreurs. Et si c'est bien le cas, sur quelle base alors se fait le rapprochement évangélique - catholique? Il faut constater que c'est au prix de la remise en question d'un principe fondamental chez les évangéliques, c'est-à-dire que les Écritures sont la seule autorité en matière de foi et de pratique. Et pourtant, des évangéliques haut placés participent à ces des rapprochements. À ce titre, on peut nommer Billy Graham et Chuck Colson parmi les plus connus. Avec l'implication catholique dans le mouvement des cours Alpha au Québec on peut se demander si cette forme de pensée "molle" n'a pas une influence là aussi. Voici quelques articles (désolé, ils sont tous en anglais) abordant ce sujet:


The ECT Accords: A Betrayal of the Gospel in the Name of Unity
. (William Webster)

Evangelicals & Catholics Together (John MacArthur)

Evangelicals & Catholics Together.
(ce texte nomme les collaborateurs évangéliques)

A Review of and Response to "Evangelicals and Catholics Together: The Christian Mission in the Third Millennium. (James White)

Evangelicals and Catholics Together. (liste d'articles)

Evangelicals and Others. (Timothy George)
(article publié dans la revue catholique, First Things)

The Deceivers. (Ken Silva)


Un problème fondamental ?
Je regarde ce scénario et je me demande s'il n'y a pas une explication, une cause à cette situation. Vu l'étendue et la profondeur des problèmes auxquels nos églises sont confrontées, il nous faut chercher où et comment nos fondements sont attaqués actuellement. Je pense que ça exige une réflexion sérieuse.

Il me semble que l'on récolte ce que l'on a semé, car il y a toute une génération de pasteurs à qui l'on a enseigné une position fragile,faible concernant la cosmologie, c'est-à-dire le récit de la Genèse. Est-ce historique (une Création en six jours) ou mythique/allégorique ?? Je constate que là où l'on n'a pas le courage d'enseigner une position littérale de la Genèse (qui a toujours été la doctrine de l'Église jusqu'à ce que la théorie de l'évolution devienne dominante) cela se répercute sur les positions théologiques que l'on prend par la suite. Et c'est tout à fait naturel malheureusement... Une position théologique compromise sur la Genèse n'apporte aucune défense contre l'infiltration de concepts postmodernes du type "Chacun a sa vérité". On a ainsi formé une génération de pasteurs incapables de s'appuyer sur la Parole dans ce contexte afin de remettre en question les "experts" scientifiques là où ça compte, sur la question des origines, il ne faut donc pas s'étonner que lorsqu'ils sont confrontés à des "experts théologiques" catholiques ou libéraux ils soient démunis devant tout ce "savoir".

Le plus déprimant dans une telle situation est qu'au cours du 20e siècle des philosophes de la science renommés tels que Karl Popper, Thomas Kuhn, Imre Lakatos et Paul K. Feyerabend ont complètement détruit l'idée que la science peut conduire à la VÉRITÉ[2] conception largement véhiculée dans les médias populaires. Dans le cas de Popper, il a remis sérieusement en question le statut scientifique de la théorie de l'évolution[3]. Feyerabend (qui n'est pas chrétien), dans son essai Contre la Méthode voyait clairement la dimension idéologique de la science en Occident. Discutant des efforts des créationnistes en Californie de s'opposer au monopole évolutionniste dans les écoles publiques Feyerabend[4] note (1979: 348):

C'est sans doute un débat complexe, mais, pour simplifier, notons que lorsque le scientifique se prononce sur des phénomènes observables, sujet à des expériences en laboratoire, on peut lui accorder le respect qui lui est dû, mais lorsqu'il se lève pour donner sens à toute la réalité humaine et en particulier à la question des origines, on peut lui accorder autant d'attention qu'au Témoin de Jéhovah qui frappe à notre porte. Lorsque la science se propose de donner réponse à tout, elle est devenue une religion! Sur ce plan, un "simple pasteur" est alors tout à fait dans ses droits d'envoyer promener les avis des "grands scientifiques" tels que Monod, Dawkins, Suzuki, Hawking, Atlan, Reeves, SJ Gould, etc. qui désirent qu'on les accepte dans leur rôle de grand-prêtres. Bien souvent, le rôle médiatique de ces personnages n'a, de toute manière, plus rien à voir avec leurs compétences empiriques véritables. Mais les médias ne glissent pas un mot de ce genre de question, car la confusion sur ces points leur est utile pour propager leurs propres positions idéologiques et assurer la marginalisation à long terme du christianisme.

Mais pour revenir à nos églises, peut-on nommer un seul théologien pentecôtiste (ou baptiste) canadien qui défend, sans hésiter, une interprétation littérale/historique (6 jours de 24 heures) de la Genèse? En général (et plus particulièrement dans nos milieux francophones), on adopte des positions de compromis qui ont l'avantage d'éviter les conflits, assurer le confort et la "respectabilité" devant les élites du monde et de sauver les apparences auprès des brebis naïves. On est gentil, on fait entrer la science par la porte de devant et on laisse ouverte la porte de derrière, si Dieu veut bien entrer... Je me pose beaucoup de questions et je ne vois pas grand-chose pour me rassurer.

Au cours du 20e siècle, les évangéliques ont dû faire face à des idéologies modernes dominantes qui rejetaient le surnaturel, le concept d'une Loi divine devant lequel tous les hommes doivent rendre des comptes et l'idée de la vie après la mort. Voyant leur cosmologie réduite au monde matériel, ces idéologies ont donc dû vendre des "paradis" et un "salut" strictement terrestre. Mais le pire c'est que nos églises évangéliques, plutôt que remettre en question ce pathétique "salut" moderne, ont choisi de remettre en question les approches d'évangélisation traditionnelles. Si on réduit à sa plus simple expression la doctrine de l'évangélisation dans nos églises se résume à "Viens à Jésus et il te bénira...". Comparez ça à la prédication des Apôtres dans le livre des Actes. La première chose qui leur sort de la bouche est REPENTEZ-VOUS ! Dieu ne cherche pas des gens qui ont appris le jargon évangélique, il cherche des gens CHANGÉS, repentants, des disciples, dont les péchés sont lavés dans le sang de l'Agneau. On voit l'attitude de Dieu aussi dans l'Apocalypse lors du jugement des 7 fléaux. Quel est le cri de Dieu ?

Et si le mouvement évangélique francophone du monde développé[5] stagne dans sa "croissance" et que se ferment, ici et là, des églises, faut-il chercher plus loin ?? On a donc cessé de parler sérieusement de péché, car on est en "compétition" avec des idéologies mondaines. C. S. Lewis a fait des remarques fort utiles au sujet du péché.

Dans l'époque moderne (disons le 20e s.) les hommes ne s'appuient pas sur le salut en Christ. Ils ont recherché un "salut" soit dans le progrès de la science ou encore dans un changement de système politique, la société sans classes proclamée par le prophète Marx par exemple. Dans notre système postmoderne, le "salut" est tout à fait banal. L'aspiration le plus "spirituelle" du postmoderne est de devenir un consommateur accompli... et leurs temples, ce sont les centres d'achats... Le salut du postmoderne c'est l'épanouissement. Et nous, plutôt que de critiquer les moyens de "salut" pitoyables offerts par les idéologies modernes et postmodernes, on a choisi plutôt jouer sur le même terrain, d'imiter les méthodes du monde et de vider l'Évangile de son contenu doctrinal réel et offrir un bel emballage vide. Le but étant de faire "compétition" à ces idéologies mondaines, et ce, AU MÊME NIVEAU. En d'autres mots, on livre un produit avec des doctrines mondaines, mais avec un "packaging" évangélique. Là encore, je reviens à l'abandon par nos écoles bibliques d'une prise de position ferme sur la Genèse. Une interprétation "molle" de la Genèse détruit la fondation de la doctrine du péché, car si la Genèse est un texte allégorique, "une leçon morale", qu'est-ce que le péché? Pourquoi même en parler, sinon à titre littéraire, allégorique... ?

Récemment, j'ai trouvé et lu une copie etexte de l'Apologétique de Tertullien (un chrétien du 2e siècle qui défendait la foi chrétienne contre les critiques de l'époque). J'étais curieux de la manière dont les premiers chrétiens réagissaient au contexte culturel hostile de leur temps et aux critiques. Évidemment, les chrétiens faisaient face à des persécutions tout à fait concrètes: arrestations et emprisonnements sommaires, tortures, perte de propriété et pouvaient servir de pâture aux lions... J'ai trouvé cette lecture déprimante par moments, car Tertullien se vante, entre autres, que tous savent à quel point les chrétiens s'aiment et s'entraident et aussi de la transformation morale évidente de la vie des chrétiens. Ce serait bien difficile d'en affirmer autant aujourd'hui. Chez les évangéliques si individualistes, on a perdu le sens de communauté. On vient au Seigneur individuellement et l'on a tendance à rester des INDIVIDUS nombrilistes. Bien souvent, on n'a pas plus de relations sérieuses avec les gens que l'on côtoie à l'assemblée qu'avec ceux qui l'on peut croiser dans un centre d'achats... Sur le plan moral, notre témoignage ne vaut pas très cher. Dans nos rapports de couples et en affaires, souvent notre comportement fait souvent honte au nom de Christ. Notre conception de ce qu'est un engagement, une promesse ne diffère généralement en rien à ce qui prévaut dans le monde qui nous entoure.

Lorsqu'on compare le progrès de l'évangélisation dans le Tiers-monde et la très maigre et chétive "récolte" qui récompense tous nos efforts et dépenses en Occident, il y a lieu de se demander si l'influence de la théorie de l'évolution (qui tue le concept d'une loi divine absolue, puisqu'elle évacue le Créateur) n'est pas un facteur très important expliquant cet état des choses. CS Lewis a bien compris ce changement en Occident et il a noté dans son essai Modern Man and his Categories of Thought:

Mais dans notre contexte postmoderne, la grâce ne signifie plus rien pour le non chrétien, car puisque la Loi divine est un concept dépassé à son avis il n'y a rien à pardonner. Son intérêt pour le christianisme se limitera à ce qu'elle puisse l'aider à "s'épanouir", donc d'accomplir son salut postmoderne.

Défendre une perspective littérale de la Genèse fait beaucoup de bruit en milieu anglophone sous le nom de Créationnisme. En milieu francophone, une telle perspective est TRÈS marginale. Très peu d'évangéliques francophones le défendent avec conviction. Étant intéressé par la question depuis 1976, j'en sais quelque chose. Certains considèrent un intérêt pour ces questions comme un passe-temps pour "illuminés", au mieux une distraction tandis qu'il vaudrait mieux s'occuper de choses plus importantes. Pour d'autres, il s'agit d'un intérêt, somme tout, qu'il faut classer dans les "discussions vaines". Chez certains, cela est même perçu comme quelque chose de "honteux", car à leur avis le créationnisme "entache" la réputation des évangéliques auprès des "grands" de ce monde et pourrait nuire à l'évangélisation[6]. Chose certaine, les Écritures ne fondent pas d'espoir dans une telle attitude. Elles nous avertissent au contraire: "Moi-même j'étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte, et de grand tremblement; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu." (1Cor 2: 3-5) Bien qu'une interprétation allégorique ou "morale" de la Genèse soit dominante chez la grande majorité des pasteurs, les théologiens évangéliques et collèges bibliques évangéliques francophones actuellement, c'est un phénomène récent. On peut évoquer 3 arguments appuyant l'interprétation littérale de la Genèse.


1) C'est la position traditionnelle des églises évangéliques (qui a été abandonnée après la Seconde Guerre mondiale chez les anglophones et plus tôt encore en milieu francophone).


2)
Jusqu'au 18e siècle, l'Église (orthodoxe, catholique et protestante) défendaient une interprétation littérale de la Genèse. Voici un exemple tiré de la 2e Apologie pour les chrétiens au Sénat romain par Justin Martyr (un chrétien du 2e siècle) :

On rencontre la même attitude chez Origène (un chrétien qui vécut environ de 185 à 215) dans son ouvrage Contre Celse (Livre I, ch. 19-20) où il remet en question les critiques du païen Celse qui n'accepte pas l'âge de la Terre que nous donne la Genèse. Celse appuie plutôt la conception, largement répandue chez plusieurs philosophes grecs, que le monde était éternel, incréé. Dans le passé, la cosmologie proposée par le livre de la Genèse devint la fondation sur laquelle reposait l'Occident aussi bien sur le plan théologique, historique que scientifique. Par exemple, la première édition de l'Encyclopédie Britannica (de 1771) discute du Déluge de Noé en tant qu'événement historique et universel (c'est-à-dire que toute la Terre fut détruite). Le concept d'histoire unilinéaire est gravé dans la mémoire collective de l'Occident par des ouvrages tels que le Discours sur l'histoire universelle de Bossuet (1681). Cet auteur entame son étude avec le récit de la Genèse pour terminer avec les rois de France... Des scientifiques tels que Blaise Pascal et Newton s'y appuyaient sur une interprétation littérale de la Genèse[7]. Pascal, pour sa part, note dans ses Pensées :

Évidemment, on peut trouver dans le passé (et chez les Pères de l'Église) quelques théologiens qui avancèrent une interprétation allégorique de la Genèse, mais dès qu'on y regarde de plus près on constate que ces individus furent influencés par la philosophie grecque qui dominait la vie intellectuelle du monde Antique. Pour les grecs, le monde matériel était méprisable et l'idée d'un Créateur qui se met, concrètement, les mains à la pâte, leur semblait irrationnelle. Tout comme la majorité des scientifiques postdarwiniens, bon nombre de philosophes grecs pensaient que la Terre soit très ancienne, mais postulaient un cosmos cyclique, c'est-à-dire que le monde et l'univers se détruisaient et recommençaient, toujours de même...


3) Et c'est le point qui doit peser le plus lourd dans la balance: C'est la position de Christ et des Apôtres (et par extension, celle du Nouveau Testament).

Jésus, par exemple, lorsqu'on lui demande sa position sur le divorce se réfère à la Genèse et rien dans son explication ne laisse entendre qu'il remet en question l'historicité du texte de la Genèse.

Jésus pour sa part établit un lien étroit entre les écrits de Moise (incluant la Genèse) et ses propres paroles :

Voici quelques autres détails du livre de la Genèse qui sont appuyés par Jésus (pour une discussion approfondie, voir l'article de Watson, dans les ressources):

Mais parfois il n'est pas inutile de demander l'avis de Dieu lui-même. N'a-t-il pas la capacité de nous communiquer de manière à éviter toute confusion?

Francis Schaeffer, dans Le monde évangélique à l'heure de la vérité discute de l'influence croissante de la pensée existentialiste dans la culture populaire note:

Parfois, un athée voit clairement ce que bien des chrétiens ne peuvent... L'anthropologue britannique Ernst Gellner remarque (1992 : 4) :

Un autre athée a un avis encore plus dur. Stanley E. Hyman observe (1962: 427) "Lorsque les idées de Darwin, Marx, Frazer et Freud ont été embrassées par l'Église, cela se réduit à l'étreinte de la sorcière folklorique, une étreinte qui castre [son partenaire]." Posons-nous une question gênante : Pourquoi les évangéliques sont-ils un si faible pourcentage de la population en milieu francophone et si actifs et constituent un pourcentage important de la population en milieu anglophone ? À mon avis, la distance critique, par rapport à la cosmologie darwiniste/ matérialiste dominante, est un facteur clé. Les évangéliques anglophones (et les Américains en particulier) pour leur part n’ont pas craint l’odieux et l’opprobre des élites modernes pour oser la remettre en question la théorie de l'évolution, tandis qu’en milieu francophone on se prosterne, de manière béate, devant l’idole de la religion dominante, ce que l’on appelle le discours scientifique. Au mieux, les scientifiques francophones, se contentent de remarques complaisantes touchant les difficultés de la théorie de l’évolution.

Ce dessin est tiré de la littérature créationniste anglophone du début des années 80. Il illustre, bien que de manière naïve, l’importance centrale de la question cosmologique. Il va sans dire que les milieux évangéliques anglophones ont bien compris et profité de cette leçon. Cela n'implique pas évidemment que les milieux évangéliques anglophones endossent, de manière universelle, une interprétation littérale de la Genèse. Là, comme ailleurs, diverses factions et groupes d'intérêts se disputent pour influencer le plus grand nombre.


Les Écritures présentent un enchaînement logique de la révélation de Dieu aux hommes. On nous présente d'abord la Création [dans toute sa perfection], la Chute, les Patriarches et plus tard Moïse qui établi la Loi. De la loi, il y a l'institution des sacrifices pour les péchés, répétés, de génération en génération, par les enfants d'Israël, préfigurant le sacrifice ultime de l'Agneau de Dieu, promis dès le début. Et pendant des générations, les enfants d'Israël tentent de marcher selon la Loi, parfois y parviennent pour un bref moment et parfois s'en éloignent et goûtent aux conséquences. Cela leur apprend qu'ils ont besoin d'un Sauveur. L'apôtre Paul confirme cet enchaînement logique lorsqu'il note:

Si on relativise le récit de la Genèse, tout le reste s'en trouve affecté. Si on s'éloigne d'une interprétation littérale de la Genèse pourquoi parler encore de péché ou de repentance ? C'est sans intérêt. Il faut constater que tout est lié. Mais nous on veut faire plus vite. On oublie de parler de péché et nous insistons pour ne prêcher que la fin de l'histoire, la réconciliation par le Messie. Dans notre contexte, cela réduit l'Évangile à une réponse à une question dont personne ne se pose... Il ne faut pas s'étonner alors du peu de réactions que suscitent nos efforts d'évangélisation. Il faut poser la fondation avant de construire. Notre attitude est en partie due au précédent des évangélistes des siècles passés qui pouvaient se fier sur le fait que ces concepts étaient admis par une part très large de la population. Maintenant, ce n'est plus le cas et depuis longtemps. Il faut l'avouer, on est trop paresseux pour faire le travail de poser les fondements. Cela conduit à des remises en question que la majorité des évangéliques préfèrent éviter. Faut-il s'étonner du peu de résultats de notre travail d'évangélisation en Occident? Étant donné la difficulté de bien défendre les fondements de notre doctrine et tenant compte des conséquences de ses prises de position sur l'évangélisation, faut-il s'étonner que les chrétiens se détournent de nos églises après 4-5 ans lorsque les épreuves commencent ? Dans Matthieu, Jésus explique le processus de conversion[9]. Il note :


Le combat dans nos pensées
Il n'y a aucune raison d'exclure la vie intellectuelle du processus de la conversion, car on voit que l'apôtre inclut la remise en question des raisonnements dans son approche d'évangélisation:

Christ est-il Seigneur ? Est-il aussi vraiment Seigneur de TOUTES nos pensées ? Et si la "science" remet en question la cosmologie de la Genèse, il y a lieu de la renverser en tant que "hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu". Où sont nos Gédéons qui oseront renverser les autels de Baal qui subsistent parmi nous ? Il me semble que le processus de conversion s'applique non seulement sur le plan moral, où le chrétien doit remettre en question attitudes et comportements (comme la pornographie, les abus d'alcool ou le tabac), mais aussi sur le plan intellectuel, car il ne faut pas ignorer que nous sommes influencés par les conceptions dominantes de notre génération[10]. Les Écritures nous indiquent clairement que le disciple véritable est celui qui cherche à rendre toute pensée captive à Christ (2Cor 10: 5). Au début de l'épître aux Romains, l'Apôtre souligne l'aspect intellectuel de la conversion lorsqu'il note "Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait." (Rom 12: 2). Cela implique, sur le plan logique, que si on se laisse effectivement conformer au siècle présent, on sera alors handicapé dans notre capacité de "discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait". Dans Éphésiens, et dans d'autres épîtres, on souligne à maintes reprises l'aspect intellectuel de la conversion et de la sanctification :

Plus loin dans l'épître aux Romains, l'Apôtre Paul souligne la bataille intellectuelle[11] qu'implique l'évangélisation véritable. Il est manifeste que Dieu se soucie de cette bataille :

Ce serait difficile de décrire avec une plus grande précision la génération qui nous entoure. Les Écritures ajoutent au sujet de cette bataille intellectuelle:

Si on examine les Écritures, on voit bien que cette bataille intellectuelle fait partie des responsabilités de l'évêque/pasteur qui doit être :

Ces versets impliquent que l'évêque ait une formation intellectuelle fondée dans les Écritures et qu'il soit capable de réfuter ceux qui attaquent ou remettent en question des doctrines de base du christianisme. Schaeffer décrivait avec précision il y a plus de vingt ans, l'état actuel de nos églises évangéliques (dans Le monde évangélique à l'heure de la vérité 1985):

Lorsque notre génération de théologiens et de leaders spirituels vacille et subit l'attrait des idéologies dominantes, le verset qui suit ne décrit-il pas notre situation ?

Le livre de Proverbes déclare sans ambiguité "La crainte de l'Éternel est le commencement de la science; Les insensés méprisent la sagesse et l'instruction." (1: 7) En d'autres termes, sur le plan épistémoligique, le respect de la Parole de Dieu est le fondement de la connaissance véritable. Dans un des mes articles (La cosmologie judéo-chrétienne et les origines de science) j'examine le rôle critique de la vision judéo-chrétienne sur le développement de la science en Occident. Ce n'est pas un hasard que la science expérimentale soit née dans l'Occident chrétien...

Il faut beaucoup insister sur un point. Certains vont peut-être vouloir faire de l'interprétation littérale de la Genèse un truc "à la mode", c'est-à-dire de l'exploiter comme une "baguette magique", pour régler tous les problèmes dans nos églises évangéliques. Ils seront déçus, inévitablement... Ils seront déçus non pas que cet enseignement soit faux, mais du fait que leurs motivations sont mauvaises. Il ne faut pas enseigner l'interprétation littérale de la Genèse pour obtenir tel ou tel résultat dans la vie de l'Église, mais plutôt simplement parce que c'est VRAI. On retrouve le même principe avancé dans les Écritures lorsqu'on nous exhorte: "Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus." (Matt 6: 33) Par ailleurs, creuser pour mettre ses fondations de sa maison sur le Roc, demande du temps et des efforts.

Les Écritures nous disent dans la parabole du Semeur que la semence poussa et donna du fruit seulement dans la bonne terre. Tous les agriculteurs savent qu'une bonne terre est une terre qui a été remuée et de laquelle on a ôté les mauvaises herbes, les cailloux et autres obstacles à une bonne croissance. Une «bonne terre» n'est pas le fruit du hasard, il s'agit donc d'une terre travaillée. Mais nous nous sommes devenu trop paresseux pour ce genre de boulot et nous jetons notre semence (efforts d'évangélisation) n'importe où. Faut-il s'étonner de la piètre récolte? Faut-il s'étonner à la stagnation de la "croissance" de nos églises, du taux de divorce chez les évangéliques qui dépasse parfois celui des non chrétiens, le phénomène tabou du suicide chez les évangéliques? Et si le taux de divorces chez les évangéliques égale ou dépasse celui du monde non chrétien, que peut-on penser de l'avortement ou de l'homosexualité? Si donc on a agi ainsi pendant plusieurs générations, il faut aussi accepter que cela prenne plusieurs générations pour renverser la vapeur.... Si on espère une solution "micro-ondes", une solution instantanée, on perd notre temps ainsi que celle de Dieu... Il faut aussi reconnaître que les églises protestantes francophones, tout comme le papillon de nuit qui se lance dans le feu, se sont vite vues attirées par l'influence du Siècle des Lumières et le prestige de la Raison et de la Science. On a érigé des idoles dans notre vie intellectuelle... Mais ce désir d'acquérir la "crédibilité" aux yeux du monde peut être un grand piège. Un jour viendra où il nous faudra, chacun pour sa part, rendre des comptes non pas devant les hommes, mais devant Dieu lui-même. Il nous faudra alors rendre compte de ce qu'on a fait de sa Parole.

Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu'un bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l'œuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'œuvre de chacun. Si l'œuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'œuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. (1Cor 3: 10-15)

Dans cette bataille avec la culture environnante, il y a possiblement plusieurs fronts, mais il me semble qu'une des premières places où il faut RÉFORMER est d'exiger de la part de nos pasteurs une prise de position non équivoque par rapport à la Genèse. Il y a évidemment diverses perspectives sur ces questions dans le peuple de Dieu. Bien difficile de régler... Mais les versets de l'épitre aux Corinthiens que nous venons de lire indiquent bien que nous aurons des comptes à rendre devant Dieu à ce sujet. Que défendons-nous? Notre crédibilité devant le monde ou la crédibilité de la Parole de Dieu ? Notre situation actuelle indique qu'on se fait bien plus de souci pour notre image publique que pour le reste...

Je pose à nouveau la question: Qui défend les doctrines au cœur du mouvement évangélique? Qui s'en soucie ? Non, il ne s'agit pas de défendre le mot "évangélique", mais les doctrines que cela représente, la vérité, au bout du compte. À défaut, et pour en finir avec les discussions interminables, il suffit de faire des évangéliques un ordre religieux au sein de l'église catholique. Cette solution aurait tout pour plaire ceux qui détestent les discussions. Mais dans un tel cas nous aurions des comptes à rendre devant Dieu et sa Parole.


J'espère seulement que l'unique réponse à cette note ne soit pas le silence...



RESSOURCES


David Wells
The Courage to be Protestant. Part I
The Courage to be Protestant. Part II

Don Batten & Jonathan Safarti
15 Reasons ot take Genesis as History.
Creation Ministries International 2006

Jonathan Sarfati
Calvin said: Genesis means what it says

David Watson
Genesis means what it says: Basil (AD 329–379)

Jerry Bergman, Ph.D
Theistic Evolution and the Creation-Evolution Controversy (#393)

Francis Schaeffer
Le monde évangélique à l'heure de la vérité. (1985)

David Livingston, Ph.D
Jesus Christ on the infallibility of Scripture

Paul Gosselin, MA Anthropologie sociale
L'age de la Terre, qu'importe ?
Mythes d'origines et la théorie de l'évolution. (l'évolution est-ce scientifique?)
Le créationnisme à l'aube du 21e siècle.

Vogel, Louis
Du dogme catholique à la foi biblique. L.Vogel Verlag Zurich (1945/1984) 223 p.



Références


Feyerabend, Paul K.
Contre la Méthode. Paris, Seuil 1975/79 350 p.

Gellner, Ernst
Postmodernism, Reason and Religion.
Routledge London/New York 1992/1999 108 p.

Hyman, Stanley Edgar
The Tangled Bank; Darwin, Marx, Frazer and Freud as imaginative writers.
Atheneum New York 1962 xii -492 p.



Notes

[1] - En somme, la perspective médiatique à notre égard se résume à "Si ce ne sont pas des fanatiques dangereux, ce sont, au mieux, des légalistes bien intentionnés, mais un peu cons."

[2] - C'est une question examinée dans ma thèse de maîtrise en anthropologie sociale. À ce sujet, voir le chapitre IV en particulier:

Des catégories de religion et de science.

[3] - Pour examiner plus en détail cette question, voire Mythes d'origines et la théorie de l'évolution.

[4] - Qui n'est pas du tout chrétien il faut le préciser.

[5] - Et si les évangéliques sont en croissance dans le monde non développé, cela n'est-il pas dû au fait que la cosmologie évolutionniste et les idéologies qui en dépendent y ont moins d'influence que chez nous (sauf ceux qui sont venus chez nous pour se former et ont subi notre système d'éducations [ou d'endoctrinement si on veut]).

[6] - Telle qu'ils la conçoivent évidemment. Généralement, ce genre d'attitude est adopté par des gens qui n'ont jamais pris de temps d'examiner de manière sérieuse les arguments à la fois théologiques et scientifiques qui appuyant le créationnisme. Leur attitude est donc déterminé non pas un examen sérieux de la question, mais pas la propagande médiatique postmoderne.

[7] - C'est au même moment que Diderot et d'Alembert publient leur Encyclopédie [premier volume en 1751], influencée par le déisme et les athées du Siècle des Lumières.

[8] - [NdT : l'Anglais est plus percutant “ This way lies peace - and doctrinal vacuity ”]

[9] - À vrai dire, les Écritures n'utilisent pratiquement pas ce terme. On nous ordonne simplement de faire des disciples !

[10] - Mon livre, Fuite de l'Absolu, vol I, sera, je l'espère, utile à cet égard.

[11] - Il faut préciser qu'il ne s'agit pas de propager ici une nouvelle forme de salut par la gnose (la connaissance). Pas du tout. Personne n'est sauvé par les œuvres, pas plus spirituelles, morales qu'intellectuelles. L'épître aux Éphésiens résume très bien la chose:

À mon sens donc, les œuvres ne sont pas "inutiles", mais elles ne servent pas au salut. Le salut a été accompli une fois pour toutes à la croix. Il n'y a rien à ajouter. Nos œuvres, à mon avis, sont simplement la réponse d'un coeur repentant au don de grâce que Dieu nous a fait. Ils sont donc le fruit d'une repentance véritable. La "bataille intellectuelle" (on peut prendre une autre expression si celle-là ne fait pas l'affaire) est un aspect limité de notre repentance, qui doit aussi porter fruit sur le plan relationnel, émotif et spirituel. Plus loin dans la même épître aux Éphésiens, on souligne à la fois l'utilité et le caractère limité de l'intellect (Éph. 17-21).